Le premier ministre Manuel Valls admet, lors de son interview sur France 2 ce mardi 26 août 2014 : « Ils ne peuvent pas être bons, ils seront même négatifs, avec le niveau de croissance que nous avons ». Tout analyste économique reconnaît que sans la croissance économique entraînée par l’accroissement de l’activité, et donc de la création des emplois correspondants, il ne peut pas y avoir baisse du chômage.  Les problèmes structurels de la France se concentrent sur la dette publique abyssale de plus 2040 milliards d’euros, le déficit budgétaire chronique de près de 4,4% de la richesse nationale, elle-même en baisse en valeur réelle, une croissance réelle inexistante (nulle depuis 2013) et probablement négative en 2014, et un chômage croissant (plus de 11% des personnes actives aujourd’hui).


Le chômage devrait donc connaître un neuvième mois consécutif de hausse. En juin, il a atteint un ancien record avec 3,398 millions de demandeurs sans activité en métropole. Outre-mer et activité réduite incluses, le chiffre culmine à 5,34 millions sur l’ensemble de la France. La publication des chiffres de juillet survient dans un contexte politique volcanique. Manuel Valls a dû former une nouvelle équipe mardi 26 août 2014, après les attaques du désormais ex-ministre de l’Economie Arnaud Montebourg contre la politique économique du gouvernement, dont il faisait néanmoins partie depuis l’entrée en fonction du Président François Hollande. La lutte contre le chômage reste la principale des priorités du nouvel exécutif, qui va miser sur le « Pacte de Responsabilité et de Solidarité » pour renouer avec la croissance et l’emploi, même si François Hollande a reconnu qu'il n’aurait d’effet « qu'à moyen terme ». Mais en attendant ce moyen terme, les chômeurs doivent vivre et espérer.
Le gouvernement compte sur plusieurs centaines de milliers de créations de postes en contrepartie des 40 milliards d’euros octroyés aux entreprises d’ici à 2017, en échange de négociations dans les branches professionnelles sur l’emploi, la formation et l’investissement. Mais ces contreparties sont, pour l’heure, bien maigres, puisque seules les industries chimiques sont parvenues à un accord chiffré.


Lundi, 25 août 2014, le ministre du travail François Rebsamen déclarait : « Il y a une urgence à agir, le pacte de responsabilité et de solidarité met du temps à infuser, il faut aller plus vite ». Il doit réunir le 10 septembre les 50 principales branches pour faire un premier bilan des contreparties.
 

De son côté, Manuel Valls est allé convaincre mercredi 27 août 2014, les chefs d’entreprises réunis à l'université d'été du Medef. Il a présenté quelques pistes  pour créer de l’emploi, notamment grâce au travail du dimanche ou à la réforme des seuils sociaux dans les entreprises.
Il revient aux chefs d’entreprises et aux dirigeants du secteur marchand en France de créer ces emplois qui continuent à faire défaut à la France. Il ne peut y avoir d’allègement des charges pesant sur les entreprises sans contrepartie sur la compétitivité sur les prix à l’international et de création des emplois par la hausse des activités en France.  Il n’est donc pas responsables de la part de son président Pierre Gattaz, de décréter sur RTL que le pacte, encore à l’état de « promesses », n'était « pas suffisant ». Mais, pour les véritables entrepreneurs, ayant sué pour fonder leurs entreprises, les négociations-coopérations avec les pouvoirs publics et les syndicats de salariés devraient déboucher sur l’augmentation de l’activité et donc de l’accroissement des emplois en contrepartie de l’effort de l’Etat de réduire très significativement les charges.


L’urgence pour le gouvernement est d’autant plus grande que les principaux voyants de l’économie sont au rouge. A commencer par la croissance, nulle depuis deux trimestres. L’exécutif a dû revoir ses prévisions à la baisse, à 0,5% cette année contre 1% initialement. Et même pour atteindre les 0,5%, il faudra une croissance conséquente d’au-moins 1% sur le 2ème semestre 2014 pour compenser le 1er semestre. Pour 2015, il ne s’attend pas à un chiffre « très supérieur » à 1%. Or pour beaucoup d’économistes, l’économie ne crée pas d'emplois en dessous de 1,5% de croissance annuelle. C’est une théorie à vérifier… car l’économie n’est pas une science exacte, mais un pacte de confiance. Constatons néanmoins que cette absence de croissance a, jusqu’à présent, neutralisé tous les dispositifs mis en place par le gouvernement : emplois d’avenir, contrats de génération, contrats aidés, plan de formation pour les chômeurs, loi de sécurisation de l’emploi...

Les chômeurs seniors (+11,5% sur un an) et de longue durée (+9,8%) sont frappés de plein fouet. Face à cette explosion, François Hollande a confirmé début juillet les grandes lignes d’un « plan seniors » et érigé la lutte contre le chômage de longue durée en « cause nationale », sans toutefois annoncer de nouvelles mesures. Il faudrait dire que le « chômage » est le « cancer de la société française » depuis 1980…

A l’autre bout de la pyramide des âges, la décrue observée chez les Jeunes entre avril et octobre 2013 (-3,4%) a laissé place à une stagnation depuis huit mois (-0,2%). Pour ce public, le gouvernement mise sur l’alternance.  M. Hollande doit présider en septembre une réunion pour « lever tous les obstacles » à l'apprentissage, avec pour objectif 500.000 apprentis en 2017. C’est une demande que nous formulons depuis de nombreuses années : alternance et apprentissage pour les Jeunes pour les préparer à l’adaptation aux emplois disponibles. Cette idée a toujours été combattue par les Socialistes et les Communistes qui trouvaient dans le dispositif un motif d’exploitation des Jeunes par les Patrons. Aujourd’hui, c’est toute la société française qui est perdante par l’attachement à des idéologies destructrices de la gauche radicale. Les ambitions, le travail et les efforts pour réussir sont des valeurs nobles de l’homme…


Malgré ces efforts, aucun organisme international ne prévoit de baisse du chômage avant, au mieux, 2015. Le FMI repousse même la perspective à 2016.
Les Français sont, eux, tout aussi pessimistes, selon un récent sondage Ifop-JDD : 85% d’entre eux ne font pas confiance à l’Exécutif pour obtenir des « résultats concrets » contre le chômage. Et c’est pourtant vers ces résultats qu’il faut se diriger pour éviter l’ascension permanente de l’extrême droite en France.

 

Emmanuel Nkunzumwami

Analyste politique et économique

La Montée de l'Extrême droite en France, Editions L'Harmattan, 2012.

La Montée de l'Extrême droite en France, Editions L'Harmattan, 2012.

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