LA REFORME DE LEDUCATION POUR UNE MEILLEURE EFFICACITE
02 juil. 2007
L’article proposé dans les lignes suivantes n’a pas la prétention d’apporter une réponse à un déficit structurel d’efficacité de l’Éducation, mais une série d’interrogations sur les immobilismes que nous avons accumulées depuis des décennies.
Commençons par les fondements :
Nous nous plaignons collectivement de rencontrer les élèves entrant en 6ème ne maîtrisant pas les bases de la lecture, de l’écriture et du calcul. Cependant, au cours des 5 années de l’enseignement primaire, sans compter les trois années de l’encadrement dans l’école maternelle, l’enfant a eu l’occasion d’acquérir et d’enrichir le langage, le vocabulaire, le réflexe du calcul, la connaissance de l’environnement, les fondements du savoir d’un(e) futur(e) citoyen. Au nom de l’idéologie de la progression continue, l’enfant est poussé en classe supérieure, même s’il n’a pas encore acquis les fondements. Ne faudrait-il pas accepter que tous les enfants n’ont pas le même rythme d’apprentissage et accorder un peu plus de temps à ceux qui marquent une certaine lenteur à assimiler les savoirs de base ? Ne faudrait-il pas, comme le découpage l’autorise, faire une vérification des acquis selon un REFERENTIEL entre le CE2 et le CM1 et n’autoriser le passage en CM1 celles et ceux qui ont montré leurs capacités et la maîtrise des fondements requis selon le référentiel strict à ce stade ? Un test à valeur national aiderait les professeurs des Ecoles à se situer avec leurs élèves. La société ne se rend pas service à elle-même en s’autorisant des échecs programmés de ses enfants. Il apparaît consternant que l’on ait abandonné la dictée systématique comme mode d’acquisition de l’orthographe et d’enrichissement du vocabulaire, que l’on ait abandonné l’entretien de la mémoire de l’enfant par le calcul mental et la maîtrise de la table des multiplications qui ont fait la joie et la fierté de aînés. L’usage de l’ordinateur et de toutes les facilités des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) ne nous exonère pas de l’usage de nos cerveaux pour savoir et maîtriser ce que nous faisons. Ce sont des outils, des aides à l’accomplissement de nos tâches, mais ne peuvent nullement remplacer le cerveau humain, siège de toute créativité.
De même, avant de quitter l’école primaire en CM2, un REFERENTIEL STRICT serait indispensable et s’imposerait à tous les enfants avant de les envoyer dans un univers de diversification des enseignements et des enseignants, toujours surprenant au premier contact des élèves du Collège. Il n’est pas « honteux » pour une collectivité nationale de ne retenir que les élèves remplissant les conditions d’acquisition et de maîtrise des savoirs fondamentaux pour l’entrée en Sixième. C’est une forte contribution à la prévention de l’échec scolaire. Les enfants montrant de graves difficultés, déjà dès l’École Primaire, après un réel diagnostic des handicaps, seraient alors efficacement pris en charge par l’ensemble des intervenants de l’éducation, les assistantes sociales, les aides individualisées et tous les moyens d’accompagnement adapté aux enfants en difficultés pour leur assurer un meilleur parcours scolaire correspondant aux capacités des enfants. Donc tous les enfants ne sont pas programmés pour ne séjourner que cinq ans en primaire, certains devraient pouvoir y séjourner plus longtemps pour y acquérir les bases indispensables à la progression future.
