Le chômage est devenu un fléau qui frappe violemment les pays de l’Europe du sud, alors qu’il est en voie de maîtrise en Europe du nord.

A la fin de décembre 2016, Eurostat (office des statistiques de l’Union européenne) a dressé un tableau comparatif des différents pays de l’Union européenne. Le taux de chômage moyen des pays de la zone euro des 19 pays s’établit à 9,6% (alors qu’il est de 8,2% dans l’ensemble de l’Union européenne des 28 Etats membres). Cependant, l’Eurostat a constaté une baisse de 9,7% (en décembre 2015) à 9,6% en décembre 2016 dans la zone euro. Pour l’ensemble des 28 pays de l’Union européenne, le taux de chômage moyen est passé de 9,0% à 8,2% au cours de l’année 2016. Aussi, le nombre de chômeurs de l’Europe des 28 Etats membres est évalué à 20,065 millions, dont 15,571 millions au sein des dix-neuf pays de la seule zone euro.

I. Une situation très contrastée au sein de l'UE

      Cependant, les situations sont très contrastées selon les pays. En se basant sur le nombre de chômeurs à plein temps de la catégorie A, en décembre 2016, le taux de chômage évolue de 3,5% en République tchèque, jusqu’à 23,0% en Grèce. Aussi, sur 28 pays de l’Union européenne, dix-huit pays affichaient un taux de chômage inférieur à la moyenne de l’UE, soit 8,2%. En ajoutant deux autres pays (Finlande et Slovaquie), on atteint une moyenne de 9,6% au sein des 19 pays de la zone euro. La France (9,6% de chômage pour la catégorie A) ne parvient à faire mieux que sept sur vingt-sept autres pays, soit Lettonie (9,8%), Portugal (10,2%), Croatie (11,4%), Italie (12,0%), Chypre (14,3%), Espagne (18,4%) et Grèce (23,0%). En dehors du petit pays du nord, Lettonie, les autres pays dont des pays méditerranéens de l’Europe du sud. Par ailleurs, sur ces sept pays moins bien placés que la France, la situation s’est améliorée en Croatie (de 15,0% à 11,4%), en Espagne (de 20,7% à 18,4%) et au Portugal (de 12,2% à 10,2%). Et pendant ce temps, la France est passée de 10,2% en décembre 2015 à 9,6% en décembre 2016. Hors de l'Union européenne, la Norvège est passée de 4,6% à 4,7%, alors que les Etats-Unis sont passés de 5,0% à 4,7%. La situation est donc nettement dégradée en Europe du sud ; mais elle est en voie de redressement en Espagne, Portugal et Croatie, alors que la France  s'enfonce dans la dégradation.

      Quant aux pays voisins de l’Europe du nord, on peut noter les évolutions de 8,6% à 7,6% en Belgique ; de 4,4% à 3,9% en Allemagne ; de 8,9% à 7,2% en Irlande ; de 6,5% à 6,3% au Luxembourg ; de 6,6% à 5,4% aux Pays-Bas ; de 6,0% à 5,7% en Autriche ; de 8,4% à 7,5% en Slovénie ; de 4,5% à 3,5% en République tchèque ; de 9,3% à 8,7% et de 7,1% à 6,9% en Suède. L’excuse de l’euro qui pèserait fortement sur la dégradation de la situation sociale en France est devenu un prétexte sans fondement. La Belgique (7,6%), l’Allemagne (3,9%), l’Irlande (7,2%), le Luxembourg (6,3%), les Pays-Bas (5,4), l’Estonie (6,7%), la Lituanie (8,1%), la Slovénie (7,5%), la Slovaquie (8,8%) et la Finlande (8,7%) sont tous des pays de la zone euro et dont le taux de chômage est bien inférieur à celui de la France. Soit dix sur dix-neuf pays de cette zone euro.

II. Le chômage des jeunes se dégrade en France

      Enfin, le fléau du chômage des jeunes au sein de l’Union européenne est le reflet de l’éducation et de la dynamique économique pour insérer cette catégorie des moins de 25 ans dans le circuit économique. Au sein des 28 pays, le chômage des jeunes est passé de 19,5% à 18,6% en décembre 2016. Mais dans les 19 pays de la zone euro, ce chômage est passé de 21,8% à 20,9%. Alors que l’on a constaté une baisse significative au Royaume-Uni de 13,4% à 12,6% ; de 19,2% à 18,5% en Suède ; de 19,6% à 17,5% en Pologne, parmi les principaux pays hors de la zone euro, l’on a observé également des baisses significatives dans de nombreux pays de la zone euro. Aussi, le chômage est passé de 24,4% à 20,4% sur un an en Belgique ; s’est maintenu à 10,7% en République tchèque ; de 7,2% à 6,5% en Allemagne ; de 19,5% à 14,5% en Irlande ; de 11,2% à 10,2% aux Pays-Bas ; de 11,6% à 10,5% en Autriche ; s’est maintenu à 16,8% en Slovénie ; et il est fortement descendu de 25,2% à 20,4% en Slovaquie,  et 21,7%  à 19,8% en Finlande. Mais en France, la situation s’est encore dégradée en 2016, et le chômage est passé de 24,4% en décembre 2015 à 26,2% en décembre 2016. Derrière la France, on retrouve le club des mêmes pays méditerranéens dont le chômage reste au plafond : Espagne (42,9%), Italie (40,1%), Chypre (32,8%), Portugal (26,4%), Grèce (44,2%), auxquels s’est jointe la Croatie (28,0%). Ces sept pays constituent le maillon faible de l’Europe, au-delà de 25% du chômage des jeunes. Et encore, il convient de faire remarquer que l’usage de la monnaie unique, l’euro, n’est nullement responsable de la dégradation de ces situations socio-économiques, puisque d’autres pays, caractérisés par une gestion publique vertueuse et des stratégies économiques et industrielles soutenues s’en sortent très bien.

