La situation des pays face à l'expansion du coronavirus Sars-Cov2 (covid-19) continue de se dégrader selon les géographies, les régions et les pays.
Au moment où de nombreuses questions se posent sur les campagnes des vaccinations dans plusieurs pays, avec de fortes tensions sur les quantités de doses des vaccins disponibles, et que les populations attendent les résultats rapides sur les premières vaccinations, cette étude présente la situation au 07/04/2021 sur la crise sanitaire covid-19 dans différents pays. Les données comparent l’état des différents pays au cours de cette 3ème vague de la pandémie, telle qu’elle est vécue notamment en Europe et en Amérique. Pour permettre au grand nombre une lecture plus aisée, la présentation est réduite au texte explicatif et aux tableaux synthétiques.

Introduction

     L'étude menée fournit les données au soir du 7 avril 2021. Elle intègre les situations des pays développant les vaccinations depuis décembre 2020 jusqu’à cette date. Les données des vaccinations étant disparates, entre les pays ayant terminé l’injection de la 2e dose et ceux qui démarrent la 1ère dose, nous ne les incluons pas spécifiquement dans cette courte étude. Aussi, nous évaluons les impacts humains de cette pandémie à cette date. Les données sont rassemblées dans notre Panel100 recensant 100 pays de tous les continents, et représentant 89,4% des 7,780 milliards d'humains dans le monde (soit 6,952 milliards). Nous avons adopté une démarche scientifique à partir des données disponibles constituées. Nous analysons les données brutes et les résultats de calculs pour les indicateurs permettant de relativiser ces données par rapport à la population de chaque pays.

     La photographie mondiale de la Covid-19 distingue 5 parties du monde de niveau sanitaire varié face au virus. Nous les appelons «Espaces Covid-19 dans le monde »  :

     L’Europe (27 pays) ; l’Amérique du Nord (2 pays) ; l’Amérique du Sud (17 pays) ; l’Afrique (54 pays) et le reste du monde (25 pays) représenté principalement par l’Asie (l’Inde, la Turquie, l’Iran, le Pakistan, l’Indonésie, la Chine, le Japon… et la Russie) à laquelle s’ajoutent l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ce sont ces pays retenus, extraits de notre Panel 100, qui nous permettent d’effectuer des comparaisons d’évolutions de la pandémie entre les espaces covid-19 dans le monde.

     Aussi, le tableau suivant synthétise la situation du monde face à la 3ème vague de la covid-19 depuis un an.

     L’Afrique semble moins meurtrie que les autres divisions du monde, et la mortalité cumulée dans 25 pays du reste du monde, principalement l’Asie, reste plus faible que celle des autres divisions du monde à l’exception de l’Afrique. Cependant, si les données sont relativement transparentes en Europe et en Amérique du Nord, il ne semble pas que cette transparence d’information et la rigueur dans la collecte des données soient partagées à travers le monde.

1- L’état du monde face au covid-19 au 7 avril 2021

- 133,648 millions de personnes infectées par le virus du covid-19 dans le monde (soit 1,7% de la population mondiale)

- 2,898 millions de personnes décédées depuis le début de la pandémie (soit 2,2% des personnes contaminées et 0,04% de la population mondiale actuelle)

- 107,778 millions de personnes guéries enregistrées dans le monde (soit 80,6% des personnes contaminées. Cest un taux de guérison moyen mondial qui sest progressivement amélioré au cours de la 2e vague).

- 22,973 millions de malades enregistrés ou personnes asymptomatiques testées positives à la covid-19 et susceptibles de transmettre le virus et contaminer les autres (soit 17,2% des personnes contaminées dans le monde).

     La 3ème vague dans laquelle plonge le monde actuellement, au printemps 2021, touche tous les pays. Certains tentent de s'en sortir par des campagnes massives de vaccinations, d’autres poursuivent les traitements et les vaccinations à petite échelle, d’autres encore traitent simplement leurs malades. Il convient de rappeler que la pandémie n’a pas frappé tous les pays avec la même intensité. Nous synthétisons dans les tableaux ci-dessous l’impact comparé de la covid-19 dans le monde, entre le 6 avril 2020 (début de l’expansion mondiale) et le 7 avril 2021. Les pays sont classés par nombre de personnes enregistrées malades ou asymptomatiques susceptibles de contaminer.

Les pays les plus frappés par la pandémie au cours de la 2ème vague, ont connu la mortalité multipliée par plus de 50. Ce sont les États-Unis, le Brésil, l’Inde, l'Ukraine, la Pologne, la Russie, le Mexique, l’Argentine, les Philippines, le Honduras, l’Indonésie et la Serbie dans ce premier tableau. Les pays déjà sévèrement touchés dès le début par cette pandémie ont rapidement créé les conditions de protection et de limitation de la propagation pour contenir la mortalité. Le nombre de morts a été multiplié par moins de 20. Le tableau indique les pays par risque interne décroissant de contamination au 7 avril 2021.

