Les cinq principales économies de la Zone Euro sont l’Allemagne, La France, L’Italie, L’Espagne et les Pays-Bas. Ces pays représentaient 82% de la population totale de la zone Euro, et 83% de son PIB en 2010. Entre 2007 et 2010, les évolutions économiques au sein de ces cinq principales économies de la zone Euro pendant la crise ont été contrastées. La croissance aura été de plus de 2,5% dans les pays du Nord : 3,4% au Pays-Bas ; 2,8%  en France et 2,7 en Allemagne. Pendant ce même temps, elle aura été de 0,9% en Espagne et 0,2% en Italie. L’Europe performante du Nord se détache nettement de l’Europe en crise structurelle du Sud. L’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce ont donc traversé de fortes turbulences économiques.

 

I.                 Les évolutions démographiques comparées en zone Euro, dans les pays du G7 et dans les principaux pays émergents en 2011.

 

     Les résultats des trois dernières années de crise économique, financière et sociale nous interrogent sur la capacité des Etats à se redresser dans la nouvelle décennie 2011 à 2020. L’année 2011 marque déjà un retour progressif à la croissance dans les économies européennes même si elle reste modeste en comparaison avec les dynamiques des principaux pays émergents. Dans cette analyse, nous essayons de comprendre les évolutions démographiques qui conditionnent la croissance future à travers les gisements des ressources humaines pour l’avenir des nations et le renouvellement de leur force de travail. Au cours de deux prochaines décennies 2011-2030, le monde va se transformer avec une nouvelle redistribution des richesses en faveur des pays du Sud ; la Chine deviendra la première puissance économique et militaire mondiale devant les Etats-Unis, et de nombreux pays émergents rejoindront ou dépasseront les anciennes puissances industrielles historiques en Europe. Il convient alors de s’intéresser également aux évolutions sociodémographiques dans le monde et à leur impact sur le développement économique. D’une part, le vivier des nouvelles ressources humaines des deux prochaines décennies dans la bataille de la mondialisation 2011-2030  est constitué des Jeunes de moins de 15 ans. D’autre part, la charge des Etats et des familles pour les pensions de retraites et des prises en charge de la dépendance des personnes âgées pèsera sur les personnes de plus de 64 ans aujourd’hui. Notons que dans les anciennes puissances industrielles historiques, l’espérance de vie a déjà dépassé 80 ans.

  

Principaux pays de Zone Euro 17 Population
fin 2011
(en milliers)
moins de 15 ans
(en %)
Plus de 64 ans (en %) âge médian
(en années)
Evolution de population en 2011
(en %)
Allemagne 81 471,8 13,3% 20,6% 44,9 -0,26%
Autriche 8 217,3 14,0% 18,2% 43 -0,14%
Belgique 10 431,5 15,9% 18,0% 42,3 -0,05%
Finlande 5 259,3 16,0% 17,8% 42,5 -0,01%
Pays-Bas 16 847,0 17,0% 15,6% 41,1 0,14%
France 65 350,0 18,5% 15,8% 39,9 0,35%
Italie 61 016,8 13,8% 20,3% 43,5 -0,06%
Espagne 46 754,8 15,1% 17,1% 40,5 0,18%
Portugal 10 760,3 16,2% 18,0% 40 -0,08%
Grèce 10 760,1 14,2% 19,6% 42,5 0,10%
Slovaquie 5 477,0 15,6% 12,8% 37,6 0,09%
Autres pays industrialisés historiques du G7 :
USA 313 232,0 20,1% 13,1% 36,9 0,54%
Japon 126 475,7 13,1% 22,9% 44,8 -0,27%
Royaume-Uni 62 698,4 17,3% 16,5% 40 0,29%
Canada 34 030,6 15,7% 15,9% 41 0,23%
Pays Emergents du premier Groupe BRIC :
Brésil 203 429,8 26,2% 6,7% 29,3 1,14%
Russie 138 739,9 15,2% 13,0% 38,7 -0,20%
Inde  1 189 172,9 29,7% 5,5% 26,2 1,35%
Chine 1 336 718,0 17,6% 8,9% 35,5 0,52%

