LA LAICITE FRANCAISE MISE A L'EPREUVE PAR LES ISLAMISTES RADICAUX !
12 janv. 2015La France vient de connaître un moment de grand rassemblement de sursaut national, et une grande démonstration d'union de la Nation autour des valeurs qui fondent la République (Liberté-Egalité-Fraternité). La laïcité n'est pas réellement fondatrice, puisqu'elle constitue une fin de parcours vers la libération de l'Etat vis-à-vis de la domination de la hiérarchie catholique, en décembre 1905.
De nombreux Français, et des étrangers qui ignorent l'histoire de France, ne comprennent pas de quelles horreurs est sorti le Royaume de France après une succession de huit guerres de religion entre 1521 (date de lancement de la réforme du moine Martin Luther en Allemagne) et 1789 (date de la révolution française). Après la terrible nuit de la Saint-Barthélémy en 1572 (Le massacre de la Saint-Barthélemy est le massacre de protestants déclenché à Paris, le 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy. Il est ensuite prolongé pendant plusieurs jours dans la capitale, puis étendu à plus d'une vingtaine de villes de province durant les semaines suivantes. Ce fut l'une des horreurs de Paris pendant les guerres de religion en France) où des dizaines de milliers de Français sont massacrés pour le fait d'être protestants. Une petite accalmie n'a eu lieu qu'entre la signature de l'Edit de Nantes en 1598, sous la conduite directe du roi Henri IV, et 1610 date de l'assassinat du même Henri IV par un fanatique catholique François Ravaillac. Le petit-fils, Louis XIV, a vidé ce qui tenait encore de lien des Réformés avec la liberté de vie, liberté de culte et liberté d'opinion, en révoquant l'Edit de Nantes en 1685, en décrétant que la seule foi autorisée dans le Royaume de France est l'unique Eglise catholique romaine. Exit, les protestants et les juifs. Les camisards (Les camisards sont les paysans huguenots (protestants) français de la région montagneuse des Cévennes, qui se rebellèrent entre 1702 et 1705 contre le roi Louis XIV. Les camisards, ainsi appelés en raison des chemises blanches qu'ils portaient au-dessus de leurs armures durant leurs attaques nocturnes, avaient trouvé refuge dans les Cévennes, en fuyant les persécutions et les massacres dont les protestants étaient férocement et massivement à nouveau victimes à la suite de la révocation par Louis XIV, en 1685, de l'Edit de Nantes (appelé aussi ) 1598), qui garantissait la liberté religieuse prennent le relai pour défendre les protestants. La France ne connaît pas encore de musulmans à cette date. Dès lors, c'est le roi Louis XIV qui relance la guerre des religions par cette révocation. Il a donc fallu que le roi Louis XVI s'engage dans un autre Edit, signé à Versailles le 29 novembre 1787, sous l'inspiration de Malesherbes et surtout de Lafayette au retour d'Amérique. C'est l'Edit de tolérance. Par cet Edit, le roi Louis XVI accorde aux protestants un état civil. Il leur assure le droit d’exister dans le royaume sans y être troublés sous le prétexte de religion. En effet, en 1785, La Fayette, de retour de la guerre d’Indépendance américaine, milite en faveur de « l’émancipation » des protestants français. Il entre en contact avec le nouveau député général des Églises du Désert, le pasteur Rabaut Saint-Étienne, qui, par son intermédiaire, rencontre le ministre d’État Malesherbes, favorable de longue date à l’idée d’un mariage civil pour les protestants. Une longue lutte.
Aussi, le Parlement enregistre l’Edit le 29 janvier 1788, mais en précisant préalablement que la religion catholique demeure bien la religion officielle du royaume. Il demeure ainsi que l’accès aux charges publiques et à l’enseignement reste interdit aux non-catholiques. Les protestants seront néanmoins désormais admis à tous les emplois civils et militaires, par le texte constitutionnel du 24 décembre 1789 accompagnant la révolution française. La liberté de conscience ne leur sera accordée qu’après la Révolution avec la Déclaration des droits de l’homme, et la liberté du culte, par le texte constitutionnel du 3 septembre 1791.
