L'Afrique et le reste du monde font l'objet de plusieurs spéculations sur la pandémie de la covie-19.

NON, l'Afrique n'est pas submergée par la pandémie de la covid-19 en comparaison avec le reste du monde, notamment l'Europe et l'Amérique. Aussi, à l'exception de quelques pays de l'Afrique du Nord et de l'Afrique Australe, la vaccination contre la covid-19 n'y est donc pas une urgence sanitaire absolue, au regard des autres bactéries et virus mortels, et dont les morts sont hautement plus nombreux. De plus, les Africains ont déjà développé les médicaments pour se soigner. Il y a donc une priorité absolue : Tester, Isoler, Soigner (TIS). 

Après la première vague avant l'été 2020 (février-juin) où l'Afrique était relativement épargnée, la deuxième vague a accéléré les contaminations et la mortalité partout dans le monde et légèrement aussi en Afrique. Les données livrées comparent méthodiquement les progressions de sept indicateurs dans tous les pays du monde.
Une certitude persiste : les Africains résistent aux  contaminations et à l'aggravation de la maladie de la covid-19, et connaissent une faible mortalité, en comparaison avec les autres régions du monde. La circulation des personnes malades au cours de l'été 2020, venant des pays les plus infectés vers les autres pays du monde, dont nombre de pays d'Afrique, a été un accélérateur des contaminations. Néanmoins, cette publication indépendante démontre que l'Afrique ne traverse pas une urgence sanitaire absolue comme les pays d'Europe ou d'Amérique, et certains pays d'Asie.

Introduction

     L'étude menée se base sur les données accumulées depuis le début de mars 2020. Mais, nous évaluons les impacts humains entre du 9 novembre 2020 au 16 février 2021, au cœur même de la deuxième vague du covid-19. Pour l'Afrique, il ne s'agit pas de sondage ou d’échantillonnage sur quelques pays africains pour conclure sur l'ensemble du continent de façon orientée. Pour mener la comparaison, nous retenons tous les pays africains et les comparons au panel100 (des cent pays du monde représentant plus de 98% des contaminations et la mortalité dans le monde). Tous les pays ont été frappés par les deux vagues de la pandémie. Nous avons adopté une démarche scientifique et rigoureuse à partir des données disponibles constituées. Nous analysons les données brutes et les résultats de calculs pour les indicateurs permettant de relativiser ces données par rapport à la population de chaque pays. L'étude est libre et indépendante ; elle n'est donc soumise à aucun donneur d'ordre, ni à aucune puissance de santé dans le monde. Elle est libre de tout conflit d'intérêt.
La période d'observation couvre 99 jours de novembre 2020 à février 2021.
An Afrique, nous avons regroupé les pays par région, autour de la Communauté économique régionale (CER).

     Nous commençons par rappeler la situation du monde au soir du 16 février 2021 :

- 110 millions de personnes infectées par le virus du covid-19 dans le monde (soit 1,4% de la population mondiale)
- 2,428 millions de personnes décédées depuis le début de la pandémie (soit 2,2% des personnes contaminées et 0,03% de la population mondiale actuelle)
- 84,790 millions de personnes guéries enregistrées dans le monde (soit 77,1% des personnes contaminées. C'est un taux de guérison moyen mondial qui s'améliore de mois en mois).
- 22,779 millions de malades enregistrées ou personnes asymptomatiques testées positives à la covid-19 et susceptibles de transmettre le virus et contaminer les autres (soit 20,7% des personnes contaminées dans le monde ; c'est un chiffre à la baisse par rapport au 30/12/2020).

     L'on observe que 12% de la population mondiale, constitués de l'Amérique du nord et les 27 pays d'Europe (l'Union européenne et le Royaume-Uni) réunis, totalisent
50% des personnes testées positives dans le monde ; 47% des personnes enregistrées décédées covid-19 et enfin 82% des personnes testées asymptomatiques ou encore malades dans le monde, susceptibles de contaminer les autres à cette date du 16 février 2021. L'urgence mondiale se situe alors et d'abord dans les pays les plus frappés par la covid-19. L'Afrique, qui représente un poids comparable de 17% de la population mondiale, ne pèse que 3% des personnes contaminées ; 4% des décès enregistrés covid-19 et 2% de personnes testées positives encore malades ou en situation asymptomatique susceptibles de contaminer d'autres personnes. Le tableau ci-dessous résume la situation du monde dans ses disparités face à la pandémie du covid-19.


