PARTENARIAT-EUROPE-AFRIQUE-MONDIALISATION Un livre disponible en librairies et sur http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=39345 .L’Afrique continue de vivre de sombres moments de pauvreté, de dépendance économique, de misère, et de désespérance de ses peuples, en grande partie en raison de la mauvaise gouvernance des Etats. Mais ces mauvais moments sont derrière nous !

Depuis plus de 50 ans d’indépendance, les 54 Etats africains vivent des aventures variées, mais partagent une triste réalité : la pauvreté d’une grande partie de leurs habitants. Pourquoi ? Parce que depuis les années des indépendances, les coups d’Etat et les guerres civiles sur des bases ethno-régionales à répétition, accompagnés des massacres de populations et les corruptions des classes dirigeantes ont marqué l’écrasante majorité des Etats. Pendant ces crises politico-militaires, les peuples ont été les principales victimes. L’éducation, la santé publique, l’industrialisation, la création ou l’entretien des infrastructures sont devenus des « gros mots » pour les dirigeants : donc ils les évitent de toutes leurs richesses indues.

 

Au cours des années 1990, les révolutions ont commencé : les conférences nationales souveraines ont poussé partout en Afrique subsaharienne comme des ports vestimentaires à la mode, pour le partage du pouvoir et l’instillation des doses homéopathiques de démocratie là où il fallait repenser totalement l’organisation même des nations africaines. Bien entendu, à l’issue des conférences nationales souveraines, des élections dites « démocratiques, libres et transparentes » ont été organisées. Les présidents et les assemblées nationales multipartites sont même sortis des urnes. Des constitutions ont été écrites par des Africains. Mais, qui a violé les dispositions constitutionnelles et qui a écrasé les démocraties naissantes en Afrique ? Les nouveaux présidents élus eux-mêmes. Lorsque la constitution prévoit deux mandats maximums, le président organise son assemblée nationale et sa cour constitutionnelle pour modifier la constitution qui lui permet un troisième et même un quatrième mandat ! Comme ils sont compris que la stabilité du Parlement et donc du gouvernement au service du président élu dépendent d’une nette majorité d’un parti aux élections, le président organise les fraudes électorales pour que son parti politique sorte majoritaire des élections législatives avec plus de 80% des suffrages supposés exprimés. Alors frauduleusement battus dans les urnes, les opposants s’en remettent à des intrépides qui prennent les armes pour reprendre le pouvoir par les armes. C’est cela la gouvernance politique en Afrique ! Dans tous ces désordres organisés, les élites et les politiques se partagent quelques revenus des ressources naturelles du pays et des aides extérieures, et le peuple est totalement oublié. Au nom du peuple, on prétend vouloir diriger le pays mais c’est sans le peuple que l’on s’y maintient !

Pour que l’Afrique s’en sorte, il faut désormais inverser l’ordre des priorités : le peuple d’abord ! Mais comment y parvenir ? Par les stratégies économiques et industrielles. Encore un « gros mot » peut-être pour les dirigeants ! Mais, une démarche précieuse pour le peuple. L’Afrique est un énorme gisement mondial de ressources minières et énergétiques. Tout y est pourvu. Mais les Etats sont trop morcelés et trop faibles pour assurer seuls l’exploration, l’exploitation, la transformation et la fabrication des produits finis en Afrique. Celui qui a découpé l’Afrique en 54 petits morceaux incapables d’assurer cette chaîne de valeur industrielle a marqué les Africains d’un fer rouge et leur a interdit d’approcher les gisements miniers, pétroliers et gaziers. C’est une affaire de « grandes personnes intelligentes », pas pour les sauvages et incapables africains. Ils sont assis devant l’assiette, mais doivent attendre que les Européens, les Américains et mêmes les Asiatiques viennent prendre la cuiller pour la porter à leur bouche… Bien entendu, une grande partie du contenu de l’assiette et de la marmite passe dans le ventre de la personne appelée au secours.

 

Depuis les années 2000, une nouvelle génération de dirigeants est arrivée aux commandes du pouvoir en Afrique.  Ils sont nés au milieu des années 1950 et au début des années 1960. Ils ont fait de brillantes études en Afrique, en Europe et en Amérique, ils ont travaillé souvent à l’Etranger ou d ans des entreprises étrangères au continent africain, ils ont rencontré d’autres peuples à travers le monde. C’est avec ces jeunes générations que l’Afrique va devoir évoluer. Pour cela, ils ont plusieurs réflexions à mener :

 

 

1°- Quels sont les freins au développement en Afrique ? Ils sont multiples mais il y a des constantes. Lorsqu’un peuple n’est pas éduqué dans sa grande masse, les marchands d’espérance le prennent en otage. C’est la situation que vit le Mali, assailli par  des obscurantistes islamistes radicaux, restés dans de sombres théories macabres de l’antiquité de la punition par la torture, le bannissement et la mise à mort de leurs contemporains. Se réclamant du jihad, se donnant pour mission de convertir toute l’Afrique de l’Ouest à l’islam radical pour y appliquer la charia, se servant des juteuses recettes du narcotrafic, du banditisme, des rançons des paiements consécutifs aux prises d’otages  et des ventes d’armes pour s’équiper en armement lourd, ils mènent une guerre « sauvage » par la terreur contre les gouvernements, les Eglises, les Occidentaux… Dans le livre « le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation », les grands défis de l’Afrique y sont largement discutés.

