Vous êtes nombreux à vous interroger sur l’issue de l’élection présidentielle d’avril 2022. Une clarification par les calculs de projection permet de comprendre la suite de cette élection.

      Le premier tour est déjà passé le 10 avril 2022. Il n’a réservé aucune surprise pour les lecteurs de mes ouvrages depuis 2016, puisque les fondements économiques et sociaux qui ont emmené Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2017 sont toujours présents. Ils ont pu s’exprimer par les manifestations des « Gilets Jaunes » et par un accroissement inquiétant des niveaux d’abstentions au cours des dernières élections : européennes, municipales, départementales et régionales. Il y a alors un problème de fond qui retient les électeurs chez eux au moment des élections, ou qui les pousse à tourner les regards vers des candidats atypiques pour exprimer les contestations, les protestations et un vote refuge. Les Français se sont habitués désormais à voter « contre » dès le 1er tour. Cependant, celui-ci est réservé aux adhésions du cœur et de la raison en faveur des candidats qui nous ressemblent, et se font l’écho de nos souhaits et de nos attentes.

     Nous avions déjà annoncé le 23 mars 2022 que le second tour était déjà connu entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, et j’en avais expliqué les raisons selon moi. Aujourd’hui, nous y sommes. Pour comprendre ce match retour Macron-Le Pen, je propose à tous les lecteurs intéressés de faire un tour dans « La pression des Souverainistes en France » (Éditions L’Harmattan, 2019). Les Français s’inscrivent dans des territoires, où les politiciens professionnels ne daignent jamais aller, passer des journées avec eux, y effectuer des « vis-ma-vie » pour comprendre leur souffrance dans un monde de plus en plus complexe et sans frontières. Le filet de sécurité semble lâcher de plus en plus. Alors les Français s’inquiètent de plus en plus. Ils appellent au secours… mais qui ?

     Si l’on analyse les résultats de ce 1er tour, l’on constate que les territoires réagissent différemment selon leurs situations particulières. Nous avons scruté dix sur douze régions de la France métropolitaine (hors la Corse). Elles représentent 81% de tous les électeurs inscrits dans la France entière (Métropole et Outre-mer). Globalement, trois candidats se partagent les trois premières places au-dessus de 20% en moyenne nationale : Emmanuel Macron (27,85%), suivi de Marine Le Pen (23,15%) et Jean-Luc Mélenchon (21,95%). L’écart avec les autres candidats est tel que personne n’occupe l’intervalle entre 10% et 20%. Le quatrième candidat, Eric Zemmour, est si loin avec 7,07% que l’on pourrait penser que les autres candidats faisaient de la figuration dans cette campagne, avec des candidatures de témoignage. Les partis structurés depuis de nombreuses années sont aujourd’hui inaudibles. Les Républicains, après avoir exercé le pouvoir sous Nicolas Sarkozy (avec le nom plus rassembleur de l’UMP), disparaissent du paysage présidentiel avec une contre-performance de 4,78%. Le parti Europe Écologie Les Verts, qui s’était distingué aux élections européennes depuis 2009 sous l’impulsion de Daniel Cohn-Bendit, s’est aplati avec un modeste score de 4,63%. Le Parti Socialiste, qui avait été performant avec la victoire historique de François Mitterrand en 1981, qui a connu un excellent Premier ministre Lionel Jospin sous la cohabitation avec Jacques Chirac (de 1997 à 2002), et enfin qui a porté au pouvoir François Hollande en 2012 contre Nicolas Sarkozy, s’est totalement effondré avec Anne Hidalgo. Un score de 1,75% devient symbolique, avant la disparition de ce parti. Enfin, le Parti Communiste de Maurice Thorez et de Georges Marchais, celui qui se faisait respecter par la Parti Socialiste pour confectionner le "Programme Commun de Gouvernement", et faisait partie des piliers du pouvoir en 1981, disparaît doucement du paysage de l’élection présidentiel, dans le silence assourdissant, avec un modeste score de 2,28%. Les autres trois candidats ne nourrissaient aucun rêve d’accéder à la magistrature suprême. Il convient d'indiquer que les scores de ces candidats : Jean Lassalle (3,13%) qui s'est positionné dans la Résistance, Philippe Poutou (0,77%) représentant le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), et Nathalie Arthaud (0,56%), une militante infatigable qui a pris le relais d'Arlette Laguillet, pour maintenir la flamme de la contestation coagulée par Lutte Ouvrière (LO), ne sont pas pris en compte dans nos projections. En effet, les électeurs de ces candidats sont "anti-système" par engagement. Ils constituent un vivier de 1.567.385 électeurs, soit 3,2% du total des électeurs en France, qui nourriront le gisement des abstentionnistes du second tour.