1- Les références des évolutions comparées entre les pays les plus éprouvés et le reste du monde

      L'étude que nous proposons est unique dans le monde. Elle s'appuie sur les données accumulées depuis le début de la pandémie et organisées dans notre Panel100. Elle poursuit un unique objectif d'éclairer les décideurs et les citoyens de tous les continents sur les résultats des décisions prises pour éradiquer la pandémie créée par le coronavirus SARS-COV2 (Severe Acute Respiratory Syndrome - COronaVIrus Disease 2019). Elle peut susciter des débats sur l'opportunité de la vaccination dans tel ou tel pays, ou des alternatives entre soigner les malades avec les traitements existants et poursuivre les recherches sur d'autres traitements, en parallèle avec les vaccins en cours, selon les situations particulières des pays. Ces réflexions sont encore plus vraies en Afrique, où l'on peut assumer que, au regard des résultats, la majorité des pays n'est pas concernée par les problématiques de la vaccination contre la covid-19. Néanmoins, pour protéger les personnels de santé en contact avec les malades ainsi que les personnes fragiles, un vaccin efficace et sûr pourrait rendre d'immenses services. Aussi, nous invitons le lecteur à observer et réfléchir sur des évolutions comparatives des situations selon les pays.

Bilan humain comparé de la covid-19 parmi les pays les plus éprouvés par la pandémie. Ils sont classés par ordre décroissant de la mortalité par million d'habitants au 16/02/2021. Aussi, sur 26 pays dont le nombre de décès par million d'habitants dépasse 1.000 morts, seuls 9 pays ne sont pas européens. Il s'agit des États-Unis (1.509 et une progression de 105% en 99 jours) ; le Mexique (1.355 et +84%) ; le Pérou (1.336 et +26%) ; le Panama (1.311 et +101%) ; la Colombie (1.139 et +76%) ; le Brésil (1.134 et +48%), l'Argentine (1.103 et +49%) ; l'Arménie (1.063 et +99%)  et le Chili (1.028 et +35%).
Parmi les pays européens, seules la
Belgique (1.873 et +66%) et l'Espagne (1.144 et +68%) se distinguent par une forte mortalité et une progression inférieure à 100%. Les autres quinze pays européens cumulent une forte mortalité (plus de 1.000 morts par million d'habitants et une forte progression au-delà de 100% sur une période de 99 jours.

     Dans les deux évolutions comparées, nous retenons la progression de plusieurs indicateurs suivis sur quatre mois :
- l'évolution du nombre de cas testés positifs dans le pays,
- l'évolution du nombre de décès par ou avec le covid-19 enregistrés au cours de chaque période de quatre mois,
- l'évolution du nombre de personnes guéries et enregistrées,
- l'évolution des personnes testées positives et reconnues malades ou asymptomatiques entre les deux vagues covid-19,
- la progression de la proportion des personnes contaminées par population d'un million pour chaque pays,
- la progression de la proportions de personnes contagieuses encore malades ou asymptomatiques, ramenées à la population d'un million d'habitants par pays,
- la progression de la proportion des personnes décédées par ou avec le covid-19, ramenées à une population d'un million pour chaque pays.

     Dans ce premier tableau, l'on remarque que le TOP10 des pays présentant les plus fortement touchés par la covid-19 au 16 février 2021, sont :  la Belgique (1873 et +66%), la Slovénie (1.796 et +546%), le Royaume-Uni (1.741 et +140%), la Tchéquie (1.721 et +267%), l'Italie (1.558 et +126%), le Portugal (1.522 et +425%), les États-Unis (1.509 et +105%), la Hongrie (1.432 et 455%), l'Espagne (1.411 et 68%) et la Bulgarie (1.396 et +448%).   Dans ces 26 pays indiqués, les vaccinations de masse ainsi que les autres moyens de traitements rapides peuvent constituer une urgence pour bloquer la propagation.

