L'Afrique fait l'objet de plusieurs spéculations sur la pandémie de la covie-19. Entre les experts qui prédisaient des "dizaines de millions de morts" de la pandémie covid-19 avant même que l'Europe et l'Amérique ne commencent à compter leurs propres morts, et les hyper-optimistes qui considèrent que l'Afrique est relativement épargnée par cette même pandémie ou même qu'elle serait inexistante en Afrique subsaharienne, la vérité est plus nuancée. Les données comparent les progressions de sept indicateurs sur 54 pays de ce beau continent, berceau de l'Humanité, entre le 30 mai 2020 et le 1er octobre 2020 (vague du printemps-été), d'une part, et entre le 1er octobre et le 30 janvier 2021 (vague de l'automne-hiver), d'autre part.
Une certitude apparaît : les Africains résistent aux  contaminations et à l'aggravation de la maladie de la covid-19, et connaissent une faible mortalité, en comparaison avec les autres régions du monde. La circulation des personnes malades au cours de l'été 2020, venant des pays les plus infectés vers les autres pays du monde, dont l'Afrique, a été un accélérateur des contaminations, tant en Occident qu'en Afrique.

Introduction

     L'étude menée couvre la période de mai 2020 à janvier 2021. Nous évaluons les impacts humains entre la première et la vague actuelle au 30 janvier 2021. Il ne s'agit pas de sondage ou d’échantillonnage sur quelques pays africains pour conclure sur l'ensemble du continent. Pour mener la comparaison, nous retenons tous les pays africains. Ils ont tous été frappés par les deux vagues de la pandémie, comme les autres pays du monde. Nous avons adopté une démarche scientifique et rigoureuse à partir des données disponibles constituées. Nous analysons les données brutes et les résultats de calculs pour les indicateurs permettant de relativiser ces données par rapport à la population de chaque pays. L'étude est libre et indépendante ; elle n'est donc soumise à aucun donneur d'ordre.
La période d'observation est de même durée :
entre le 30 mai et le 1er octobre 2020 (soit une période de quatre mois couvrant la vague du printemps et de l'été), et entre le 1er octobre 2020 et le 30 janvier 2021 (soit également une période de quatre mois couvrant la deuxième vague actuelle). Aussi, nous avons regroupé les pays par région avec sa Communauté économique régionale.

     Nous commençons par rappeler la situation du monde au soir du 30 janvier 2021 :

- 103,08 millions de personnes infectées par le virus du covid-19 dans le monde (soit 1,3% de la population mondiale)
- 2,23 millions de personnes décédées depuis le début de la pandémie (soit 2,2% des personnes contaminées et 0,03% de la population mondiale actuelle)
- 74,70 millions de personnes guéries enregistrées dans le monde (soit 72,5% des personnes contaminées. C'est un taux de guérison moyen mondial qui s'améliore de mois en mois).
- 26,15 millions de malades enregistrées ou personnes asymptomatiques testées positives à la covid-19 et susceptibles de transmettre le virus et contaminer les autres (soit 25,4% des personnes contaminées dans le monde).

     L'on observe que 12% de la population mondiale, constitués de l'Amérique du nord et les 27 pays d'Europe (l'Union européenne et le Royaume-Uni) réunis, totalisent
50% des personnes testées positives dans le monde ; 47% des personnes enregistrées décédées covid-19 et enfin 81% des personnes testées asymptomatiques ou malades dans le monde, susceptibles de contaminer à cette date du 30 janvier 2021. L'urgence mondiale se situe alors et d'abord dans ces pays les plus frappés par la covid-19. L'Afrique, qui représente un poids comparable de 17% de la population mondiale, ne pèse que 3% des personnes contaminées ; 4% des décès enregistrés covid-19 et 2% de personnes testées positives encore malades ou en situation asymptomatique susceptibles de contaminer d'autres personnes. Le tableau ci-dessous résume la situation du monde dans ses disparités face à la pandémie du covid-19.


