Par Emmanuel Nkunzumwami
Auteur de « La Nouvelle Dynamique Politique en France »,
Editions L’Harmattan, Paris, Décembre 2007.
Depuis de nombreuses années, le monde accélère son développement et surtout, de nombreux pays émergents imposent leur présence dans la compétition mondiale. Parmi les grandes nations émergentes dans l’économie mondiale, seules l’Afrique du Sud et l’Egypte font leur percée pour l’Afrique. Mais en Afrique « Noire » (en dehors de l'Afrique du Sud), aucun pays n’arrive à imprimer sa présence dans la cour des décideurs dans le Monde, malgré d’énormes richesses naturelles dont le Monde entier envie à ce continent meurtri, et qui devraient constituer le principal levier pour le développement.
Il est alors des réalités qui nous sautent malheureusement à la figure lorsque nous voyageons en Afrique et dans les pays industrialisés :
1°) Depuis les années des indépendances en 1960, les noirs-africains ne sont jamais parvenus à « bâtir » leur véritable modèle de développement. Un triste bilan. L’Afrique a enregistré les records de « Coup d’Etat » en cascade. Près de cinquante ans plus tard, ces tentations sont encore présentes au moment où les autres nations du monde courent vers la productivité et la compétitivité dans l’économie mondialisée. Les peuples d’Afrique ont été soumis à des rythmes inhumains de guerres, de massacres, de destructions, de pauvreté, d’exodes massifs, de corruptions…. Donc réduits à l’errance ou à la plus sombre des précarités de l’espèce humaine, par leurs propres dirigeants, souvent avec l’aide des puissances étrangères. Il est plus que tard de cesser ces comportements d’un autre âge et ouvrir les yeux sur le fonctionnement du monde. Aujourd’hui encore, en Afrique de l’Ouest, le Libéria n’a pas encore pansé ses plaies, la Côte d’Ivoire peine à retrouver une paix durable. En Afrique Centrale, le Tchad donne encore une image pathétique d’une nation des guerres à répétition pour le pouvoir et qui survit grâce à l’aide militaire et économique française ; la République Centrafricaine n’a pas retrouvé la paix pour se construire en véritable nation, c'est un Etat qui vit de la générosité budjétaire de la France ; la République Démocratique du Congo est toujours au bord de l’implosion et le pouvoir de Kinshasa n’a aucune prise sur l’Est de la RDC ; le Congo Brazzaville se cherche encore une voie de reconstruction après une terrible guerre meurtrière de la fin des années 1990. L’Afrique Australe remonte la pente après l’abolition de l’Apartheid mais le Zimbabwe reste encore une tache noire sur le tableau des efforts de développement de cette partie du continent entraînée sur le rythme du développement par l’Afrique du Sud. En Afrique Orientale, alors que le Rwanda et le Burundi retrouvent enfin le calme et la paix après des violences sur base socio-ethnique à répétition depuis les années 1960, d’horribles massacres au Burundi en 1972, 1988 et 1993 et le génocide de 1994 au Rwanda, c’est aujourd’hui le Kenya qui prend le relais des massacres que l’on croyait oubliés, à la suite des irrégularités dans le scrutin à l’élection présidentielle de janvier 2008. Pendant ce temps, le feu des armes et les massacres continuent à l’Ouest du Soudan, au Darfour pris en sandwich entre le Soudan et le Tchad. Après des années de guerre meurtrière entre l’Ethiopie et l’Erythrée pour l’indépendance de cette dernière, et la douloureuse sortie de l’Ethiopie de la sombre période de la dictature de M. Mengistu, c’est la Somalie qui poursuit dans des horreurs de guerre civile entre les islamistes radicaux et le gouvernement légal, une reprise d’une longue guerre sur la quelle l’ONU et les Etats-Unis (à travers l'ONUSOM)ont déjà échoué au cours des années 1980. Le diable rôde toujours en Afrique et les dirigeants africains lui donnent volontiers honneur et hospitalité ! Il les aide à détruire allègrement leurs propres pays qu’ils prétendent diriger pour le bonheur de ceux qu’ils massacrent ou qu’ils condamnent à la destruction. Mieux encore, on trafique encore les constitutions "pour se maintenir au pouvoir à vie". Au moment où en Europe, les chefs d'Etat et de Gouvernement renoncent d'eux-mêmes au pouvoir (Tony Blair au Royaume-Uni, Jacques Chirac en France) pour laisser au peuple le choix de leurs successeurs, et au moment où le président américain est tenu de respecter la Constitution qui ne lui accorde qu'un maximum de deux mandats successifs de 4 ans chacun, de nombreux chefs d'Etats africains tentent de traficoter leur constitution pour se faire reconduire au pouvoir à vie. Ils condamnent ainsi les élites africaines, engagées dans des oppositions au pouvoir et capables de relever les défis des exigences du monde moderne, à la prison à vie ou à l'exil dans des pays où ils vivent misérablement. C’est un très triste bilan des 50 ans d’indépendance en Afrique !
