Mon analyse de situation Russie-Ukraine - Europe. Beaucoup d'analystes fondent leur raisonnement sur les enjeux nucléaires et hégémoniques.
Les enjeux sont économiques, militaires et sécuritaires.

     1- Le nombre de têtes nucléaires prêté à la Russie n'est pas vérifiable. Ce qui compte aujourd'hui, ce n'est plus le nombre, mais la puissance destructrice et massive des ogives pour frapper des cibles en une fois, et avec une précision de la microchirurgie. L'occident totalise les têtes nucléaires détenues par chaque pays membre de l'OTAN. Les bases militaires de chacun des membres deviennent alors les bases mobilisables par l'OTAN. Et la Russie le sait. C'est ainsi que chaque pays membre de l'OTAN en Europe devient le contributeur à la puissance de feu contre la Russie, avec un commandement coordonné par les USA. L'OTAN est d'abord un instrument de frappe des États-Unis, en plus de leurs 1,400 million de soldats et de leurs bases propres à travers le monde.

     2- La puissance, de nos jours, se mesure à des capacités de rétorsion économique. La Russie n'a pas cette capacité et aspire à l'autosuffisance. Son économie est principalement assise sur le gaz, le pétrole, l'industrie de l'armement (source de sa compétitivité technologique) et le blé (pâtissier). Pour ce dernier, nos pains et pâtisseries en contiennent jusqu'à 10%. Ce n'est donc pas réellement stratégique pour la Russie pour inquiéter l'Occident. Et en cas de besoin de complément pour l'Europe et le reste du monde, les États-Unis seront présents pour nous vendre ses produits OGM au très fort prix. Pour les pâtes (au blé aussi) mais du blé dur, ce n'est pas le blé russe. C'est l'Ukraine qui en produit et en exporte, parmi les premiers exportateurs mondiaux, en compétition avec les États-Unis et l’Europe. On voit alors l'intérêt de la Russie à maintenir les accords de libre-échange avec l'Ukraine. La production agricole de l'Ukraine devient ainsi stratégique pour la Russie. Cela ne convient pas aux Occidentaux qui brandissent les sanctions économiques contre la Russie, à chaque fois que Vladimir Poutine sort ses griffes contre l'Occident. Il faudrait alors détourner les productions de l'Ukraine vers l'Union européenne, et contribuer efficacement aux sanctions contre la Russie lorsqu'elles sont décrétées.

     3- L'OTAN se rapproche des frontières de la Russie et provoque la colère de Vladimir Poutine. C'est en partie vrai, mais cela n'est pas suffisant. La Turquie a adhéré à l'OTAN en 1952, après la formation de cette dernière le 4 avril 1949. Elle était pourtant frontalière de l'URSS (Géorgie et Azerbaïdjan), alors que les deux pôles militaires "Occident contre URSS" sont actifs et concurrents après la Seconde Guerre mondiale. Cette même année, l'OTAN s'élargit en incluant alors la Grèce et la Turquie. L'objectif de l'OTAN, sous commandement des USA, est d'occuper l'Europe du Sud et tout le bassin méditerranéen à partir de ces deux pays stratégiques. L’État d'Israël vient de naître en 1948 au milieu d'un monde arabe susceptible de l'écraser. La Turquie et la Grèce en sont proches, et ils ne sont pas arabes. La Grèce a servi de pont maritime pour la création de l’État d'Israël, la Turquie servira de pont pour la protection de cet État. C'est l'allié d'Israël qui lui offre des bases d'entraînement militaire avec les États-Unis. L'OTAN reste donc toujours l'affaire exclusive des États-Unis. Quant à la France, elle redevient membre à part entière de l'OTAN sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Elle n'en était que partenaire depuis le renvoi des troupes militaires américaines de la France par le président Charles de Gaulle. Mais, elle a gardé son quartier général aux côtés des Américains pour la protection de la République Fédérale d'Allemagne (RFA) contre une éventuelle attaque de l'URSS, à Berlin. 