     Pour revenir aux candidats en tête de peloton, la recomposition électorale du second tour apparaît compliquée. Certes Emmanuel Macron, président sortant, pourra compter sur le socle de ses 27,85% qui pourront s’élargir sur quelques électeurs « européanistes » de la droite ayant voté pour Valérie Pécresse, les anciens Socialistes rangés derrière Jean-Luc Mélenchon par désespoir au sein de leur parti, les écologistes désireux de composer avec le système de pouvoir, principalement. Mais, les autres électeurs de la « gauche radicale », « anticapitalistes » par conviction, « anti-néocolonialistes des puissances militaro-industrielles occidentales sur le reste du monde », ne suivront pas Emmanuel Macron. Ils choisiront de se radicaliser davantage derrière Marine Le Pen, ou de s’abstenir au second tour. Néanmoins, une part importante des électeurs déçus des scores de leurs candidats de préférence au premier tour, ne reviendront pas dans les bureaux de vote au second tour. Le « Front républicain », une invention idéologique de la gauche de gouvernement pour appeler les électeurs de la droite, du centre et de la gauche au vote contre le Rassemblement National, fonctionne de moins en moins efficacement. Les électeurs commencent à se fatiguer de jouer les pompiers pour répondre massivement aux appels du « vote contre », inauguré au second tour de l’élection présidentielle de 2002. Après tout, les électeurs du Rassemblement National ne sont-ils pas aussi Français, salariés, chefs d’entreprises, hauts fonctionnaires, simples citoyens des quartiers populaires ou acteurs économiques des nos territoires ruraux, etc ? En quoi seraient-ils des Français "illégitimes" dans leurs vote. La République française se porte-t-elle mieux ou moins bien que les monarchies européennes qui ont trouvé un équilibre durable ? Chaque fois que les « politiciens professionnels » perdent pied dans une élection locale ou nationale, ils convoquent les « valeurs de la République », en prenant soin de ne pas clarifier les enjeux réels et d'assumer qu’ils se battent d’abord pour la conservation de leurs avantages acquis.

     Quant aux réservoirs des voix du Rassemblement National, ils proviennent de la « droite souverainiste » et résolument anti-Macron, des électeurs communistes des territoires désindustrialisés et en grande détresse socio-économique, qui en veulent aux dirigeants de gauche comme de droite de les avoir sportivement oubliés ou abandonnés à leur triste sort. Pour continuer à marquer leur contestation contre le système de pouvoir actuel, après avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon ou pour Fabien Roussel, ils sont prêts à voter pour Marine Le Pen au second tour. Bien entendu, il y a aura toujours des arbitres des élections qui ne votent qu’au second tour pour départager les finalistes. Ils croisent les déçus du premier tour qui ne reviennent plus au second. Les combinaisons de ces divers mouvements nous conduisent à des estimations des reports de voix et de scores pour les deux finalistes du second tour. Dans l’ouvrage : « La Pression des Souverainistes en France » (Éditions L’Harmattan, 2019) présente les détails sur des territoires des neuf régions françaises soumises à la pression des Souverainistes. Cette redistribution se reproduit dans cette élection présidentielle d’avril 2022. Tout y est expliqué.

     Au niveau national, Emmanuel Macron arrive en tête avec 27,85%, suivi de Marine Le Pen avec 23,15%. Pour les scores du second tour, chacun pourra compter sur les reports de voix du premier tour provenant des candidats éliminés, les électeurs du second tour qui ne se sont pas exprimés au premier tour, et la constance des socles du premier tour. La projection actuelle au second tour tient compte des probabilités des reports de voix, en considérant que la participation reste relativement stable (les partants du premier tour étant remplacés par les arrivants du second tour), et que les électeurs du premier tour des finalistes demeurent fidèles à leur vote. Le nombre des électeurs inscrits est de 48.747.876. Nous avons travaillé sur les électeurs de chacun des départements de la Métropole, de la Corse, des Caraïbes, de la Réunion, de Mayotte, de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie-Française et des Français établis hors de France. Tous ces électeurs constituent 99,92% du corps électoral français.