     Au sein du panel100, de nombreux pays d'Afrique et d'Asie connaissent une situation moins dégradée. Une mortalité moyenne et majoritaire de moins de 100 morts enregistrés covid-19 par million d'habitants. Et lorsque les progressions sont supérieures à 100%, le nombre de morts par population d'un million d'habitants reste inférieur à 100 décès. Il convient de noter que l'Afrique du Sud, qui porte la plus forte charge de la pandémie sur le continent africain, arrive au 32ème rang de la mortalité au 16 février 2021 dans le panel100, avec 815 morts par million et une hausse de +143%. En comparaison, la Belgique est 1ère avec 1.873 morts par million d'habitants (+66%), le Royaume-Uni est 3ème avec 1.741 morts (+140%), l'Italie est 5ème avec 1.558 décès par million et une hausse de +126%, la France occupe le 16ème rang avec 1.235 morts par million d'habitants et une hausse de +102%. La Tunisie est le 2e pays le plus éprouvé par la covid-19 en Afrique ; elle arrive au 37ème rang du panel100, avec 644 décès et une hausse de +297%. Les autres pays africains qui dépassent significativement la barre de 100 morts par population d'un million d'habitants sont Eswatini (546 décès et une hausse de +442%), la Libye (298 décès et +117%), le Cap-Vert (252 décès et +40%), le Maroc (230 décès et +95%), la Namibie (154 décès et +193%), les Comores (153 décès et +1800%) et le Lesotho (119 décès par million d'habitants et une hausse de +477%). Soit neuf sur les cinquante-quatre pays du continent.

Malgré le poids des pays européens et américains dans la mortalité covid-19 mondiale, la progression moyenne reste inférieure à 100% (soit 92% au 16/02/2021) et l'on a enregistré 337 décès par million d'habitants. C'est alors l'Afrique et une partie de l'Asie qui font baisser la mortalité mondiale

 

2- Les évolutions comparées des pays africains lors de la deuxième vague, entre novembre 2020 et février 2021

      2-1. L'étude distingue les pays par région. Nous présentons le cas de l'Afrique du nord arabo-musulmane.

     La Tunisie, la Libye et le Maroc dépassent 100 morts par million d'habitants ; la Tunisie et la Libye ont également connu une progression supérieure à 100% au cours des 99 derniers jours.  Même si la Mauritanie a connu une progression supérieure à 100% (+161%), la mortalité reste faible avec 93 morts par million d'habitants. La région est donc très loin de la situation d'urgence en Europe et en Amérique. La pertinence réelle de la vaccination de toute la population peut alors se poser, hors personnel de santé, notamment au regard du coût.

     2-2. En Afrique Occidentale, la situation est encore plus claire. Le nombre de décès enregistrés covid-19 a progressé de plus de 100% au Sénégal (+133%, mais 45 morts par million d'habitants), au Mali (+150%, mais 17 morts par million d'habitants), au Niger (+145%, mais 7 décès) et au Burkina Faso (+106%, mais également 7 morts). Le cas du Cap Vert (252 morts par million d'habitants et +40% de progression) est particulier car c'est un petit pays de moins d'un million d'habitants et la mortalité reste faible dans l'absolu.

De nombreux Pays de l'Afrique Occidentale ne connaissent pas une situation sanitaire critique comme cela est observé en Europe et en Amérique. Hormis le cas particulier du Cap-Vert, le nombre de morts enregistrés covid-19 par million d'habitants reste inférieur à 100. Huit pays n'ont même pas dépassé 10 décès. Néanmoins, la mortalité s'est accrue de plus de 100% dans quatre pays : le Sénégal (+133%), le Mali (+150%), le Niger (+145%) et le Burkina Faso (+106%). Les dépistages massifs et les prises en charge immédiates des personnes contaminées  pour les traitements immédiats deviennent urgents. Il convient de constater que, même dans les pays occidentaux où diverses campagnes de vaccination ont démarré en décembre 2020, la mortalité continue de s'accroître vertigineusement. Les efforts sont donc dans le traitement précoce des personnes infectées.