2°) En Europe et dans les autres régions industrialisées du Monde, les noirs-africains sont réduits à la position de « mendiants » structurels. Quand ils ne vivent pas de l’aide sociale et des allocations de solidarité, les noirs-africains « mendient » du travail pour se constituer du revenu par de maigres salaires. Ils sont donc « demandeurs de travail » alors que les élites noires-africaines en Occident devraient aussi devenir aujourd’hui des « créateurs d’activités ». Ils sont devenus des victimes éternelles du racisme, des discriminations, des humiliations, du mépris par les entreprises des Européens. Ce sont des êtres confinés dans les couches les plus basses de la race humaine ! Mais, que deviennent les autres immigrés en Europe et en Amérique du Nord ? Les chinois se sont spécialisés dans des secteurs où ils dominent le mieux : le commerce de détail de proximité, la restauration, les services informatiques et multimédias et le montage d’ordinateurs. Ils ont été suivis par l’ensemble des asiatiques : indiens, thaïlandais, vietnamiens, etc. Ils ont élargi le cœur de leurs secteurs sur la production multimédia, le logiciel, l’économie numérique. Ils servent désormais de relais de distribution réussie des produits fabriqués en Asie, entre l’Orient et l’Occident. Les Européens de l’Est n’ont aucune difficulté à s’intégrer dans les Monde occidentale : les apparences physiques aident à abattre les murs de la discrimination sur les origines ethniques supposées ; ils parviennent alors à se spécialiser dans les métiers des bâtiments et d’artisanat divers. Les Latino-américains développent également de plus en plus le commerce des produits exotiques de leurs régions d’origine et complètent l’offre sur la restauration et le divertissement. Les autres immigrés d’Europe, d’Asie et d’Amérique Latine se sont donc créé des filières économiques et y défendent leurs avantages concurrentiels. Pendant ce temps, les Noirs-africains continuent de « peupler » honteusement les agences nationales pour l’emploi et vivent de la mendicité de l’aide sociale. Cette situation traverse toutes les couches, depuis les analphabètes jusqu’aux plus hauts diplômés abandonnés au chômage structurel. Les Noirs-africains n’ont pas encore trouvé un positionnement économique et social, autant en Afrique que dans les pays industrialisés. Mais un créneau est en forte augmentation : la délinquance et la criminalité. Le blanchiment d’argent, l’économie souterraine, la fausse monnaie, les escroqueries, divers trafics, etc… deviennent de plus en plus une spécialité des Noirs-africains et un lien de solidarité entre les africains de l’Ouest majoritairement et leurs représentants dans divers pays industrialisés. Une honte pour tout un peuple et pour tout un continent. Aujourd’hui, autant nous n’acceptons plus qu’un immigré engendre des immigrés qui engendreront des immigrés à leur tour en Occident ; nous n’acceptons plus qu’un réfugié engendre des réfugiés qui engendreront des réfugiés en leurs temps ; autant nous ne devrons plus accepter que des « mendiants du travail » engendrent d’autres « mendiants du travail », vivant dans la précarité de génération en génération. Au même titre que les autres Européens ou les autres Américains nés sur le même sol, les Noirs-africains « d’origine lointaine » devraient s’intégrer dans les pays d’élection de leurs parents en participant également à la « création d’activités et des richesses » comme les autres, et faire preuve de la compétitivité par l’intelligence.