      L'issue du second tour apparaît en faveur du candidat président Emmanuel Macron. Cependant, les électeurs n'étant pas, à ce niveau du parcours électoral, totalement prévisibles, la projection à 52,16% proposée peut varier de façon très significative, à la hausse comme à la baisse. Les Français restent majoritairement inquiets face à leur avenir. Ils l'ont encore exprimé, comme nous l'avions indiqué lors de l'élection présidentielle de 2017, par un vote refuge important, en faveur de Jean-Luc Mélenchon, d'un nouvel arrivant souverainiste, Eric Zemmour, et de Marine Le Pen, qui a amélioré son score de 2017.

     1- En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la situation demeure inchangée par rapport à l’élection présidentielle de 2017. la région rassemble 3.663.871 électeurs inscrits. Marine Le Pen est arrivée en tête au premier tour dans cinq des six départements de cette région. Les scores cumulés des candidats souverainistes évoluent entre 32,5% dans le département rural des Hautes-Alpes à 46,4% dans le département méditerranéen du Var. Il convient d'observer que, dans les départements des Bouches-du-Rhône et des Alpes de Haute-Provence, Jean-Luc Mélenchon atteint des performances supérieures à celles d'Emmanuel Macron, président sortant. Et dans les Hautes-Alpes, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon atteignent les mêmes scores. La projection au second tour indique que Marine Le Pen pourrait atteindre 55,1%, comme l’indique le tableau suivant.

     2- Dans les Hauts-de-France, la situation électorale n’a pas changé depuis 2017. L’Aisne, le Pas-de-Calais, l’Oise, suivis par la Somme (département d’origine du président Emmanuel Macron), Marine Le Pen arrive en tête, avec plus de 30% des suffrages exprimés. Le corps électoral comprend 4.255.350 inscrits sur les listes électorales. Les scores des Souverainistes réunis totalisent plus de 40% dans ces départements. Globalement, la projection calculée sur les scores des trois « Souverainistes » (trois comme en 2017 où François Asselineau est remplacé par un candidat plus clivant et plus médiatique, Eric Zemmour), avec les contributions des électeurs de Mélenchon, de Pécresse et de Roussel, nous indique que la Région des Hauts-de-France placerait Marine Le Pen en tête au second tour, avec environ 54,7% (toutes choses égales par ailleurs). Jean-Luc Mélenchon est devenu un arbitre entre les deux candidats, mais il prospère sur des bastions communistes historiques, dont les électeurs ont longtemps divorcé avec la droite et la gauche, pour confier leur destin à Marine Le Pen.

Trois ouvrages : La France inquiète face à son avenir (2016), Le Nord face au danger populiste (2016), et La Pression des Souverainistes en France (2019) décrivent particulièrement des situations dans les territoires de cette région, très éprouvée par la désindustrialisation. Le vote « communautaire » des Français originaires d'Afrique ou l'expression de sanction contre les discours de xénophobie sont faibles. C’est le vote communiste et populaire historique qui alimente le Rassemblement national. Il a été rejoint depuis 2012 par le vote des classes moyennes et des acteurs économiques, y compris dans le département du Nord, le plus peuplé de France. Le Parti socialiste et Les Républicains ont disparu de la course de tête. La carte suivante indique la sociologie électorale des Hauts-de-France.

     3- Le Grand Est est une autre région d’élection du Rassemblement National (RN), avec 3.862.920 électeurs inscrits. Huit départements sur dix placent Marine Le Pen en tête de tous les concurrents. Seule l’Alsace a souhaité imprimer sa spécificité et garder la confiance dans le président sortant Emmanuel Macron, mais l’écart entre les deux candidats reste très faible. Au soir du 10 avril 2022, le cumul des candidats souverainistes varie de 36,20% en Meurthe-et-Moselle à 46,2% en Haute-Marne. Aussi, la projection au second tour indique que la Région Grand Est pourrait accorder la préférence à Marine Le Pen à hauteur de 51,8%. Le tableau suivant indique les situations par département.