     Les pays de l'Afrique Occidentale restent à l'abri de l'urgence sanitaire absolue. La mortalité a progressé de +66%, mais elle ramène les décès à 12 par million d'habitants au 16 février 2021. Hors le Cap Vert, tous les pays se situent très au-dessous du seuil de 100 morts par million d'habitants, lorsque les pays européens se trouvent au-dessus de 1.000 morts par million d'habitants.

     2-3. En Afrique Orientale, l'on observe que la situation n'est pas fondamentalement différente de celle de l'Afrique Occidentale. Les résultats sur les Îles Seychelles sont liés à la taille de l'archipel et une population très réduite (environ 100.000 habitants, l'équivalent d'une petite ville de province en France). Pour les autres pays, la mortalité atteint moins de 100 décès pour un million d'habitants. Néanmoins, une question se pose au Rwanda (+532% sur la mortalité et +693% sur les malades ou asymptomatiques) et en Ouganda (+149% sur la mortalité et +278% sur les malades et asymptomatiques). Les Rwandais pourraient pâtir d'un confinement strict, "Guma mu rugo", qui aurait fragilisé une partie des familles modestes et des populations vulnérables (aggravation des autres pathologies existantes, sous-alimentation, stress et angoisse, etc. ayant eu un effet sur la baisse des capacités immunitaires face à la deuxième vague) à l'issue de la première vague. Mais, il conviendra d'étudier cette question pour comprendre. L'effet des élections en Ouganda, avec les mobilisations des foules au début de l'année 2021, a fortement contribué à ce mauvais résultat. Dans le même temps, l’Éthiopie (-55%), le Kenya (-17%) et Djibouti (-28%) ont réussi une baisse significative des personnes malades ou asymptomatiques par un effort dans le traitement rapide des personnes infectées.

Les  mauvais résultats sont enregistrés au Rwanda (+532% de progression sur la mortalité entre novembre et février 2021) et en Ouganda (+149%), mais le niveau de la mortalité reste très inférieur à 100 morts par million d'habitants. Grâce à la baisse du nombre de malades en Éthiopie (-55% entre novembre et février 2021) et au Kenya (-17%), deux des trois pays les plus peuplés de la Région avec la Tanzanie, l'Afrique Orientale affiche une baisse moyenne de -2% sur les malades, alors que la mortalité moyenne de la région est de 15 décès par million d'habitants. En dehors des cas particuliers, peut-être liés aux tests généralisés dans tout le pays notamment au Rwanda, la région n'est pas submergée par la covid-19.

    En Afrique, Tester, Isoler et Soigner avec les médicaments actuels ou à venir (TIS), pourront tout à fait suffire pour enrayer la pandémie, sans recourir à des coûts trop élevés de la vaccination sans bénéfice sensible. Les traitements qui ont fait leurs preuves existent. Les pays ne sont donc pas en situation critique d'urgence sanitaire pour la vaccination, et les ressources disponibles pourraient servir aux projets de développement. Cependant, si le vaccin "officiel" reconnu s'avère une solution sûre, efficace et accessible, les personnels de santé et les personnes fragiles pourraient en bénéficier. Mais, pour éviter la crise économique et alimentaire dans la crise sanitaire, les États investissent dans les traitements et les ressources financières pour aider les populations contre le défaut de soins médicaux, la malnutrition et la famine. Il convient de rappeler que le vaccin n'est pas un médicament, et qu'il ne soigne donc pas. Pour l'heure et avec les différents vaccins disponibles, ils constituent un moyen de prévention contre les risques d'aggravation de la maladie, pour que le corps humain vacciné puisse rapidement et efficacement créer des anticorps pour se défendre lui-même.