3°) En Afrique, les pouvoirs politiques sont totalement impuissants à amorcer des ambitions de développement viables. Pour masquer ces incapacités, les Noirs-africains continuent à revendiquer les « indemnisations » pour l’esclavage et la colonisation. Encore de la mendicité qui s’oppose à la défense de la dignité et de la responsabilité. Tous les Etats d’Afrique noire n’ont pas connu les guerres de destruction, d’énormes massacres ou le génocide qui ont décimé une partie du peuple Rwandais. La faillite de nombreux pays de l’Afrique de l’Ouest ou de l’Afrique Centrale n’est nullement imputable aux guerres mais à l’incompétence de leurs dirigeants. Détruit par le plus gros génocide de la fin du XXème siècle en 1994, le Rwanda montre en 2007 le niveau de redressement incroyablement plus avancé que la grande majorité des pays d’Afrique endormis depuis leur indépendance. Et lorsque l’Union Européenne, en collaboration avec l’Amérique du Nord et le Japon, exigent désormais un engagement d’ambitions et de stratégies de développement à travers le partenariat économique, une simple transposition de l’engagement au résultat sur les projets de développement financés par les grandes Nations développées, les dirigeants africains courent chercher les financements « inconditionnels » vers la Chine. Une honte, un manque de dignité et d’ambitions de développement. Mais que fait la Chine avec les matières premières extraites et importées d’Afrique ? Elle les transforme (minerais, pétrole, bois, etc.) en produits finis qu’elle revend ensuite en Afrique (avec une petite marge de bénéfice car les africains ne disposent pas d’un pouvoir d’achat suffisant), en Europe et en Amérique du Nord (avec de très confortables marges) pour se constituer de confortables marges commerciales et de trésorerie en vue de poursuivre l’exploitation et l’approvisionnement des ressources à bas coûts dans les pays encore endormis d’Afrique. Elle ne participe pas au « développement endogène » des pays où elle négocie ses ressources. L’ambition de la Chine n’est pas de contribuer au développement de l’Afrique mais de devenir une première puissance économique mondiale vers les années 2030 : elle est déjà, depuis la fin de 2007, la troisième puissance économique mondiale, désormais devant l’Allemagne et derrière le puissant Japon voisin. Plutôt que de se réveiller et apprendre à transformer les ressources naturelles pour le profit des peuples d’Afrique, créer de la valeur ajoutée sur leurs ressources naturelles à travers la création des industries, les élites au pouvoir politique et économique préfèrent les « brader » pour percevoir de « l’argent frais sans effort » pour se constituer des fortunes personnelles ou familiales, et les extraire de leurs pays pour les « thésauriser » dans les pays industrialisés. Ce n’est pas ainsi qu’une nation crée de la richesse pour son peuple et pour son avenir. Les élites noires-africaines, en Afrique et dans les pays industrialisées, sont en totale faillite. Aujourd’hui encore, il est tristement honteux que l’effervescence des élections au Kenya, un pays longtemps loué pour sa capacité à entretenir une paix sociale et un dynamisme économique relatif, conduise à la mort de pauvres citoyens pour défendre la victoire présumée d’un homme à une élection ! Pourrait-on imaginer un seul instant que la défaite d’Al Gore devant George W. Bush aux Etats-Unis en novembre 2000 puisse entraîner un tel déchaînement de violence ? Les mêmes massacres se sont développés au Togo, au Congo, en Côte d’Ivoire, au Liberia... Est-ce une honte de « rater » une élection présidentielle ? Doit-on sacrifier des milliers de vies humaines pour revendiquer une victoire électorale ? Les élites noires-africaines sont devenues les « véritables dangers » et les criminels de leurs propres pays, comme le génocide rwandais l’a clairement démontré. Mais pourquoi tant de malheurs aux peuples d’Afrique ? La destruction de l’Afrique est due à ses propres élites. Ils copient les modèles et en font un piètre usage. Nous savons que des meilleures Universités américaines sortent de futurs experts de la création d’entreprises, de la recherche et de l’enseignement de haut-niveau. Mais les africains qui en sortent « rêvent » d’être « ministres » et « hauts fonctionnaires » avec de hauts privilèges et une hyper protection. N’imitent-ils pas les Français ? Les anciens élèves des grands corps d’Etat (X+autre école d’application, ENA, Sciences Po+ENA…) rêvent également d’être ministres ou hauts fonctionnaires couverts de privilèges et des protections qu’offre la République. Et l’on s’étonne que la France accuse un retard structurel dans la croissance économique et le commerce international. Les Français les mieux formés « ne travaillent pas », ils « dirigent » dès la sortie d’Ecole, avant même d’avoir appris à travailler ! Les africains ont importé ce modèle vicieux et se l’appliquent pour détruire leurs propres pays. Un profond examen de conscience s’impose désormais à tous. Réussir des ambitions de développement du pays, aspirer à la défense de la dignité humaine et à la fierté des peuples, créer des activités économiques qui participent à la génération des richesses pour le pays, organiser la distribution équitable des fruits de l’expansion économique de la nation… tels devraient être des objectifs des responsables politiques et économiques en Afrique. Le partenariat économique prôné par l’Occident en Afrique ne vise que ce but pour le bien des peuples d’Afrique. Mais il n’y aura jamais de développement dans des pays où les peuples sont privés de démocratie et de paix sociale.