     4- Après la chute de l’URSS, alors que Mikhail Gorbatchev s'était bien rapproché des États-Unis, en plus de l'Europe, de nombreux États se sont séparés de la Fédération de Russie. Les pays européens du "Pacte de Varsovie", dont l'Ukraine, ont alors accédé à l'indépendance. L'Allemagne s'était déjà réunifiée en 1989, et l'Allemagne de l'Est, membre du pacte de Varsovie, a été réintégrée dans la RFA. Dès que la Pologne s'est débarrassée de l'emprise de l'URSS, elle a vite rejoint l'OTAN. La Russie n'a rien dit. Les autres pays de Pacte de Varsovie et limitrophes de l'Ukraine : la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie issue de la dislocation de la Tchécoslovaquie coupée en deux pays (la Tchéquie et la Slovaquie) et la Hongrie ont rejoint l'Union européenne et l'OTAN. Ils y rejoignent les pays Baltes.  Ce n'est donc pas une question de proximité avec les frontières de la Russie ou de son précarré Ukrainien qui pose problème à la Russie, même si l'Ukraine fait office de territoire tampon entre l'Europe et la Russie. Il faut donc rechercher les raisons de la colère de Vladimir Poutine ailleurs.

Source : Courrier International

Carte indiquant la position de l'Ukraine en Europe, et sa frontière avec la Russie. Celle-ci n'a pas fait la guerre à l'Union européenne lorsque les anciens pays du Rideau de Fer (membres du Pacte de Varsovie) ont rejoint en masse l'Union européenne en 2002. Ils ont ensuite tous rejoint l'OTAN. Les États-Unis pressent l'Ukraine et la Biélorussie à suivre ces pays pour isoler la Russie et fragiliser la sécurité à ses frontières en y installant les bases militaires de l'OTAN.

     Où est donc le problème avec l'Ukraine. C'était le pays le plus intégré dans la puissance économique et militaire de l'URSS. Ses plaines ont servi de poumon agricole de l'empire russe. Le blé dur, le plus sollicité dans le monde, est produit en Ukraine. L'armement nucléaire de l'URSS était en partie développé et stocké en Ukraine. KIEV était le centre stratégique de surveillance militaire de l'Europe par l'URSS. Les Européens et les USA le savent.

     Depuis quelques années, les USA militent pour l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne pour affaiblir ses liens avec la Russie. L'Ukraine a alors signé les traités de libre-échange avec l'Union européenne et avec la Russie. Les Européens sont divisés sur l'adhésion de l'Ukraine à l'UE mais les USA poussent fortement à cette adhésion. Mieux encore, ils proposent également cette adhésion à la Biélorussie et la Moldavie. La stratégie avouée des USA pour l'Union européenne, est de poursuivre l'occupation de tous les États frontières avec la Russie. Après les États Baltes (à la Mer Baltique) : Estonie, Lettonie et Lituanie, on va poursuivre avec la Biélorussie, l'Ukraine, et la Moldavie coincée entre l'Ukraine et la Roumanie. Sur le plan géographique, cela fait sens. Tous les territoires de l'Europe autour de la Russie se retrouvent ainsi au sein de l'Union européenne. C'est alors que les États-Unis pourront disposer leurs bases militaires (sous l'étiquette de l'OTAN) autour des frontières de la Russie.

La carte montre l'élargissement de l'OTAN en Europe depuis sa création en 1949, à la suite de la Seconde Guerre mondiale. En plus du Canada et des États-Unis, cette Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) comprend à sa naissance la Belgique, le Royaume-Uni, le Portugal, le Danemark, l'Islande, l'Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas et la France. L'armée des États-Unis occupe alors chacun de ces pays.

