Le chômage devient un problème prioritaire, au même titre que la recherche des solutions pour relancer la croissance économique en France. Au début de cette nouvelle année 2015, le niveau de chômage dans chaque département sera un élément central au coeur de la campagne pour les élections départementales des 22 et 29 mars 2015.

     En effet, la France présente un chômage en pleine croissance continue, avec 3.496.400 demandeurs d'emploi au 31 décembre 2014 ; soit une augmentation de +5,7% de personnes par rapport à 2013 à la même date, pour les chômeurs de catégorie A (ceux qui n'ont exercé aucune activité dans le mois). Mais si l’on y ajoute les personnes ayant eu une activité très réduite de quelques heures dans le mois de décembre, comme les recensements effectués tout au long de l’année 2014, ce nombre s’élève à 5.218.200 demandeurs d'emplois inscrits à Pôle Emploi en France métropolitaine. Nul doute que le nombre réel de chômeurs, y compris ceux qui ont abandonné la recherche d'emploi et ceux qui ont été rayés pour défaut de présentation, est bien supérieur à ce chiffre. Et si l’on y ajoute les chômeurs des mêmes catégories en France d’Outre-mer, ce nombre passe à 5.521.200 personnes en recherche d’emploi (soit une augmentation de 6,4%).

     En un an, pour des personnes sans aucune activité, le chômage croît moins vite sur la catégorie de jeunes de moins de 25 ans (avec +1,7%), mais il se rattrape sur les personnes entre 25 et 50 ans avec +5,1% et surtout auprès des seniors de plus de 50 ans où l’évolution atteint +10,4% de plus de chômeurs en un an. Néanmoins et globalement, le chômage des jeunes de moins de 25 ans reste élevé à 23,7% de cette catégorie, alors qu’il s'établit à 9,3% pour les catégories de 25 à 50 ans, et à 6,7% pour les séniors de plus de 50 ans. Il sera alors difficile de rattraper les niveaux des taux d’activité des séniors de plus de 50 ans connus dans les pays de l’Europe du nord. Il y a une réelle fracture entre l'Europe du nord (de la culture anglo-saxone, germanique ou scandinave) et l'Europe du sud. La France en constitue la ligne de séparation. Entre l'arrivée de la gauche au pouvoir en mai 2012 et la situation en décembre 2014, le nombre de demandeurs d'emploi s'est accru de +574.000 chômeurs de plus.

     La situation par département indique les territoires de forte fragilité en France. Nous avions fait une corrélation entre les évolutions du chômage de longue durée et le vote en faveur du Front national aux dernières élections européennes du 25 mai 2014. Les échéances départementales et régionales pourront confirmer cette tendance qui mesure également le niveau de désespérance des Français (cf. "La conquête de l’extrême droite en France", Editions L’Harmattan, 2014). Les données suivantes indiquent ces zones de fracture économique par l’emploi. En décembre 2014, le Nord, Paris et les Bouches-du-Rhône restent les trois départements qui comptent le plus de demandeurs d'emploi de catégorie A en France. Le tableau ci-dessous présente les situations variées dans les départements selon le nombre de chômeurs recensés en fin 2014, et les comparaisons des taux de chômage entre le 3e trimestre 2013 et le 3e trimestre 2014. La dernière colonne indique l'évolution de ces taux de chômage dans chaque département.