L’Afrique Noire est complètement oubliée sur le bord de l’autoroute mondiale du développement économique. Une étude réalisée par le cabinet américain Boston Consulting Group (BCG) et rendue publique mardi 4 décembre 2007 alerte sur la conquête internationale des « Nouvelles Grandes Multinationales » appartenant aux entreprises des pays émergents. En restreignant l’étude sur la liste des TRENTE pays émergents (à développement rapide en fonction des critères macro-économiques de PIB, Exportations, Balance des paiements, Investissements réalisés à l’Étranger), QUATORZE émergent effectivement. Ce sont : en Asie : la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande et la Turquie. En Amérique latine : le Brésil, le Mexique, l’Argentine et le Chili. En Europe : la Hongrie, la Pologne et la Russie. Et en Afrique : seulement, l’Égypte. Dans ces pays retenus, le cabinet choisit les entreprises ayant réalisé en 2006 une chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard de dollars (680 millions d’Euros) et ayant une activité à l’international à travers les réseaux de distribution, les centres de recherche et développement. Le cabinet en retient donc 100 premières entreprises à vocation internationale qui vont modifier le paysage de la mondialisation des échanges économiques et commerciaux. Sur ces 100 entreprises multinationales appartenant aux pays émergents, 41 sociétés sont Chinoises ; 20 sont Indiennes ; 13 sont Brésiliennes ; 7 sont Mexicaines ; 6 sont Russes ; 13 appartiennent aux neuf autres pays émergents retenus. Ces 100 premières multinationales des pays émergents ont réalisés ensemble 1200 Milliards de dollars en 2006, une rentabilité opérationnelle (rapport du résultat opérationnel sur le chiffre d’affaires) de 17% et affichent une croissance annuelle moyenne de 29% entre 2004 et 2006. Ces entreprises couvrent tous les secteurs d’activités, de l’extraction des matières premières (des minerais, du pétrole et du gaz) aux constructions électromécaniques, à l’agro-alimentaire, à la chimie, à l’automobile, aux télécommunications et aux services informatiques. Les plus mondiales reconnues sont : CEMEX (dans la cimenterie, Mexique), CIMC (dans la navigation, Chine), COTEMINAS (dans le textile, Brésil), KOÇ (dans les équipements de la maison, Turquie), TCL (dans le matériel électronique, Chine), GERDAU STEEL (dans la sidérurgie, Brésil), LUKOIL (dans le pétrole, Russie), THAI UNION FROZEN PRODUCTS (dans l’agro-alimentaire, deuxième fabricant mondial de thon en boîte, Thaïlande), PETROCHINE (dans le pétrole et le gaz, Chine), BHARAT FORGE (dans la métallurgie et les pièces automobiles, Inde) auxquelles il convient d’ajouter ARCELOR-MITTAL (première compagnie mondiale de la métallurgie et de l’acier, Inde). Ainsi ces 100 premières multinationales des pays émergents se répartissent à 34% dans l’Industrie, 17% dans l’exploitation des matières premières, 14% dans les industries agro-alimentaires et cosmétiques, 14% dans les biens de grande consommation et 21% dans des activités diverses. On comprend leur importance dans la compétition économique mondiale quant à leur choix de 65% de leur positionnement dans le secteur industriel amont (matières premières) et aval (fabrications industrielles). Seuls 21% sont constitués d’entreprises opérant hors secteur industriel. Ils confirment notre vision héritée du 19ème siècle et renforcée par l’économie du 20ème siècle qu’il n’y a d’économie solide d’un pays que bâtie sur le socle industriel : de la matière première à sa transformation et à la fabrication de produits industriels, de laquelle découlent les activités de services. Notons que l’activité agro-alimentaire occupe 14% de ces multinationales : elles ont donc compris que plus de 6,3 milliards d’êtres humains sur la planète auront toujours besoin de se nourrir ; c’est le besoin élémentaire premier de tout être vivant.
