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L’Accès à l’électricité est l’un des piliers indispensables au développement en Afrique. L’énergie est transverse à tous les piliers du développement, qu’elle alimente et irrigue pour les consolider. C’est un accélérateur du progrès économique, social et du niveau de vie.

     Les experts de l’économie du monde ont pris l’habitude de le répartir en différents groupes selon les niveaux de revenus des habitants, le poids économique des pays, les différentes composantes du développement, etc. Les pays industrialisés historiques sont ainsi classés car leur développement a été construit sur la base de leur puissance industrielle. Les progrès techniques, les inventions technologiques, les connaissances de la médecine conventionnelle, et les nouvelles technologies de la communication et de l’information renforcent cette avance industrielle et ses retombées sur le revenu des habitants.
 

Les pays industrialisés historiques

     Dans les pays industrialisés historiques, tous les piliers du développement ont été consolidés depuis plusieurs décennies. En Europe, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la paix a été l’une des motivations premières, en plus des industries de production des matériaux de construction et des sources d’énergie à base du charbon, dans la formation de la Communauté économique européenne. Il n’y a donc pas de développement économique et social sans distribution de l’énergie dans tout le pays, afin de permettre à chaque habitation et chaque lieu d’échange économique d’accéder à l’électricité, au gaz ou au produit d’origine pétrolière pour tous les usages. Dans ces pays industrialisés historiques, l’accès à l’énergie est donc garanti à 100% à tous les habitants, autant dans les habitations que dans tous les lieux de production et d’échange économique. Dès lors, tous les progrès se sont articulés autour de l’énergie : l’agriculture s’est mécanisée grâce aux machines et au pétrole, pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et l’alimentation abondante de qualité ; la sécurité médico-sanitaire s’est développée avec les équipements médicaux électroniques et les installations médicales complexes grâce à l’électricité ; la santé publique s’est améliorée grâce à l’énergie pour la production, le transport, le traitement et la distribution de l’eau potable. L’hygiène publique défaillante, jadis responsable des épidémies de peste et de choléra, s’est considérablement améliorée grâce à la collecte et au traitement des déchets. Les transports et les moyens de communication ont connu des progrès considérables grâce l’accélération dans le passage de la machine à vapeur sous la combustion du charbon à la traction électrique des motrices, à l’aviation, à l’automobile et à la téléphonie sous alimentation électrique ou de produits d’énergie d’origine pétrolière. Les transports collectifs urbains se sont développés avec les métros, les tramways et les trains des réseaux express régionaux, grâce à la traction électrique. Pour ces équipements, il faut de l’électricité en permanence.  Lusage intensif de lélectricité est à la base de très nombreuses évolutions, notamment dans le fonctionnement des usines des transformations industrielles modernes pour le confort de notre vie quotidienne. Aujourd’hui, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, ainsi que les moyens de transport à grande vitesse, exploitent les progrès de l’électricité. L’éducation, la formation professionnelle, la recherche et l’innovation technologique, tous les outils de transmission du savoir et du savoir-faire, exploitent l’énergie électrique. Il est inimaginable qu’une unité de transformation industrielle, quels que soient les produits traités, puissent tourner sans électricité. C’est la maîtrise de l’énergie qui a relancé les progrès dans les pays les plus industrialisés du monde, tout au long du XXe siècle. Létude suivante présente des situations extrêmement variées, comparant les pays industrialisés historiques, les pays industrialisés émergents et les pays africains.

     Nous distinguons le groupe des sept pays (G7) représentant l’ensemble des pays industrialisés historiques, majoritairement situés en Amérique du Nord et en Europe Occidentale, auxquelles s’ajoute le Japon, qui sont caractérisés par la maîtrise et l’appropriation plus anciennes de l’énergie. Le groupe du G7 est présenté dans le tableau ci-dessous. En 1990, le taux de distribution de l’électricité avait déjà atteint 100% des habitants de ces pays.