Et le Collège alors ? Et l’idéologie du Collège Unique ? Faut-il un même parcours dans le Collège d’Enseignement Général (CEG) ou faudrait-il revenir à la distinction entre le CEG et le CET (Collège d’Enseignement Technique) ? Bien sûr, l’on pourra nous opposer l’existence des LEP (Lycées d’Enseignement Professionnel). Les professionnels de l’Éducation sont unanimes que de nombreux élèves arrivent au LEP avec des niveaux de Sixième, donc avec des retards équivalents aux quatre années de collège. Ne conviendrait-il pas de décider que l’élève qui éprouve des difficultés à suivre un enseignement général de collège, puisse intégré un enseignement plus diversifié entre l’acquisition du minimum indispensable enseigné au Collège d’Enseignement Général et les apprentissages des activités manuels, sportives, sociales, etc. Cela s’appellerait « donner une chance à chacun selon ses capacités ». Contrairement à l’idéologie répandue, il n’est pas indispensable que 80% de la classe d’âge aient leur Baccalauréat ; à moins de décider que le Bac ne sert plus à rien et qu’il ne correspond plus à un niveau de connaissances selon un REFERENTIEL NATIONAL STRICT. Détenir un Diplôme Professionnel de CAP ou de BEP, sanctionnant une maîtrise d’un métier est une fierté de la Nation. La relance de l’Économie du pays passe également par la maîtrise de la filière des Services, et l’excellence de nos prestations (cuisine, accueil, maçonnerie, plomberie, électricité, entretien des espaces, mécanique, etc.…) qui ne sont pas « mariés » avec le Baccalauréat mais exigent un « vrai savoir-faire professionnel ». La valorisation de notre baccalauréat entraînera également la valorisation des formations techniques, technologiques et professionnelles. Bien sûr que l’école devenue exigeante et sollicitant plus d’efforts auprès des jeunes, le travail n’en sera qu’une conséquence et la performance sera requise pour obtenir un baccalauréat selon un REFERENTIEL NATIONAL EXIGEANT ET STRICT. Adapter les orientations scolaires et les rythmes d’évolution des élèves selon leurs capacités est un moyen plus sûr de lutter contre les échecs scolaires et de garantir un avenir à chacun de nos jeunes.
Et l’enseignement supérieur ? Combien de professeurs d’université connaissons-nous qui nous racontent le naufrage de l’Enseignement Supérieur ? Ils sont tous unanimes : Nombreux étudiants accédant en première année d’université n’ont même pas le niveau d’un vrai baccalauréat ! On fuit le chômage dans les locaux de l’université ; on attend de se déterminer pour son métier en temporisant à la Fac ! Quand on ne sait plus où aller, ni que faire avec son bac, on va à la Fac ! L’université est devenue une vraie « gigantesque colonie de vacances » avant de se lancer dans la vie active incertaine ! Et après, nous nous étonnons que moins de 40% d’étudiants entrant en première année franchissent la barrière du premier cycle ! Alors, il faut faire quelque chose. Mais comment faire ? L’université française est un concentré de paradoxes :
1- Les meilleurs élèves ayant réussi brillamment leur bac vont dans des classes préparatoires intégrées dans les lycées. Donc ils ne rencontrent pas les Meilleurs Professeurs-Chercheurs de l’Université. D’autres s’orientent vers les enseignements professionnalisés courts où ils sont reçus par « sélection sur dossier » : BTS, IUT, etc. Ce sont donc les moins performants que les professeurs d’université accueillent dans les facultés.
2- Les formations « professionnalisées courtes » étaient destinées aux élèves n’ayant pas les capacités à poursuivre des études longues débouchant le plus souvent sur la Recherche et l’enseignement. C’était un moyen de donner la chance aux jeunes bacheliers d’acquérir un métier, mais aussi de pouvoir reprendre le circuit long des études supérieures si au bout de deux ans d’IUT ou de BTS, ils se sentaient capables de poursuivre. Sinon, ils pouvaient intégrer une entreprise pour démarrer la vie active, intégrer une école d’ingénieur spécialisée pour approfondir leur « savoir-faire » et pouvoir prétendre à des positions plus élevées dans les entreprises. Mais la crise du milieu des années 70 et du milieu des années 90 a poussé de « meilleurs éléments » à préférer les formations professionnalisées courtes qui garantissent un emploi que des études universitaires longues aux débouchées aléatoires. L’université, construite pour ne recevoir que 20% des étudiants dans des filières longues – Licence, Master, Doctorat- et orienter 80% dans des filières professionnalisées courtes, s’est vue confier un rôle complètement inversé. Le rapport Schwartz (Laurent) pointait déjà du doigt ce paradoxe dans la livraison de 1985 ! Le malaise universitaire est donc profond et lointain.
