Le discours du Chef de l’Etat Le-Partenariat.JPGfrançais, François HOLLANDE, prononcé samedi 02 février à Bamako, place de l’Indépendance – . Il y a une convergence de fond entre le discours du président François Hollande et le contenu de ce livre "Le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation",  que nous recommandons vivement à tous ceux qui s'interrogent sur la complémentarité historique et d'avenir entre l'Europe et l'Afrique. Cependant, la réussite de cette nouvelle rencontre "Europe-Afrique" est conditionnée par un nouvel état d'esprit des Africains exigeants et des Européens respectueux, un engagement à se débarrasser des "schémas colonialistes", du "mépris contre les Noirs", autant en Europe qu'en Afrique. La France et les Français devraient "apprendre à respecter" les Africains, en France et en Afrique, pour nouer enfin les relations de partenariat. Amis Français, ne cherchez pas à "tuer", à "écraser par jalousie", à "emprisonner pour éloigner", à "bloquer pour décourager", "à "salir délibérément pour déshonorer", à "discriminer dans l'espace professionnel", à "jeter à la vindicte populaire pour faire souffrir" les Noirs qui "tentent de réussir"... Ne regardez pas les études réussies des Noirs comme un frein à votre propre bien-être ! Arrêtez de penser qu'"un Noir ou un Arabe est forcément coupable, sans enquête approfondie et sans preuves irréfutables, simplement pour ce qu'il est, et qu'il lui appartient de prouver son innocence" , alors que "le Blanc est présumé innocent jusqu'à ce que la justice prouve et établisse sa culpabilité, à travers de véritables et justes enquêtes" ! Au cours de longues périodes de la traite négrière et de la colonisation, les Noirs ont tenu et ont survécu parce qu'ils sont RESISTANTS ! Ils tiennent aujourd'hui contre le racisme et les discriminations parce qu'il gardent l'espérance des jours meilleurs. Mais désormais, c'est en Afrique que se joue l'avenir du monde ! Car l'Afrique est le réservoir avéré des richesses mondiales. Les pays industrialisés historiques et les nouveaux pays émergents s'y bousculent ! Alors Africains, REVEILLEZ-VOUS !

           S'agissant des crises actuelles en Afrique, si tous les Africains, et spécialement les Maliens, avaient investi dans l'éducation  de leur jeunesse et dans des projets ambitieux de développement depuis leur indépendance, on n'en serait plus à MENDIER devant les Chinois, les Indiens, les Brésiliens, les Indonésiens, les Américains et  les Européens... Si les Maliens avaient accéléré ces ambitions depuis les révoltes contre la dictature de Moussa Traoré en 1992, les Islamistes radicaux obscurantistes n'auraient pas trouvé leur prise dans une population majoritairement analphabète à plus de 70%... Les dirigeants africains sont donc partie prenante dans les malheurs qui frappent encore aujourd'hui, comme hier pendant l'esclavage, leurs peuples. 

 

Ci-après le discours du président François Hollande à Bamako :

« Monsieur le Président du Mali, vous venez à l’instant de remercier la France à travers ma personne, à travers le gouvernement ici représenté. J’y suis sensible. J’en suis fier. Mais à mon tour d’exprimer au peuple malien toute ma gratitude pour son accueil exceptionnel.


Tout au long de cette journée commencée à Mopti, poursuivie à Tombouctou, se terminant ici à Bamako et partout les mêmes clameurs, la même ferveur pour dire « Vive la France et vive le Mali ! ».


Oui, c’est vrai, j’ai pris une décision grave le 10 janvier d’engager les soldats français avec les soldats maliens. C’était l’appel que m’avait lancé le président TRAORE. C’était le devoir de la France qui agissait au nom de la communauté internationale avec le soutien des pays européens dans le cadre des Nations Unies. Oui, nous devions être là parce ce qu’il était important de combattre, c’était le terrorisme. Le terrorisme ici au Mali, le terrorisme en Afrique de l’Ouest, le terrorisme partout. Agissant ainsi, la France était à la hauteur de son histoire, de la République, des droits de l’Homme et donc de la démocratie.

Depuis cette date du 10 janvier, de l’intervention de la France, ville après ville, village après village, les armées du Mali et de la France appuyées par les pays de l’Afrique de l’Ouest rendent enfin au Mali son unité, son intégrité et sa force.


