manifestations contre la réforme des retraites v2Nous traversons une période d’incertitude économique due à l’accroissement exponentiel de la dette des Etats dans l’ensemble des pays industrialisés historiques : Etats-Unis, Principaux pays de l’Union Européenne, Japon, etc.

Pour l’Union Européenne, certains pays se portent dangereusement mal quand quelques autres semblent ignorer l’effet de la crise sur leurs déficits publics et leur endettement. Aujourd’hui, l’Union Européenne est divisée en deux : les pays membre de la zone Euro et les autres hors zone Euro. Au sein de la zone Euro, il convient de faire quelques observations simples sur la gestion publique : 3 groupes de pays se dégagent. La Grèce, l’Italie, la Belgique, l’Irlande et le Portugal constituent le premier groupe des plus endettés entre 93% et 143% d’endettement en 2010 (rapport de la dette publique au PIB). Cependant, la Grèce, l’Irlande et le Portugal cumulent à la fois un très fort endettement public (entre 93% et 142,8%) et un déficit public trop élevé (entre 9,1% et 32,4%). De plus, ces cinq pays présentent un rapport Dette publique/PIB le plus élevé : la dette est pratiquement supérieure ou égale au PIB en 2010. L’Europe a-t-elle les moyens de prendre en charge leurs dettes respectives ou devrait les contraindre à une meilleure gestion publique sous tutelle d’un organisme européen de contrôle avec un délai négocié de retour à un endettement raisonnable du PSC (pacte de stabilité et de croissance) de 60%. Certains Etats considèrent qu'il ne fallait pas autoriser une telle dérive à ces pays.

Le deuxième groupe est formé de l’Allemagne à l’Espagne, soit sept pays moyennement endettés entre 83% (Allemagne) et 60% (Espagne) en passant par la France (81%). En dehors de Malte et Chypre, ce sont les principaux pays industriels de l’Union Européenne et disposent des capacités économiques pour se relancer rapidement. Les déficits publics variant entre 3,3% en Allemagne et 9,2% en Espagne, en passant par 7% pour la France devraient se rapprocher de celui de l’Allemagne à court terme pour se stabiliser à l’équilibre budgétaire entre les dépenses et les recettes à moyen terme (c'est la règle d'or).

Le dernier groupe de la zone Euro est plus vertueux : leur endettement est très inférieur au plafond fixé pour le PSC de 60% mais l’on constate également quelques dérives du déficit public à surveiller en Slovaquie et en Slovénie. La Finlande, le Luxembourg et l’Estonie établissent des références de gestion au sein de la zone Euro.

Aussi, il apparaît difficile, au sein d’une même zone monétaire, de faire coexister les pays très laxistes dans la gestion publique (Grèce, Italie, Irlande) avec les pays vertueux (Allemagne, Finlande, Luxembourg, Estonie). La mutualisation de la dette publique suppose : la rigueur et le contrôle strict de la gestion publique de chaque Etat membre, les sanctions financières à l’encontre des pays laxistes, l’acceptation des Citoyens de la zone Euro de ce mécanisme de mutualisation par l’utilisation de leurs impôts au profit des Etats les plus endettés, l’obligation de convergence des politiques économiques, budgétaires, fiscales et sociales. Une Cour des Comptes Européenne, avec l'aide du Parlement Européen, devrait se constituer en contrôleur général de l’exécution de ces convergences. Par ailleurs, le Parlement Européen, au même titre que le Congrès aux USA, devrait contrôler plus efficacement les politiques publiques des Etats membres, les allocations budgétaires et leur exécution, et proposer des sanctions à des Etats ne respectant pas les règles communes et la rigueur de gestion qui doivent s’imposer à tout Etat de l’Union. La Zone Euro représente 329 millions d’habitants sur 498 habitants de l’Union Européenne : elle doit donc être solide, stable, performante et efficace pour constituer le socle de développement de l’Union. Si la zone Euro s’effondre, ce sera toute l’Union Européenne qui disparaîtra. Tout projet de nouvelles adhésions devrait se réaliser après la consolidation de ce socle de la zone Euro.

 

Ci-dessous les données de structure comparées des pays de l'Union Européenne :

 