Dès lors que nous remarquons que l’économie mondiale se désoccidentalise de plus en plus à une très grande vitesse, que doit-on retenir ?
1°) Tous les pays du Monde renforcent leurs capacités industrielles pour asseoir une base solide et durable de leur économie devenue mondialisée. Les nouveaux rythmes de croissance économique mondiale viennent alors de l’Asie : Chine, Malaisie, Indonésie, Singapore, Inde, Thaïlande, Turquie principalement. ; de l’Amérique Latine : Brésil, Mexique, Argentine, Chili et de l’Europe de l’Est : Hongrie, Pologne, Russie. En Afrique, on peut inclure l’Égypte, le Maghreb et l’Afrique du Sud. Ainsi le Monde économique est devenu MULTIPOLAIRE. Seule l’Afrique Noire est perdue dans la course…
2°) La compétitivité mondiale est de plus en plus assise sur les coûts de revient de mise à disposition des produits aux clients finaux. La rotation technologique vertigineuse inconnue dans l’histoire de l’Humanité, à laquelle nous assistons, amène le client final –donc le consommateur- à arbitrer sur trois critères de choix : le Prix, la Qualité, la Longévité. Dans tous les cas, le juge de paix est la durée de vie de la technologie. Ce phénomène est observé quotidiennement sur les produits technologiques tels que les téléphones portables (dont la durée de vie est d’environ 3 mois aujourd’hui en Occident), les téléviseurs (longtemps préemptés par les écrans de tube cathodique, ils évoluent tous les ans avec les nouveaux types de technologies d’écran : LCD, Plasma, Haute Définition, etc.), les automobiles (la durée du vie des voitures est d’environ deux ans, avec de nouvelles offres commerciales de leasing permanent permettant d’acquérir une voiture neuve tous les deux ans !), les ordinateurs (dont les technologies et les mémoires évoluent tous les six mois, autant sur les unités centrales que sur les écrans de visualisation intégrant les contraintes croissantes de l’internet à très haut débit, à la réception des images de télévision à haute définition et à la gestion des transactions multimédias). Cette rotation technologique influe directement sur les Prix : le client achète de moins en moins cher car il est convaincu que son achat est de courte durée et que son produit n’a qu’une petite durée de vie. Sur la Qualité : le client compare la qualité offerte par rapport à ses usages personnels, si bien que les produits se personnalisent de plus en plus avec le choix offert sur certains produits de composer soi-même les éléments de son produit dans l’automobile, dans l’informatique, etc. Enfin, sur la Longévité des produits qui n’a qu’une valeur relative, dès lors que le client est convaincu ou est informé par la presse spécialisée que le produit acheté n’est qu’un modèle en cours d’amélioration et que les produits de substitution sont derrière, dans les usines ou dans les centres de recherche et développement. De nombreux clients avertis diffèrent leurs achats, soit en attendant les baisses des prix liées à la concurrence et à la maturité technologique, soit en attendant les produits améliorés. Alors pour répondre l’équation : Produits vendables = Produits accessibles (bas prix, haute qualité, durée de vie moyenne), les industriels des pays émergents travaillent sur les « Coûts de Revient au Client Final », c'est-à-dire le coût de revient à la distribution du produit entre les mains du client. Plusieurs choix sont offerts : réduction des coûts de revient de production et de logistique, notamment en jouant sur les prix dérisoires des matières premières et de la main-d’œuvre, et en rapprochant les centres de production au client final et éviter ainsi les coûts de logistique et les coûts de rupture de stock. La société indienne Bharat Forge s’est hissé au deuxième rang mondial des pièces forgées de l’automobile en disposant ses centres de production près de ses clients en Inde, en Allemagne, en Suède, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Chine et bientôt en Haute-Marne en France pour servir Peugeot-Citroën et Renault via sa filiale SIFCOR. Dans d’autres domaines, on réduit les « coûts de revient au client final » en externalisant le stock mutualisé et en personnalisant les commandes. C’est le choix de certains fabricants d’ordinateurs qui gèrent les commandes par internet, tel que Dell Computer, ou les accessoiristes de la téléphonie qui adaptent les modèles aux commandes reçus de leurs clients opérateurs mutualisant leurs stocks externalisés.