     4- La Bourgogne Franche-Comté est la quatrième région où le Rassemblement National est solidement implanté. La région pèse 1.992.409 électeurs. Marine Le Pen est arrivée en tête dans cinq des huit départements de cette région. Le cumul des candidats souverainistes atteint une moyenne régionale de 37,1% contre 26,3% pour Emmanuel Macron. La projection des résultats du premier tour sur le second donnerait 50,7% à Marine Le Pen. C’est une indication. Néanmoins, il convient de se souvenir que Marine Le Pen a déjà éclaté le plafond de verre pour ce parti, en réussissant la troisième place en 2012 derrière le président candidat Nicolas Sarkozy, et le nouveau président élu François Hollande. Ensuite, elle s’est qualifiée régulièrement pour le second tour à l’élection présidentielle de 2017. Nous sommes très loin de la situation de Jean-Marie Le Pen en 2002, dont la deuxième place avait été généreusement offerte par les électeurs de la "gauche plurielle" inventée par le Premier ministre Lionel Jospin. En effet, ils s'étaient dispersés sur plusieurs candidats de cette gauche. En 2022, la gauche de gouvernement est représentée par Anne Hidalgo (Parti Socialiste), Yannick Jadot (Europe Écologie les Verts) et Fabien Roussel (Parti communiste français). Tous les trois candidats se sont effondrés en faveur de Jean-Luc Mélenchon, apparaissant comme le plus crédible de la gauche radicale. Mais, la dispersion des voix de la gauche, encore une fois, lui a fermé la porte de la deuxième place. Après une tentative échouée d'incarner la droite radicale, pour Eric Zemmour, c'est Marine Le Pen qui pourrait gagner cette élection, comme une continuité dans l’effort, si les Français font tomber les masques et les tabous.

     5- L’Occitanie est une région très étendue englobant les anciennes régions de Languedoc-Roussillon et du Midi-Pyrénées. Elle comprend treize départements, dont sept ont accordé la première place à Marine Le Pen à l’élection présidentielle du 10 avril 2022. La région compte 4.323.929 électeurs inscrits, presque autant que les Hauts-de-France sur cinq départements. Dans les départements conquis par le Rassemblement National, le score cumulé des candidats souverainistes évolue de 32,1% en Ariège à 43,9% dans les Pyrénées-Orientales. Des singularités apparaissent dans cinq départements : Jean-Luc Mélenchon obtient de meilleurs résultats qu'Emmanuel Macron dans le Gard, l'Hérault et l'Ariège où il passe même devant Marine Le Pen. De même, il arrive devant Marine Le Pen dans le Lot et le grand département de la Haute-Garonne. La projection des résultats au second tour dans cette région donnerait 49,8% à Marine Le Pen. Bien entendu, les contextes, les reports de voix et les nouvelles abstentions pouvant baisser le taux de participation à moins de 78% influent sur le résultat de cette projection.

Ce sont ainsi les cinq régions où le Rassemblement National s'est solidement implanté, et dans lesquels Marine Le Pen pourrait obtenir la majorité de plus de 50%  au second tour du 24 avril 2022. Ces cinq régions représentent 37,1% des  électeurs inscrits.

     Parmi les sept autres régions de la France continentale, les situations demeurent disparates. Les potentiels des voix de Marine Le Pen se situent dans la zone d'incertitude entre 45% et 50% dans quatre régions de Normandie, Centre-Val de Loire, Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle Aquitaine. Soit au sein des 29,3% des électeurs inscrits. Cela pourrait indiquer que Marine Le Pen et son parti du Rassemblement National réaliseraient plus de 45% des suffrages du second tour du 24 avril 2022 dans neuf régions métropolitaines, comme nous l'indiquons dans "La Pression des Souverainistes en France" (Éditions L'Harmattan, 2017). Ces neuf régions totalisent une importante part de 66,4% des électeurs en France. Loin des analyses partisanes habituelles, les électeurs de ces régions ne sont pas que des partisans adeptes du "racisme", de "l'anti-européanisme", de la "xénophobie"... tous les termes utilisés à dessein pour décrédibiliser le Rassemblement National. Ils ne sont pas d'extrême droite, une désignation vide de sens de notre époque. Ils se réfugient dans le "souverainisme" national. Il y a une véritable quête de sens pour eux, un brouillard qui s'épaissit devant eux quand ils sont confrontés aux politiques européennes floues sur l'avenir économique de leurs territoires, une incompréhension des décisions venant de Washington aux États-Unis d'Amérique (intégrations précipitées en Europe, politiques sanitaires et vaccinales, armement de l'Ukraine contre la Russie, le rôle de l'OTAN dans la défense européenne, sanctions de l'Europe contre la Russie dont les premières victimes sont des Européens eux-mêmes, etc.), et qui s'appliquent aveuglement sur eux, une lassitude compréhensible lorsque les grands groupes industriels en France distribuent plus de 65% de leurs résultats en dividendes en moyenne (la plus forte généreuse distribution des dividendes dans les pays occidentaux), alors que les salaires et les autres revenus du travail ne progressent pas face à une inflation galopante, etc. On ne peut donc pas s'étonner que la France est devenue la première destination européenne des investissements spéculatifs étrangers, à la recherche des gains et un retour sur investissements rapides. Les "Gilets Jaunes" l'ont exprimé à leur manière, le désamour avec les élections et la défiance face aux dirigeants politiques l'ont montré, la gestion mondialisée de la crise sanitaire et des politiques économiques, là où les réponses locales avec les traitements médicaux disponibles étaient possibles, a fini par irriter ceux qui gardaient encore l'espoir dans le jeu démocratique du pouvoir. En 2022, les analystes politiques honnêtes expliqueront que le vote massif exprimé en faveur de Jean-Luc Mélenchon est un vote refuge. Dans les régions suivantes, nous constatons que lorsque Marine Le Pen perd des électeurs au premier tour, c'est Jean-Luc Mélenchon qui les a récupérés. Ces électeurs pourraient rester fidèles à la protestation en se tournant vers Marine Le Pen au second tour, s'ils ne décident pas de ne plus revenir dans les bureaux de vote. Ces situations claires se lisent dans les votes au sein des départements, où les électeurs sont regroupés dans des zones populaires.

