I.              Introduction 

L’Afrique arabo-musulmane est un ensemble des pays du nord de l’Afrique partageant carte Geo Afrique Du Nord [1]l’usage de l’arabe comme langue nationale et langue officielle, et membres de la Ligue Arabe. Cet ensemble comprend, d’Ouest en Est, la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte et le Soudan du Nord. L’analyse comparative de ces pays est effectuée avec les trois principaux pays européens voisins : l’Espagne, la France et l’Italie. Les pays de l’Afrique arabo-musulmane totalisent une population de 206 millions d’habitants (dont l’Egypte, l’Algérie et le Maroc représentent ensemble 73%) contre 174 millions pour leurs trois voisins européens. Ces pays arabo-musulmans se caractérisent par la jeunesse de leur population (entre 23% et 42% sont âgés de moins de 15 ans selon les pays) contre 14% pour l’Italie, 15% pour l’Espagne et 19% pour la France. Complémentairement,  ces pays vieillissent entre 3% pour le Soudan à 8% pour la Tunisie lorsque leurs voisins européens doivent gérer le vieillissement de leur population de plus de 64 ans entre 16% pour la France, 17% pour l’Espagne et 20% pour l’Italie. L’ensemble des tous ces pays méditerranéens se rejoignent en perspective sur l’espérance de vie (hors Mauritanie et Soudan encore très pauvres) qui varie entre 73 ans pour l’Egypte et 78 ans pour la Libye lorsque leurs voisins affichent 81 ans. Cette convergence s’explique également par les dépenses de santé des Etats assez voisins (entre 6% pour les pays de l’Afrique arabo-musulmane et une moyenne de 9% pour leurs voisins européens). La France s’en détache néanmoins avec le coût de la santé le plus élevé avec 11% de son PIB. Les pays les plus pauvres affichent également un taux de fécondité le plus élevé de 4 et 5 enfants par femme au soudan et en Mauritanie alors que ce taux baisse à 2 enfants par femme en Algérie, au Maroc, en Tunisie et en France. Seules l’Espagne et l’Italie vieillissent plus vite avec un taux de fécondité le plus bas des pays comparés ; en conséquence, l’accroissement naturel de la population y est également le plus faible. A l’avenir proche, sous des contraintes économiques conjuguées avec le développement de l’éducation et du planning familial, les pays de l’Afrique arabo-musulmane rejoindront rapidement leurs voisins méditerranéens entre 0,5% et 1%.