1- Les références des évolutions comparées des pays lors de la première vague du Printemps-Été (juin-septembre 2020) et de la deuxième vague de l'Automne-Hiver 2021 (octobre 2020-Janvier 2021)

      L'étude que nous proposons est unique dans le monde. Elle s'appuie sur les données accumulées depuis le début de la pandémie et organisées dans notre Panel100. Elle poursuit un objectif d'éclairer les décideurs et les citoyens de tous les continents sur les décisions poursuivies d'éradiquer la pandémie créée par le coronavirus SARS-COV2 (Severe Acute Respiratory Syndrome - COronaVIrus Disease 2019). Elle peut susciter des débats sur l'opportunité de la vaccination dans tel ou tel pays, ou des alternatives entre soigner les malades avec les traitements existants et poursuivre les recherches sur d'autres traitements, en parallèle avec les vaccins en cours, selon les situations particulières des pays. Ces réflexions sont encore plus vraies en Afrique, où l'on peut assumer que, au regard des résultats, la majorité des pays n'est pas concernée par les problématiques de la vaccination contre la covid-19. Aussi, nous invitons le lecteur à observer et réfléchir sur des évolutions comparatives des situations selon les pays.

Bilan humain comparé de la covid-19, entre la première vague (Printemps - Été 2020) et la deuxième vague (Automne - Hiver 2021). Le classement par ordre décroissant des évolutions des malades et des cas asymptomatiques par million d'habitants. Ce tableau montre les pays du 1er groupe de notre étude.

     Dans les deux évolutions comparées, nous retenons la progression de plusieurs indicateurs suivis sur quatre mois :
- l'évolution du nombre de cas testés positifs dans le pays,
- l'évolution du nombre de décès par ou avec le covid-19 enregistrés au cours de chaque période de quatre mois,
- l'évolution du nombre de personnes guéries et enregistrées,
- l'évolution des personnes testées positives et reconnues malades ou asymptomatiques entre les deux vagues covid-19,
- la progression de la proportion des personnes contaminées par population d'un million pour chaque pays,
- la progression de la proportions de personnes contagieuses encore malades ou asymptomatiques, ramenées à la population d'un million d'habitants par pays,
- la progression de la proportion des personnes décédées par ou avec le covid-19, ramenées à une population d'un million pour chaque pays.

     Dans ce premier tableau, l'on remarque que le TOP10 des pays présentant les plus forts risques des contaminations restent les mêmes depuis décembre 2020. Mais, treize pays de notre Panel100 ont connu d'importantes progressions dans des contaminations et la mortalité au-delà de 10.000 cas lors de la vague de l'Automne-Hiver 2021 : Pays-Bas (Progression de 49.221 contre 4.515 au printemps-été, et une hausse de 440 morts contre 27 au printemps-été). Ensuite, Belgique (47.147 sur 4 mois d'octobre à janvier 2021 contre 4.833 au printemps-été, et 949 décès contre 49) ; Suède (46.305 contre 5.939 et 564 décès contre 148) ; Espagne (43.324 contre 11.467, et une progression de 563 décès par million contre 57 décès au printemps-été) ; France (36.222 contre 5.325 et 654 décès contre une progression de 48 décès par million d'habitants au printemps-été 2020) ; Irlande (31.840 contre 2.078 et une hausse de 301 décès contre 31) ; Royaume-Uni (24.198 contre 2.070, et 933 contre 56) ; États-Unis (22.181 contre 4.132, et 717 contre 323) ; Suisse (21.710 contre 685, et 843 contre 18) ; Portugal (Progression de 15.148 contaminés malades et cas asymptomatiques  d'octobre à janvier 2021 contre une hausse de 1.359 au printemps-été, et une hausse de 1.001 décès par million d'habitants contre 57 lors de la vague du printemps-été). Au total, trente pays sur cent ont enregistré des progressions des contaminations au-delà de 2.000 personnes par million d'habitants, lors de la vague d'octobre à janvier 2021. Soit 24 pays européens, 4 pays latino-américains (Panama, Honduras, République dominicaine et le Brésil), les États-Unis et la Tunisie pour l'Afrique. Dans ces pays, les vaccinations et les autres moyens de traitements rapides peuvent constituer une urgence pour bloquer la propagation.

     Le graphique suivant compare les évolutions des indicateurs majeurs de la covid-19 dans les pays indiqués. Ils relativisent les résultats sur une population d'un million d'habitants.