Oui, le terrorisme a été repoussé, il a été chassé mais il n’a pas encore été vaincu. Je veux saluer devant vous le sacrifice des soldats maliens. Je pense aussi au Commandant Damien BOITEUX, mort pour la liberté et dont je m’honore de dire que, ici, beaucoup de parents maliens ont appelé leur enfant Damien en souvenir du sacrifice qui fut le sien.

La France est à vos côtés, non pas pour servir, je ne sais quel intérêt, nous n’en avons aucun, non pas pour protéger telle ou telle faction, ou pour tel ou tel parti du Mali… Non, nous sommes à vos côtés pour le Mali tout entier et pour l’Afrique de l’Ouest. Nous nous battons ici pour que le Mali vive en paix et en démocratie. Et vous avez donné la meilleure des images aujourd’hui avec votre chaleur, avec votre ferveur mais aussi avec votre douleur pendant tous ces mois où le fanatisme a sévi dans le nord du Mali.

Nous nous battons en fraternité, Maliens, Français, Africains parce que moi je n’oublie pas que lorsque la France a été elle-même attaquée, lorsqu’elle cherchait des soutiens, des alliés, lorsqu’elle était menacée pour son unité territoriale, qui est venu alors ? C’est l’Afrique, c’est le Mali. Merci, merci au Mali. Nous payons aujourd’hui notre dette à votre égard.


Mais je vous l’ai dit, le combat n’est pas terminé. Les groupes terroristes sont affaiblis, ils ont subi de lourdes pertes mais ils n’ont pas disparu. Alors qu’avons-nous à faire ? Continuer, poursuivre. Et la France restera avec vous le temps qu’il faudra c’est-à-dire le temps que les Africains eux-mêmes prendront à travers la MISMA pour nous suppléer, pour nous remplacer. Mais jusque-là, nous serons à vos côtés, jusqu’au bout, jusqu’au nord Mali.


Mais je vous l’avoue aussi, parce que c’est le respect que je vous dois, la France n’a pas vocation à rester ici au Mali, parce que ce sont les Maliens eux-mêmes, les Africains qui assureront la sécurité, l’indépendance, la souveraineté. C’est ainsi que je conçois les relations entre la France et l’Afrique. Le respect, la démocratie, la transparence. C’est vous maintenant qui allez porter votre destin.


Je m’exprime ici devant le monument de l’indépendance, pour rendre hommage à votre histoire mais aussi pour vous dire que votre pays va connaître une nouvelle indépendance qui ne sera plus, cette fois, la victoire sur le système colonial mais la victoire sur le terrorisme, l’intolérance et le fanatisme. Voilà votre indépendance.


La France est aux côtés du Mali par ses soldats mais elle est aussi aux côtés du Mali par son aide, par son soutien. Nous avons décidé d’être à vos côtés pour vous accompagner dans le redressement économique ; dans la renaissance de vos services publics, pour l’éducation, la santé, la sécurité. Nous contribuerons à la réédification des sites culturels maliens.

Nous ne serons pas seuls à le faire, l’Europe est à vos côtés. La communauté internationale est avec vous, l’UNESCO représentée par sa Directrice générale est là aussi parce que nous ne pouvons pas accepter ce qui s’est passé à Tombouctou : des lieux saints qui ont été hélas souillés, des monuments qui ont été profanés, des documents historiques qui ont disparu… Nous les reconstituerons avec vous. Parce que c’est le patrimoine du Mali mais aussi parce que c’est le patrimoine de toute l’humanité que vous avez en charge. Je connais les souffrances qu’a provoquées l’occupation des villes du nord du Mali.


Ceux qui se sont associés aux groupes terroristes devront répondre de leur crime. Devant la justice, il ne doit pas y avoir d’impunité pour ces actes. Mais c’est à la justice malienne, à la justice internationale, à la Cour pénale de faire en sorte qu’il puisse y avoir la juste sanction de ces crimes. Mais la justice n’est pas la vengeance. Ce n’est pas l’exaction. Aucune souffrance ne peut expliquer le pillage ou une exaction. On ne répare pas une injustice par une autre injustice. Vous devez être exemplaires. Vous êtes regardés par toute la communauté internationale. Oui, nous devons châtier les criminels, les terroristes mais nous devons le faire, vous devez le faire avec le respect des droits de l’Homme, ceux-là même qui ont été bafoués, floués par les terroristes.