L’un des problèmes cruciaux est la réalisation de la déconcentration des pays pour une meilleure répartition des populations sur le territoire et le développement des infrastructures de désenclavement des métropoles économiques. Le Maroc et l’Italie, suivis de l’Espagne apparaissent comme les mieux équilibrés avec un taux d’urbanisation entre 59% pour le Maroc, 69% pour l’Italie et 78% pour l’Espagne d’une part, et une déconcentration sur 9 à plus de 10 villes dont l’écart est de moins de 10 fois entre la ville moyenne et la plus grande du pays, d'autre part. La France, pays centralisé historique, se retrouve dans le même cas des pays de forte centralisation comme l’Algérie et la Tunisie. L’Egypte, le Soudan et la Mauritanie sont les pays les plus concentrés et cela se répercute sur leur élasticité au développement équilibré des infrastructures sur les territoires,  à la déconcentration des emplois pour accompagner le développement économique et industriel. Il s’en suit un retard dans le développement des liaisons interurbaines (voies ferrées, autoroutes, navigations fluviales et maritimes et équipements aéroportuaires) dans de nombreux pays de l’Afrique arabo-musulmane, en comparaison avec leurs voisins européens. Cependant, tous les pays de l’Afrique arabo-musulmane disposent des atouts économiques considérables pour développer leurs industries : le pétrole, le gaz naturel et les minerais (phosphates, fer, argent, plomb, zinc, cuivre) contrairement à leurs voisins du nord de la Méditerranée (à l’exception de l’Italie qui partage les mêmes ressources avec la Libye) même si l’agriculture absorbe l’essentiel de la main-d’œuvre au Maroc et au Soudan.  Aujourd’hui, l’Algérie, la Libye et le Soudan tirent l’essentiel de leur PIB des activités industrielles.  De tous ces pays méditerranéens, la France est la seule nation dont l’activité industrielle ne couvre que 19% de son PIB contre 27% en Italie et en Espagne. Les échanges de part et d’autre de la Méditerranée pourraient redynamiser l’industrie en Europe, de même que les pays de l’Afrique arabo-musulmane pourraient densifier leur coopération pour des échanges agricoles, développer l’industrie de transformation et les services pour créer massivement des emplois pour leur Jeunesse. Il convient de remarquer que le niveau d’éducation atteint dans de nombreux pays arabo-musulmans (Algérie, Libye, Tunisie et Egypte à 10 points de leurs voisins au nord de la Méditerranée) et l’ouverture de la politique à la société par l’intégration des femmes au Parlement permettent l’accélération du développement pour rattraper leurs voisins européens. Le taux de représentation des femmes au Parlement en Tunisie (23%) et même en Mauritanie (22%) est de loin supérieur à celui de la France (19%) et de l’Italie (21%). Seule l’Espagne marque les progrès les plus avancés dans ce champ sociopolitique dans cette région méditerranéenne et cela est également imputable à son niveau avancé de déconcentration des pouvoirs et de décentralisation économique. Pour mieux se développer, les pays encore trop concentrés comme l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, le Soudan et la Mauritanie pourraient bénéficier de la pratique politique de l’Espagne. Si ces pays suivent de bonnes stratégies de diversification de leurs axes de développement, de l’éducation et de la formation professionnelle adéquate pour  la jeunesse, et de la dynamisation des secteurs économiques privés, l’immigration de leurs populations vers le Nord de la Méditerranée ne sera qu’une vieille histoire. La croissance économique prévisible à moyen terme, l’accroissement du niveau de vie des populations et les progrès médicaux qui se poursuivent pourraient même constituer un attrait des migrations européennes inversées vers ces nouveaux pays émergents de l’Afrique arabo-musulmane.

 

II.            Les études comparatives entre le Sud et le Nord de la Méditerranée.

  

  Algérie Maroc Tunisie Libye Egypte Soudan Mauritanie
Population 2012 (000) 35 406 32 309 10 733 6 734 83 688 34 207 3 359
Jeunes moins de 15 ans 24,2% 27,8% 23,2% 32,8% 32,7% 42,1% 40,4%
Séniors plus de 64 ans 5,2% 6,1% 7,5% 4,6% 4,5% 2,7% 3,5%
Espérance de Vie 74,7 76,1 75,2 77,6 72,7 62,6 61,5
Taux Fécondité 1,75 2,21 2,03 2,96 2,97 4,84 4,3
Accroissement population 1,20% 1,45% 1,15% 2,06% 1,98% 1,41% 2,44%
Dépenses Santé/PIB 5,8% 5,5% 6,2% 6,6% 6,4%    
IDH 2011 0,698 0,582 0,698 0,76 0,644 0,408 0,453
Taux Urbanisation 2008 86,0% 58,8% 67,7% 86,0% 43,8% 40,8% 51,2%
Déconcentration du pays 3 10 3 8 2 2 2
Chemins de fer (km) 3 973 2 067 2 165   5 063 5 978 728
PIB (millions $) 160 300 103 500 44 290 74 230 218 500 68 440 3 799
PIB/Habitant (PPA) 7 200 5 100 9 500 14 100 6 500 3 000 2 200
Dette publique 2011 6,6% 65,0% 51,8% 4,7% 85,7% 100,8%  
Croissance PIB 2011 2,9% 4,6% 0,0% 4,2% 1,2% -0,2% 5,1%
Production industrielle 4,8% 4,4% 0,0% 2,7% 4,4% 3,5%  
Dépense armement/PIB 3,56% 3,34% 1,37%   2,14% 4,22% 3,80%
Dépense éducation/PIB 4,3% 5,6% 7,1%   3,8% 6,0% 2,9%
Taux Alphabétisation 88,0% 51,7% 74,3% 88,4% 72,0% 61,1% 51,5%
Langues nationales arabe, français, berbère arabe, berbère, français, hassania arabe, français, berbère arabe, anglais, italien arabe, anglais, français arabe, anglais, dinka arabe, français, langues locales
Femmes au Parlement 7,7% 10,5% 22,8% 7,7% 1,8% 18,1% 22,1%
Ressources naturelles fer, phosphates, gaz naturel, pétrole argent, fer, phosphates, plomb, zinc fer,  phosphates, pétrole. gaz naturel, pétrole  fer, phosphates, gaz naturel, pétrole. argent, pétrole cuivre, fer
Agriculture 16% / 8% 43% / 19% 18% / 10% 15% / 2% 31% / 13% 68% / 33% 40% / 12%
Industrie 28% / 63% 21% / 32% 32% / 32% 31% / 78% 22% / 38% 10% / 29% 17% / 47%
Services 56% / 29% 36% / 49% 50% / 58% 54% / 20% 47% / 49% 22% / 38% 43% / 41%