    chômeurs A  
  Département Effectif
4eT 2014
3e trimestre
 2014
3e trimestre
 2013
Evolution
1 Pyrénées-Orientales 37 200 15,5 14,9 0,6
2 Hérault 87 200 14,5 14,5 0,0
3 Gard 54 600 14,2 13,8 0,4
4 Aude 26 500 14,1 13,9 0,2
5 Aisne 37 200 14,0 14,2 -0,2
6 Pas-de-Calais 92 800 13,0 13,3 -0,3
7 Seine-Saint-Denis 118 200 13,0 12,7 0,3
8 Nord 173 500 12,8 13,1 -0,3
9 Vaucluse 40 100 12,8 12,7 0,1
10 Ariège 9 700 12,4 12,5 -0,1
11 Aube 20 200 12,3 11,7 0,6
12 Ardennes 17 900 12,1 12,4 -0,3
13 Alpes-de-Haute-Provence 10 400 12,0 11,7 0,3
14 Bouches-du-Rhône 135 000 12,0 12,0 0,0
15 Vosges 22 400 11,9 11,8 0,1
16 Somme 33 600 11,8 12,1 -0,3
17 Territoire de Belfort 8 800 11,7 11,6 0,1
18 Haute-Pyrénées 14 400 11,6 11,5 0,1
19 Var 66 700 11,4 11,1 0,3
20 Tarn-et-Garonne 15 700 11,2 11,2 0,0
21 Haute-Corse 11 100 11,1 10,6 0,5
22 Seine-Maritime 72 800 11,1 11,2 -0,1
23 Tarn  21 200 11,1 10,9 0,2
24 Drôme 30 800 11,0 10,9 0,1
25 Charente-Maritime 36 400 10,8 10,8 0,0
26 Dordogne 23 000 10,8 10,8 0,0
27 Moselle 60 200 10,7 10,7 0,0
28 Allier 18 300 10,6 10,3 0,3
29 Alpes-Maritimes 72 200 10,6 10,3 0,3
30 Ardèche 18 500 10,6 10,7 -0,1
31 Eure 32 700 10,5 10,6 -0,1
32 Haute-Garonne 81 600 10,4 10,1 0,3
33 Cher 16 500 10,3 10,4 -0,1
34 Charente 18 700 10,2 10,2 0,0
35 Gironde 91 200 10,1 9,9 0,2
36 Haute-Saône 12 500 10,1 10,0 0,1
37 Lot-et-Garonne 17 700 10,1 10,2 -0,1
38 Meuse 9 900 10,1 10,4 -0,3
39 Val-d'Oise 71 100 10,1 9,9 0,2
40 Loire 39 300 10,0 10,0 0,0
41 Marne 30 700 10,0 10,1 -0,1
42 Meurthe-et-Moselle 38 500 10,0 10,0 0,0
43 Oise 44 500 10,0 10,2 -0,2
44 Calvados 36 800 9,9 9,7 0,2
45 Loiret 36 600 9,8 9,6 0,2
46 Haut-Rhin 41 700 9,8 9,9 -0,1
47 Sarthe 29 100 9,8 9,7 0,1
48 Creuse 5 600 9,7 10,0 -0,3
49 Haute-Vienne 18 100 9,7 9,7 0,0
50 Yonne 17 200 9,7 9,9 -0,2
51 Eure-et-Loir 22 500 9,6 9,5 0,1
52 Haute-Marne 9 200 9,6 9,7 -0,1
53 Landes 21 900 9,6 9,6 0,0
54 Indre 10 800 9,5 9,3 0,2
55 Lot 8 400 9,5 9,6 -0,1
56 Corse du sud 9 900 9,4 9,1 0,3
57 Morbihan 36 700 9,4 9,3 0,1
58 Nièvre 9 500 9,4 9,7 -0,3
59 Orne 13 100 9,4 9,4 0,0
60 Doubs 27 900 9,3 9,2 0,1
61 Maine-et-Loire 41 000 9,3 9,2 0,1
62 Hautes-Alpes 6 700 9,2 9,2 0,0
63 Rhône 95 400 9,2 9,2 0,0
64 Saone-et-Loire 26 000 9,2 9,3 -0,1
65 Côte-d'Armor 28 200 9,1 9,0 0,1
66 Indre-et-Loire 30 400 9,1 8,9 0,2
67 Finistère 44 600 9,0 9,0 0,0
68 Loir-et-Cher 15 900 9,0 9,0 0,0
69 Val-de-Marne 73 400 8,9 8,6 0,3
70 Bas-Rhin 56 400 8,8 8,7 0,1
71 Puy-de-Dôme 31 200 8,7 8,6 0,1
72 Pyrénées-Atlantiques 32 700 8,7 8,6 0,1
73 Loire-Atlantique 66 500 8,6 8,5 0,1
74 Haute-Loire 9 700 8,5 8,4 0,1
75 Manche 21 100 8,5 8,5 0,0
76 Vendée 31 500 8,5 8,5 0,0
77 Côte-d'Or 25 300 8,4 8,5 -0,1
78 Vienne 19 100 8,4 8,3 0,1
79 Isère 57 200 8,3 8,3 0,0
80 Paris 132 300 8,3 8,2 0,1
81 Gers 8 100 8,1 8,0 0,1
82 Seine-et-Marne 64 900 8,1 8,0 0,1
83 Corrèze 10 400 8,0 8,0 0,0
84 Ille-et-Villaine 45 600 8,0 8,0 0,0
85 Savoie 18 000 7,9 7,7 0,2
86 Hauts-de-Seine 79 800 7,8 7,7 0,1
87 Deux-Sèvres 15 800 7,6 7,7 -0,1
88 Jura 10 600 7,6 7,5 0,1
89 Essonne 55 900 7,5 7,4 0,1
90 Haute-Savoie 35 900 7,5 7,4 0,1
91 Aveyron 10 500 7,4 7,6 -0,2
92 Yvelines 62 200 7,3 7,1 0,2
93 Ain 25 500 7,1 7,1 0,0
94 Mayenne 11 000 6,7 6,8 -0,1
95 Cantal 5 000 6,5 6,7 -0,2
96 Lozère 2 700 5,9 6,0 -0,1

