par Emmanuel Nkunzumwami

Auteur de La Nouvelle Dynamique Politique en France, Editions L'Harmattan, 2007.

Nous traversons une ère inédite dans l’histoire de l’humanité : l’homme est au centre des transformations du monde et de la terre ! Il ne subit plus des épidémies violentes et massivement meurtrières grâce aux progrès incessants de la médecine et de l’alimentation équilibrée ; il n’est plus confiné dans son espace naturel de survie car les moyens de communication et de transport sont à la portée de toutes les nationales pour permettre voyager d’un continent à un autre en moins de quarante-huit heures à la recherche de meilleure fortune ; il n’est plus soumis aux lois naturelles de la procréation pour sur-peupler son espace de survie puisque les contrôles des naissances volontaires ou médicalement assistés sont à la disposition de tous les peuples ; il n’est plus surchargé par la pénibilité du travail manuel répétitif pour se nourrir et survivre puisque les progrès scientifiques et technologiques ont soulagé l’homme des travaux manuellement durs et pénibles grâce à la robotisation et à la mécanisation de la production agricole et industrielle. Donc l’Homme devrait être heureux ! La rapidité des échanges internationaux, par les réseaux de télécommunication à très haut débit -à la femtoseconde- ou par les airs, en même temps qu’elle permet des échanges quasi-instantanés des informations devient également le vecteur des menaces. Une crise boursière, bancaire, financière et économique que nous traversons aurait été confinée à quelques pays générateurs de cette crise sans se propager bruyamment à des zones étrangères à cette crise ; mais l’interconnexion bancaire et des économies mondialisées véhicule toutes les informations, d’importantes masses financières à des fins ou d’origines de partage du travail honorable ou criminelles. Les gains boursiers ou financiers se propagent à la vitesse électronique, mais la crise et la pénurie aussi, à travers le monde.

La crise boursière, financière, bancaire, puis économique que nous connaissons puise sa source dans cette mauvaise appropriation des progrès pour les partager, et une cupidité sans limite qui plonge l’un des acteurs de l’économie, les banques, dans un comportement d’escrocs et de prédateurs. L’homme de la finance, à travers les gains d’argent facile sur le dos des masses qui ignorent ses mécanismes d’enrichissement, devient le vecteur des dangers de la société toute entière. La source de la crise est à rechercher plus loin dans nos mentalités et dans les valeurs fondamentales mêmes de l’homme. Pourquoi accepterions-nous que certains individus possèdent plusieurs dizaines de milliards d’euros en comptes bancaires et en biens meubles et immeubles pendant qu’une écrasante majorité de la population dans le monde souffre de la faim ou de la malnutrition ou du manque d’accès aux soins ? Pourquoi une banque accepte-t-elle de payer plusieurs milliards d’euros à quelques individus, les traders, qui effectuent des transactions de spéculations avec leurs simples ordinateurs, assis au chaud dans leurs bureaux ou dans des salles de marché, et qui de ce fait deviennent les principaux fossoyeurs des milliards d’êtres humains dans le monde ? Comment expliquer aux banquiers et à leurs traders que les bénéfices dont ils se targuent proviennent d’un effort collectif partagé entre l’agent d’accueil au guichet ou à la plateforme téléphonique et le président qui en assure les risque au quotidien pour qu’ils partagent équitablement le fruit de leur travail ? Aussi, ils  ne pourraient pas distribuer la manne aux traders et ignorer que sans les autres salariés de la banque, les traders ne pourraient pas travailler non plus ? Comment en est-on arrivé à expulser les familles (parents et enfants) de leurs logements au seul motif qu’il ne peuvent plus payer les mensualités de leurs remboursements dont la valeur variable est fixée par les marchés boursiers et financiers par des mécanismes complexes combinant intelligence mathématique et escroquerie auxquels ils sont totalement étrangers et qui ignorent les conditions de vie de ces familles ? Comment les enfants de ces familles expulsées peuvent-ils se reconstruire et croire en la société qui ainsi les rejette ? Comment convaincre le banquier que son rôle premier est de financer l’économie réelle et faire vivre décemment des millions d’être humains sur une bonne terre accueillante, plutôt que de rémunérer les traders au motif qu’ils ont eu le bon flair de jouer et gagner au grand casino de la bourse ? Comment un banquier anglais ou américain ou français peut-il annoncer des bénéfices de plusieurs milliards d’euros en 2009, provisionner des milliards pour les rémunérations de quelques dizaines de traders sur des centaines de milliers de salariés de la banque, et harceler jusqu’à la clôture de compte les pauvres clients frappés par la crise que ces mêmes banques ont provoquée et qui osent entretenir un découvert de 10€ ? Pourtant si certains salariés sont plongés dans la crise de l’emploi et donc du revenu, ils le doivent parfois aux mauvais financements des entreprises qui les emploient par les mêmes banques qui ferment les robinets aux entreprises de production et des crédits aux consommateurs qui participent à la relance de l’économie réelle !