Tableau ci-dessus comparant les différents pays de l'Afrique arabo-musulmane

  Espagne France Italie 
Population 2012 (000) 47 043 65 350 61 261
Jeunes moins de 15 ans 15,1% 18,5% 13,8%
Séniors plus de 64 ans 17,1% 15,8% 20,3%
Espérance de Vie 81,3 81,2 81,9
Taux Fécondité 1,47 1,96 1,39
Accroissement population 0,15% 0,50% -0,08%
Dépenses Santé/PIB 8,2% 11,2% 8,7%
IDH 2011 0,878 0,884 0,874
Taux Urbanisation 2008 77,6% 77,5% 68,6%
Déconcentration du pays 9 4 10
Chemins de fer (km) 15 293 29 640 20 254
PIB (millions $) 1 410 000 2 583 000 2 055 000
PIB/Habitant (PPA) 30 600 35 000 30 100
Dette publique 2011 68,2% 85,5% 120,1%
Croissance PIB 2011 0,8% 1,7% 0,6%
Production industrielle 0,8% 3,7% 1,1%
Dépense armement/PIB 1,25% 2,43% 1,69%
Dépense éducation/PIB 4,4% 5,6% 4,3%
Taux Alphabétisation 97,4% 99,0% 98,9%
Langues nationales espagnol, catalan, langues régionales français et langues régionales italien, français, allemand, langues  régionales
Femmes au Parlement 36,3% 19,0% 21,3%
Ressources naturelles Nickel, potasse bauxite, charbon, uranium gaz naturel, pétrole
Agriculture 4% / 3% 3% /  2% 4%  /  2%
Industrie 24% / 27% 23% / 19% 30% / 27%
Services 72% / 70% 74% / 79% 66% / 71%

  Tableau de comparaison des performances des principaux pays européens de la Méditerranée