     Le graphique montre que les pays de ce premier groupe ont enregistré une forte hausse des contaminations et des malades (échelle en mauve à gauche) entre la première et la deuxième vague de la covid-19, mais aussi qu'ils sont connu une forte hausse de la mortalité (échelle en vert à droite). Entre le 1er octobre et le 30 janvier 2021, de nombreux pays ont connu des progressions de la mortalité de 50.000 morts : États-Unis (237.398 décès), le Brésil (79.842), le Mexique (78.933), le Royaume-Uni (63.369), l'Inde (54.506), l'Italie (52.361) et la Russie (51.806). D'autres ont largement dépassé 20.000 morts au cours des quatre mois d'octobre 2020 à janvier 2021 : l'Allemagne (47.921), la France (43.843), la Pologne (34.539), l'Iran (31.509), l'Argentine (27.643), la Colombie (27.454), l'Afrique du Sud (37.085) et l'Espagne (26.346). L'on peut alors comprendre que la situation très critique dans ces pays requiert des actions vigoureuses de test, d'isolement des personnes malades ou asymptomatiques testées positives et contagieuses, de traitement des personnes contaminées  et de prévention dans les pays jusqu'à la vaccination pour bloquer l'expansion du virus.

     Et si l'on relativise la mortalité par population d'un million d'habitants, c'est encore principalement dans ces pays que l'on retrouver une progression très importante au cours de la seconde vague, en comparaison avec la première. Aussi, l'on constate que la progression de plus de 500 décès par million d'habitants se retrouve dans  plusieurs pays européens, latino-américains, et aux États-Unis. Dans la publication précédente, nous avons donné les résultats de plus de 90 pays dans le monde, au regard des sept indicateurs d'évaluation.

2- Les évolutions comparées des pays africains lors de la première vague du Printemps-Été (juin-septembre 2020) et de la deuxième vague de l'Automne-Hiver 2021 (octobre 2020-Janvier 2021)

      2-1. L'étude distingue les pays par région. Nous présentons le cas de l'Afrique du nord arabo-musulmane.

     Les progressions des décès de l'ensemble des sept pays au cours de la deuxième vague n'atteignent pas 20.000 morts enregistrés (19.450). Mais, la Tunisie (6.409) et le Maroc (6.030) ont bien dépassé 5.000 décès au cours de cette période. Cependant, dans le ratio des décès par million d'habitants, seule la Tunisie a franchi le seuil d'une progression de 500 morts et de plus de 1000 malades supplémentaires enregistrés. Elle est alors le pays présentant une situation fortement dégradée. Ainsi, la mobilisation d'importantes ressources peut être requise pour bloquer les contaminations dans ce pays, alors que les autres pourraient développer les tests pour isoler et soigner les quelques cas de malades, au regard de la population des pays.

     Le graphique suivant résume la situation comparée dans cette région de l'Afrique.

Le graphique montre que la Tunisie, et dans une moindre mesure la Libye et le Maroc  ont connu une deuxième vague plus violente que la première. Cependant, tous les pays se trouvent loin des situations critiques de l'Europe et de l'Amérique. L'accroissement de la mortalité n'atteint pas 100 décès de la covid-19 par million d'habitants, à l'exception de la Tunisie, de la Libye et du Maroc. La pertinence réelle de la vaccination peut alors se poser, notamment au regard du coût.

Le graphique ci-dessus montre l'impact des interactions de l'été sur la propagation du covid-19 en Tunisie (progression de 542 décès par million d'habitants, 15.886 nouvelles contaminations enregistrées par million d'habitants, 2.556 malades). C'est la plus forte dégradation en Afrique du Nord. La Libye et le Maroc ont suivi, à une échelle réduite, la même dégradation, mais sans accumulation de malades pour le Maroc. Ce pays prouve que l'on peut bien soigner et guérir massivement les malades de la covid-19. En dehors de ces trois pays, la progression de la mortalité est inférieure à 100 décès par unité d'un million d'habitants. L'Algérie a connu également la progression des contaminations et des malades lors de la 2e vague, mais sans subir l'accroissement significatif de malades.