Dans tous ces comportements, l’homme devrait revenir aux fondements qui font de l’être humain une créature particulière de notre terre. Nos devrions revenir à la redécouverte de notre identité humaine et aux valeurs de solidarité et de partage qui nous unissent. Mais alors, de quelle identité parlons-nous ainsi ?

Certaines organisations religieuses chrétiennes s’insurgent que la question de l’identité soit remise sur la place publique comme si cela remettait en cause l’identité humaine. Celle-là que nous partageons tous, qui nous rappelle que nous sommes une même espèce, biologiquement bipède, douée des mêmes sentiments et des mêmes réflexes, et abritant les mêmes gênes et le même sang humain. Les différences d’apparence physique extérieure ne peuvent fonder les distinctions sur l’identité humaine. Aucun débat n’a de sens sur l’identité humaine puisqu’elle ne se discute guère. L’homme, qu’il vienne des contrées lointaines du Sud, du Nord, de l’Ouest ou de l’Est de la terre ou qu’il soit notre voisin immédiat, il est et reste authentiquement notre Frère ou notre Sœur de l’espèce humaine et nous lui devons accueil, respect et dignité dans la fraternité.  L’affamer pour s’enrichir procède de l’œuvre criminelle. Les milliardaires peu scrupuleux devraient en avoir honte lorsqu’ils n’acceptent guère de partager avec les centaines de millions de pauvres  affamés par la cupidité de leurs dirigeants ou de leurs contemporains d’Amérique, d’Asie ou d’Europe ! L’identité humaine est donc indéniable et indiscutable pour tous les êtres humains. Alors vient l’identité géographique, l’identité collée à l’espace de vie partagé, à la nation. Celle-ci est Administrative et elle est délimitée par les frontières physiques. Elle peut être acquise à la naissance sur le territoire de la nation ou être attribuée à l’immigrant qui lie son destin avec celui des autres habitants des territoires de cette nation. Cette identité est véhiculée à travers la reconnaissance mutuelle de l’appartenance à la nation : c’est la nationalité. Elle est identifiable aux documents administratifs délivrés par les autorités de la nation et peut être retirée selon les textes de lois y relatives. Entre l’identité humaine et la nationalité, il existe une autre identité : l’identité multiforme à caractère culturel, sociologique, territorial et comportemental. Et c’est celle-ci qui peut se prêter aux débats puisque chaque nation peut en définir les contours et définir ce qui collectivement fonde son existence et lie les habitants autour des mêmes valeurs et des mêmes idéaux.

Aussi, la France a choisi le moment de redéfinir ce qui fonde les liens entre ses habitants à travers des débats sur l’identité française. Contrairement aux idées répandues, la France a réellement libéré la parole et le libre choix de ses habitants en mai 2005 lorsque les pouvoirs politiques leur ont soumis un référendum sur leur choix de l’Europe. En votant massivement NON au Traité Constitutionnel pour l’Europe, ils exprimaient l’idée qu’ils ne voulaient pas transférer leur souveraineté et la gestion quotidienne de leur vie à un espace et aux pouvoirs qu’ils ne contrôlaient pas. Ils ont donc montré qu’ils étaient attachés à leur France et à ses Valeurs qu’ils maîtrisent et dont ils sont acteurs exclusifs.  De même, les Français se sont souvenus des risques de dictature et d’enfermement par les racistes et xénophobes du Front National qui les guettaient à l’élection présidentielle d’avril-mai 2002 en se mobilisant massivement, oubliant les clivages politiques entre la Droite et la Gauche, autour de Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen. Ils se sont  alors mobilisés à plus de 86% du corps électoral dès le premier tour d’avril 2007, puis au second tour de mai 2007 pour élire Nicolas Sarkozy à la présidence de la République avec un score sans appel de 53% contre Ségolène Royal. Dans ces deux événements, les Français défendaient les valeurs, les ambitions et l’avenir de la France ; donc l’identité de la France dans le Monde. Qu’est-ce que donc cette identité ? Les Français veulent que la France du 21ème siècle ne ressemble pas à la France de l’antiquité ou de la Renaissance. Au-delà des aspirations communes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité, les Français ont compris que le monde a changé, que nous sommes devenus des Français diversifiés à tous points de vue et qu’un lien commun de solidarité est plus que jamais nécessaire pour exister dans un monde de plus en plus complexe.