 

      Il convient de constater que de nombreux grands pays Occidentaux présentent une population vieillissante telle que la proportion des personnes âgées de plus de 64 ans est supérieure à celle des Jeunes de moins de 15 ans. Au sein des grands pays de la zone Euro, il en est ainsi en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Finlande, en Italie, au Portugal et en Grèce. Il ressort de ces données que si l’on considère la France comme repère, toutes les principales économies de la zone Euro situées en Europe du Nord et en Europe du sud connaissent des difficultés de croissance démographique en 2011. De même si l’on étend la comparaison sur l’ensemble des autres pays du G7 (les pays les plus industrialisés historiques du monde) et les principaux pays émergents du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) qui tirent l’économie de la planète, la croissance démographique de la France en 2011 arrive derrière celles de l’Inde (1,35%), du Brésil (1,14%), des Etats-Unis (0,54%) et de la Chine (0,52%) pour se situer à 0,35%, très loin devant les autres grandes économies européennes. Le système français de politique sociale et de « soutien à la famille » a donc fait ses preuves par rapport à d'autres pays industrialisés historiques et fait référence dans l’ensemble des grandes économies mondiales. Malgré les quatre années pendant lesquelles l’ensemble de l’économie mondiale traverse la plus grande crise de l’histoire, après celle de 1929 qui n’avait frappé que les grandes nations du début du 20ème siècle, la France vient de montrer ses capacités de résistance à poursuivre avec constance sa politique familiale avec d’excellents résultats. Toute politique menaçant son « système de politique familiale et sociale» affaiblirait alors gravement son capital de ressources humaines dans les batailles futures et ses performances dans la globalisation des économies et les redistributions des forces qui vont s’accélérer au cours des décennies 2011-2030.

      De nombreuses puissances économiques industrialisées historiques connaissent déjà une diminution significative et progressive de leurs populations. En 2011, le Japon décroit de 0,27% ; l’Allemagne perd 0,26% ; la Russie décroit de 0,20% ; l’Autriche suit avec une diminution de 0,14% ; le Portugal, l’Italie, la Belgique et la Finlande perdent entre 0,08% et 0,01% de leurs populations. Il s’en suit que la population française compte désormais parmi les plus jeunes des pays industrialisés historiques et des pays de la zone Euro de plus de 5 millions d’habitants. Sa structure démographique en 2011 révèle une part de 18,5% de population de Jeunes de moins de 15 ans et nettement supérieure aux 15,8% pour les plus de 64 ans. Parmi les autres grandes économies de la zone Euro, ces proportions sont comparables à celles des Pays-Bas (respectivement 18,5% et 15,6%) et de la Slovaquie (respectivement 15,6% et 12,8%).  Pour les autres grandes puissances de la zone Euro, la structure est inversée avec moins de Jeunes et plus de population vieillissante. Ainsi l’Allemagne ne compte plus que 13,3% des moins de 15 ans contre 20,6% des populations de plus de 64 ans ; l’Italie doit gérer 13,8% des moins de 15 ans contre 20,3% des plus de 64 ans et la Grèce se retrouve dans la même situation avec respectivement 14,2% contre 19,6%. De même l’Espagne et le Portugal présentent des structures de vieillissement de la population avec respectivement 15,1% et 16,2% pour les populations de Jeunes contre 17,1%  et 18% des populations de plus de 64 ans. Comparée aux autres grandes économies industrialisées historiques, la France se porte encore mieux que le Japon qui bat le record de vieillissement avec 13,1% des jeunes de moins de 15 ans contre 22,9% des plus de 64 ans. Elle se compare au Royaume-Uni (respectivement avec 17,3% contre 16,5%) et derrière les Etats-Unis qui affichent la population la plus jeune de tous les pays industrialisés historiques avec 20,1% des jeunes de moins de 15 ans. C’est ainsi que ce pays reste le principal concurrent des principaux pays émergents caractérisés par la jeunesse de leurs populations et une faible proportion de personnes âgées aujourd’hui. En dehors de la Russie, -qui est un faux pays émergent économiquement mais un vrai challenger industriel et militaire de l’Occident-, dont la population décroît avec -0,20% en 2011 et qui présente une structure intermédiaire avec 15% des moins de 15 ans contre 13% des plus de 64 ans [mais l'âge médian de la Russie est comparable à celui de la France (39 ans en Russie contre 40 ans en France)], les autres pays du BRIC sont nettement plus jeunes et plus peuplés que les pays d’Europe. Les principaux pays émergents bénéficient d’un avantage compétitif d’une faible proportion des populations de plus de 64 ans proportionnellement moins nombreuses car l’espérance de vie dans ces pays est encore inférieure à celle de l’Occident. Même la Chine est plus jeune que la France avec un âge médian de 36 ans en raison des 17,6% des moins de 15 ans contre seulement 8,9% des plus de 64 ans. L’Inde et le Brésil se distinguent très nettement comme les pays concurrents de l'Occident les plus jeunes avec respectivement 29,7% et 26,2% des Jeunes de moins de 15 ans.