     2-2. En Afrique Occidentale, la situation est encore plus claire. Le nombre de décès enregistrés covid-19 n'a progressé de plus de 100 décès au total que dans trois pays : le Nigeria (466), le Sénégal (310) et le Mali (199). La forte majorité des pays n'ont donc pas atteint le seuil de progression de 100 décès supplémentaires entre octobre 2020 et janvier 2021.

     Et si l'on se tourne vers les progressions relatives des contaminations, des malades et des décès par population d'un million d'habitants, on constate que seul le petit pays du Cap-Vert, en raison de son modeste nombre de population, dépasse 129 décès par million. Le Sénégal et le Mali affichent 19 et 10 décès sur quatre mois. Le nombre de malades ou de cas testés positifs et asymptomatiques n'a progressé que de 126 personnes au Ghana, et moins de 100 personnes ailleurs. La région de l'Afrique de l'Ouest est donc loin d'une crise sanitaire violente exigeant des ressources importantes de vaccination, en raison de son coût et de sa logistique complexe ; alors que ces pays ont besoin de ces ressources financières pour investir dans les projets de développement. Les cas de malades peuvent donc être traités par les médicaments existants ou issus de la pharmacopée africaine en développement, tel que l'apivirine ou d'autres traitements.

Le graphique suivant est explicite sur la situation de chacun des pays de l'Afrique Occidentale. De nombreux pays de la Région ont même enregistré un fort ralentissement de la mortalité et des contaminations lors de la deuxième vague de l'automne-hiver 2021.

La courbe en vert indique que seul le Cap-Vert a connu une progression des décès supérieure à 100 morts par population d'un million d'habitants (C'est un indicateur, puisque le pays ne compte que 560.000 habitants environ). Ailleurs, les progressions des contaminations n'atteignent pas 700 personnes en quatre mois. La progression de la mortalité reste inférieure à 20 décès par million d'habitants. Il apparaît clairement que la situation est loin d'être critique pour exiger la mobilisation des moyens qui pourraient se soustraire aux ressources indispensables à d'autres projets urgents et utiles au développement économique et sociale pour les 397 millions d'habitants de l'Afrique Occidentale. Il appartient aux dirigeants d'exercer un devoir de discernement pour décider.

     2-3. En Afrique Orientale, l'on observe que la situation n'est pas fondamentalement différente de celle de l'Afrique Occidentale. Les résultats sur les Îles Seychelles sont liés à la taille de l'archipel et une population très réduite (environ 100.000 habitants, l'équivalent d'une petite ville de province en France). Le Kenya qui apparaît comme le pays le plus éprouvé avec une progression de 19 décès par million d'habitants, affiche également 1.152 nouveaux contaminés par million au cours des quatre mois de la 2e vague. Les autres pays affichent des progressions inférieures à 1.000 cas de contaminations, moins de 20 décès et moins de 500 malades pendant les quatre mois retenus de la deuxième vague.

La progression du nombre total des décès est de 2.399 personnes, soit 7 personnes par million d'habitants lors des quatre mois de la deuxième vague. Trois grand pays de plus de 10 millions d'habitants se situent au-dessus de la moyenne régionale : le Kenya (19), le Rwanda (13) et l’Éthiopie (8).  Ce sont des pays du tourisme de loisir. Les interactions de l'été, entre les personnes malades et les habitants ont fortement contribué à la dégradation de la crise sanitaire dans ces pays.

     Le graphique suivant montre clairement que, même le Kenya, le Rwanda et l'Ouganda qui ont enregistré une progression significative des contaminations ou des malades au cours de la 2e vague, ces progressions demeurent très faibles. La mortalité par million d'habitants a progressé de moins de 10 décès en quatre mois, à l'exception du Kenya (19) et du Rwanda (13). Djibouti a même réussi la baisse des contaminations et de la mortalité entre la première et la deuxième vague.

Le graphique ci-dessus montre que les progressions des cas de contaminations avec constitution de malades sont très faibles lors des deux vagues de la pandémie, et que la mortalité a très légèrement augmenté de moins de 10 personnes par million d'habitants en quatre mois (contre plus de 500 dans de nombreux pays européens et les États-Unis).