3°) La compétitivité par les coûts induit des problèmes sociaux en Occident. Dès lors que les multinationales des pays émergents imposent le rythme de la compétitivité, sachant que les coûts de matières et de main-d’œuvre sont très bas dans leurs pays d’origine, comment adapter le coût de la main-d’œuvre occidentale. Entre un smicard chinois qui se contente de 30€ par mois pour travailler 10 heures par jour et un smicard français qui exige 1400€ par mois pour travailler 8 heures par jour, l’industriel aura vite fait son choix de la délocalisation, selon la nature de son activité et la densité de son marché. Plus la clientèle est dispersée dans le grand public à travers le monde, plus l’industriel aura tendance à localiser ses centres de production à des endroits qui lui assurent les plus bas coûts possibles pour vendre le moins cher possible face à ses concurrents. Et s’il peut atteindre ses clients par internet, il n’hésitera pas à recevoir leurs commandes directement par ce média et ainsi se dispenser de constituer des stocks avec des risques de coûts de gestion supplémentaires et d’obsolescence. Le salaire, la rémunération des ressources humaines et les coûts de gestion deviennent des composantes stratégiques mondiales des multinationales. Elles deviennent d’autant plus pertinentes que les multinationales des pays émergents envahissent progressivement et très rapidement le paysage économique et commercial mondialisé.
4°) Le Monde est de plus en plus soumis aux dumpings. Après le dumping social connu des pays d’Afrique (notamment en Afrique du Nord) et du Sud-est asiatique, où les salaires des employés sont très dérisoires, on assiste une nouvelle forme de compétitivité par le dumping monétaire et diplomatique. Le dumping monétaire est pratiqué par les pays qui « laissent » volontairement se dévaluer leur monnaie nationale par rapport au dollar, institué comme monnaie de référence dans des échanges internationaux. Ainsi les exportations deviennent compétitives sur les marchés extérieurs par la baisse corrélative des prix de vente à leur monnaie sans que le comptable et les salariés du pays d’origine enregistrent une quelconque modification des valeurs de leurs rentrées d’argent. Le dumping diplomatique est la nouvelle et très dangereuse déstabilisation du Monde. A qui sert de sanctionner économiquement l’Iran, si les pays qui le soutiennent, la Russie et la Chine, continuent de l’aider dans ses aventures nucléaires en échange du pétrole à bas prix. A quoi servent les sanctions internationales contre le Soudan dans le soutien à la guerre du Darfour, puisque ce pays achètera des armes dans les pays émergents à bas prix, y compris des armes d’occasions qui prolifèrent sur le marché mondial, et les paiera avec les recettes de son pétrole exploité par les Chinois. Enfin, le Président Nicolas Sarkozy, dans son discours à Alger le 4 décembre 2007, confirme les contrats de 5 milliards en faveur des entreprises françaises pour « aider l’Algérie à se diversifier et à sortir de la monoculture du pétrole et du gaz et à créer plusieurs milliers d’emplois ». C’est le comportement habituel des grandes multinationales occidentales : créer de la valeur ajoutée dans le pays d’accueil, exporter la technologie et le savoir-faire occidental, et créer des emplois pour des millions d’habitants des pays du Sud. Une initiative louable que les africains devraient saisir pour « créer ensuite leurs propres produits et créer de la richesse durable » ainsi que se sont construits le Japon, la Corée du Sud, la Chine et d’autres nations émergentes. Mais les entreprises chinoises qui s’installent en Afrique n’apportent que de l’argent alors que la Chine fournit un soutien politique et militaire au pouvoir local. Ce processus n’apporte pas d’accroissement de valeur ajoutée « dans le savoir-faire » dans les pays fournisseurs de matières premières où la Chine s’installe, pas d’apport de technologie et de nouveaux savoir-faire distinctifs, pas de créations d’emplois. La Chine s’exporte avec ses Chinois dans tous les pays où elle opère. La main-d’œuvre est donc chinoise, et la valeur ajoutée retourne en Chine pour créer de l’avantage compétitif par les prix à l’exportation. Cela risque de déséquilibrer l’ensemble des échanges économiques, en appauvrissant davantage les peuples des pays du Sud et en enrichissant les actionnaires des entreprises des pays émergents, tout