La conséquence de l'échec de notre système d'éducation est patente : plus de 160.000 sans doute 200.000 jeunes sortent du système scolaires (primaire, secondaire et supérieur) sans aucune qualification, sans compétences pour un métier, sans aucune orientation scolaire... en conséquence, le chômage réel a stagné autour de 10% pendant plus de 25 ans, dont la part la plus importante était constituée de jeunes, majoritairement sans aucune qualification, aucune connaissance "métier". Partant de ce constat, au début de 2007, toute cette "population de sans qualification" alimente les 17% de salariés payés au SMIC (1.254€ bruts par mois), -même taux qu'en Bulgarie-, alors qu'au Royaume-Uni où l'obligation des efforts et la pratique de la sélection sclolaire pour accroître la performance ou encore en Espagne, le taux des salariés au SMIC est de moins de 3% de l'ensemble des salariés. Cela accroît le niveau de consommation intérieure dans ces pays et contribue significativement à la croissance économique. Comment accroître le niveau des revenus salariaux en France si les salariés eux-mêmes ne sont pas dotés de "qualifications métiers", ou ne présentent pas de "compétences professionnelles distinctives". Et nous devons ouvrir nos jeunes sur le marché mondial, les confronter à la concurrence mondiale, à la compétition européenne... sans les armes de compétences pour se défendre ? Aujourd'hui, l'Inde produit chaque année plus d'ingénieurs informaticiens que l'ensemble des pays de l'Union Européenne réunis. Donc les délocalisations informatiques vers ce pays à bas coûts mais à fortes compétences "métiers" se justifient économiquement, même si cela provoque de catastrophes sociales en Europe. Toutes les technologies se sont banalisées dans les pays émergeants... Le manque massif de qualification d'une grande partie des jeunes sortant du système scolaire est un véritable handicap pour se projeter dans l'avenir du travail et dans la mondialisation.
La réforme des universités ne peut donc pas faire l’économie du contenu des enseignements et des profils des populations universitaires quant à leur sélection et à la finalité des enseignements. Donc une ouverture sur le monde économique et social est indispensable. L’autonomie des Université exige donc une ouverture vers la mise en comparaison de l’offre universitaire et des moyens ambitieux (matériels, pédagogiques, humains, etc.…) qui garantissent l’avenir des diplômés de l’université. C’est dans cette optique que nous devrions accepter la différenciation des Universités, des Enseignement, et des publics de l’Université. Nous avons adopté la norme international L-M-D. Tous les sites universitaires ne devraient pas avoir vocation à héberger toute la chaîne dans ses murs. De nombreuses universités devraient concentrer leurs moyens sur L-M avec des orientations professionnelles fortes en liaison avec le tissu économique local. Une université peut même se centrer sur les formations de licence et diversifier l’offre et la qualité sur les Licences. Une autre, dotée de moyens plus conséquents améliorer l’offre avec les Masters, en enseignement fondamental et en formations professionnalisés. A ce niveau, les Écoles d’Ingénieurs, en intégrant les universités, améliorent les moyens communs et profitent du savoir plus étendu des professeurs d’Université et des retombées de la Recherche. Il ne paraît donc utile qu’une Université puisse proposer des formations L-M en enseignement fondamental, en formations « Licences et Masters professionnalisés » et qu’elle offre des formations d’ingénieurs. Enfin, des « pôles de compétences universitaires » auraient des grands laboratoires, les meilleurs spécialistes du domaine, les grandes structures de recherches de niveau mondial… Elles seraient naturellement des lieux de destination des meilleurs étudiants venant de diverses universités pour poursuivre des recherches au niveau doctoral. Les complémentarités entre les Grandes Écoles (notamment des Écoles d’ingénieurs) et des universités sont une évidence ; de même les échanges entre les Universités (Professeurs, Étudiants, Chercheurs, Spécialistes, etc…) et les entreprises (Centres de recherches, Unités de production, Management, etc…) sont évidentes. A condition que les Universités et l’enseignement supérieur en général acceptent l’ouverture vers le monde économique et social de son environnement, admettent les comparaisons internationales et les performances comparées, et que chaque université ait l’autonomie de sa gestion et de l’accueil de ses étudiants. Ce sera la condition de l’amélioration des nos performances et de l’efficacité de l’adéquation de l’enseignement supérieur à la Mondialisation.
3- Nos meilleurs élèves passant par les classes préparatoires, se destinent aux VRAIS concours de SELECTION pour intégrer les Écoles d’Ingénieurs ou des Écoles de Commerce. Hormis les grands campus comme HEC, ESSEC, EML et quelques Grandes Écoles Scientifiques disposant d’un VRAI CORPS PROFESSORAL DE NIVEAU INTERNATIONAL, AVEC DE VRAIS CHERCHEURS ET DE VRAIS LABORATOIRES, les Grandes Écoles françaises sont des petits ensembles fonctionnant avec quelques professionnels et quelques professeurs-conseils, et s’appuyant sur une armée de consultants venant apporter leur « savoir-faire » à ces jeunes futurs professionnels. A quelques exceptions près des cas cités, les Élèves des Grandes Écoles rencontrent rarement les Grands Professeurs-Chercheurs Universitaires (sauf en formations médicales et pharmaceutiques).