 

2°- Quelles sont les stratégies industrielles et économiques pour réussir ? Elles sont assises sur les ressources minières et énergétiques de chaque pays. Elles s’élargissent sur l’agriculture pour améliorer les productions agricoles, combattre les famines et la malnutrition, et diversifier les produits agricoles pour l’alimentation, l’industrie et l’exportation.

 

3°- Comment fait-on pour rentabiliser ces ressources afin d’élever le niveau de vie des Africains ?Il y a deux dimensions à cette question. La dimension africaine et la dimension internationale. La dimension africaine recherche les liens régionaux pour accroître les capacités de production et les ressources matérielles et humaines pour l’exploitation des gisements économiques de chaque pays africain. Ce sont les espaces régionaux des cinq composantes du continent africain. Chaque pays s'inscrit dans son espace régional; ainsi la crise de la Centrafrique a trouvé une réponse au sein des pays de sa région d'Afrique centrale. Le Mali est prioritairement secouru par les pays de la CEDEAO, son espace régional de l'Afrique de l'Ouest, appuyés par la France et la "communauté internationale". La dimension internationale recherche les « partenaires » extérieurs détenant le « savoir-faire » industriel pour exploiter les ressources. Dans cette dimension internationale, il convient d’observer que les pays émergents ont besoin des taux de croissances entre 3% et 10% pour poursuivre leur développement, s’équiper, maîtriser les technologies, conquérir les marchés mondiaux et « rattraper » le niveau occidental. Ils ont donc besoin d’exploiter l’Afrique pour leur besoin de croissance. Ils ne viennent donc pas en Afrique pour développer ce continent, mais pour trouver les ressources à bas coûts pour leur propre développement. Les pays occidentaux, industrialisés historiques, ont besoin de « maintenir leur niveau de développement » et leur niveau de vie. Ce besoin s’exprime par une croissance qui absorbe l’inflation se situant entre 1,5% et 2% en Europe. Il s’agit pour eux de maintenir une croissance moyenne entre 1,5% et 3%. Mais pour cela, ils ont besoin de ressources minières  (minerais pour la fabrication des matériaux de construction des avions, des automobiles, des bâtiments, des ponts et chaussées, etc.) et énergétiques (uranium, gaz, pétrole) et du bois. Ces produits se trouvent abondamment en Afrique. Entre la gourmandise des pays émergents qui exploitent férocement l’Afrique pour leur propre croissance en vue de rattraper l’Occident, et les Européens et les Américains qui ont besoin de maintenir leur niveau de vie par une croissance modérée entre 1,2% et 3%, les Africains devraient être fermes sur « le partenariat » en vue de créer en Afrique la chaîne de valeur industrielle pour leur développement.  Aujourd’hui, les prétendants aux ressources minières et énergétiques africaines sont nombreux : Européens, Américains, Japonais mais surtout Chinois, Indiens, Brésiliens, Indonésiens, etc.  Le commerce mondial est devenu triangulaire : les ressortissants des pays émergents vont étudier les technologies en Europe et en Amérique (ou appellent ces dernières à venir les enseigner dans leurs pays), ensuite les « nouveaux connaisseurs » se répandent en Afrique pour exploiter les ressources de ce continent pour leurs pays respectifs, et les produits fabriqués dans ces nouveaux pays industrialisés sont exportés en Europe et en Amérique pour concurrencer les productions locales et engranger d’énormes et confortables marges. Toute la richesse des pays émergents provient de la marge nette entre les coûts de revient de production très bas dans leurs pays et les prix de vente très élevés qu’ils obtiennent dans les pays riches d’Europe et d’Amérique du Nord. Pourquoi, les Africains ne pourraient-ils pas, eux aussi, envoyer les jeunes Africains étudier en Europe et en Amérique du Nord –comme les autres pays émergents- et revenir exploiter les richesses de leurs pays en Afrique ? Mais en attendant de former ces ressources humaines compétentes, sur le sol africain et dans les pays occidentaux, les partenaires « économiquement » rentables pour le continent africain sont en Europe occidentale et en Amérique du Nord. A la condition que les ressortissants de ces pays ne considèrent les Africains comme leurs esclaves connus entre le XVème et le XXème siècle. Ils doivent se sentir  « partenaires » pour réussir ensemble dans la mondialisation.

 

Emmanuel Nkunzumwami

Auteur du livre « Le partenariat Euroe-Afrique dans la mondialisation », Editions L’Harmattan, janvier 2013 et de « La montée de l’extrême droite en France », Editions l’Harmattan, décembre 2012,

Analyste politique sur radio Africa n°1.

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