     2-4. L'Afrique Centrale est également dans une situation tout à fait comparable à celles des régions voisines, en ce qui concerne le ralentissement des contaminations et de la mortalité lors de la 2e vague. Néanmoins, la RDC, vaste étendue et la plus importante population de la Région, enregistre une progression de 12.815 contaminations et 379 décès, au cours des 99 jours de novembre 2020 à février 2021. Aussi, l'accroissement de 120% sur la mortalité conduit à 8 morts par million d'habitants. Nous sommes loin des situations dans des pays comparables en Amérique latine. Dans les autres pays et les contaminations ont fortement ralenti au cours de la 2ème vague. C'est l'effet accru de la prise en charge et le traitement des malades avec les médicaments existants. C'est dans cette voie qu'il conviendrait de poursuivre.

En Afrique Centrale des huit pays, aucun n'atteint une mortalité de 100 décès pour un million d'habitants contre plus de 1.000 dans plusieurs pays d'Europe et d'Amérique. Seuls les pays peu habités, tels que Sao Tome et Principe, Guinée Équatoriale, Gabon et Congo dépasse le seuil de 20 morts par million d'habitants. Globalement, la progression régionale entre novembre et février 2021 est de 44%, pour une mortalité moyenne de 11 décès. Cette région, sur la base de ces données publiées, est loin d'une situation d'extrême urgence sanitaire, notamment car les autres causes de mortalité (Paludisme, choléra, Ebola, insuffisance d'accès aux soins, etc) provoquent des fléaux dans les populations ; elles méritent une tout aussi importante attention pour lutter contre la mortalité globale.

     Malgré une population totale de 148 millions d'habitants, la Région de l'Afrique Centrale n'enregistre qu'une progression totale de 32.782 contaminations au cours des 99 derniers jours et 512 décès. L'impact du géant RDC (+120%), pousse la région à une progression moyenne de +44% sur la mortalité. Cependant, la région reste très loin de l'urgence sanitaire covid-19 enregistrée en Europe et en Amérique.

     Il apparaît alors que l'Afrique Centrale ne plonge pas dans une forte crise de la covid-19 pour exiger des interventions lourdes de vaccination de toute la population de la région, même si les données de certains pays paraissent irréguliers. Les cas de personnes âgées et des personnels soignants peuvent être traités en préventif. Le reste de la population pourra être testé, isolé en cas de maladie et soigné avec les traitements existants ou à venir.

     2-5. L'Afrique Australe a été particulièrement frappée par la deuxième vague de la covid-19. La proximité avec l'Afrique du Sud, principal foyer des contaminations et de la mortalité en Afrique, n'est pas étrangère la dégradation de la situation dans cette grande région de plus de 214 millions d'habitants. Les hausses importantes des contaminations (+735.294) et de la mortalité (+28.468) sont enregistrées en Afrique du Sud.  Ses plus proches voisins : Eswatini (+442% sur la mortalité), pays coincé entre l'Afrique du Sud, la Namibie (+193% sur la mortalité), le Mozambique et le Zimbabwe (+457% sur la mortalité), ainsi que le Botswana (+737%) au nord et nord-est de l'Afrique du Sud, le Lesotho (+477%), situé à l'intérieur de l'Afrique du Sud. Tout traitement des habitants de l'Afrique du Sud devra être étendu à leurs voisins indiqués. La région de l'Afrique Australe est la seule qui atteint une progression de +153% dans la mortalité, avec une moyenne régionale de 256 morts par million d'habitants, tirés vers le haut par l'Afrique du Sud.

 L'Afrique Australe est centrée sur l'Afrique du Sud, qui pèse 28% de la population régionale et deuxième puissance économique du continent après le Nigeria. Mais, c'est également le pays le plus ravagé par la covid-19 en Afrique. Avec 4,5% de la population du continent, l'Afrique du sud contient 40% des personnes contaminées et enregistrées covid-19 ainsi que sa progression sur le continent, 49% des décès covid-19 et 53% de la progression de la mortalité covid-19 en Afrique. Elle atteint les proportions connues dans de nombreux pays d'Europe et d'Amérique latine. Le pays et les pays voisins de la Région, contaminés par les mouvements des populations, requièrent alors les mêmes attentions que les autres pays du monde fortement assiégés par la pandémie covid-19 en Europe et en Amérique latine. L'Afrique Australe connaît une situation singulière en Afrique subsaharienne.