Dans cet esprit de confiance à l’égard du Mali, je sais l’effort qu’il reste à faire : retrouver l’intégrité territoriale de tout le Mali. Aucune ville, aucun village ne doit être occupé par les terroristes et échapper à la souveraineté du Mali.


Oui, nous avons aussi à engager ce processus de sécurité par la MISMA, par les forces africaines. Oui, vous avez à faire la transition politique, la démocratie, les élections. Faites de belles élections au mois de juillet. Montrez à toute l’Afrique, à tout le monde, que le Mali est un exemple et faites en sorte que la France puisse se dire que ce que vous faites ici au Mali méritait bien le sacrifice de nos soldats.


Ce qui se joue aussi, c’est la relation entre l’Europe et l’Afrique. Nous avons besoin de nos deux continents ensemble pour assurer l’avenir. Nous avons besoin de la communauté internationale, nous avons besoin des aides qui viendront de partout pour vous. Et puis nous avons besoin de la France et du Mali unis, ensemble, les deux peuples qui se retrouvent dans les mêmes fondements, dans les mêmes valeurs.


J’ai parlé aux Maliens qui vivent en France. Je leur ai promis que je viendrai ici à Bamako pour leur dire, pour vous dire que ce que nous avons à faire ensemble est plus grand que nos deux peuples, c’est de montrer que le terrorisme peut être vaincu, que la démocratie peut prévaloir et que les droits de l’Homme valent partout, sur tous les continents et que nous sommes, les uns les autres, unis par le sang versé, unis par la décision que nous avons prise ensemble, unis avec les Nations unies, unis ensemble.


Faites en sorte, amis Maliens de réussir jusqu’au bout votre nouvelle indépendance. La France est avec vous. La France est à vos côtés. La France est fière de vous.


Et moi, je veux ici vous dire que je viens de vivre la journée la plus importante de ma vie politique. Parce que, à un moment, une décision doit être prise, elle engage la vie d’hommes et de femmes. Cette décision, je l’ai prise au nom de la France. Cette décision, elle honore la France et à travers les clameurs, la ferveur, le soutien que vous m’apportez, c’est à toute la France que vous donnez votre plus grand hommage.


Merci peuple malien. Vive le Mali. Vive la France. Vive l’amitié entre le Mali et la France. Merci ».

 

Commentaire :

Il est entendu que l’engagement militaire de la France au Mali n’est pas conditionné par des contreparties financières, minières, pétrolières ou de contrats « secrets ». Quiconque a suivi les péripéties du Mali, depuis l’offensive politico-militaire du MNLA en janvier 2012et le développement des violences, des exactions et de la conquête du nord du Mali par les extrémistes radicaux islamistes des groupes Ansar Dine, Mujao, d’Aqmi avec le renfort de Bako Haram qui sévit au nord du Nigéria, ne pouvait prévoir une autre issue que la prise du pouvoir à Bamako par ces Islamistes. Après Sévaré, la destination déclarée et attendue était Bamako. La France est intervenue à temps pour arrêter cette sombre issue pour le Mali.

 