C’est donc l’heure de reconnaître que nous sommes devenus une nation pluriculturelle : Ainsi on est Breton et Français, Alsacien et Français, Arabo-musulman et Français, Picard et Français, Flamand et Français,  Noir-Africain et Français, Basque et Français, etc. La nouvelle identité de la France épouse des contours plus larges et nous exige une tolérance mutuelle, une volonté partagée du vivre ensemble, une acceptation du destin commun à toutes celles et à tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs fondamentales de la France. Derrière les aspirations de chacun, un mouvement collectif vers l'avenir et la devise de la République Française, il y a des Réalités : la Laïcité s’impose à tous comme une exigence de tolérance mutuelle et la séparation des espaces publics et privés de chacun dans la vie de tous les jours. La diversité sociologique française est une autre réalité quotidienne qui exige une reconnaissance des mêmes droits à tous et une acceptation des devoirs pour chacun vis-à-vis de la nation. Nous éprouvons une profonde joie partagée lorsqu’un enfant de la France, quelle que soit sa couleur de peau ou sa pratique religieuse,  marque un but lors des championnats de football et nous donne la victoire.  De même nous éprouvons une fierté non contenue lorsqu’un Français, quelle que soit son origine géographique ou son appartenance socio-ethnique présumée, accède à la première marche du podium des innovations ou de la réussite professionnelle dans ce monde de la compétition acharnée. En contrepartie de ce vivre ensemble harmonieux, les Français se rassemblent autour du respect des valeurs partagées. Les Cathédrales ont marqué les origines chrétiennes catholiques de la France ancienne et font aujourd’hui partie du paysage architectural de nos territoires. La laïcité nous impose un respect de ces lieux de culture et d'histoire communes et nous interdit toute compétition entre les religions. Les arguments selon lesquels il faudrait des minarets pour les mosquées comme il existe des tours et des cloches sur des Eglises sont tenus par des ignorants de l’histoire religieuse occidentale et de l’histoire de France elle-même. Ceux qui, notamment dans les milieux de gauche caviar française, prêchent pour le libre-faire et le libre-paraître des intégristes Musulmans en France ignorent également l’histoire et les valeurs de l’Islam tout en jouant sur le mépris des Musulmans qu’ils assimilent à ces violents terroristes, dangereux et incontrôlables auxquels il faut céder tous les caprices contre la paix sociale et la tranquillité dans les cités. Depuis la loi de la laïcité de 1905, les Protestants et les Juifs ont trouvé la paix et la liberté d’exercice de leur culte en France. Nous inaugurons les Synagogues et les Temples tous les ans. Mais a-t-on vu pareil déchaînement de haine contre ces édifices ? Non. Parce qu’ils sont discrets et sont exclusivement réservés à des temps précieux de culte et de prière pour les fidèles de ces confessions religieuses. Si l’Islam de France respecte les mêmes préceptes, et s’exerce dans la discrétion et dans des édifices reconnus qui se fondent dans le paysage architectural, et que les signes extérieurs provocateurs des fidèles sont réduits à des éléments non ostentatoires, il n’y aura aucun problème de cohabitation des Français, quelle que soit leur confession religieuse.