     Le poids de l'Afrique du Sud est déterminant en Afrique Australe, elle pèse 28% de la démographie régionale d'environ 214 millions d'habitants. Malgré son poids de 16% de la population africaine, l'Afrique Australe représente 48% des personnes contaminées au covid-19 sur le continent, et 52% des nouveaux contaminés au cours des derniers 99 jours de novembre 2020 à février 2021. La mortalité accrue dans cette région emporte 55% des morts au 16 février 2021 et représente 61% de la progression de nouveaux décès en 99 jours. Dans le même temps, l'Afrique du Nord, deuxième région éprouvée de ce continent représente 19% de sa population, mais 31% des contaminés et 30% de leur progression entre novembre et février. De même, elle pèse 34% des décès du 16 février 2021 et 31% dans la progression de la mortalité du continent. C'est donc dire que 35% de la population africaine contiennent 79% des personnes contaminés enregistrés et 89% des décès au 16 février 2021. Il convient ainsi de différencier la situation sanitaire très critique en Afrique Australe, et la situation très dégradée dans quelques pays de l'Afrique du Nord, par rapport au reste des 65% des habitants de l'Afrique.

     Enfin, en comparaison avec les États-Unis, du même ordre de taille que l'Afrique Orientale (331 millions d'habitants), entre Occidentale (397 millions d'habitants) et l'Afrique du Nord (250 millions) ou l'Afrique Australe (214 millions), la situation sanitaire face à la covid-19 est encore plus critique aux États-Unis, et elle n'est nullement comparable à aucune de celle de ces régions d'Afrique. En comparaison avec l'ensemble du continent africain de plus de 1,33 milliard d'habitants, les États-Unis représentent 27% des personnes contaminées dans le monde contre 4% pour l'Afrique. Celle-ci se situe au même ordre de grandeur que le Royaume-Uni ou même de la France, avec environ 67 millions d'habitants chacun. De même, dans la mortalité mondiale, les États-Unis pèsent 21% au 16 février 2021, contre 4% pour l'Afrique, 10% pour le Brésil, 5% pour le Royaume-Uni, 4% pour l'Italie et 3% pour la France.

     Il ressort de cette étude comparative que l'Afrique présente deux régions sous haute tension face à la covid-19 : l'Afrique Australe, notamment en Afrique du Sud et tous les pays limitrophes, et l'Afrique du Nord, avec une situation tendue en Tunisie, en Libye et au Maroc. La propagation très rapide du virus  dans ces régions requiert une intervention rapide. Si le vaccin  reconnu, testé sûr et efficace, peut être déployé, les États pourraient étudier cette opportunité. Dans le reste du continent, un renforcement des actions rapides dans la prise en charge des personnes contaminées et dans le traitement des malades pourrait suffire. Il appartient aux décideurs et aux experts africains d'étudier toutes les opportunités offertes. Cette étude comparative a pour objectif d'éclairer et dédramatiser sur les situations des pays africains face à la propagation de la covid-19. Enfin, une attention très particulière doit être portée sur la composition et les effets des vaccins proposés. Si les grands pays attendent une formule précise du vaccin (pfizer/BioNTech, Moderne, AstraZeneca, etc.), les Africains doivent recevoir la même formule. Il faut alors avoir la capacité à analyser la structure des vaccins pour écarter les pseudo-vaccins piratés qui ne manqueront pas de se répandre sur le marché, ou des vrais poisons qui pourraient se glisser dans l'offre des vaccins ou des médicaments, intentionnellement introduits par des criminels mus par l’appât du gain financier ou par des projets inavouables contre les pays les plus pauvres. L'on sait que parmi ces pays pauvres, il y a des détenteurs de ressources naturelles stratégiques convoitées par les puissances industrielles dans le monde. Des experts, des scientifiques, des personnels médicaux, des chercheurs reconnus et des décideurs politiques devraient partager des informations, des études et engager des actions pour le seul intérêt de tous les peuples soumis à la pandémie de la covid-19. Et si le COVAX mis en place pour les pays les plus pauvres déploie les vaccins, ceux-ci doivent être absolument identiques à ceux utilisés dans les pays les plus riches et les plus puissants. Les dirigeants et les experts des pays pauvres sont appelés à une grande vigilance.
 