(Sources : INSEE et DARES. Traitement et présentation : Emmanuel Nkunzumwami)

 

     En décembre 2014, c’est dans la Lozère que le nombre de chômeurs de catégorie A a le plus progressé sur un mois (+3,8% par rapport à novembre 2014). A l’inverse, les Hautes-Alpes enregistrent la plus forte baisse du nombre de demandeurs d'emploi : -22,1% entre novembre et décembre 2014. Le tourisme hivernal a dû contribuer significativement à cette décrue.

     Mais, c’est dans le département du Nord que les chômeurs de catégorie A sont les plus nombreux, malgré une légère baisse de -1,1% en décembre par rapport à novembre 2014. Ils sont 173.500 en décembre 2014, soit 2.000 de moins qu’en novembre. Le deuxième département dans lequel le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité est le plus élevé, reste les Bouches-du-Rhône. Mais dans ce département également, le nombre d’inscrits diminue légèrement par rapport à novembre (-0,3%), à 135.000 personnes, soit 400 chômeurs de moins. Dans ce peloton de tête des situations très dégradées de l’emploi, Paris reste sur la troisième marche du podium  avec 132.300 inscrits recensés en fin décembre (-0,5% sur un mois). Entre le troisème trimestre de 2013 et le troisième trimestre de 2014, rares sont les départements dont la décrue excède -0,1 point et cet effort plafonne à -0,3 point dans le Pas-de-Calais, le Nord, les Ardennes, la Somme, la Meuse, la Creuse et la Nièvre.

     Parmi les départements les moins peuplés de l’hexagone : la Lozère, le Cantal et la Creuse restent les territoires qui comptabilisent le moins de chômeurs. Sur un mois, leur nombre augmente toutefois de 3,8% dans le premier et de 1,8% dans le dernier, mais le niveau reste stable dans le Cantal. Tous départements confondus, le taux de chômage pour la catégorie A atteint 10,4% à la fin de 2014. De l’avis général des experts, ce taux restera en croissance en 2015, aussi longtemps que la France n’aura pas retrouvé une croissance économique qui génère suffisamment d’activité pour résorber une partie des chômeurs et des jeunes primo-arrivants sur le marché de l’emploi. Le gouvernement a alors l'impérieux devoir de s'y attaquer et en faire toujours son objectif majeur. Nul doute que la dégradation de cet indicateur macro-économique s’invitera dans les campagnes électorales de mars et de décembre 2015, et qu’il sera exploité par toutes les formations d’extrême gauche et d’extrême droite contre les partis de gouvernement.

 

Emmanuel Nkunzumwami

Auteur Essayiste

"La conquête de l'extrême droite en France", Editions L'Harmattan, 2014.

Emmanuel Nkunzumwami est l'auteur de "Le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation" et de "La Conquête de l'extrême droite en France".
Emmanuel Nkunzumwami est l'auteur de "Le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation" et de "La Conquête de l'extrême droite en France".
Emmanuel Nkunzumwami est l'auteur de "Le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation" et de "La Conquête de l'extrême droite en France".

Emmanuel Nkunzumwami est l'auteur de "Le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation" et de "La Conquête de l'extrême droite en France".

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