    Mais, ces pays ne représentent que 765,6 millions d’habitants, soit 10,2% de la population mondiale en 2017. Même si l’on prenait tout l’ensemble de l’Union européenne, la Suisse, l’Amérique du nord et le Japon, la population atteint 1.009,20 millions d’habitants, soit une petite proportion de 13,4% de la population du monde. S’agissant des sept pays du G7, le niveau du progrès des pays permet un revenu moyen en parité de pouvoir d’achat variant entre 39.426,94$ par habitant en Italie et 59.531,66$ pour les Américains. Mais, pour distribuer le progrès, ces pays ont réduit le rythme de croissance de leurs populations ; celles-ci ont été multipliées entre  1,14 fois en Allemagne et 2,05 fois au Canada, soit respectivement une moyenne de croissance entre 0,2% et 1,3% par an, entre les années 1960 et 2017. Représentant les pays les plus riches du monde, l’on pourrait établir le référentiel du développement économique et social dans ces pays. Mais alors, le niveau de l’évolution démographique se comparerait à celui du Canada, pour une croissance démographique optimale entre 2,0% et 2,5% de la population des pays candidats à l'émergence économique. Le rattrapage des populations perdues au cours de l’histoire des diverses tragédies en Afrique a déjà eu lieu. Pour la suite, le développement économique et social a un coût que les pays et leurs dirigeants doivent expliquer et assumer. 

Les principaux pays industrialisés émergents

     Les pays industrialisés émergents peuvent alors être comparés aux pays industrialisés historiques dans la distribution de l’énergie et le niveau de développement atteint, mesuré par le revenu moyen en parité de pouvoir d’achat. Les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), constituent un groupe de tête de ces nouveaux concurrents des pays les plus industrialisés historiques. Ce sont « les principaux pays industrialisés émergents ». De plus, ils ont le bénéfice de la population, une forte base de clientèle potentielle. Ils comptent deux pays les plus peuplés du monde, la Chine et l’Inde. Ils contribuent, avec 3.079,36 millions d’habitants, à peupler la terre à hauteur de 40,9% de sa population. Cependant, grâce à cette immense main-d’œuvre à bon marché pour mobiliser les forces en vue du développement et malgré les difficultés à répondre aux besoins individuels des habitants, les pays industrialisés émergents s’appuient sur la démocratisation de l’accès à l’énergie pour accroître la puissance de leurs économies industrielles. Ils profitent ainsi du réel ralentissement obtenu de la croissance démographique, afin de répondre plus rapidement et plus efficacement à la demande sociale. L’Inde y est associée pour sa puissance économique globale, qui lui permet de se hisser au 6e rang mondial, devant la France et l’Italie, depuis 2017.

     La Russie, la Chine et le Brésil ont atteint une distribution de l’énergie à 100% de leurs populations respectives. Aussi, ils affichent un revenu moyen par habitant de 15.483,54$ pour le Brésil à 25.533,00$ pour la Russie. Mais, c’est en Russie que la progression démographique a été la plus faible des BRIC, au niveau de l’Europe Occidentale, avec une multiplication par 1,21 en cinquante-sept ans (soit une croissance moyenne de 0,3% par an), alors que l’Inde est le seul pays des BRIC qui n’avait pas encore atteint une distribution de l’accès à l’électricité à 100% (soit un taux de 84,5%) en 2016. C’est alors également celui dont l’évolution démographique est la plus élevée avec un multiple de 3,0 de sa population en 2017 par rapport à 1960, et dont le revenu moyen de 7.055,55$ par habitant, en parité de pouvoir d’achat, est le plus faible du groupe, très loin derrière la Russie, et même la Chine (16.806,74$). L’impact de l’évolution démographique et de l’accès à l’énergie est donc perceptible en Inde. Cependant, c’est en raison de cette même puissance démographique, que désormais l’Inde est déjà devenue la 6e puissance économique du monde en 2017, devant la France et l’Italie qui font pourtant partie du G7 des pays les plus industrialisés du monde. Et c’est cette même puissance démographique, associée à une très forte base industrielle, qui confère à la Chine la 2e place dans l’économie mondiale, derrière les États-Unis d’Amérique. Il convient de rappeler que, en 2017, l’Inde et la Chine seules représentent 2.725,57 millions dans la population mondiale totale, soit plus du tiers des humains (36,2%). La population de chacun de ces deux grands pays est donc supérieure à celle du continent africain, ou encore plus de deux fois celle de l’ensemble de l’Europe.

Les nouveaux pays industrialisés émergents

     Les autres « nouveaux pays industrialisés émergents » sont représentés par les AMACITAS. Ils installent une forte concurrence avec les pays industrialisés historiques, et se battent en compétition frontale avec les BRIC, notamment dans la conquête des marchés occidentaux et l’accès aux ressources naturelles des pays économiquement en grandes difficultés, notamment en Afrique. En 2016, six de ces huit pays avaient déjà atteint 100% de distribution d’électricité à leurs habitants. Dans ces six pays, le niveau de revenu en parité de pouvoir d’achat en 2017, évolue entre 18.258,10$ au Mexique et 53.244,74$ en Arabie saoudite, mais il convient de souligner que cette dernière vit principalement de la rente du pétrole comme pilier majeur de l’économie saoudienne.