    Tester, isoler et soigner avec les médicaments actuels ou à venir, pourront tout à fait suffire pour enrayer la pandémie, sans recourir à des coûts trop élevés de la vaccination sans bénéfice sensible. Les traitements qui ont fait leurs preuves existent. Les pays ne sont donc pas en situation critique d'urgence pour la vaccination, et les ressources disponibles pourraient servir aux projets de développement.

     2-4. L'Afrique Centrale est également dans une situation tout à fait comparable à celles des régions voisines, en ce qui concerne le ralentissement des contaminations et de la mortalité lors de la 2e vague. Néanmoins, la RDC, vaste étendue et la plus importante population de la Région, enregistre une progression de 11.919 contaminations et 399 décès, mais qui se traduisent par un modeste accroissement de 86 à 133 cas de contaminations et de 2 à 4 décès par million d'habitants. Dans les autres pays et les contaminations ont fortement ralenti entre la 1ère et la 2e vagues de la covid-19. C'est l'effet accru de la prise en charge et le traitement des malades avec les médicaments existants. C'est dans cette voie qu'il conviendrait de poursuivre.

     Malgré une population totale de 148 millions d'habitants, la Région de l'Afrique Centrale n'enregistre qu'une progression totale de 28.590 contaminations en automne-hiver 2021 et 524 décès. L'impact du géant RDC, avec une hausse de 6.654 des cas de malades testés positifs, pousse la région à une progression de 5.491 de malades lors de la 2e vague. Cependant, nous restons bien au-dessous de dizaines de milliers de malades enregistrés dans chacun des nombreux pays Europe et d'Amérique.

Le graphique montre que les hausses des contaminations du printemps-été (courbe en mauve pointillé) ont été fortement ralentis à l'automne-hiver 2021 (trait plein en mauve). La hausse des malades (courbe en jaune par rapport à la courbe en bleu pointillé), ne s'est pas traduite dans la progression de la mortalité, restée sous le seuil de 10 décès par million d'habitants (courbe en vert). La situation du petit pays Sao Tome et Principe est comparable à celle du Cap-Vert et des Îles Seychelles, où les indicateurs grossissent les proportions.

Il apparaît que l'Afrique Centrale ne plonge pas dans une forte crise de la covid-19 pour exiger des interventions lourdes de vaccination de toute la population. Les cas de personnes âgées et des personnels soignants peuvent être traités en préventif. Le reste de la population pourra être testé, isolé en cas de maladie et soigné avec les traitements existants ou à venir.

2-5. L'Afrique Australe est particulièrement frappée par la deuxième vague de la covid-19. La proximité avec l'Afrique du Sud, principal foyer des contaminations et de la mortalité en Afrique, n'est pas étrangère la dégradation de la situation dans cette grande région de plus de 214 millions d'habitants. La hausse importante des contaminations est enregistrée en Afrique du Sud (13.036), et dans ses plus proches voisins : Eswatini (8.763), pays coincé entre l'Afrique du Sud et le Mozambique,  la Namibie (8.839) et le Botswana (7.706) au nord et nord-est de l'Afrique du Sud, et le Lesotho (3.272), situé à l'intérieur de l'Afrique du Sud. Tout traitement des habitants de l'Afrique du Sud devra être étendu à leurs voisins indiqués.

Le poids de l'Afrique du Sud est déterminant en Afrique Australe. Elle représente 80,5% des progressions des contaminations lors de la deuxième vague (contre 89,2% lors de la 1ère vague du printemps-été). Elle a donc essaimé autour d'elle. Elle pèse 88,9% de la progression de la mortalité dans le Région (sur une hausse de 30.558 décès). Et si l'on considère tous les treize pays de l'Afrique Australe, cette région serait comparable démographiquement au Brésil, à l'Indonésie et au Pakistan. La progression des cas de contaminations y est de 960.753 contre 4,357 millions au Brésil ou 775.131 en Indonésie ou 230.408 au Pakistan. Quant à la mortalité, l'on enregistre une hausse de 30.558 décès covid-19 en Afrique Australe, contre 79.842 au Brésil, 18.872 en Indonésie et seulement 5.139 au Pakistan. Enfin, l'indicateur de hausse de la mortalité affiche 143 décès par million d'habitants, contre 376 au Brésil, 69 en Indonésie et seulement 23 au Pakistan. Il y aurait alors un effet de " l'occidentalisation" du traitement de la covid-19 en Afrique Australe, sous le poids de l'Afrique du Sud, en comparaison avec l'Indonésie et le Pakistan, qui se détachent très nettement du Brésil, agissant dans l'ombre portée des États-Unis. En effet, le Brésil (212,560 millions d'habitants) enregistre aujourd'hui 231.561 décès attribués à la covid-19, contre 474.933 aux États-Unis (331 millions d'habitants) et le Mexique (129 millions d'habitants), allié également aux États-Unis, affiche 166.200 décès. Ce sont les trois principaux pays présentant le plus grand nombre de décès de la covid-19 dans le monde.