     Seule la Norvège, frontalière de l'URSS, adhère à l'origine dès 1949. La Turquie suit en 1952. En plus de tous les pays de l'Europe de l'Est, le Pacte de Varsovie intègre l'Allemagne de l'Est (RDA) et divise l'Allemagne en deux pays (RFA et RDA). Dès la réunification de l'Allemagne en 1990, la RDA rejoint également l'OTAN, rejoignant la RFA adhérente depuis 1955. L'Espagne adhère en 1982, après 40 ans de dictature de Francisco Franco jusqu'en 1975. Après l'éclatement de l'URSS en 1991, sous la présidence de Mikhaïl Gorbatchev et l'épisode du coup d’État manqué de Guennadi Ivanovitch Ianaïev en août 1991, la Russie connaît un passage difficile. Sorties du rideau de fer, la Pologne, la République Tchèque et la Hongrie intègrent l'OTAN en 1999. Et en 2004, les pays Baltes frontaliers directs, l'Estonie et la Lettonie, intègrent l'OTAN, accompagnés de leur voisin, la Lituanie. Après avoir intégré l'Union européenne en 2002, d'autres pays intègrent massivement également l'OTAN en 2004 : La Slovaquie, la Roumanie, la Bulgarie et la Slovénie. Il ne reste plus que deux grands pays tampons entre l'Union européenne, acquise à l'OTAN, et la Russie : la Biélorussie (à la frontière de la Lettonie, la Lituanie et la Pologne), puis l'Ukraine (à la frontière avec la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie). La Moldavie est insérée entre l'Ukraine et la Roumanie. En intégrant la Biélorussie et l'Ukraine à l'OTAN et à l'Union européenne, celle-ci devient intégralement voisine de la Russie. La Russie considère ces intégrations à l'UE et ces adhésions à l'OTAN comme une provocation manifeste contre sa sécurité. De plus, le départ de l'Ukraine lui ferait perdre l'accès à sa production agricole et pastorale. Ce serait une perte d'accès à plus de 600 mille km² de ce pays et la perte des accords de libre-échange. Il est également clair que l'accès de L'OTAN aux bases militaires russo-ukrainiennes après son adhésion pourrait nuire à la Russie, alors que celle-ci souhaite un partenariat exclusif ou une adhésion pleine et entière de l'Ukraine dans la Fédération de Russie. Ou alors, la Russie suscite des révoltes en sa faveur, récupère et protège les territoires indépendantistes de l'Ukraine un à un. C'est le processus actuel connu.

L'erreur des Occidentaux, et notamment des États-Unis en tête, c'est d'ignorer les liens historiques, économiques et militaires entre la Russie et l'Ukraine. Les enjeux sont vitaux pour la Russie.

     1- Pourquoi le gazoduc North Stream 1 de la Russie, passant par l'Ukraine pour desservir l'Allemagne et ses voisins européens, ne satisfait plus Moscou ? Parce que l'Ukraine en fait son objet de rétorsion et de chantage contre la Russie : détournements du gaz, fermeture des livraisons de la Russie, etc. D'où la Russie veut fournir le gaz à l'Europe sans passer seulement par l'Ukraine. Aussi, le gazoduc North Steam 2, qui relie directement la Russie et l'Allemagne, son principal client du gaz, en passant sous la Mer Baltique, a déjà été construit. Mais sa mise en service qui est en débat. Les États-Unis souhaitent maintenir le seul North Stream 1 pour se servir de l'Ukraine dans ses sanctions économiques contre la Russie, et les Européens doivent s'y soumettre. Et si les pays d'Europe sont affectés par la fermeture du gaz par l'Ukraine ou même directement par la Russie, alors les USA leur fournissent leur gaz de schiste dont les écologistes ne veulent pas, en raison de l'énorme pollution créée en fracturant les sols.

     2- Oui, les États-Unis manipulent les Européens sur le dossier ukrainien. Les dirigeants le savent mais ne le disent pas ; les peuples ne le savent pas et ne font que suivre les positions officielles de leurs dirigeants. L'Union européenne perd ses fondements sur les bases démocratiques de ses peuples, et la question se pose sur la capacité du Parlement européen à jouer les contre-pouvoirs de l'exécutif détenu par la Commission européenne. Quatre têtes de l'Union européenne : le président du Conseil européen, le Président tournant de l'UE, le Parlement et la Commission européenne. Qui représente démocratiquement les peuples et les enjeux de l'Europe face aux présidents des États-Unis, de la Russie ou de la Chine ?

     3- Non, le président Emmanuel Macron ne peut pas dire au monde qu'il veut encore négocier avec Vladimir Poutine tout en déclarant soutenir ouvertement et militairement l'Ukraine... C'est une position inconfortable dans des négociations internationales de conciliation. En sa qualité de président d'une puissance militaire incontestée dans le monde et de président en exercice de l'Union européenne, il devrait tenir un discours de neutralité pour conduire les négociations entre la Russie et l'Ukraine. Les Français sont amis avec des Russes et avec des Ukrainiens. Mais, les USA lui imposent également leur agenda et leurs objectifs dans cette négociation. Alors, négocie-t-on réellement sur les besoins des protagonistes ou sur les moyens de les satisfaire ?