     Il s’ensuit que deux pays du groupe n’ayant pas encore atteint 100% de distribution de l’électricité, l’Afrique du Sud (84,2%) et l’Indonésie (97,6%) détiennent également le niveau moyen plus faible des revenus de leurs habitants, soit respectivement 13.497,99$ et 12.283,62$. Trois pays se détachent par leur niveau d’équipement et donc le niveau de vie de leurs habitants : l’Arabie saoudite, l’Australie et la Corée du Sud sont les revenus moyens de leurs habitants atteignent ceux des pays industrialisés historiques. L’on remarquera la forte progression de la Corée du Sud grâce à la maîtrise de l’industrie devenue le vecteur principal de son économie (industrie électronique, automobile, électromécanique, chimique, textile, pétrolière, etc.). Avec ses 51,466 millions d’habitants, la Corée du Sud produit 3,005 millions de barils par jour de pétrole raffiné dans ses cinq raffineries. Celle capacité représente 91,6% du total de pétrole raffiné dans vingt pays africains (3,280 millions de barils par jour) et 106,8% de la production totale de l’Arabie saoudite (2,813 millions de barils par jour). Le miracle du développement de la Corée du Sud tient donc de la puissance de son industrie de transformation. Quant à la progression démographique au sein de ces nouveaux pays industrialisés émergents, en dehors du cas particulier de l’Arabie saoudite, elle évolue entre un multiplicateur de 2,1 en Corée du Sud et 3,4 au Mexique. Cela nous conduit à une croissance annuelle moyenne comprise entre 1,3% et 2,2%. Elle est plus élevée que celle des pays industrialisés historiques, mais elle reste inférieure à 2,5% pour l’ensemble des principaux pays qui imposent le rythme de l’économie mondiale.
 

Les disparités des situations en Afrique

     L’Afrique progresse, mais elle n’a pas encore atteint le niveau de nouveaux pays industrialisés émergents majeurs. Alors que l’ensemble du monde affiche un taux moyen de 87,4% d’accès de ses habitants à l’électricité en 2016, la moyenne de l’Afrique est la plus faible du monde, avec seulement 51,8%. Mais, cette moyenne du continent cache plusieurs disparités. L’Afrique du Nord est relativement mieux dotée que le reste du continent, avec une moyenne de 88,3%. Cependant, la Mauritanie (41,7%) et le Soudan (38,5%) présente de très mauvais résultats. C’est aussi dans ces mêmes pays que le revenu moyen par habitant est le plus faible dans cette région, avec 3.949,68$ et 4.903,58$. L’on constate alors que la population a été multipliée par 5,15 fois en Mauritanie et 5,37 fois au Soudan, alors qu’au Maroc, ce multiplicateur n’est que de 2,90 fois. Et c’est également le Maroc dont le taux de distribution de l’électricité a connu une très forte progression passant de 48,1% en 1990 à 100% en 2016. Le revenu moyen des Marocains est alors passé à 8.217,46$ en 2017. Globalement, l’Afrique du Nord enregistre un revenu moyen de 10.672,19$, alors que la croissance démographique moyenne sur cinquante-sept est de 2,3% (donc inférieure à 2,5%). Aussi, sa population totale de 237,57 millions en 2017 est comprise celle du Brésil (209, 29 millions) et celle de l’Indonésie (263,99 millions). Au rythme actuel de progression économique, cinq pays sur les sept de l’Afrique Arabo-musulmane pourront atteindre le niveau actuel des nouveaux pays industrialisés émergents, en réussissant la maîtrise de la distribution de l’énergie, la démographie et les autres piliers associés du développement.