C'est ainsi donc que dans la continuité de la Révolution française de 1789, dans les revendications des protestants, se trouvent ainsi reconnues la liberté d'opinion, la liberté d'expression et la libertés de culte. Enfin, solennellement, l'assemblée constituante reconnaît que "tous les hommes naissent et demeurent libres en droit". Les revendications des droits par les protestants et les juifs sont enfin entendues. Néanmoins, la traite négrière et l'esclavage sont exclus du champ d'application de ce beau principe révolutionnaire... Après l'exécution du roi Louis XVI (et de son épouse), le temps de la terreur, la Première République, l'Empire de Napoléon Ier, la courte restauration de la monarchie, la Deuxième République, le nouvel Empire sous Napoléon III, puis la Troisème République, les tensions entre l'Eglise catholique, l'Etat et les autres confessions protestantes et juive, ne s'apaisent que grâce à la promulagation de la loi sur la Laïcité en décembre 1905. Enfin, le cordon ombilical est coupé entre l'Eglise catholique dominante et l'Etat. Cela fait également partie de l'histoire de France. Ce bref rappel historique montre les luttes incessantes nécessaires pour préserver ce précieux acquis qui s'incrit dans la devis de la République : Liberté, Egalité et Fraternité. Il a été obtenu au prix du sang d'une partie des français. Chacun devrait s'en souvenir tous les jours.
Depuis cette loi sur la laïcité, -une sorte de dernière opération de reconstruction de la France moderne commencée avec la Révolution de juillet 1789 et terminée avec la promulagation de la loi sur la laïcité en décembre 1905- la France républicaine a évolué sur de nouvelles fondations. La colonisation lui a apporté des populations exogènes venant d'Afrique et d'Asie. Mais la majorité sera progressivement constituée par les populations d'Afrique du nord, majoritairement musulmanes. Les relations plus anciennes sont nouées avec l'Algérie en 1830. Les guerres mondiales de 1914-1918 et 1940-1945 poussent la France à faire appel aux peuples de ses colonies pour combattre l'ennemi. Car l'Empire, c'est aussi la France. Les resortissants des colonies sont également français. Mais, il ne sont plus chrétiens, tout au plus juifs pour l'Afrique du nord. La majorité de ces nouvelles populations issues des colonies est de plus en plus constituée de musulmans.
Après la tragique guerre d'indépendance pour l'Algérie, les vagues migratoires se multiplient depuis 1962. Malgré les indépendances, les anciennes colonies sombrent dans la misère, les guerres civiles, l'incompétence de gestion des dirigeants de nouveaux Etats, et les ingérences extérieures pour déstabiliser les jeunes nations africaines afin de leur soutirer leurs ressources naturelles (minerais, pétrole, gaz, bois, etc.). En conséquence, les peuples fuient en masse leurs nouveaux pays et se réfugient en Occident, dont la France devient l'une des terres d'accueil. Les communautés musulmanes se constituent, formées majoritairement d'arabes d'Afrique du nord et de quelques pays subsahariens de l'Afrique de l'Ouest. Les ressortissants d'Afrique centrale sont majoritairement chrétiens.
En France, depuis quelques années, la Laïcité éprouve des difficultés à se faire comprendre par de nouvelles vagues d'islamistes radicaux et des intégristes . Encouragés et financés par des puissances extérieures, notamment les pétromonarchies du golfe, cette proportion de musulmans radicaux s'accroît progressivement en France et en Europe. Elle capitalise sur la croissance démographique, la violence liée aux conflits multiples entre la Palestine et Israël, en Afghanistan avec les Talibans, en Irak avec les fondamentalistes et le nouvel Etat Islamique Daesh, en Syrie avec la dictature sanglante de Bachar Al Assad, en Libye décomposée après la mort de Mohammar Kadhafi, au Mali depuis le développement d'Aqmi et des groupuscules multiples de Ansar Eddine, Mujao et de désordre politique lié à des corruptions d'Etat et des revendications du MNLA, en Somalie sous le contrôle des Shebbabs, au Nigéria soumis à la menace hypermeurtrière de Boko Haram dans un climat d'un gigantesque réseau de corruptions d'Etat, et bien d'autres pays où les galaxies des islamistes radicaux prolifèrent. Les "clients" des armements de guerre deviennent nombreux et les prix des armes défient toute concurrence, sur le marché "gris". L'on peut ainsi retrouver de véritables arsenaux de guerre et des explosifs puissants dans les caves des immeubles en France. Comment arrivent-ils en France depuis les pays de l'Est ? Qui finance qui et par quels moyens ? Qui fait du "business" sur ce marché clandestin de la mort et du terrorisme ? Où en est la coopération internationale entre les Etats pour éradiquer les réseaux et les criminels du terrorisme international ?