      On conclut que les avantages de la jeunesse de la population Française sont comparables à ceux des Pays-Bas dans la zone Euro, du Royaume-Uni au sein des grands pays de l’Union Européenne, et du Canada au sein des pays du G7. Le pays le plus jeune de cet ensemble des grands pays de la zone Euro et du G7 reste les Etats-Unis d’Amérique. Les situations socio-économiques qui en découlent exigent de ces pays, qu’ils développent les politiques dynamiques en faveur de l’emploi des Jeunes et qui doivent s’inscrire dans la durée. Par ailleurs, les politiques familiales et sociales françaises ont permis de maintenir une dynamique de croissance progressive et très significative de la population malgré la crise ; son renouvellement par les jeunes générations se situe très loin au-dessus des économies comparables en Europe. En période de faible croissance connue en Europe entre 2007 et 2011, une part du chômage des Jeunes en France peut s’expliquer par les rigidités socioculturelles anciennes ayant nécessité d'importantes réformes de structure qui mettront quelques années pour produire des résultats, un faible taux d’activité structurel rétrécissant la population active (chômage de masse des moins de 25 ans et rupture d’activités des séniors de plus de 55 ans) depuis plusieurs décennies et le renouvellement démographique constant des jeunes générations sur le marché du travail.

     

II.              Les évolutions socio-économiques comparées en zone Euro, dans les pays du G7 et dans les principaux pays émergents en 2011.

 

Principaux pays de Zone Euro 17 Dette publique fin 2011
(en % du PIB)
Croissance du PIB 2011
(en %)
Taux de chômage
(fin 2011)
Croissance production industrielle
Allemagne 81,5% 2,7% 5,5% 6,7%
Autriche 72,1% 3,3% 4,1% 6,7%
Belgique 99,7% 2,0% 7,2% 6,1%
Finlande 49,0% 2,7% 7,4% 5,1%
Pays-Bas 64,4% 1,6% 4,9% 0,0%
France 85,5% 1,7% 9,4% 3,7%
Italie 120,1% 0,6% 8,9% 1,1%
Espagne 68,2% 0,8% 22,9% 0,8%
Portugal 103,3% -2,2% 13,6% -1,6%
Grèce 165,4% -6,0% 22,0% -6,9%
Slovaquie 44,5% 3,3% 13,4% 18,8%
Autres pays industrialisés historiques du G7 :
USA 69,4% 1,5% 8,5% 2,5%
Japon 208,2% -0,5% 4,5% -1,5%
Royaume-Uni 79,5% 1,1% 8,6% 0,2%
Canada 83,5% 2,2% 7,5% 5,8%
Pays Emergents du premier Groupe BRIC :
Brésil 54,4% 2,8% 6,1% 4,0%
Russie 8,7% 4,3% 6,8% 5,0%
Inde  51,6% 7,8% 9,8% 9,7%
Chine 16,3% 9,5% 6,5% 13,0%