Il apparaît dans ces tableaux comparatifs que les trois principaux pays européens du nord de la Méditerranée rencontrent les problèmes de croissance économique (même la France n'a réalisé que 1,7% en 2011) et que les potentiels se trouvent au sud. Par ailleurs, la compétition mondiale ayant pour base la production industrielle et la maîtrise des marchés internationaux, les pays au nord de la Méditerranée ne présentent pas de ressources naturelles pour rebondir dans la course. Cependant, ils disposent des capitaux (le PIB de la France est plus de 10 fois celui de l'Egypte, et le PIB/habitant en parité de pouvoir d'achat est 2,5 fois supérieur à celui de la Libye) et un savoir-faire industriel. Les pays du sud disposent des ressources naturelles et des ressources humaines importantes. Il serait alors stratégiquement important que ces différentes forces se rencontrent pour bâtir les perspectives communes d'avenir. Dans tous les cas, l'autosuffisance alimentaire considérée sur l'ensemble de la région est la base du développement. Sur le plan du développement industriel de l'Afrique arabo-musulmane, deux grands sous-ensembles se dégagent : le sous-ensemble "pétro-minier" constitué de la Mauritanie, du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie. La mise en commun des stratégies industrielles et la création de grands pôles régionaux de transformation consolideraient les économies nationales en créant de la valeur ajoutée industrielle de leurs ressources naturelles et des emplois massifs pour les générations futures. De plus ce sous-ensemble est usager de l'arabe et du français comme socle culturel commun. Le second sous-ensemble "pétro-gazier" comprend la Libye, l'Egypte et le Soudan-Nord. Son socle commun culturel est bâti sur l'arabe et l'anglais pour les échanges et ce sous-ensemble pourrait massivement investir dans la modernisation des industries pétrolières et gazières déja existantes. La Méditerranée redevient alors la plateforme des échanges entre le Nord et le Sud ; toutes les ressources y sont disponibles pour redynamiser les économies des pays riverains.

L’Algérie : L’économie algérienne est tirée par la demande mondiale des hydrocarbures qui pèsent très significarte Geo Afrique Du Nord [1]cativement sur le budget du pays. La baisse de la demande due à la crise mondiale en 2009 a provoqué un déficit public de 8%. Les hydrocarbures représentent 50% du PIB et 98% des exportations du pays : cela contribue à une économie de rente industrielle telle que moins de 1/3 des personnes actives travaillent dans l’industrie qui assure près des 2/3 du PIB algérien. La reprise de la consommation mondiale des hydrocarbures permet d’assainir le budget et programmer un investissement pluriannuel dans les infrastructures de 150 milliards de dollars entre 2009 et 2014. Les céréales (blé et orge) et les constructions (investissements publics) complètent l’activité économique.  La faible création d’entreprises privées par rapport aux pays voisins, l’esprit de l’économie de rente qui ne favorise pas l’entrepreneuriat, la réticence des investisseurs internationaux face à l’obligation de partenariat de plus de 51% des Algériens dans les entreprises étrangères, la suppression du crédit à la consommation en 2009 et la faible exploitation du secteur touristique freinent l’expansion économique dans le pays, accroît le chômage (notamment des Jeunes) et entretient pauvreté des populations dans un pays doté d’importantes richesses naturelles. Le pays devrait dynamiser le secteur privé et diversifier son économie industrielle pour répondre à la forte demande d’emploi de ses Jeunes.

Le Maroc : l’économie marocaine emploie la plu forte proportion des personnes actives de l’Afrique arabo-musulmane après le Soudan, soit plus de 43% des personnes actives pour 20% du PIB, essentiellement dans les céréales, les légumineuses, les cultures maraichères, les agrumes, des fruits et des plantes sucrières. L’Industrie se développe sur les ressources minières, principalement les phosphates, les gisements de fer et des métaux non ferreux. Pour s’industrialiser, le Maroc développe également le textile, la chimie et la sous-traitance de l’industrie automobile, aéronautique, informatique, électronique. Le secteur des services s’appuie sur le tourisme et les centres d’appels (offshoring) en plein développement. Le Maroc pourrait constituer un modèle de croissance maîtrisée et diversifiée, avec des grands pôles déconcentrés et rattraper de nombreux pays émergents du monde.

La Tunisie : ce pays s’est positionné depuis de nombreuses années comme l’interface entre l’Afrique du Nord et l’Europe. Il entre dans des restructurations politiques, sociales et économiques après avoir lancé le mouvement des révolutions arabes en 2011. Son économie s’équilibre entre l’agriculture dont elle développe une grande part biologique et l’irrigation (10% du PIB), l’industrie autour des phosphates et du fer développant la chimie, la sidérurgie, la métallurgie et l’électromécanique avec de nombreuses entreprises de sous-traitance (32% du PIB). L’industrie emploi la plus forte proportion de personnes actives au Maghreb. La Tunisie est devenue très attractive pour la qualité de sa main-d’œuvre, le développement du tourisme, et le développement du secteur tertiaire des services autour des technologies de l’information et de la communication. Peu dotée de ressources naturelles diversifiées, le développement de la Tunisie dépendra de ses bonnes relations avec l’Occident, de la formation de sa Jeunesse dans les activités tertiaires et du développement global de son bassin méditerranéen. Le pays a fait le choix de la plus faible dépense militaire (1,4% de son PIB) contre l’accroissement des budgets alloués à l’éducation dont le taux est le plus élevé de tous les pays du bassin méditerranéen (y compris les trois principaux pays voisins européens : Espagne, France et Italie) avec plus de 7% de son PIB.