     L’Afrique subsaharienne est également diversifiée. Elle a un visage et une limite géographique des États qui la constituent, soit les pays des quatre régions démographiques au sud du Sahara, auxquels s’ajoute le Soudan. Elle rassemblerait environ 1,038 milliard d’habitants, soit 84,0% de la population africaine en 2017, ou encore 13,8% de la population mondiale.
     Si l’Afrique Australe est tirée par l’Afrique du Sud, dont le taux de distribution de l’électricité atteint 84,2% en 2016, et le niveau de revenu moyen de 13.497,99$, il n’en est pas ainsi des pays en retard tels que le Malawi (11,0%), le Madagascar (22,9%), le Mozambique (24,2%) ou la Zambie (27,2%), bien au-dessous de 30% de leurs habitants pouvant prétendre à l’accès à l’électricité. Aussi, les revenus moyens annuels des habitants s’en ressentent au Malawi (1.202,20$), au Mozambique (1.247,28$) et au Madagascar (1.555,04$). De même, la progression démographique annuelle moyenne atteint 2,5%, corrélée avec un revenu moyen annuel de 6.449,39$. Les pays de cette communauté économique régionale d’Afrique Australe devraient veiller à accroître davantage l’accès à l’électricité, avec un objectif de 100% à horizon 2025, pour l’Afrique du Sud, Maurice, Zimbabwe, Botswana, Namibie, Angola, Swaziland et Zimbabwe. C’est possible, puisque le Maroc est passé de 48% à 100% entre 1990 et 2016. C’est une question d’ambition des dirigeants, des objectifs des pays et des programmes de développement solides. Ces pays moteurs de la région ont également le devoir de réguler la progression démographique à un rythme de croissance inférieure à 2,5% annuels afin de parvenir à distribuer efficacement les progrès économiques et sociaux à l’ensemble de leurs populations.

     L’Afrique Occidentale est à la frontière statistique entre l’Afrique qui progresse au Nord et au Sud, et l’Afrique en grande difficulté au Centre et à l’Est. C’est donc cette région qui se rapproche des données économiques moyennes de l’Afrique subsaharienne. Celle-ci affiche un revenu moyen de 4 062,55$ par habitant en 2017, contre  4 311,97$ en Afrique Occidentale. De même, la croissance démographique moyenne de 2,7% sur la période de cinquante-sept ans en Afrique subsaharienne est proche des 2,6% pour l’Afrique Occidentale. Néanmoins, celle-ci connaît des situations très variées en son sein. Le Ghana (79,3%), le Sénégal (64,5%), la Côte d’Ivoire (64,3%) et le Nigeria (59,3%) ont bien franchi le seuil de 50% de taux de distribution de l’électricité des populations en 2016. Ils devraient atteindre 100% en 2025, en se fixant cet objectif. Aussi, les revenus des habitants pourraient évoluer très significativement, au-delà des 2.712,34$ pour le Sénégal à 5.860,85$ pour le Nigeria, en 2017. La maitrise de la croissance démographique est donc un paramètre important, car la moyenne annuelle sur les dernières cinq décennies varie entre 2,6% pour le Nigeria et le Ghana, ensuite 2,8% pour le Sénégal et 3,4% pour la Côte d’Ivoire. Ces taux de croissance pourraient compromettre les efforts de distribution économique et l’accès à l’électricité pour tous les habitants de ces pays. L’Afrique Occidentale totalise 369,84 millions d’habitants, soit seulement 27,6% de l’Inde, presque autant que l’Amérique du Nord (USA et Canada, 362,43 millions d’habitants). Même si l’Afrique est en plein rattrapage démographique après la lourde saignée due à la traite négrière jusqu’au milieu du 19e siècle, la progression démographique devrait s’adapter aux contraintes économiques du monde actuel, et descendre très significativement sous le seuil de 2,5% dans les prochaines années. Quant aux pays en grande difficulté dans cette région, il s’agit notamment de la Guinée-Bissau (14,7%), le Niger (16,2%), le Burkina Faso (19,2%), Sierra Leone (20,3%), dont le taux de distribution d’électricité est nettement inférieur à 30%. Il n’y aura pas de progrès économique et social significatif pour les habitants sans accès à l’électricité. C’est le message que l’on peut adresser aux dirigeants de ces pays. De nombreux pays de cette région entretiennent encore des revenus annuels moyens par habitant, en parité de pouvoir d’achat, inférieurs à 2000$. Il s’agit des pays cités, auxquels s’ajoutent le Togo (1.569,73$) et la Gambie (1.714,59$). Le faible niveau d’accès à l’électricité n’est donc pas étranger à ces faibles performances.

