Le dévoilement des stèles des généraux Jean Crépin et Jacques de Guillebon,   compagnons de libération aux côtés du maréchal Leclerc de Hauteclocque, Place René Goblet à Amiens, samedi 25 mars 2023 a réuni plusieurs élus de la Somme et de la commune d'Amiens, les présidents des associations mémorielles, les représentants de l'Armée et de l'Etat, avec de nombreux habitants venus de tout le département de la Somme.  L'initiative de cette cérémonie revient au président de l'Association départementale des Anciens de la 2e DB - Division Leclerc.

     Enfin, trois généraux picards réunis à cette place du symbole fort de la résistance française et où l'on apercevait déjà la statue du général Leclerc de Hauteclocque, compagnon de libération du général de Gaulle, commandant de la 2e Division Blindée, élevé au rang de maréchal de France à titre posthume, le 23 août 1952.

     Le général Philippe Leclerc de Hauteclocque est né le 22 novembre 1902 à Belloy-Saint-Léonard, dans le département de la Somme. Il est décédé le 28 novembre 1947 (à 45 ans), à Colomb-Béchar, en Algérie.  Après le Lycée Sainte-Geneviève de Versailles, il est admis à l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Il termine à l'Ecole d'application de la Cavalerie de Saumur en 1925. Commandant la 2e DB, il a combattu pendant la Seconde Guerre mondiale : bataille de France, campagne du Gabon, bataille de Koufra, bataille de Normandie, libération de Paris, libération de Strasbourg. Il est fait prisonnier en 1940 et s'évade pour rejoindre l'Angleterre. Il y rejoint le général de Gaulle et prend alors le nom de guerre de "Leclerc". Le général de Gaulle lui confie la mission de rejoindre l'Afrique Equatoriale française. Avec ses troupes du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, il remonte vers la Libye et dirige les opérations à Mourzouk et l'oasis de Koufra. Il poursuit ses combats dans le Maghreb jusqu'au Maroc. Puis son unité prend part à la bataille de Normandie, et devient la première unité française à entrer dans Paris lors de sa libération. L'unité de la 2e DB du général Leclerc libère Strasbourg le 23 novembre 1943.

     A ses côtés se trouvent désormais les stèles en hommage au général Jean Crétin et au général Jacques de Guillebon.
Le général Jean Crépin est né le 1er septembre 1908 à Bernaville, dans le département de la Somme. Il est mort le 4 mai 1996 à Achères-la-Forêt, en Seine-et-Marne. Ancien élève de l'Ecole Polytechnique (promotion 1928), il s'oriente vers l'artillerie coloniale. Il est commandant en chef de la Division Blindée et bras droit du général Leclerc pendant la Seconde Guerre mondiale. Il était déjà capitaine dans l'artillerie coloniale à Manoka au Cameroun en 1938. Il rejoint les FFL en août 1940 à la demande de Philippe Leclerc. Il est nommé à la tête de l'artillerie divisionnaire de la 2e DB en début 1944 et débarque en France le 2 août 1944, et joue un rôle capital dans la libération de Paris. Grand Artilleur, il se distingue à Nieferhoff et à Saint-Quirin. En novembre 1944, il devient l'un des principaux artisans de la libération de Strasbourg. Avec la 2e DB, il poursuit les combats jusqu'à Berchtesgaden, la résidence d'Adolf Hitler en Allemagne. Il termine la Seconde Guerre mondiale avec le grade de colonel. En 1960, il est Commandant en chef en Algérie, et en 1961 il est nommé Commandant des forces françaises en Allemagne. Général d'armée, il est ensuite Commandant en chef des forces allées du secteur  Centre-Europe de l'OTAN de 1963 à 1966. Il est PDG de Nord-Aviation en 1967 et membre du Conseil Supérieur de Guerre. Il devient président d'Euromissile en 1970. Il est titulaire de plusieurs distinctions et décorations, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Etats-Unis.

     Le général  Jacques de Guillebon est né le 13 octobre 1909 à Luneville dans le département de Meurthe-et-Moselle et il est mort le 25 février 1985 à Paris. Ancien élève de l'Ecole Polytechnique (promotion 1930), il rejoint la Côte française des Somalis en 1935, puis le régiment des Tirailleurs sénégalais du Tchad en Afrique-Equatoriale française en 1939. Il rallie le territoire du Tchad à la France Libre le 26 août 1940 et il est condamné à mort pour "atteinte à la Sûreté  extérieure de l'Etat" par le tribunal militaire de Riom sous les ordre de Vichy (maréchal Philippe Pétin). Nommé compagnon de la Libération en 1941, il est promu commandant de l'artillerie du Tchad en 1942, puis chef de la colonne Leclerc en novembre 1942. Il participe à la campagne de Tunisie. Sous-chef d'Etat-major de la 2e DB, il rejoint la Grande-Bretagne en avril 1944, et il débarque en Normandie le 1er août 1944. Il est envoyé par le général Philippe Leclerc à Versailles pour tester la résistance des troupes allemandes le 21 août 1944. Il convainc le général Eisenhower que Paris est prenable, et participe parmi les premières troupes de la 2e DB à la Libération de Paris. En septembre 1944, il se distingue dans la campagne de Champagne, puis dans le Marne et la Meurthe-et-Moselle. Il entre dans Strasbourg avec un bataillon américain par le pont de l'Ill.  Il termine la Seconde Guerre mondiale à Berchtesgaden où il fait flotter le drapeau français sur le chalet d'Adolf Hitler. Il a été attaché militaire à Berne (Suisse) de 1948 à 1951. Il a commandé l'Ecole Polytechnique de 1957 à 1959. Il est nommé membre du conseil de l'Ordre de la Libération en 1958. Général de corps d'armée en 1962, il est directeur de l'Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN) et du Centre des Hautes Etudes Militaires (CHEM) de 1966 à 1969. Le général Jacques de Guillebon est titulaire de plusieurs distinctions et décorations.

     Les deux stèles en leur hommage, dévoilées samedi 25 mars 2023, sont placées de part et d'autre de l'immense statue du général Leclerc, place René Goblet à Amiens.

Emmanuel Nkunzumwami
Ecrivain-Essayiste

 

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