   3. Conclusion

     De nombreux pays africains se trouvent loin des catastrophes annoncées de la destruction du continent par la pandémie. Mais d'autres pandémies sont possibles : l'inaction, la mendicité des dirigeants les mains tendues vers l'Occident, la Russie et la Chine, et la pauvreté entraînant la malnutrition et la mort par la famine. Les dirigeants africains ont-ils évalué tous les décès liés aux autres virus et bactéries (paludisme ou malaria, choléra, Ebola, VIH, hépatites...) ou même au cancer, ainsi que la famine, la malnutrition et l'impossibilité d'accéder aux soins appropriés pour les autres pathologies, en comparaison avec les décès attribués à la covid-19 ?

     Il convient alors de tout évaluer avec discernement, en tenant compte de tous les facteurs qui interagissent dans la santé des habitants avant de décider de l'avenir des peuples.

     Oui, il faut Tester massivement les populations avec des produits sûrs et dûment contrôlés par des experts, Isoler toute personne malade susceptible de contaminer d'autres personnes de son entourage, et Soigner très rapidement les malades avec des médicaments disponibles qui existent déjà en Afrique.

     Non, il ne faut pas suivre les voies de l'aggravation de la maladie et celles de la destruction des économies encore fragiles en Afrique. Elles peuvent être recommandées par les puissances extérieures et leurs relais intérieurs, les puissances de l'ombre et les lobbies des grands groupes pour préserver leurs propres intérêts économiques, défendre leurs enjeux financiers et des positions politiques.  

     Le livre ci-dessous indique les différents leviers pour relancer le développement économique et social.

Disponible dans toutes les librairies physiques et en ligne

     Dans nos précédentes publications sur la covid-19, nous avons insisté sur l'importance d'évaluer tous les impacts des décisions politiques et sanitaires dans les pays. Le pays est tenu par ses habitants et ses dirigeants. Toute décision soit être mûrement réfléchie et évaluée. Petits rappels d'économie. En amont, il faut investir dans la recherche et développement, l'innovation technologique et des process, l'enseignement de qualité dans les savoirs et les savoir-faire, la planification stratégique et la roadmap du progrès attendu. Ensuite il faut investir dans les infrastructures supports de l'économie (énergie, voies et matériels de communication, usines et équipements, etc.). C'est après que l'on met en route l'outil de production pour répondre à la stratégie planifiée. Si les pays africains suivent les directives édictées par les puissances industrielles et économiques historiques, ils bloquent ces trois inputs de leurs économies. Cependant, ces puissances devraient comprendre qu'une Afrique économiquement forte, c'est un espace de marché solide, solvable et étendu, un partenaire industriel pour affronter la dureté de la mondialisation. Il faut donc réfléchir aux conséquences avant de décider. La production réalisée, quelle que soit sa nature (agriculture, élevage, transformations industrielles, produits artisanaux, etc.), est ensuite injectée dans les circuits de commercialisation en vue de la consommation. Celle-ci peut être extérieure au pays ou même au continent : elle rejoint les exportations. Elle peut être utilisée dans le pays pour répondre à la demande intérieure, et même rejoindre le process d'autres productions.
 
