Aujourd’hui, les choses ont changé. Du moins, l’on peut le penser. Plus de quarante après les indépendances –une première vague entre 1956 et 1962, quelques États restés sous protectorat sont libérés entre 1964 et 1980- l’Afrique est mûre pour se dessiner un ou des destins ! Mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Plusieurs raisons à cela :1°) la vague des « parents et grands-parents » arrivés au pouvoir pour « remplacer » les anciens colons se sont si bien accommodés aux sièges qu’ils ne voulaient plus laisser leurs places au jeunes, sortis fraîchement des Écoles… Il y avait tant à consommer et à se partager entre « leaders » des indépendances qu’ils ont oublié que lorsqu’on récolte sans semer ensuite pour prévoir de futures récoltes, on provoque des famines… C’est la tempête que de nombreux pays africains récoltent en ce moment.2°) les nouveaux jeunes africains, arrivés des grandes universités et écoles occidentales et orientales avaient l’unique ambition « d’être » de dirigeants et non de « faire » quelque chose pour leurs pays. Devenir « ministre », ou « représenter le pays dans un organisme international et aux Nations-Unies », « diriger une grande entreprise publique » à la Noel Forgeard pour amasser le maximum d’argent de l’entreprise pour disparaître dans la nature avec la caisse…. Et en plus, la grande majorité des impétrants y sont parvenus. Les corruptions sont nées autour de l’exercice du pouvoir et des gains indus d’argent public destiné au développement des pays africains, détournés et ramenés en Occident pour « des investissements  privés ».3°) le paternalisme des dirigeants occidentaux. Sur ce chapitre, la France a battu tous les records… Depuis l’entourage du Général de Gaulle jusqu’à la cellule africaine de l’Élysée de Jacques Chirac. N’est-ce pas Jacques Chirac, président de la République, qui envoyait ce message de condoléance à la mort du Président Eyadema, -celui-là même qui a saccagé son pays le Togo, appauvri le pays, et fait massacrer quelques opposants manifestant leur épuisement dans les rues de Lomé- « la France a perdu un ami ». Les français d’origine togolaise, installés en France en fuyant le régime sanguinaire du feu Eyadema, ont bien apprécié !Mais pour la France, il y a comme une vraie rupture qui arrive après le 6 mai 2007. Les acteurs politiques qui ont conduit la politique africaine de la France étaient des anciens compagnons ou des contemporains politiques du Général de Gaulle… Alors, ils ont plus défendu les intérêts de  la France en Afrique, plutôt que des intérêts communs de la France et de l’Afrique. Cela a créé un divorce entre les jeunes générations arrivées au pouvoir dans les années 2000 et la France chiraquienne. Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire ne dit pas autre chose : « laissez-nous diriger nos pays, et développer nos économies pour l’intérêt de nos peuples ». C’est le minimum. Quel que soit le candidat auquel les Français donneront les clés de leur avenir pour les cinq prochaines années, ce sera un homme ou une femme – parmi les trois en tête des sondages- issu de nouvelles générations, débarrassé des « réseaux occultes » qui ont fait la pluie et le beau temps en Afrique. Il rencontrera des dirigeants africains plus jeunes –sauf au Gabon et au Sénégal- , connaissant le Monde économique et industriel pour avoir vécu en Occident pour la plupart, portant en eux la rage de la réussite et soucieux d’atteler leurs pays au grand train de la mondialisation. Les constitutions ont été nettoyées, l’administration est devenue plus performante, la gestion des finances publique gagne plusieurs points dans les efforts de transparence, les infrastructures commencent à montrer un petit visage de développement…  La nouvelle Afrique est en marche, avec ses famines, avec son SIDA, avec ses guerres tribales, etc... Mais les jeunes générations sont déterminées à réussir les paris du développement. Et ils sont prêts à se mobiliser avec le bailleur de fonds « crédible » et attentif à leurs attentes. La Chine l’a bien compris et a réussi le « grand coup politique » en