La France est une vieille terre de conflits religieux, comme cela a été rappelé. Depuis l'installation d'un pape à Avignon en révolte contre Rome, les inquisitions et les massacres des Cathares au Moyen-Âge, les massacres des protestants et les dragonades, la nuit de la Saint-Barthélémy... jusqu'à la loi sur la laïcité pour libérer l'Etat de la domination par la hiérarchie de l'Eglise catholique, la France a mûri et s'est consolidée. Mais une nouvelle sociologie religieuse et démographique a modifié le paysage. Au cours de ces dernières années, elle a laissé se développer deux forces antagonistes : les courants de libres-penseurs niant toute relation avec Dieu et même jusqu'à la négation de son existence au nom de la liberté d'opinion et de foi (croire, pratiquer ou ne pas croire), d'une part, et les fondamentalistes musulmans revendiquant la manifestation de leur foi par tous les signes visibles extérieurs et partout, d'autre part. Une véritable opposition pouvant générer des conflits violents ouverts. D'une certaine façon, par son impertinence, sa liberté de ligne éditoriale et ses caricatures, Charlie Hebdo est une expression journalistique de ces antagonismes. Les autres religions ou confessions ont laissé le champ libre, par pacifisme assumé ou sous prétexte de la laïcité. Les Eglises sont devenues silencieuses ou inaudibles, et la religion juive vit dans la discrétion qui la caractérise. Ces dernières respectent l'esprit de la loi de 1905 dans l'espace public. Mais, depuis l'avènement des "prières de rue", les musulmans ont démontré qu'ils constituent une force sociale et démographique incontournable. Il leur faut alors des mosquées en grand nombre pour pratiquer leur culte dans ces lieux réservés, et hors de l'espace public que constituent les rues. Il faut donc des terrains et de l'argent pour construire ces mosquées afin d'y recevoir les pratiquants de l'Islam. Le problème est alors posé. Mais de quel Islam parle-t-on aujourd'hui ? Jusqu'où les autres religions acceptent-elles la présence sur le terrain déserté et la domination visible de l'espace religieux par l'Islam en France et en Europe ? Combien de mosquées une commune peut-elle accepter sans créer des tensions au sein des pratiquants des autres religions ? Qui finance leur construction puisque la laïcité interdit l'intervention de l'argent public dans la construction des lieux de culte ? L'Islam s'accomode-t-il avec l'application stricte de la laïcité ? Eluder ces questions, au prétexte qu'elles pourraient gêner les décideurs politiques, c'est tirer la couverture sur les yeux dans son lit pour ne pas voir que la maison brûle ! Mais, en face et comme d'autres religions, l'Islam doit accepter de se soumettre aux débats. La théologie de l'islam doit accepter d'être interrogée sur ses fondements, ses pratiques et des adaptations aux contextes européens. L'intégration de l'Islam en France et en Europe ne peut se développer aux dépens du silence des autres religions et des lois qui s'imposent à tous les citoyens du pays. Les effets sociodémographiques sont réels pour imposer des positions claires de la part des gouvernants. Les autres maux de la société (racisme, discriminations, antisémitisme, etc.) trouvent leur amplification dans le communautarisme religieux et des identités dissociées de la collectivité nationale. L'école a abdiqué dans la transmission des valeurs fondamentales de la République, et chacun interprète la laïcité et les lois selon ses intérêts communautaires. Où apprend-on les fondements de la République et de son histoire aux jeunes générations, et aux immigrés qui intègrent la République, pour faire corps avec elle et s'inscrire dans le destin commun ? Pourquoi l'Etat est-il impuissant à imposer et faire respecter les règles communes à toutes les personnes habitant sur le territoire français ?
Au rythme où la puissance publique abdique au profit des libres-penseurs, intellectuels autoproclamés et responsables politiques prônant la négation du religieux, opposés aux communautés qui revendiquent la reconnaissance de leur fondamentalisme islamique, et bientôt évangélique, l'Etat a le devoir d'apporter des réponses durables et qui ramènent tous les citoyens aux fondements de la République. La laïcité est un très bel outil pour construire un vivre ensemble respectueux des libertés publiques et individuelles pour tous, à condition de l'expliquer et la faire appliquer à tous. A défaut, les plus violents importeront les conflits religieux en France, imposeront leur loi dans le pays et continueront de semer la terreur.
Emmanuel Nkunzumwami
Auteur de "La nouvelle dynamique politique en France" (Ed. L'Harmattan, 2007) ; "Le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation" (2013) et "La conquête de l'extrême droite en France" (2014).
Rassemblement de la marche du crayon, dimanche 11 janvier 2015, pour la défense et la proclamation de la liberté d'expression.