      L'Afrique Australe semble suivre la même tendance, affichant le plus grand nombre de décès en Afrique (214 millions d'habitants et 51.988 décès aujourd'hui, dont 89% dus à la seule Afrique du Sud), alors que l'Afrique du Nord (250 millions d'habitants et 32.387 décès) a amorcé la baisse du rythme de la mortalité. Il y a donc bien une crise de sens et de stratégie de gestion de cette pandémie, qui génère l'inefficacité de traitement et de résultats en Afrique Australe.

L'Afrique du Sud est donc un candidat à la vaccination, avec l'ensemble des habitants des pays voisins, si telle devrait être la solution pour prévenir contre l'expansion de la covid-19 et la hausse vertigineuse de la mortalité.

     Le graphique montre les singularités de l'Afrique du Sud, sont les contaminations rejaillissent sur les pays voisins : Eswatini, Namibie, Lesotho et Botswana. De même, la mortalité s'est fortement accrue au Afrique du Sud et en Eswatini. Elle a été aussi importante aux Comores, en Namibie, au Zimbabwe, au Lesotho et au Botswana, au-delà d'une progression de 50 décès par million d'habitants lors de la deuxième vague. C'est donc dans ces sept pays qu'il faut agir avec détermination, y compris par les vaccinations si cela peut réduire la propagation du virus et bloquer l'accroissement de la mortalité. L'Afrique Australe constitue donc un cas singulier dans la lutte contre la crise sanitaire de la covid-19 en Afrique.

Dans l'urgence : tester le maximum d'habitants, isoler les malades pour ralentir les contaminations et bloquer la propagation, et soigner rapidement les malades. Rester dans l'attente de vaccins au lieu d'agir avec les moyens disponibles ne peut nullement constituer une réponse appropriée à la crise. Les dirigeants et les autorités sanitaires de ces pays sont appelés à une grande rigueur dans le discernement et la mise en œuvre des stratégies et des actions efficaces.

3. Conclusion

     De nombreux pays africains se trouvent loin des catastrophes annoncées de la destruction du continent par la pandémie. Mais d'autres pandémies sont possibles : l'inaction, la mendicité des dirigeants les mains tendues vers l'Occident, la Russie et la Chine, et la pauvreté entraînant la malnutrition et la mort par la famine. Les dirigeants africains ont-ils compté tous les décès liés aux autres virus et bactéries (paludisme ou malaria, choléra, Ebola, VIH, hépatites...), ainsi que la famine, la malnutrition et l'impossibilité d'accéder aux soins appropriés pour les autres pathologies, en comparaison avec les décès attribués à la covid-19 ?

Il convient alors de tout évaluer avec discernement, en tenant compte de tous les facteurs qui interagissent dans la santé des habitants avant de décider de l'avenir des peuples.

  Oui, il faut Tester massivement les populations avec des produits sûrs et dûment contrôlés par des experts, Isoler toute personne malade susceptible de contaminer d'autres personnes de son entourage, et Soigner les malades avec tant de médicaments disponibles qui existent déjà en Afrique.

Non, il ne faut pas suivre les voies de l'aggravation de la maladie et celles de la destruction des économies encore fragiles en Afrique. Elles peuvent être recommandées par les puissances extérieures et leurs relais intérieurs, les puissances de l'ombre et les lobbies des grands groupes pour préserver leurs propres intérêts économiques, défendre leurs enjeux financiers et des positions politiques.  

Le livre ci-dessous indique les différents leviers pour relancer le développement économique et social.