Pays Population 2010
(en Milliers)
PIB2007
(Millions d'Euros)
PIB2010
(Millions d'Euros)
Evolution 2007-2010
(en %)
Déficit2007
(Millions d'Euros)
Déficit2010
(Millions d'Euros)
Evolution 2007-2010
(en %)
Grèce 10 788 227 074 230 173 1,4% -14 524 -24 193 66,6%
Italie 60 018 1 546 177 1 548 816 0,2% -23 541 -71 211 202,5%
Belgique 10 918 335 085 352 324 5,1% -1 033 -14 355 1289,6%
Irlande 4 581 189 374 153 939 -18,7% 128 -49 903 -39086,7%
Portugal 10 708 169 319 172 546 1,9% -5 333 -15 783 195,9%
Allemagne 81 472 2 432 400 2 498 800 2,7% 6 550 -81 630 -1346,3%
France 63 136 1 895 284 1 947 576 2,8% -51 557 -136 525 164,8%
Autriche 8 416 272 010 284 002 4,4% -2 372 -13 169 455,2%
Malte 407 5 462 6 246 14,4% -128 -226 76,6%
Pays-Bas 16 464 571 773 591 477 3,4% 1 048 -31 979 -3151,4%
Chypre 1 103 15 879 17 465 10,0% 537 -926 -272,4%
Espagne 45 989 1 053 537 1 062 591 0,9% 20 066 -98 227 -589,5%
Finlande 5 321 179 702 180 295 0,3% 9 314 -4 427 -147,5%
Slovaquie 2 050 61 555 65 906 7,1% -1 115 -5 207 367,0%
Slovénie 5 410 34 568 36 061 4,3% -22 -2 027 9113,6%
Luxembourg 511 37 490 41 598 11,0% 1 374 -710 -151,7%
Estonie 1 340 15 828 14 501 -8,4% 402 18 -95,5%
ZONE EURO17 328 632 9 042 517 9 204 316 1,8% -60 206 -550 480 814,3%
               
Hongrie 9 906 93 091 99 702 7,1% -4 684 -4 162 -11,2%
Royaume-Uni 61 525 1 607 986 1 663 809 3,5% -43 866 -172 836 294,0%
Pologne 38 112 281 264 338 336 20,3% -5 290 -26 568 402,2%
Lettonie 2 249 20 835 17 954 -13,8% -73 -1 387 1792,3%
Danemark 5 533 227 635 234 413 3,0% 10 955 -6 366 -158,1%
Suède 9 277 341 343 360 458 5,6% 12 318 -129 -101,1%
Rép. Tchèque 10 446 144 335 149 818 3,8% -975 -7 054 623,7%
Lituanie 3 350 28 578 27 407 -4,1% -290 -1 942 569,8%
Roumanie 21 524 97 385 120 241 23,5% -2 560 -7 742 202,5%
Bulgarie 7 351 30 775 36 036 17,1% 349 -1 160 -432,2%
HORS ZONE EURO10 169 272 2 873 227 3 048 173 6,1% -34 116 -229 347 572,2%
               
UE27 497 904 11 915 744 12 252 489 2,8% -94 322 -779 827 726,8%

 Source : Eurostat et Traitement des données par Emmanuel Nkunzumwami.

 

En comparant les situations depuis le début de la crise à la fin de 2007, on constate que tous les pays de l'Union Européenne, à l'exception de l'Estonie, connaissent des déficits publics à la fin de 2010. De nombreux pays qui avaient réalisé des excédents budgétaires en 2007 ont connu une forte dégradation de leurs situations financières (Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Finlande, Danemark, Suède, etc.). La France, le Royaume-Uni, l'Italie, la Grèce, le Portugal, l'Autriche qui partaient des déficits déja importants à l'échelle de leurs populations respectives se sont très fortement dégradés au cours des trois années de la crise de 2007 à 2010. En comparaison avec la gestion des ménages, l'endettement trop important prive le pays des moyens d'accéder aux nouvelles ressources de financement par la dette mais également contribue fortement à dégrader les déficits budgétaires par le poids des charges financières du remboursement de cette dette et des intérêts chaque année. Aussi, on retrouve les pays qui se sont fortement endettés mais dont les nouvelles dettes ont servi à investir, à soutenir l'activité et à assurer la croissance ayant des retombées sur les recettes budgétaires dans une politique de saine gestion publique : pour certains de ces pays, les taux de déficits restent faibles en 2010 (Allemagne, -3,3% ; Danemark, -2,7% ; Finlande, -2,5% ; Suède, 0,0%). Il y a des pays dont l'accroissement de la dette s'est accompagné d'une dégradation violente des déficits publics (Irlande, -32,4% ; Grèce, -10,5% ; Royaume-Uni, -10,4% ; Espagne, -9,2% ; Portugal, -9,1% ; Slovaquie et Pologne, -7,9% ; Lettonie, -7,7% ; Lituanie, -7,1 et la France, 7,0%) au-dessus de la moyenne de l'Union Européenne de -6,4%. La moyenne des déficits publics de la zone Euro se situe à -6%. Dans ces derniers pays, l'effort de désendettement pour se rapprocher des 60% du PIB devra s'accompagner d'une très forte rationalisation de la gestion budgétaire pour assainir les déficits publics en vue d'atteindre à court terme l'objectif du PSC de -3% du PIB. Pour certains, comme la Grèce et l'Irlande notamment, l'instar des ménages surendettés, ils doivent consacrer une grande part des nouveaux emprunts au remboursement de la dette actuelle. Mais la dette étant très élevée au regard de la capacité de certains de ces pays (niveau faible du PIB, actifs disponibles), les remboursements de la dette et de ses intérêts constituant le premier poste budgétaire de l'Etat, les marges de manoeuvre pour équilibrer les comptes tout en assurant les dépenses indispensables au fonctionnement et à l'investissement du pays deviennent de plus en plus faibles.

par Emmanuel Nkunzumwami

 

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