La Libye : le pays peine encore à se reconstruire à l’issue de la révolution de 2011. L’industrie de la Libye est construite autour du pétrole et du gaz naturel qui assurent l’essentiel de sa croissance économique, 78% de son PIB, 95% des exportations et couvrent plus de 50% des dépenses publiques du pays. La Libye a une capacité de produire 3 millions de barils de pétrole par jour et renferme 40% des réserves de pétrole du continent africain, soit 3% des réserves mondiales. Cependant, le pays vit depuis très longtemps sur une économie de rente pétrolière, gérée par des entreprises publiques et n’a pas développé le secteur privé. Avec ses 6,7 millions d’habitants seulement, le pays est parvenu à assurer le plus fort PIB en PPA de l’Afrique arabo-musulmane (14100$ par habitant), soit 2,5 fois seulement inférieur à celui de la France. Les défis de la Libye demeurent la reconstruction économique (diversification industrielle et développement du secteur privé), politique (passage du pouvoir dictatorial familial à une démocratie élective) et sociale (réconciliation des mosaïques de tribus pour unifier la nation) du pays dont les infrastructures ont été éprouvées par la guerre de 2011.

L’Egypte : l’une des anciennes civilisations du monde est à la recherche de son équilibre politique entre les pouvoirs militaires à la tête du pays et une démocratie représentative dont les élections suivent un processus complexe, après une révolution de 2011. Pays le plus peuplé de l’Afrique arabo-musulmane avec plus de 83 millions d’habitants, il bénéficie des infrastructures développées du tourisme (assurant plus de 10 milliards $ de recettes chaque année et une forte contribution à la croissance), de l’industrie pétrolière et gazière (6ème exportateur mondial de gaz naturel liquéfié) et du développement des plateformes de nouvelles technologies de l’information et de la communication (au cœur du secteur tertiaire où elles représentent 15% du PIB) dont la croissance dépend de la stabilité politique et de la sécurité générale dans le pays.

Le soudan : la partie rattachée à l’Afrique arabo-musulmane est le Soudan Nord qui s’est détaché du Soudan Sud par le référendum du 9 juillet 2011 créant ainsi deux pays séparés. Désormais, le Sud-Soudan est un pays indépendant de l’Afrique de l’Est et dont le destin devrait être lié à celui de l’East-African Community. Le Soudan a longtemps vécu des ressources pétrolières assurant 92% de ses recettes d’exportation. Aujourd’hui ces recettes sont partagées à 49% pour le Nord et 49% pour le Sud, et le Soudan doit concevoir des politiques industrielles de diversification de son économie : il a perdu 75% de ses réserves pétrolières après la création du Sud-Soudan. De plus, l’économie agricole soudanaise, tournée principalement vers l’agriculture de subsistance, n’est pas performante avec 68% des personnes actives contre 10% dans l’industrie. Le pays est à la recherche de ses équilibres budgétaires (c’est le pays le plus endetté de l’Afrique arabo-musulmane avec 100,8% du PIB et frappé par une récession de -0,2% depuis 2011), des financements de son économie qui doit être diversifiée et dynamisée en recourant à la solidarité des pays du monde arabe ; mais il doit faire également face à des tensions de guerre qu’il doit résoudre à l’Ouest (au Darfour) et au Sud (avec le nouveau voisin du Sud-Soudan).