6- La Normandie est une région de 2.423.749 électeurs inscrits sur les listes électorales en 2022. Le département de l'Eure garde la fidélité au Rassemblement National depuis nos dernières études de la sociologie électorale en France, et se tourne vers Marine Le Pen à 32,3% contre 26,1% à Emmanuel Macron, au premier tour. Globalement, la région pourrait apporter 48,7% à Marine Le Pen au second tour, toutes choses égales par ailleurs. Cette projection étant théorique, le résultat pourrait osciller entre 46% et 50% selon la participation des électeurs.

7- Le Centre-Val de Loire est une région abritant 1.837.328 électeurs recensés au premier tour. Trois de ses six départements enregistrent des scores de Marine Le Pen supérieurs à ceux d'Emmanuel Macron, bien au delà de 27,5%. Il s'agit de l'Eure-et-Loir, l'Indre et le Cher. La projection des voix de reports sur Marine Le Pen pourrait atteindre 48,8%. C'est une probabilité et non un résultat.

8- L'Auvergne-Rhône-Alpes est une région très étendue, englobant les anciennes régions d'Auvergne et du Rhône-Alpes. Elle s'étend du Massif Central aux Alpes. C'est la deuxième région en nombre d'électeurs (5.557.535) derrière l’Île-de-France (7.349.284). Douze départements composent cette région. Marine Le Pen est passée devant Emmanuel Macron dans trois départements relativement ruraux : la Haute-Loire, l'Allier et l'Ardèche. Dans le département le plus urbanisé du Rhône, c'est Jean-Luc Mélenchon qui arrive derrière Emmanuel Macron. Mais, comme nous l'avons constaté dans les régions du nord de la Loire, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont d'anciens électeurs du Parti Communiste, aujourd'hui quasi disparu des grandes compétitions électorales. Ils gardent la rage de la protestation contre le libéralisme  qui imprime l'axe principal de l'Union européenne. Ils seraient alors tentés de rejoindre Marine Le Pen au second tour. Cela nous permet une projection d'un minimum de 47% en faveur de Marine Le Pen.

9. La Nouvelle Aquitaine est une autre région très étendue, englobant les anciennes régions de l'Aquitaine, du Poitou-Charentes et du Limousin. Elle est également composée de douze départements, rassemblant 4.463.041 électeurs. Marine Le Pen s'est imposée dans trois départements du Lot-et-Garonne, de la Dordogne et de la Creuse. Mais, dans le département urbanisé de la Gironde et dans les Pyrénées-Atlantiques, Jean-Luc Mélenchon s'impose derrière Emmanuel Macron. La projection des résultats globaux confère un score de 45,50%. Bien entendu, le résultat réel pourra être significativement différent, selon les électeurs qui se présenteront aux bureaux de vote du second tour.

La série 5-4-3 se poursuit avec les trois dernières régions de la France continentale, où la projection des scores de Marine Le Pen est bien au dessous de 45% au second tour. Il s'agit de l'Île-de-France, des Pays de la Loire et de la Bretagne. Cependant, le cas de l'Île-de-France est bien particulier.

