Le premier parti de France s'installe désormais dans la durée : c'est celui des abstentionnistes ! Le record national est encore battu... 68% des personnes inscrites sur les listes électorales ne sont pas allées voter !
Toutes les analyses que nous entendons sur les pourcentages des suffrages des uns et des autres perdent leur pertinence. Qu'est-ce 26%, 34% ou 38% des suffrages exprimés pour un candidat ou une liste de candidats, lorsque le taux de participation est de 25% ? Cela veut dire que ces candidats n'ont recueilli que 6,5%, 8,5% ou 9,5% des voix des électeurs inscrits ! Sans parler du faible taux électoral (nombre de personnes inscrites sur les listes électorales par rapport à la population des communes). C'est trop faible. La loi devrait fixer un taux minimum pour valider une élection. Si aucun candidat n'a recueilli au moins 20% des électeurs inscrits, et ou si le taux de participation est inférieur à 40%, cette élection devrait être annulée. Sinon, c'est une arme chargée contre la crédibilité des élus... A terme, les citoyens finiront même par contester la légitimité de leurs élus, et la démocratie passera dans un état comateux.
Ensuite, nous entendons partout que le score du Rassemblement national (premier parti des souverainistes) est en recul par rapport à 2015, autant en nombre de suffrages qu'en scores relatifs ! Certes, mais le taux de participation est passé de 50% à 32% en moyenne nationale ! Les sondages des électeurs sont donc faux et les analyses actuelles des résultats sont également fausses. Dans les neuf régions sous la pression des souverainistes depuis l'élection présidentielle d'avril 2012, les élections européennes de mai 2014, l'élection présidentielle d'avril 2017 et les élections européennes de mai 2019, le RN arrive aujourd'hui en 1ère position en Provence-Alpes Côte d'Azur (PACA) ou en 2ème position dans huit régions (Hauts-de-France, Bourgogne - Franche-Comté, Île-de-France, Centre Val-de-Loire, Grand Est, Normandie, Occitanie, et même en Nouvelle Aquitaine qui devient la nouvelle conquête de ce parti). Soit neuf régions sur les douze de la France métropolitaine sans la Corse, dominée par les partis régionalistes spécifiques à la Corse. On a entendu, tout au long de cette campagne comme des précédentes, des candidats proclamer un seul objectif : faire reculer ou battre le Front national (en oubliant au passage qu'il s'appelle aujourd'hui "Rassemblement national" ou RN). Comme depuis 2012 lorsque Marine Le Pen a atteint la 3ème position à l'élection présidentielle avec un record de 17,9% (devant Jean-Luc Mélenchon avec 11,1% et François Bayrou avec 9,1%) -et je le répète depuis 2012 déjà (voir le livre : La montée de l'extrême droite en France, Ed. L'Harmattan, 2012), les électeurs n'attendent pas que le seul programme économique et social du pays dans des élections départementales, régionales, présidentielles ou européennes, soit de "battre le RN", ni de mener une campagne de "tous contre un parti" ou "tous contre la personne de Marine Le Pen" ! A force de jouer la carte de la "bataille contre le RN", les Français ne croient ni aux politiques, ni aux réels enjeux des élections... et ils ne croient plus au discours des politiciens professionnels, dont le moteur dans toutes ces élections est alimenté par les perceptions des indemnités, l'appât du gain financier. De nombreux ouvrages ont été produits, reflétant le divorce croissant entre les citoyens et les dirigeants de ce pays, en décrivant précisément les évolutions de la sociologie électorale en France. Et tous les acteurs politiques installés de droite et de gauche se focalisent sur le Rassemblement national, oubliant opportunément l'éclatement et l'effondrement de la gauche, ainsi que l'affaiblissement du parti Les Républicains dans le pays. Si bien que l'élection présidentielle de 2017 a opposé un nouvel arrivant dans le paysage politique, le Mouvement En Marche ! (représenté par le président Emmanuel Macron) et le Front national (représenté par Marine Le Pen). Où étaient alors passées "la gauche" et "la droite" de gouvernement, animateurs historiques de la vie politique en France. Leurs électeurs ont amplifié l'abstention qui s'accroît d'une élection à l'autre ou se sont tournés vers La République en Marche (LREM) et le Rassemblement national (RN). Aujourd'hui, c'est l'abstention record qui affaiblit les scores de ces deux partis.