La Mauritanie : il compte parmi les pays les moins industrialisé de l’Afrique arabo-musulmane dont 40% de sa population vivent de l’agriculture contre 17% dans l’industrie, essentiellement dans les mines d’or, de cuivre et de fer (40% des exportations). Les découvertes du pétrole en 2006 ont dopé l’économie mauritanienne et le pays dispose des réserves de gaz encore inexploité. Même s’il fait également partie des pays les plus pauvres de l’Afrique arabo-musulmane avec son IDH de 0,453 proche de celui du Soudan, mais manifeste une réelle volonté de développement. Après la diversification des ses ressources naturelles pour son développement, le pays doit également passer à la phase de l’industrialisation par les transformations dans le pays et réduire sa dépendance commerciale : la Chine absorbe 42% de ses exportations minières contre 10% en France et importe 9% de ses besoins de Chine contre 17% en France. Pays exposé aux intempéries diverses et à la sécheresse du Sahara, son secteur agricole repose sur l’élevage des dromadaires et des bœufs. Le pays vit alors dans une permanente insécurité alimentaire et doit importer jusqu’à 80% de ses besoins en céréales. Pour compléter ses ressources pétrolières et minières, la Mauritanie doit assurer la sécurité intérieure, développer une véritable démocratie apaisée pour éviter les troubles politiques, refonder son modèle social en abolissant l’esclavage…  afin de développer son secteur tertiaire et densifier des échanges avec les autres pays de l’Afrique arabo-musulmane.

 

III.           Conclusion.

Les pays de l’Afrique arabo-musulmane présentent un potentiel de croissance dont pourraient également profiter les pays voisins du nord de la Méditerranée. Les révolutions du printemps arabe de 2011 étant passées, l’assainissement et les consolidations politiques, économiques et sociaux restent encore nécessaires sur l’ensemble de ces pays. Il reste notamment à confirmer les ouvertures démocratiques et les ambitions industrielles au-delà de la sous-traitance de capacité pour les firmes industrielles internationales assurées dans de nombreux pays de cette région. Pour d’autres pays comme la Mauritanie et Soudan, les Etats doivent mener des politiques économiques qui assurent l’autosuffisance alimentaires ou développer des ressources économiques internes pour les importations, soit de l’extérieur de la région, soit par le biais des coopérations commerciales régionales au sein de l’Afrique arabo-musulmane. Les bases de développement existent autour des ressources naturelles abondantes (pétrole, gaz naturelle, phosphates, minerais divers), des ressources humaines à travers la jeunesse de mieux en mieux éduquée mais dont il faudra développer les formations professionnelles adaptées aux stratégies industrielles et des services. Les niveaux de vie se sont améliorés ; les pays devraient poursuivre le développement des infrastructures de communication, l’éducation des Jeunes, les efforts sanitaires et médicaux, la sécurité publique et l’élimination des risques politiques pour attirer les investissements intérieurs et internationaux. En intégrant un ensemble plus vaste de l’Union pour la Méditerranée, les coopérations entre le sud et le nord de cette mer pourraient bénéficier des échanges commerciaux encore plus dynamiques, une croissance économique soutenue portée par l’économie industrielle, les services associés de qualité et le tourisme pour offrir des emplois massifs aux jeunes générations, et freineraient les migrations du sud vers le nord en attendant l’inversion de ces tendances à moyen terme. Après les tempêtes des révolutions, doit suivre la période des consolidations économiques et industrielles indispensables pour se maintenir dans la mondialisation. Ces pays arabo-musulmans devront alors comprendre que l'Islam peut offrir un formidable "cadre de référence morale" pour asseoir des valeurs individuelles et sociales, mais que le "cadre politique pour une bonne gouvernance des Etats" reste encore la démocratie, la sécurité, les respect des droits de l'homme et la paix.

 

IDEmmanuel Nkunzumwami

Analyste politique et Economique

Chroniqueur sur Radio Africa n°1 

Auteur de « La Nouvelle Dynamique Politique en France », Editions L’Harmattan.

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