      Lorsque les politiques clament l’expérience de l’exercice du pouvoir, ils devraient modérer leur enthousiasme car les indicateurs socio-économiques se sont singulièrement dégradés depuis le début des années 1980, en comparaison avec les pays de la même zone euro. Aussi, le déficit budgétaire est chronique depuis 1980, le chômage avait atteint 7,4% en 2007 et il est remonté pour se stabiliser au-dessus de 10% depuis 2012, le commerce extérieur est chroniquement déficitaire depuis 2002 et la dette publique a explosé avec plus de 2.200,380 milliards d’euro le 9 avril 2017.  Enfin, alors que le taux de chômage moyen a baissé à 8,0% en février 2017 au sein de l'Union européenne (contre 9,5% en moyenne au sein des pays membres de la zone euro), la France affiche une progression du chômage de la catégorie A de 9,6% en décembre 2016 à 10,0% en février 2017, pour maintenir les comparaisons avec les autres pays de l'Union européenne. Ce résultat est d’autant plus inquiétant que la situation s’est significativement améliorée en février en Croatie (11,6%), en Espagne (18%), au Portugal (10,0%), parmi les autres pays de l'Europe du sud, et en Irlande (6,6%).

III. Conclusion

. .  Parmi les pays où la situation socio-économique s’est nettement redressée en février 2017, on retrouve les pays de la zone euro tels que la République tchèque (3,4%), l’Allemagne (3,9%), les Pays-Bas (5,3%), l’Autriche (5,7%), l’Irlande (6,6%), la Belgique (7,0%), la Slovénie (7,8%), la Slovaquie (8,6%) et la Finlande (8,7%). Ainsi que les pays hors de la zone euro tels que la Hongrie (4,3%), le Royaume-Uni (4,6%), la Pologne (5,3%), le Danemark (6,4%) et la Suède (6,8%). Mais, c’est le club des six pays méditerranéens qui ferme la marche des pays à forte dégradation des situations socio-économiques derrière la France (10,0% de chômage pour la catégorie A). Cependant, à la différence de la France, ces autres pays sont en forte progression d’amélioration : Portugal (10,0%), Italie (11,5%), Croatie (11,6%), Chypre (12,9), Espagne (18,0%) et Grèce (23,1%). Il convient de rappeler que, pour créer des emplois, il faut accroître des activités et en créer de nouvelles chaque année. C'est ce mécanisme qui stimule la croissance économique et le développement de l'emploi. Or, la croissance a été de 1,1% en France en 2016, alors que, au cours de la même année, elle a progressé de 2,0% au Royaume-Uni, de 1,9% en Allemagne, ou encore de 1,8% aux Pays-Bas. La faible croissance économique en France participe à la dégradation du chômage dans le pays. 

Le futur président de la République française, à l’issue de l’élection présidentielle du 7 mai 2017, devrait s’engager sur les réformes de profondeur. L'objectif majeur serait alors de rétablir les conditions de l’emploi, et réduire le taux de chômage à 4% ; la dette publique à moins de 1800 milliards ; l’équilibre budgétaire (moins de 1% de déficit) ; à moins de 10% du chômage des jeunes ; l’équilibre du commerce extérieur, à la fin du quinquennat. Sans augmenter la TVA, mais en baissant l'impôt sur les société à moins de 25%,  et en réduisant significativement la dépense publique. Contrairement aux affirmations des démagogues de la gauche radicale, les dettes souveraines ne seront jamais transférées à la Banque centrale européenne. En effet, cette dette est due, et les citoyens des pays vertueux de l’Europe du nord n’accepteront pas de rembourser la dette due à la mauvaise gestion des pays dépensiers et laxistes de l’Europe, qui ont triché dans la présentation de leurs comptes publics en vue d'intégrer l'Union européenne et la zone euro, qui ont longtemps joué à la cigale dans la dépense, dont une grande partie des fonds ont été évaporés dans les détournements, le manque de rigueur de gestion publique, le défaut de recouvrement des impôts et taxes, et dans les loisirs et l’enrichissement illicite des dignitaires et des privilégiés des régimes politiques.

 

Emmanuel Nkunzumwami

Analyste économique et politique

Essayiste

Extrait des publications d'Emmanuel Nkunzumwami, aux Editions L'Harmattan, Paris.
Extrait des publications d'Emmanuel Nkunzumwami, aux Editions L'Harmattan, Paris.
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