10. L'Île-de-France est une région très contrastée entre la ville-département de Paris, les départements périphériques et la grande couronne. A Paris, le score de Marine Le Pen est le plus faible de l'Île-de-France, et la projection au second tour est la plus faible, autour de 36%. Mais dans la petite couronne derrière le périphérique, la situation change brutalement. En Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, anciens bastions du Parti Communiste, c'est Jean-Luc Mélenchon qui arrive en tête, loin devant Emmanuel Macron. Dans ces départements, la projection au second tour indique que Marine Le Pen pourrait atteindre de 43% à 49%, malgré son score très faible au premier tour. Ce sont donc bien des électeurs de la gauche radicale qui pourront faire la différence, en arbitrant entre l'abstention et le vote en faveur de Marine Le Pen. Emmanuel Macron est nettement préféré à Paris et dans les Hauts-de-Seine, où les comportement électoraux très proches.

     Dans la grande couronne, la situation s'éloigne très nettement de Paris. En Seine-et-Marne, avec une participation de 75,2%, c'est Mélenchon qui s'impose devant Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Il en est de même dans l'Essonne et dans le Val-d'Oise.
A travers ces ouvrages indiqués sur l'Île-de-France, le lecteur découvrira les sociologies électorales dans chacune des communes de chacun des départements de la région.

11. Les Pays de la Loire et la Bretagne sont les deux régions épargnés de la vague du Rassemblement National. Mais, elles ne totalisent que 11,1% des électeurs en France. En Loire-Atlantique, dans le Finistère et en Ille-et-Vilaine, Jean-Luc Mélenchon s'est imposé devant Marine Le Pen. Une partie de ces électeurs se retrouveront ainsi dans le décompte des voix reportées en faveur de Marine Le Pen au second tour. C'est ainsi que l'on peut estimer à 42,4%  de le Pays de la Loire et 41,3% des voix en Bretagne dans les scores de Marine Le Pen, à l'issue du second tour.

     Il apparaît ainsi que les projections des résultats du premier tour sur le second tour du 24 avril 2022 donnent un score supérieur à 45% dans tous les cas. Il conviendra de suivre les évolutions dans les groupes de régions 5-4-3 pour tous les deux candidats finalistes. Les compléments significatifs et la surprise pourraient provenir des électeurs des Outre-mer.

12. La Corse et les terres des Outre-mer sont plutôt orientées vers Jean-Luc Mélenchon, en dehors de la Corse, de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie Française et des Français établis hors de France. Mais, l'ensemble des électeurs recensés, s'élevant à 3.594.463 au premier tour, ne représente que 7,4% du total des électeurs en France. Cependant, chaque voix compte dans ce système électoral au scrutin uninominal majoritaire au suffrage universel. Les bulletins de vote ne sont marqués ni avec une origine ethnique, ni par une couleur, ni par une appartenance culturelle. Le principe reste l'égalité de tous les citoyens devant le vote, avec un électeur égale à une voix. 
A Mayotte, la projection indiquerait un score de 63,9% en faveur de Marine Le Pen ; l'on comprend que la cohabitation entre les Mahorais et les Comoriens est de plus en plus difficile, pour devoir faire appel à l'arbitrage de Marine Le Pen, avec 42,9% contre 24,0% pour Jean-Luc Mélenchon et 16,9% à Emmanuel Macron. La même colère se traduit dans les résultats en Corse. Dans l'île de la Réunion, en Guyane, en Guadeloupe et en Martinique, le vote refuge et de protestation contre le pouvoir, exprimé en faveur de Jean-Luc Mélenchon, est manifeste. C'est alors ce même esprit de révolte qui pourrait conduire une partie significative de ces électeurs vers Marine Le Pen au second tour, pour celles et ceux qui ne choisiront pas l'abstention.

     Notre site internet, nouvelle-dynamique.org apportera sa contribution à la compréhension des résultats du second tour de cette élection présidentielle. De même, les électeurs pourront nous apporter leurs réflexions en comparant les projections indiquées et les résultats obtenus à l'issue de cette élection.

     En France, le vote n'est pas obligatoire. C'est un devoir civique dont l'exercice est fortement recommandé. L'objectif de cette publication, et de tous les ouvrages indiqués, est de sensibiliser tous nos concitoyens et d'appeler le maximum d'électeurs aux bureaux de vote pour le second tour, afin que personne ne puisse dire plus tard qu'il ne savait pas.
 

Emmanuel Nkunzumwami

Écrivain-Essayiste
Analyste économique et politique
Directeur de Neres Conseil
E-mail :
emmankunz@gmail.com

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