      Le tableau rassemble les pays qui ont sévèrement connu la 2ème vague après l’été 2020. Plusieurs facteurs, dont les interactions avec les touristes venant des pays contaminés, ont accéléré la mortalité dans ces pays. Le nombre de morts a été rapidement multiplié par plus de 100. On remarque la dégradation de la situation en Bulgarie, en Grèce, au Pakistan, au Kenya, au Chili, en Égypte, en Tunisie, au Pérou, en Uruguay et surtout en Afrique du Sud. Le tableau indique les pays par risque décroissant de contamination au 7 avril 2021.

Le tableau rassemble les pays dont le risque de contamination est plus faible que dans les pays précédents, moins de 20.000 cas de malades ou d’asymptomatiques connus. Le nombre de décès y était encore très faible au 6 avril 2020 (moins de 200, sauf en Chine où les données paraissent quelque peu difficiles à interpréter). Malgré le nombre encore inférieur à 10.000 décès, certains ont connu une violente progression : le Sénégal (x535), le Nigeria (x412), la Croatie (x384), l’Arabie saoudite (x177), le Ghana (x150), la Slovénie (x136). Cependant, le rythme de guérison réduit le nombre de malades contagieux, et le niveau de contamination par million d’habitants reste encore faible.

     Le lecteur aura remarqué que les pays européens, dont la France, l’Espagne, la Belgique, l’Italie et le Royaume-Uni, font partie du peloton de tête qui ont souffert des trois vagues de la covid-19. Le Royaume-Uni, hors de l’Union européenne depuis le 1er janvier 2021, s’est battu seul pour fabriquer et importer les doses de vaccins pour sa population. Malgré plus de 127.000 décès du ou avec le covid-19, le Royaume-Uni sort de son confinement de quatre mois. La France approche 100.000 décès et reste en confinement jusqu’au 2 mai 2021. Mais, dès la sortie "des restrictions renforcées", les Français seront amenés à élire le même jour leurs représentants aux collectivités territoriales (les départements et les régions), au cours du mois de juin 2021. Que seront les résultats, lorsque l’on sait que nombre de Français n’ont pas digéré les municipales du 15 mars 2020, la veille du premier confinement qui a démarré le 17 mars ? Vont-ils encore exprimer un vote de protestation ou de défiance contre les choix de leur gouvernement ? Ou vont-ils arbitrer sur leur situation au regard de celle du Royaume-Uni et de l’Italie (114.000 décès), pour ne prendre que les pays de population comparable au sein de la même Europe depuis le début de la pandémie en février 2020. Les politiques sont désormais mis sous pression.


2- Les situations comparées des 100 pays au 7/04/2021 selon les risques de contamination

     Nous avons réparti les pays en trois groupes, selon la valeur décroissante des contaminations par population d’un million d’habitants. Le lecteur pourra ainsi apprécier les situations des pays ayant dépassé le niveau de 5.000 contaminés testés positifs, en situation de malades ou simplement de porteurs asymptomatiques du virus. Un sous-groupe peut être formé entre les pays au-dessus de 10.000 cas et ceux entre 5.000 et 10.000 cas. Ce sont les pays les plus contaminants ou présentant de forts risques de contamination dans le monde, par les déplacements intérieurs de leurs populations et les mouvements induisant des interactions avec les habitants des autres pays. C’est un total de 27 pays dans le monde, mais dominé par les pays européens (soit 19 sur 27 pays).

Le 1er sous-groupe rassemble dix pays européens (Belgique, Espagne, France, Irlande, Chypre, Hongrie, Slovaquie, Estonie, Bulgarie et Albanie) aux côtés des États-Unis et du Honduras. Ce sont les pays à très forts taux de contamination de notre panel100.

Le 2e sous-groupe comprend quinze pays, dont neuf pays européens. Il s’agit de la Serbie, de la Tchéquie, de la Pologne, de l’Italie, de l’Ukraine, de l’Uruguay, de la Jordanie, de la Slovénie, de la Finlande, de l’Arménie, de la Lituanie, du Brésil, du Luxembourg, de la Suisse et du Paraguay. Il convient d’indiquer que la Suède et les Pays-Bas figurent également dans ce tableau, même si les données sur les guérisons enregistrées dans ces pays n’ont pas été communiquées.

   Tableau des 27 pays du Panel100 dont le nombre de malades ou de cas asymptomatiques contagieux est supérieur à 5.000 personnes par million dhabitants.


     Le deuxième groupe rassemble vingt-neuf pays se situant entre 1.000 et 5.000 cas de malades ou cas asymptomatiques testés positifs pour un million d’habitants.

