LE FRONT NATIONAL MET LA PRESSION DANS LES ELECTIONS REGIONALES DU NORD-PAS DE CALAIS-PICADIE.
13 nov. 2015Article du Courrier picard, Publié le 12/11/2015
En évoquant une possible fusion des listes droite-gauche au second tour des régionales face à Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais/Picardie, Manuel Valls a mis dans l’embarras, voire mécontenté, son camp et a ravi le FN.
Derrière l’idée du Premier ministre, l’inquiétude que même un retrait du PS et de sa tête de liste Pierre de Saintignon — ou de Xavier Bertrand (Les Républicains) — ne suffise à empêcher la victoire de Marine Le Pen dans cette région.
«Il y en a assez d’une forme de cynisme, d’hypocrisie, de faire comme si cette question ne se posait pas. Elle se posera au soir du premier tour pour chacun», droite comme gauche, a déclaré jeudi après-midi M. Valls, en tentant de répondre à la controverse. Ecarter cette «hypothèse» revient à «mentir aux Français», selon lui. L’hypothèse, formulée en privé mardi devant des journalistes, a suscité réserves ou vives critiques à gauche.
«Je n’ai pas l’habitude de mettre mon caleçon après mon pantalon »
A commencer par le principal intéressé, Pierre de Saintignon, qui a lancé au Premier ministre un «stop» aux «petites phrases». «De grâce, laissons-nous travailler, laissons-nous agir auprès de nos concitoyens, et puis cessons ces petites phrases qui jettent le trouble et qui nuisent à notre campagne. Donc, assez, stop!» «Je n’ai pas l’habitude de mettre mon caleçon après mon pantalon. Il faut faire les choses dans l’ordre (...) J’appelle l’ensemble des socialistes à se concentrer sur le premier tour. Tous les socialistes!» a lâché le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, pour qui «trop de confidences nuit à la cohérence».
Le président de l’Assemblée nationale et tête de liste en Ile-de-France Claude Bartolone a lui appelé à ne pas entretenir de «confusion». «C’est le projet, c’est la clarté qui sauve la gauche», a-t-il estimé. Pour Cécile Duflot (EELV), «c’est se tirer des balles dans le pied». La secrétaire nationale du parti écologiste, Emmanuelle Cosse, renchérit, y voyant «de l’impuissance».
Certains à gauche ont timidement défendu la position de M. Valls, notamment à l’aile droite des «réformateurs» (Jean-Marie Le Guen, Christophe Caresche) ou encore Jean-Vincent Placé (Union des écologistes). D’autres y voient une tentative de canaliser le débat pour éviter 48 heures de déchirement après les résultats du 6 décembre. «Il essaie d’éviter l’éparpillement des discours au soir du premier tour. Il préempte le débat», note un ministre.
Satisfaction du FN
A droite, M. Valls s’est vu, sans surprise, opposer une fin de non-recevoir. La fusion «n’a aucun sens» et «c’est la meilleure façon de faire monter le FN encore un peu plus», a réagi François Fillon (Les Républicains). Autour de Xavier Bertrand, candidat LR face à Marine Le Pen, on juge que Manuel Valls ne sait «plus quoi inventer pour maquiller la défaite annoncée du PS». A l’inverse, c’était la satisfaction du côté du FN et de Marine Le Pen: «L’+UMPS+ est né dans la bouche de Manuel Valls et le sera dans les faits entre les deux tours en décembre», a-t-elle affirmé. «Je suis très heureuse. Il y aura d’un côté les patriotes et de l’autre l’UMPS décomplexé.» «Nous quitterions enfin l’imposture du faux clivage gauche-droite pour aller vers le vrai clivage, celui qui oppose patriotes et mondialistes», selon le FN.
Un retour à une forme de bipolarisation après la présidentielle de 2017, qui mettrait un terme à l’épisode actuel du tripartisme PS/FN/Les Républicains? Rêvée au FN, cette hypothèse fait aussi son chemin du côté du Premier ministre, qui avait avancé l’an dernier l’idée d’une «maison commune des progressistes» et évoque régulièrement dans ses discours deux «blocs», l’un «républicain», l’autre «réactionnaire». Une telle fusion n’accréditerait-elle pas «l’UMPS» dénoncé par le Front national? «Je ne rentre pas du tout dans ce langage. Précisément, à un moment, face au FN, il faut assumer», juge Manuel Valls.
Le président Hollande, en déplacement à Malte, a pris soin de ne pas rentrer dans ce débat. «Ce sont les partis qui doivent s’organiser par rapport à ces enjeux», a-t-il éludé en conférence de presse.
Le Courrier Picard.
Cet article du Courrier Picard résume la pression que met le Front national dans les élections régionales, autant dans la région Nord-Pas de Calais-Picardie que dans la Champagne-Ardenne-Lorraine-Alsace, et la Provence-Alpes Côte d'Azur.
Pour mieux comprendre la situation réelle dans le Nord-Pas de Calais-Picardie, les livres-documents de campagne sont à la disposition des candidats, des citoyens, des chercheurs et des acteurs politiques et économiques de la Région.