Dans la démarche visant la redéfinition des valeurs humaines et morales qui doivent régir les échanges économiques, le bannissement des comportements de prédateurs des opérateurs sur les marchés financiers qui profitent des failles de l’économie de marché pour provoquer les malheurs des millions de familles, l’encadrement des rémunérations des principaux acteurs de l’économie mondiale, la défense des équilibres écologiques de la planète qui est notre bien commun de toute l’humanité, les nations doivent s’engager à restaurer l’Identité Humaine et la respecter à l’échelle planétaire. Mais dans la démarche de la redéfinition des valeurs locales, à l’unisson avec les aspirations de la reconnaissance de l’Identité Humaine, il apparaît également important que la France pose un nouveau regard sur son peuple devenu diversifié dans sa composition ethno-raciale et religieuse mais partageant les mêmes valeurs sur le travail pour acquérir de la dignité par nos propres efforts, du respect mutuel par la reconnaissance des valeurs et des compétences de chacun indépendamment de son origine, de son sexe, de sa couleur ou de sa confession et ce dans les institutions publiques, des responsabilités politiques comme dans des entreprises. La Diversité n’est pas seulement une chance pour la France dans un monde de plus en plus complexe pour mieux défendre nos intérêts dans le respect de la dignité et des intérêts des autres, mais aussi un état de fait. Elle n’est ni un sujet de débat, ni une option philosophique, ni une aspiration pour survivre, mais un fait acquis. Les enfants Français de France sont Blancs, Arabes, Noirs, Métissés, Asiatiques… mais partagent une Identité de la France qu’ils veulent construire ensemble. Les discours paternalistes de la Gauche qui évitent de voir la France dans sa Diversité d’aujourd’hui sont aussi dangereux que ceux des racistes qui ne souhaitent pas évoquer ce sujet considéré comme tabou… Comme s’ils refusaient à la Nation de se regarder dans le miroir, accepter et assumer son identité telle qu’elle est. Les idéologues Socialistes sont mal placés pour parler en notre nom, nous les Français de la Diversité. Pendant près de vingt ans, la Gauche socialo-communiste a dirigé la France ; mais combien de Noirs ou d’Arabes ont dirigé un organe de presse audio-visuelle ? Combien ont dirigé une grande entreprise publique ou privée ? Combien ont accédé à un poste de ministre ? Combien ont été nommés à un poste de préfet de la République ? Combien ont accédé à un poste d’ambassadeur ? Combien ont été élus de la nation comme Député ou Sénateur en France Métropolitaine ? Combien ont été élu maire de grande ville ? Combien, combien, combien… A force des les appeler : Arabes français, Noirs français... comme on désigne un produit (un train français, un avion français, une voiture française, une technologie française, etc...), on a fini par ne retenir que les mots Arabe, Noir et on a subtilement oublié la suite. Il fallait une révolution des mentalités et la Gauche  française est restée conservatrice. Mais Nicolas Sarkozy, dès son premier gouvernement, nomme trois femmes issues de l’immigration africaine dont une ministre, garde des sceaux. La France a évolué vers la reconnaissance de sa diversité et de son identité réelle. Il reste à la concrétiser à tous les niveaux économiques, politiques et sociaux. Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités. La Diversité est une des réalités de la France et celle-ci ne peut construire une politique qui vaille en l’ignorant. D’autres ignorants considèrent qu’il existe un modèle de diversité « républicaine » française. La Diversité est comme la Laïcité : elle n’est ni républicaine, ni positive ni négative. Elle est Diversité. Les monarchies de l’Europe du Nord (Royaume-Uni et Scandinavie) ont réussi l’intégration de la Diversité dans leurs pays. Les Etats-Unis et le Canada ont réussi la symbiose de la Diversité si bien que les Américains ont même élu sans aucune surprise un homme Noir comme Président de la première puissance mondiale. Où est le modèle « républicain » dans ces réussites dans ces autres nations ? Pourquoi un Anglais, un Canadien, un Américain... est perçu d'abord par ses compétences et son apport à la société alors qu'en France, la première barrière est constituée par la perception de la couleur de peau ou par le nom quelque peu étrange ? Pourquoi dans des entreprises ou dans des administrations françaises, il faut descendre plusieurs marches dans les niveaux de responsabilités pour croiser les premiers Arabes et Noirs dans la masse des exécutants de base alors que certains d'entre eux détiennent des diplômes de très haut niveau obtenus en Occident avec leurs camarades Blancs ? Pourquoi un Noir met plus de dix ans pour obtenir ce que son collègue Blanc, peu qualifié et peu expérimenté, met quelques mois seulement à obtenir ? Parmi de nombreuses réformes en œuvre actuellement en France, la reconnaissance de notre Identité Nationale de la France Diversifiée et Unie par les mêmes valeurs que la République s’est définie, cela est déjà une révolution. Que certains racistes en profitent pour se défouler et ressortir toute la haine qu’ils portent contre les Arabes et les Noirs Français, ils nous démontrent que nous avons tous collectivement encore un gros travail d’éducation à accomplir pour les aider à mieux comprendre la France d’aujourd’hui et à accepter leur identité. De même, les Arabes et les Noirs Français qui se sont mis en marge de la Société française au motif qu’ils ne s’y sentent pas acceptés, et qui sont tentés de se communautariser pour survivre, se trompent de route. Nous devons les aider à s’implanter sur le territoire, à s’y sentir reconnus, à exercer leurs droits et accepter de se plier aux devoirs de tous les citoyens. Ils font partie du Peuple de France. Ils devraient désormais s'appeler les Français arabes, les Français blancs, les Français noirs, etc... pour que très rapidement nous oubliions les qualificatifs de leurs origines pour ne retenir qu'une appellation pour tous : les Français.  La France diversifiée depuis le sommet du pouvoir politique et économique de ses institutions, diversifiée à tous les niveaux d’encadrement du pays et diversifiée dans les prises de responsabilités de ses habitants à tous les niveaux, elle sera apaisée car elle aura enfin accepté toutes les couleurs et toutes les origines de son peuple.

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