 

 

      Le premier constat sur ce tableau est qu'il existe une forte corrélation entre la croissance économique et la croissance de la production industrielle. En effet, depuis la fin du 18ème siècle et surtout pendant toute la période du 20ème siècle, l'industrie a été le moteur du développement des nations. Aujourd'hui encore, il n'y a pas de développement solide, durable, offrant des emplois et des opportunités de recherche et d'innovation sans les bases industrielles. L'industrie reste le principal moteur de la croissance économique durable. C’est ainsi que les champions de la croissance dans la zone Euro que sont l’Allemagne, la Finlande, l’Autriche et la Belgique, dont la croissance économique est supérieure à 2%, connaissent une croissance de la production industrielle de 5,1% à 6,7% en 2011. La France arrive derrière ces pays avec une croissance de son PIB de 1,7% pour une évolution de la production industrielle de 3,7%. Mais elle devance largement les pays de l’Europe du Sud : l’Italie et l’Espagne présentent des croissances presque nulles alors que le Portugal et la Grèce traversent de fortes récessions respectivement de -2,2% et -6% en 2011. C’est également dans ces pays de l'Europe du Sud que l’on constate le plus fort recul de la production industrielle. Il apparaît alors évident que plus le pays connaît des difficultés économiques, plus sa richesse produite diminue et plus il entre dans le cercle vicieux de la dette publique. Si de plus la gestion publique n’est pas maîtrisée, on se retrouve dans la situation de la Grèce, de l’Italie et du Portugal qui inquiètent la zone Euro avec des dettes publiques respectives de 165% pour la Grèce, 120% pour l’Italie et 103% pour le Portugal. La reprise de la croissance en Belgique, en France et en Allemagne leur permet de pouvoir redresser l’endettement, respectivement de 99,7% pour la Belgique ; 85,5% pour la France et 81,5% pour l’Allemagne. Mais pour que la croissance de la production industrielle soit durable et tire la croissance économique et l'emploi, il convient d'agir sur les trois leviers indispensables : accroître la balance positive du commerce extérieur, développer l'investissement et stimuler la consommation intérieure de la production des biens et des services associés.  Il importe alors une solidarité forte entre la France et l’Allemagne pour tirer la croissance des économies de la zone Euro car leurs poids économiques et démographiques sont déterminants pour l’avenir de la zone Euro.

      Dans les autres grands pays industrialisés, la situation est moins brillante qu’en France à la fin de 2011 : le Japon est en récession de -0,5% avec une baisse de la production industrielle de -1,5% ; le Royaume-Uni connaît une très faible croissance de 1,1% et une très faible évolution de la production industrielle de 0,2% ; les Etats-Unis traversent une profonde crise avec une croissance très légère de 1,5% pour leur PIB et une évolution de la production industrielle de 2,5%. Seul le Canada fait mieux que la France avec une croissance légèrement supérieure à 2,2% tirée par la croissance de sa production industrielle de 5,8%. Il est alors incontestable que la gestion de la France pendant les quatre années de crise de 2007 à 2011 porte de bons fruits aujourd’hui, en comparaison avec les autres grands pays industrialisés historiques de la zone Euro et dans le monde. Néanmoins, elle doit poursuivre ses réformes socioculturelles, économiques ; assainir la gestion des finances publiques pour réduire les déficits budgétaires et ses dettes publiques qui alourdissent ses charges financières ; et continuer de s’inspirer des politiques socio-économiques qui portent de bons fruits en Europe du Nord et au Canada.

En élargissant les comparaisons socio-économiques internationales, on remarque que les pays émergents du BRIC poursuivent leur course en tête. La Chine affiche une croissance de 9,5% de son PIB et la plus forte croissance de la production industrielle des grandes puissances économiques avec 13%, suivie par l’Inde respectivement avec 6,7% et 7,9%. La Russie et le Brésil arrivent enfin mais avec des croissances économiques supérieures à celles des principaux pays de la Zone Euro.