en détruisant la valeur des entreprises des pays industrialisés historiques. Car les Multinationales des pays émergents compriment les coûts de revient au client final au maximum mais se rapprochent des prix du marché pour vendre leurs produits en Occident, réalisant ainsi les plus grosses marges commerciales brutes du marché mondial. Les États peuvent alors se saisir de ces revenus et des excédents commerciaux ainsi créés pour financer des politiques dangereuses, des guerres, des déstabilisations des pays producteurs de matières premières, et créer des déséquilibres du Monde d’aujourd’hui. De ce point de vue, l’Occident et l’ensemble des pays démocratiques ont un devoir salutaire de veiller à ce que les « pays émergents non démocratiques » ne profitent pas de leur nouvelle puissance économique pour perturber l’ensemble de la paix du Monde, toujours fragile, et soutenir des régimes dangereux pour l’équilibre de la planète. Enfin, ils doivent également veiller au respect de l’équilibre écologique. Le développement industriel rapide des pays émergents ne doit par se faire aux dépens de l’équilibre de l’environnement. C’est une forte exigence pour la survie des vies sur cette planète où la pollution et les gaz à effet de serre n’ont pas de frontières. Un Monde multipolaire n’est sous contrôle de personne, donc se place sous contrôle de tout le monde.
Un autre domaine de contrôle dans le nouveau désordre économique mondial est l’armement. En 2006, la France est restée 4ème exportateur de matériels d’armement dans le monde, derrière l’Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Russie. Il conviendra que, dans ce domaine comme dans celui des voies qui conduisent les Etats « pas sûrs » à se doter des armes de destruction massive, où la vie des êtres humains est en danger, le devoir de vigilance soit accru de la part des exportateurs et des fournisseurs de technologies d’armements. Pendant dix dernières années, de 1996 à 2006, les quatre principaux exportateurs d’armement représentaient 85% du marché mondial. Si on rajoute l’Allemagne et Israël, la part de marché devient 90%. Nous approchons 100% en intégrant les derniers « petits » fournisseurs d’armes que sont la Chine, l’Italie, l’Espagne, la Suède, le Brésil, l’Afrique du Sud et la Corée du Sud. De ces derniers fabricants et exportateurs d’armes et fournisseurs de technologies d’armements, seule la Chine n’a pas encore choisi la voie de la Démocratie et de l’ouverture de ses marchés. Mais le marché des armements est très attractif et de nombreux pays émergents voudraient y prendre leurs parts. En effet, il pesait 55 Milliards d'Euros par an jusqu'en 2005 et il a bondi à 65 Milliards d'Euros en 2006. Les Etats-Unis s'adjugent 55% du marché mondial et l'Europe ne représente que 30% dont la France (avec 5,74 Milliards de commandes en 2006). Néanmoins, tant que ce marché demeure fermé sur un nombre restreint d'exportateurs responsables et contrôlables, les régulations se font par des refus de ventes à certains pays jugés dangereux : la France qui reçoit entre 4000 et 6000 contrats d'armements en a refusé 85 en 2006. Si le marché des armes se mondialise comme toutes les marchandises, les nouveaux pays émergents, qui ont besoin d'argent pour se développer, pourront-ils garder les mêmes exigences d'éthique sur ce marché aussi lucratif que dangereux pour la planète ? Les Grandes Puissances économiques et politiques mondiales ont le devoir de veiller à ce que ce groupe fermé de contrôle des armements ne se disperse et ne s’atomise sur la planète pour maintenir la Paix dans le Monde. Et pour construire ce Monde de paix et de développement équitable, les élites noires-africaines ont leur pleine responsabilité dans les succès comme dans les échecs. L’Afrique est encore aujourd’hui, malgré elle, l’éternel terrain des guerres, des massacres, de la misère, de la pauvreté, des épidémies, des incompétences, des faillites publiques, etc… à cause des ses élites incapables de générer du développement, pendant que les nouveaux pays émergents développent partout leurs activités et s’imposent dans la nouvelle dynamique économique mondiale.
Emmanuel Nkunzumwami
Auteur de « La Nouvelle Dynamique Politique en France » Editions L’Harmattan, 2007 et de « La Tragédie Rwandaise – Historique et Perspectives », Editions L’Harmattan, 1996 et 2003.
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