S'agissant de la pression du RN, elle est toujours présente et très forte. Les analystes tentent de s'engouffrer dans le discours ambiant convenu pour rassurer les concurrents face à cette pression. Si le taux de participation se rapproche de 50% au second tour, toutes les prédictions contre le RN tombent. Le RN attire ses adhérents, ses sympathisants, ceux qui rejettent les notables politiciens installés à vie, ceux qui ont horreur des candidats à toutes les élections pour accumuler plus de revenus, ceux qui sont en colère contre toutes les politiques menées dans le pays (de la gauche comme de la droite), ceux qui refusent les arrangements de la gauche et la droite pour garder le pouvoir, sous le nom inopérant obsolète d'un serpent de mer appelé "front républicain", qui a accompagné et contribué à l'effondrement de la gauche depuis 2017 (en ignorant que le RN s'inscrit également dans les lois de la même République et que ses électeurs sont également Français avec les mêmes droits et devoirs), etc. Le front républicain est l'arme de la gauche éclatée, affaiblie et désespérée. Et si tous ces contestataires se mobilisent pour le 2ème tour, le RN pourrait tout à fait gagner dans plusieurs régions. Il convient enfin de rappeler que les élections régionales sont des scrutins de listes au mode proportionnel à deux tours. Les listes ayant obtenu au moins 10% au 1er tour peuvent se maintenir au second tour ou fusionner avec d'autres listes ayant également atteint 10%. Et pour dissiper les malentendus, le tableau des résultats ci-dessous indique les régions soumises à la forte pression du Rassemblement national.
Tout au long de la campagne du 2ème tour, et dans l'hypothèse d'un regain très significatif de participation des électeurs, le Rassemblement national (RN) garde encore ce privilège de mettre la pression sur tous les concurrents... Et pour ceux qui gardent encore quelques doutes, je vous recommande cet excellent ouvrage ci-dessous, unique en France :
LA PRESSION DES SOUVERAINISTES EN FRANCE.
Et aussi, spécifiquement pour l'île-de-France :
1- La diversité des électeurs de l'Île-de-France qui pourrait déjouer tous les pronostics et les projections du 2ème tour :
2- Les enjeux électoraux de Paris et la grande couronnede l'Île-de-France qui pourraient peser dans les choix des électeurs, le 27 juin 2021 :
Et que personne ne dise qu'il ne savait pas.
Emmanuel Nkunzumwami Analyste économique et politique
Écrivain - Essayiste
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Directeur de NERES CONSEIL : restructuration économique, formation, études, prestations diverses. - Écrivain - Essayiste, Analyste économique et politique, Auteur de dix livres publiés chez L'Harmattan, dont "Le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation" (2013),"La France inquiète face à son avenir" (2016) et "La Relance de l'Afrique" (2017), référencés dans les grandes universités et les Grandes Écoles. - Créateur du Modèle ORC pour la Gouvernance des États et la Conduite des chantiers de la Refondation Économique et Sociale de l'Afrique. - Président de Future Afrique Notre Avenir (FANA-F2A).
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Commenter cet article
D
Didier BLOQUET
21/06/2021 23:26
Analyse pertinente et détachée de tout esprit partisan : bravo
Merci beaucoup Didier.<br />
Les analystes politiques ont le devoir de ressortir des infos justes et équilibrées. Les citoyens doivent être informés avec justesse, si l'on veut les réconcilier avec les élus et les dirigeants dans le pays.
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