se ralliant les 48 chefs d’État et de gouvernement à Pékin pour proposer son modèle de coopération au développement.Dans la nouvelle configuration du pouvoir après le 6 mai 2007, la France devra inaugurer une nouvelle façon de vivre avec les Africains. Plusieurs pistes peuvent être proposées :1°) Les noirs de France ont ouvert la porte au pouvoir en créant une organisation, le CRAN (Conseil Représentatif des Associations de Noirs en France) qui ne nie pas les liens entre l’Afrique et la France, mais qui se présente comme une organisation d’hommes et de femmes murs, soucieux d’être reconnus comme des contributeurs au développement de la France et de l’Afrique. Ils luttent contre les discriminations que leurs grands frères et leurs parents ont subi en courbant l’échine, conquérir la diversité car un français noir, blanc, beur… est d’abord un Français et devrait être reçu en tant que tel. Nicolas Sarkozy l’a compris ainsi et y a répondu par des faits concrets. Les autres leaders se contentent des grandes déclarations que nous connaissons depuis 1789 sans aucun effet.2°) Les relations entre la France et les pays africains ne reposent pas seulement sur les flux migratoires. Certes il faudra indiquer aux Africains candidats à l’immigration que le France n’est pas l’eldorado dont ils rêvent mais surtout engager d’autres politiques de développement sur le continent. Il n’y aura pas d’arrêt de flux migratoires sans une espérance de meilleure vie en Afrique.3°) L’Afrique entre dans la mondialisation comme le reste du monde. Les relations « parent-enfants » entre la France et les États africains devront céder de nouveaux types d’approche « gagnant-gagnant » autour du « Business ». La France investit en Afrique comme elle investit dans d’autres pays du monde pour sa croissance. Mais aussi les opérateurs économiques africains vont devoir montrer leurs talents et investir en Europe et en France comme le font les indiens, les brésiliens, les chinois, les coréens…4°) La France devra responsabiliser les dirigeants africains sur leur gestion publique. Elle n’a plus les moyens financiers de continuer à payer les fonctionnaires de certains pays africains des pays en faillite. Donc, elle devra agir, comme le ferait n’importe quel investisseur ou bailleur de fonds : le contrôle de l’utilisation des finances. C’est à travers cette nouvelle donne que les relations s’assainiront, que la confiance reviendra entre les dirigeants africains et les dirigeants français. Jacques Chirac ferme la porte des anciennes pratiques « occultes » de la France en Afrique, la Nouvelle Afrique dans de nouvelles relations avec la France va renaître. Il dépend de nous tous de réussir ce pari.

Par Emmanuel Nkunzumwami
Auteur de « La Nouvelle Dynamique Politique en France »,
Editions L’Harmattan, Paris, Décembre 2007.

Depuis les temps coloniaux, la France et d’autres puissances coloniales européennes sur le Continent Africain (je ne l’appelle pas le continent NOIR, comme je n’appelle pas un pays : Blanc ! De plus, il n’y a pas eu que des noirs colonisés, sinon, que deviennent nos amis de l’Afrique du Nord ?), avaient gardé des relations « père-fils » ou « mère-fille » avec les pays nouvellement accédant à l’indépendance. Certains, considérant que les africains n’avaient pas vocation à se prendre en charge, car trop peu aptes à ces tâches difficiles que d’administrer leur propres territoires, avaient omis de les envoyer à l’école. Aussi de nombreux pays ont accédé à l’indépendance sans cadres nationaux pour prendre la suite des opérations… Alors dans la hâte, il fallait constituer un gouvernement, trouver un président, dénicher les quelques « lettrés » pour administrer les provinces, trouver quelques anciens instituteurs pour en faire des juges, des infirmiers envoyés en formation accélérée pour se munir de médecins, etc… L’Afrique a été construite à la hâte, après les indépendances. Il fallait faire avec ce que l’on avait sous la main, à ce moment-là et dans cet espace-là !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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