     L’Afrique Orientale et l’Afrique Centrale se situent très nettement au-dessous des données moyennes de l’Afrique subsaharienne. Les taux moyens d’accès à l’électricité sont de 37,3% et 26,7%, très nettement inférieurs à la moyenne subsaharienne de 42,9%. Les efforts demeurent encore très importants dans ces deux régions pour rattraper le retard sur le reste du monde. Cependant, au sein de ces deux régions voisines, quelques pays sont encore en très grandes difficultés, tels que le Burundi (7,6%), le Soudan du Sud (9,0%) et l’Ouganda (26,7%) en Afrique Orientale, le Tchad (8,8%), la République Centrafricaine (14,0%) et la République démocratique du Congo (17,2%) en Afrique Centrale. Ils cohabitent avec les pays quelque peu avancés tels que le Gabon (91,4%), la Guinée Équatoriale (67,9%), Sao-Tomé et Principe (65,4%) et le Cameroun (60,1%) en Afrique centrale, les Îles Seychelles (100%), le Kenya (56,0%) et Djibouti (51,8%), se situant tous au-delà de 50%. Ce sont ces pays qui sont alors susceptibles d’atteindre le taux de distribution de 100% à horizon 2025. C’est une question de priorité ; ce n’est pas un choix politique mais une nécessite économique pour le développement. Mais, pour réussir, les pays sont amenés à revoir les politiques de progression démographique. Tous les pays en difficulté pour proposer l’accès à l’électricité à toutes leurs populations, présentent des niveaux de revenus moyens annuels très faibles, au-dessous de 2000$. Il s’agit de l’Érythrée (1.343,70$), l’Éthiopie (1.899,21$), la Somalie (1.283,48$), l’Ouganda (1.863,84$), le Soudan du Sud (1.535,22$) et le Burundi (770,94$) pour l’Afrique Orientale, le Tchad (1.941,18$), la République démocratique du Congo (887,21$) et la République Centrafricaine (725,95$), le niveau le plus faible de ces deux régions réunies. Ce sont tous des pays qui ont été secoués par les guerres civiles longues et qui connaissent encore aujourd’hui des violences armées. Nous avons déjà indiqué que la Paix et la Sécurité durables sont l’un des piliers fondamentaux du développement, avec leurs conséquences dans la stabilité politique, la sécurité des institutions et les garanties juridiques pour les investissements. Enfin, les évolutions démographiques des cinquante-sept dernières années soumettent les pays de ces deux régions, des croissances annuelles moyennes au-delà de 2,5% dans de nombreux pays dont les populations sont supérieures à deux millions d’habitants : le Cameroun (2,7%), l’Éthiopie (2,8%), le Congo, le Tchad et l’Érythrée (2,9%), la Somalie (3,0%), la République Démocratique du Congo (3,0%), Tanzanie (3,1%), le Kenya (3,2%), Ouganda (3,3%). Il s’ensuit que la progression rapide du niveau de vie pour tous les habitants de ces pays, à travers la distribution de l’électricité, et les progrès économiques significatifs conduisant à des revenus moyens pour atteindre le niveau des nouveaux pays industrialisés émergents, requièrent un effort important dans le ralentissement de la croissance démographique, la production et le transport de l’électricité. Cette dernière peut provenir des sources traditionnelles des barrages hydroélectriques, des stations solaires, des installations éoliennes et d’éventuels compléments issus des énergies renouvelables. Mais, que les Africains ne s’y trompent pas pour ne servir que de laboratoires des puissances industrielles extérieures. Sur le continent, les barrages hydroélectriques et des stations solaires demeurent des sources principales pour accélérer la distribution de l’électricité afin d’atteindre 100% à horizon 2025.

     En raison d’immenses étendues des pays, des compléments transitoires peuvent être apportés par la combustion des hydrocarbures et du gaz, avec une maîtrise du piégeage des gaz à effet de serre ou des sources alternatives d’énergie. Il convient de rappeler que, en raison même des étendues importantes des pays africains, il faudra produire des puissances conséquentes qu’il faudra transporter sur des milliers de kilomètres, en prévoyant de nombreuses installations de transformateurs tout au long des parcours. Enfin, les interconnexions indispensables entre les pays exigeront des efforts communs au sein des Communautés économiques régionales ou dans des coopérations inter-CER. Pour construire d’importantes centrales hydroélectriques et d’immenses champs de stations solaires, en vue de produire des millions de volts à transporter et à distribuer dans tous les territoires des pays africains, il faudra des moyens colossaux, très souvent au-delà des capacités des pays isolés. L’accès à l’électricité pour tous les Africains n’est pas un choix politique des États, mais un impératif urgent pour le développement économique et social pour les populations en Afrique.

Emmanuel Nkunzumwami
Analyste économique et politique
Écrivain – Essayiste


Président de
Future Afrique Notre Avenir (FANA-F2A)
Auteur de "La Relance de l'Afrique" (2017) et de "Le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation" (2013).
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