     Certains pays africains ont décidé "les confinements", avec tous les impacts sur leurs économies fragiles, sans en analyser avec une grande attention toutes les conséquences. Lorsque les États ont décidé ces confinements, ils devaient également garantir les approvisionnements (alimentation, médicaments, sources de revenus pour les familles), la disponibilité et les circuits officiels de distribution. Ainsi, un pays de vingt millions d'habitants pouvant compter quatre millions de familles. Sur ces quatre millions de familles, l'on peut estimer à 30%, soit environ 1,2 million de familles qui seraient privées de leurs modestes revenus pendant le confinement. Si le confinement dure 30 jours, et si l’État doit garantir 5$ par jour et par famille, il doit prévoir 180 millions de dollars pour ces familles. Soit l’État dispose de ces fonds pour secourir ces familles, soit il les emprunte auprès des institutions financières à des conditions les plus favorables du marché, en raison d'une crise sanitaire aiguë et imprévisible, un cas de force majeure dont les Africains ne sont nullement responsables. Mais, si ces conditions ne sont pas remplies, il vaut mieux renoncer au confinement strict et encourager fortement les populations à se protéger partout en dehors de leurs habitations. La conséquence du confinement sans ressources et sans logistique indiquées pour la population, c'est l'aggravation de la précarité, donc de la misère, donc de la sous-alimentation, du dénuement, la malnutrition des jeunes et des angoisses qui détériorent les capacités immunitaires des plus vulnérables. Et lorsque la 2ème vague est arrivée, la baisse de la capacité immunitaire a facilité et accéléré la mortalité des personnes contaminées. Les variants deviennent alors encore plus meurtriers au sein des populations fragilisées. Les hausses plus importantes des contaminations, en plus des moyens plus accrus de tests massifs systématiques des populations pour les détecter, accompagnées de celles de la mortalité, se rencontrent dans les pays ayant pratiqué les confinements longs en Afrique.

     Les économies africaines sont constituées de composantes agricoles à 80% en moyenne (exploitations agricoles et produits directement ou indirectement issus de l'agriculture). En cas de confinement de tout le pays, il convient de mettre en place :
- un revenu minimum garanti pour les familles pour éviter les famines et les morts additionnels par malnutrition, tout en préservant les équilibres budgétaires et sans alourdir fortement les finances publiques par un important endettement,
- des circuits de distribution alimentaire sûrs et des heures d'accès à ces circuits pour la consommation dans le pays,
- un système d'accès aux soins pour poursuivre la prise en charge des malades des autres pathologies et pour traiter avec une grande efficacité les malades de la covid-19,
- un circuit d'information publique régulière pour instruire les habitants, annoncer les mesures et les expliquer, partager les résultats des tests, des soins et des décisions dans la transparence,
- un programme ajustable et flexible entre confinement éventuel, couvre-feu, restriction des mouvements et de la mobilité dans le pays, des mesures différenciées pour les zones urbaines densément peuplées et des territoires ruraux, des activités fléchées reconnues comme indispensables à la vie des habitants et celle du pays. 

     Un cultivateur qui ne vit que de son champ où il habite et travaille seul ou avec sa famille ne devrait pas être concerné par le confinement à la maison. A l'échelle du pays, on bloquerait toute la production agricole, un maillon amont indiqué de l'économie (l'alimentation contribue à la consommation intérieure et des exportations). Un artisan travaillant dans son atelier, une usine de transformation agricole ou de production de médicament ou de tout autre maillon stratégique pour les modestes économies africaines, n'est pas confiné chez lui. L'obligation de respecter les mesures sanitaires étant indiquée lorsque les artisans, les techniciens, les équipes de production... sont en interaction, les socles de base de l'économie doivent être préservés. A défaut, les pays s'exposent à un enchaînement de crises sanitaires, économiques et sociales, conduisant à la perpétuation du sous-développement, de la pauvreté dans des familles et de la misère dans la population. Aujourd'hui, les Africains méritent beaucoup mieux qu'une nouvelle crise sanitaire importée, qui amplifie les crises structurelles diverses déjà existantes. Mais, cette nouvelle crise étant installée en Afrique, les solutions doivent être produites d'abord par les Africains décomplexés et mentalement décolonisés. Qu'ils agissent selon leurs propres ambitions, leurs propres stratégies de développement, leur situation sanitaire particulière et les ressources disponibles, à commencer par leurs immenses ressources humaines.

 

Emmanuel Nkunzumwami
Écrivain - Essayiste


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