     Enfin le troisième groupe rassemble le reste des pays du panel100. Même si quelques pays africains apparaissent dans le 2e groupe, la majorité se situe dans ce 3e groupe.

Les évolutions comparées au sein des pays africains sont détaillées dans le paragraphe suivant. Globalement et à l’exception de quelques pays, le niveau de contagiosité enregistré reste faible en Afrique, en comparaison avec les autres espaces covid-19 dans le monde.


3- Les situations particulières en Afrique

     En Afrique du nord (7 pays et 250,28 millions d’habitants), la Tunisie et la Libye présentent des situation toujours préoccupantes. La Tunisie a enregistré 769 décès pour un million d’habitants contre 403 en Libye et 240 au Maroc. La désorganisation de la Libye depuis sa destruction par la guerre de 2011, puis les interactions liées au tourisme en Tunisie et au Maroc ont contribué à ces dégradations sanitaires.

     En Afrique Occidentale (15 pays et 397,21 millions d’habitants), le Cap-Vert pâtit de sa taille pour enregistrer 311 décès pour un million d'habitants qu'il n'a pas. La situation dans les autres pays les situe sous le seuil de 100 décès par million d'habitants. Seul le Sénégal et la Gambie (entourée par le Sénégal) enregistrent des décès plus importants en rapport avec leurs populations (64 et 69).

     En Afrique Orientale (11 pays et 330,77 millions d’habitants), seul le Kenya se rapproche d’un seuil de 1.000 contaminés contagieux par million (779). Alors que 7 pays sur les 15 de l’Afrique occidentale ont franchi le seuil de 100 contagieux par million, ils sont 6 sur 13 en Afrique Orientale, avec une situation plus préoccupante néanmoins au Kenya, en Éthiopie et en Somalie.

     En Afrique Centrale (8 pays et 146,73 millions d’habitants), le Gabon présente un fort taux de contagiosité (1309 par million) mais la taille de Sao Tome et Principe en fait le pays de la plus forte mortalité par million. Ailleurs, la situation est loin d’être préoccupante, en comparaison avec les pays d’Europe, d’Amérique ou même nombre de pays d’Asie.

     En Afrique Australe (13 pays et 213,83 millions d’habitants), seuls le Lesotho et le Botswana ont déjà franchi le seuil de 1.000 contagieux par million d’habitants. Mais, la mortalité est très forte dans cette région : 896 en Afrique du Sud, 577 en Eswatini, 262 au Botswana, 216 en Namibie, 166 au Comores, 147 au Lesotho et 103 au Zimbabwe. Toute l’Afrique Australe a besoin de s’attaquer très vigoureusement à la covid-19, en menant en parallèle la bataille des traitements pour guérir les malades, et de la vaccination avec un bon vaccin qui a fait ses preuves dans la prévention. C’est la région de l’Afrique la plus touchée par la mortalité et les contaminations (61.095 décès du ou avec le covid-19 contre 38.645 en Afrique du Nord, 6.798 en Afrique Orientale et 5.781 en Afrique Occidentale). Les départements français situés dans cette partie proche de l’Afrique (la Réunion et Mayotte) affichent également les indicateurs de mortalité comparables à ceux des pays de l’Afrique Australe, mais avec une plus forte contagiosité à Mayotte.

     Globalement, les décès du covid-19 dans l’ensemble des pays d’Afrique (114.557 au 7 avril 2021 et sur plus de 1,339 milliard d’habitants) sont comparables à ceux du Royaume-Uni (126.927 pour 67,9 millions d’habitants) et, de toutes façons plus faibles qu’en Inde (166.892 sur une population comparable de 1,380 milliard d’habitants), qu’aux États-Unis (570.856 décès sur 331,0 millions d’habitants), qu’au Brésil (340.776 décès sur 212,6 millions d’habitants) ou encore moins qu’au Mexique (205.002 décès sur 128,9 millions d’habitants). L’Afrique devrait renforcer ses capacités de traitements des malades avec les médicaments validés qui ont fait leurs preuves sur le continent, et entretenir la pyramide des âges qui en fait le continent le plus jeune du monde, et donc le moins vulnérable face au covid-19. De ce fait, le continent bénéficie d’une forte résistance liée l’immunité naturelle d’une très grande partie de sa population confrontée aux interférences virales. Pendant ce temps, la population vieille des anciens pays industrialisés historiques et des pays industriels émergents continue de souffrir littéralement de la covid-19, et elle reste encore en attente des efforts de vaccination des Etats pour renforcer la résistance à la pandémie. La sortie rapide de cette crise sanitaire est urgente pour retrouver une vie sociale, redresser les économies effondrées, relancer les échanges internationaux, et renouer avec la vie.


Emmanuel Nkunzumwami
Écrivain - Essayiste


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