Le discours du président François Hollande à Bamako, le 2 février 2013, est plein de pragmatisme et d’encouragement pour le Mali, pour l’Afrique de l’Ouest et pour le continent africain. Il déclare : « parce que ce sont les Maliens eux-mêmes, les Africains qui assureront la sécurité, l’indépendance, la souveraineté. C’est ainsi que je conçois les relations entre la France et l’Afrique. Le respect, la démocratie, la transparence. C’est vous maintenant qui allez porter votre destin ». Peut-il en être autrement ? « La France est à vos côtés, non pas pour servir, je ne sais quel intérêt, nous n’en avons aucun, non pas pour protéger telle ou telle faction, ou pour tel ou tel parti du Mali… Non, nous sommes à vos côtés pour le Mali tout entier et pour l’Afrique de l’Ouest. Nous nous battons ici pour que le Mali vive en paix et en démocratie ». Et pourquoi cela revient-il à la France de rappeler cet objectif de base pour tout développement ? Parce que l’Afrique de l’Ouest a failli à son devoir de maintien de la Paix et de la Démocratie dans ce pays. Ces derniers pouvaient se cacher derrière le manque de moyens matériels, de financement de leur intervention au Mali, de manque d’entraînement pour ce type d’opérations à haut risque, etc. Mais, on a longtemps cru que l’Ecomog, une armée d’intervention était créée pour cela ! Il est donc temps de s’interroger sur les capacités des Etats africains à se prendre en charge. En effet, l’Ecomog (Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group), considéré comme une Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la CEDEAO, est un groupe militaire d’intervention placé sous la direction de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il était destiné dès son origine à faire respecter les cessez-le-feu signés dans les pays membres de la CEDEAO. Sil’on considère que le Mali était attaqué par des groupes armés internationaux, l’Ecomog est alors légitime pour intervenir afin de s’interposer, désarmer et faire cesser les attaques de ces groupes sur un Etat membre. Les appels, comme un relai d’injonction venue d’Europe et des USA sur le retour à l’ordre constitutionnel à Bamako après le coup d’Etat, était une expression d’impuissance de la CEDEAO à intervenir au Mali. Depuis l’entrée en fonction de Dioncounda Traoré comme président par interim du Mali, les Etats de la Cedeao n’ont pas plus réagi qu’avant son installation. Pourtant, c’est bien depuis la guerre civile du Libéria que la CEDEAO a décidé la création d’un groupe de supervision du cessez-le-feu, en 1990. Ce groupe est déjà intervenu également lors de la guerre civile de Sierra Leone et en Guinée-Bissau. Et en 1999, la CEDEAO décida de constituer cette brigade en un groupe permanent pour la sécurité des Etats de l’Afrique de l’Ouest, avec pour objectifs bien clarifiés :

  • D’observer et superviser les cessez-le-feu ;
  • De maintenir et construire la paix ;
  • D’effectuer des interventions humanitaires ;
  • D’effectuer des déploiements préventifs ;
  • De désarmer et démobiliser les forces armées non régulières.

À l’origine, l’Ecomog était composé d’une centaine d’hommes en armes, avec une majorité de Nigérians. Mais en raison de la violence et de l’étendue de la guerre civile du Libéria, le nombre des troupes est monté jusqu’à 20.000 hommes. Rares sont alors les pays, en Afrique de l’Ouest, capable d’aligner une véritable armée professionnelle de ce niveau d’effectif. Cependant, pour le Mali, l’Ecomog éprouve d’énormes difficultés à rassembler une modeste armée de 2000 hommes en armes au secours de ce pays, et en trois semaines d’intervention, la France parvient à rassembler 4000 hommes, assistés des soldats maliens pour la reconquête du nord du Mali. L’on peut alors, à juste titre, dire que la France a libéré le Mali et l’Afrique de l’ouest de la propagation de l’islamisme radical comprenant le narcotrafic, les violences sur les populations civiles et le terrorisme.

Le président François Hollande a donc tout à fait raison d’insister sur : « Ce qui se joue aussi, c’est la relation entre l’Europe et l’Afrique. Nous avons besoin de nos deux continents ensemble pour assurer l’avenir ». En écho à ces propos, nous ne pouvons que conseiller la lecture d’un excellent ouvrage « le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation » qui exhorte les Africains à mieux organiser leurs espaces régionaux pour faire face aux agressions de la mondialisation. La guerre économique est aussi une véritable guerre. Le Mali et l’Afrique de l’Ouest viennent de démontrer qu’ils ne sont pas armés contre le terrorisme international, pourtant localisé dans le nord du Mali ; ils ne le sont pas davantage contre la guerre économique de la mondialisation. Une nouvelle conscience est indispensable aux Africains pour constituer des espaces économiques, politiques, de sécurité et de défense dans chacune des cinq régions de ce continent. La France vient alors de démontrer que l’avenir de l’Afrique est bien dans le partenariat entre l’Europe et l’Afrique contre toutes les guerres et pour le développement de ce continent.

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Emmanuel Nkunzumwami

Auteur du livre : « Le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation », Editions L’Harmattan, 2013 et de « La Montée de l’extrême droite en France ».

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