Disponible dans toutes les librairies physiques et en ligne

     Dans nos précédentes publications sur la covid-19, nous avons insisté sur l'importance d'évaluer tous les impacts des décisions politiques et sanitaires dans les pays. Le pays est tenu par ses habitants et ses dirigeants. Toute décision soit être mûrement réfléchie et évaluée. Petits rappels d'économie. En amont, il faut investir dans la recherche et développement, l'innovation technologique et des process, l'enseignement de qualité dans les savoirs et les savoir-faire, la planification stratégique et la roadmap du progrès attendu. Ensuite il faut investir dans les infrastructures supports de l'économie (énergie, voies et matériels de communication, usines et équipements, etc.). C'est après que l'on met en route l'outil de production pour répondre à la stratégie planifiée. Si les pays africains suivent les directives édictées par les puissances industrielles et économiques historiques, ils bloquent ces trois inputs de leurs économies. Cependant, ces puissances devraient comprendre qu'une Afrique économiquement forte, c'est un espace de marché solide, solvable et étendu, un partenaire industriel pour affronter la dureté de la mondialisation. Il faut donc réfléchir aux conséquences avant de décider. La production réalisée, quelle que soit sa nature (agriculture, élevage, transformations industrielles, produits artisanaux, etc.), est ensuite injectée dans les circuits de commercialisation en vue de la consommation. Celle-ci peut être extérieure au pays ou même au continent : elle rejoint les exportations. Elle peut être utilisée dans le pays pour répondre à la demande intérieure, et même rejoindre le process d'autres productions.
 
     Certains pays africains ont décidé "les confinements", avec tous les impacts sur leurs économies fragiles, sans en analyser avec une grande attention toutes les conséquences.

     Les économies africaines sont constituées de composantes agricoles à 80% en moyenne (exploitations agricoles et produits directement ou indirectement issus de l'agriculture). En cas de confinement de tout le pays, il convient de mettre en place :
- un revenu minimum garanti pour les familles pour éviter les famines et les morts additionnels par malnutrition, tout en préservant les équilibres budgétaires et sans alourdir fortement les finances publiques par un important endettement,
- des circuits de distribution alimentaire sûrs et des heures d'accès à ces circuits pour la consommation dans le pays,
- un système d'accès aux soins pour poursuivre la prise en charge des malades des autres pathologies et pour traiter avec une grande efficacité les malades de la covid-19,
- un circuit d'information publique régulière pour instruire les habitants, annoncer les mesures et les expliquer, partager les résultats des tests, des soins et des décisions dans la transparence,
- un programme ajustable et flexible entre confinement éventuel, couvre-feu, restriction des mouvements et de la mobilité dans le pays, des mesures différenciées pour les zones urbaines densément peuplées et des territoires ruraux, des activités fléchées reconnues comme indispensables à la vie des habitants et celle du pays. 

     Un cultivateur qui ne vit que de son champ où il habite et travaille seul ou avec sa famille ne devrait pas être concerné par le confinement à la maison. A l'échelle du pays, on bloquerait toute la production agricole, un maillon amont indiqué de l'économie (l'alimentation contribue à la consommation intérieure et des exportations). Un artisan travaillant dans son atelier, une usine de transformation agricole ou de production de médicament ou de tout autre maillon stratégique pour les modestes économies africaines, n'est pas confiné chez lui. L'obligation de respecter les mesures sanitaires étant indiquée lorsque les artisans, les techniciens, les équipes de production... sont en interaction, les socles de base de l'économie doivent être préservés. A défaut, les pays s'exposent à un enchaînement de crises sanitaires, économiques et sociales, conduisant à la perpétuation du sous-développement, de la pauvreté dans des familles et de la misère dans la population. Aujourd'hui, les Africains méritent beaucoup mieux qu'une nouvelle crise sanitaire importée, qui amplifie les crises structurelles diverses déjà existantes. Mais, cette nouvelle crise étant installée en Afrique, les solutions doivent être produites d'abord par les Africains décomplexés et mentalement décolonisés. Qu'ils agissent selon leurs propres ambitions, leurs propres stratégies de développement et les ressources disponibles, à commencer par leurs immenses ressources humaines.

 

Emmanuel Nkunzumwami
Écrivain - Essayiste


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