     

III.            Conclusion et perspectives

 

      Les bonnes performances de la France en comparaison avec les autres puissances industrielles devraient également se répercuter sur l’emploi qui demeure le point sombre. Cependant, le chômage en France est inséparable de ses blocages sociaux très anciens et de sa démographie. En effet, les autres pays vieillissants de l’Europe du Nord ont développé l’emploi des Séniors de plus de 55 ans à des niveaux supérieurs à 60% (70% des personnes de 55 à 64 ans sont encore au travail en Suède quand elles ne sont que 39% en France). C’est l’emploi des uns qui génère l’emploi des autres. De nombreux pays du Nord de l’Europe ont développé l’apprentissage des Jeunes aux côtés des Séniors pour leur permettre d'entrer progressivement avec des qualifications requises dans le monde du travail et contribuer ainsi à accroître l’activité et l’emploi, et développer la croissance et les équilibres socio-économiques. Aussi, dans les principaux pays de la zone euro de l’Europe du Nord, le taux de chômage à la fin de 2011 varie de 4,1% en Autriche ; 4,8% aux Pays-Bas ; 5,5% en Allemagne ; 7,2% en Belgique à 7,4% en Finlande. Au même moment et comparativement, la France métropolitaine affiche un chômage de 9,4% très supérieur à celui des pays de l'Europe du Nord (selon l'INSEE, le chômage en France est de 9,8% si l'on tient compte des Départements d'Outre-mer). Cependant, si la France se porte autant que l’Italie pour le chômage, ces deux pays diffèrent nettement dans les taux de croissance économique (1,7%  en France et 0,6% en Italie) et par l'endettement public avec plus de 120% en Italie contre 85,5% en France. Mais ces deux pays se portent beaucoup mieux que leurs voisins du sud avec 13,4% de chômage en Slovaquie jusqu’à 22% pour la Grèce et 22,9% pour l’Espagne. C’est dans ces pays également que le chômage des Jeunes est écrasant entre 45%  et 50% de taux de chômage. La situation reste aussi préoccupante aux Etats-Unis et au Royaume-Uni avec respectivement 8,5% et 8,6% de taux de chômage, soit des situations comparables à celles de la France. Même le Canada doit gérer un taux de chômage de 7,5% à la fin de 2011. 

      L'avenir de la France au sein de la zone Euro est donc une nécessité pour poursuivre sa croissance et sa puissance industrielle. Cependant, au sein de cette zone Euro, les pays du Sud posent un sérieux problème de solidité et de gestion : la Grèce n'a pas découvert en 2011 qu'elle avait largement dépassé 165% d'endettement avec plus de 350 milliards d'euros de dette publique qu'elle est incapable de rembourser seule ! Ses comptes publics étaient truqués depuis plusieurs années. Aujourd'hui, tous les indicateurs socio-économiques de ce pays sont négatifs et la remise en ordre engloutira des fonds très importants. Les ressources de restructuration de la Grèce proviennent des pays de la zone Euro (via le FESF -Fonds Européen de Stabilité Financière- avec la garantie des autes Etats membres de la zone Euro), du FMI -Fonds Monétaire International- et des abandons de créances des banques. En fin février 2012, les trois financeurs ont apporté 237 milliards d'Euro à la Grèce pour lui permettre de faire face à ses échéances de remboursement (déjà la Grèce doit payer 14 milliards en mars 2012) et à payer le fonctionnement de l'Etat. En dehors des 107 milliards d'Euros correspondant à l'abandon de créances des banques et des compagnies d'assurance, les 130 milliards d'Euros sont un prêt de restructuration de la dette souveraine grecque que le pays devra rembourser. Soit l'Europe accepte de le prendre totalement en charge (y compris dans l'obligation de restructurer ses pratiques fiscales, recourir à l'impositon juste et équitable de tous les acteurs de la vie économique du pays sur les signes de leurs richesses), soit le pays sort de la zone Euro et  se reconstruit avec sa propre monnaie au prix d'une douloureuse dévaluation en plus la dure récession actuelle de -6%. Le Portugal traverse également une récession avec une baisse de son PIB de -2,2% avec le même Euro qui a permis à l'Autriche de taille comparable de réaliser une croissance de +3,3%. La zone Euro est clairement soumise à un véritable choc culturel dans la gestion publique de ses Etats membres  ; les pays riches de cette zone devront prendre en charge les autres Etats membres pauvres. Il n'y a pas d'indépendance, ni de souveraineté réelle pour un pays insolvable criblé de dettes et englouti dans les déficits publics, et qui doit sa survie à l'intervention des autres Etats et des Institutions internationales. La BCE (Banque Centrale Européenne) a dû intervenir à deux reprises en débloquant 489 milliards d'Euros en 2011 puis 529 milliards d'Euros le 29 février 2012 pour le refinancement à long terme à trois ans au taux de 1% accordé à 800 banques de la zone Euro. Depuis le déclenchement de la crise des liquidités des banques au cours de l'été 2007, l'encours de dette de la BCE atteint ainsi 32% du PIB. C'est le plus élevé de toutes les banques centrales des grandes économies mondiales. L'objectif assigné aux banques de la zone Euro est de financer l'investissement industriel, la relance de la consommation intérieure, le financement des entreprises pour la relance de l'emploi et l'interdiction d'emprunter à la BCE pour aller ensuite spéculer sur les marchés boursiers. Mais, la croissance au sein de la zone Euro ne proviendra que du renforcement concerté des stratégies industrielles. La France est alors appelée à se rapprocher des pays de l'Europe du Nord, notamment l'Allemagne, l'Autriche, la Finlande et le Bénélux pour partager les bonnes pratiques qui consolident leurs économies.

 

      Contrairement aux affirmations tant entendues des responsables politiques qui excellent dans l’auto-flagellation en période électorale, la France se porte nettement mieux que de nombreux grands pays industrialisés comparables pour la reprise de sa croissance économique en 2011 et de sa production industrielle grâce aux réformes accomplies ces cinq dernières années. Elle maintient le dynamisme de son évolution démographique grâce à ses politiques sociales et familiales. Elle doit néanmoins poursuivre l’assainissement de ses finances publiques pour réduire très significativement son endettement et ses déficits budgétaires qui affaiblissent ses marges de manœuvre pour le soutien à la croissance économique. Enfin, elle a un grand challenge à relever : abaisser progressivement le taux de chômage pour se situer dans les performances des pays de l’Europe du Nord de la même zone Euro auxquels elle est désormais appelée à se comparer pour poursuivre la croissance, créer des emplois à partir des fondements d’une dynamique économie industrielle solide et durable, continuer avec les pays du Nord à tirer les économies de la zone Euro. Elle doit rénover son système éducatif en renforçant les coopérations entre l'enseignement, les formations professionnelles  et le monde économique dans la continuité  et l'approfondissement de la Réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche. Enfin, les 18,5% de la population de moins de 15 ans aujourd'hui sont les Jeunes Actifs de demain en 2030 : gérer cette jeunesse, c'est aussi prévoir des logements salubres, spacieux, confortables et accessibles dès maintenant.  Tout autre choix socio-économique serait désastreux pour l’avenir de ce pays fragilisé par ses propres blocages et qui manie facilement la technique du « bouc-émissaire » dès lors qu’il est confronté à des difficultés liés à ses propres politiques. Les problèmes de la France ne sont pas nés avec l'Euro, ils l'ont précédé. Cependant, au regard des nouvelles redistributions du monde pilotées par les pays émergents du BRIC, avantagés par la démographie et l'accès aux ressources dans le monde, l'avenir de la France Forte est bien dans le renforcement de la zone Euro et dans la solidarité avec les pays qui réussissent au sein de cette zone Euro.

 

IDPar Emmanuel Nkunzumwami

Analyste Politique et Economique

Chroniqueur sur Radio Africa n°1

Auteur de "La Nouvelle Dynamique Politique en France", Editions L'Harmattan.

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