     4- Non, l'OTAN n'a plus besoin d'extensions dans le monde. Les technologies militaires actuelles permettent d'atteindre avec une grande précision et une forte puissance des cibles ennemies distantes de plusieurs milliers de kilomètres, soit en offensif ou en défensif. Les capacités de projection actuelles des troupes suffisent. Elle peut alors s'associer à la négociation de l'adhésion des trois derniers pays à l'Union européenne (Biélorussie, Ukraine et Moldavie), avec une clause d'exclusion à l'installation des bases militaires de l'OTAN dans ces pays. Toutes les parties concernées devraient alors s'accorder à respecter cette clause.

     Après 1991, ce sont les pays de l'ancien Rideau de Fer de l'URSS éclatée qui rejoignent l'OTAN. La Pologne et la République Tchèque et la Hongrie, en 1999. l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie, en 2004, de même que la Slovénie issue de l'éclatement d'ex-Yougoslavie alliée de l'URSS. La Croatie et l'Albanie adhèrent en 2009, le Monténégro en 2017 et la Macédoine du Nord en 2020.  Non, la Russie ne veut pas lâcher l'Ukraine pour des raisons indiquées. Ce n'est donc pas qu'une question de frontière. La souveraineté internationale de l'Ukraine se fracasse sur les intérêts économiques et militaires de la Russie, et les enjeux stratégiques des États-Unis par l'Union européenne interposée.

Siège de l'OTAN à Bruxelles, en Belgique.

Trente États membres en 2022, dont une écrasante majorité de 21 pays membres de l'Union européenne : Belgique, Danemark, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Grèce, Allemagne, Espagne, République Tchèque, Hongrie, Pologne, Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie et Croatie

     5- Oui, l'Union européenne devrait se sentir indépendante et mûre pour considérer des intérêts de ses citoyens, sans les soumettre comme des esclaves aux volontés des dirigeants américains. De ce point de vue, l'administration de Donald Trump avait raison de se concentrer au mieux vivre des Américains chez eux d'abord. Aussi, les citoyens européens considèrent que l'Union européenne devrait d'abord approfondir et consolider ses socles avec de réelles convergences (économiques, sociales, fiscales, sécuritaires, démocratiques et de bonne gouvernance dans chacun des pays membres), avant de poursuivre son élargissement. Aujourd'hui, la sécurité de l'Europe est clairement assurée par l'OTAN. La France, seule puissance nucléaire de l'Union européenne après le désarmement de l'Allemagne, ne peut pas défendre l'Europe contre la Russie. Aussi, l'on comprend que les dossiers de l'intégration de la Biélorussie et de l'Ukraine à l'UE et à l'OTAN deviennent doublement explosifs.

Quelles conséquences du conflit Russie-Union européenne par l'Ukraine interposée sur le plan international ?

     1- L'Union européenne démontre sans faille qu'elle est gardienne des intérêts stratégiques, économiques et militaires des États-Unis. L'OTAN n'est qu'un pôle officiel d'intervention de ces derniers, en embarquant tous ces alliés. Dans les guerres récentes, nous constatons que lorsque les États-Unis se sont désistés, la Russie a déjà marqué ses victoires. C'est le cas en Syrie. Le président François Hollande venait de déclarer que l'Occident va "punir" le président Bachar El Assad en Syrie, en le sortant du pouvoir et en lui infligeant un jugement pour crimes contre l'Humanité. Mais, le président Barack Obama y a opposé une fin de non-recevoir. Alors, la France s'est calmée. La Russie continue de soutenir Bachar El Assad au pouvoir en Syrie. Les États-Unis ont engagé une guerre en Irak en 2003. La France s'y est opposée par la voix du président Jacques Chirac et son ministre des Affaires Étrangères Dominique de Villepin. Mais, la guerre a bien eu lieu en Irak, le président Saddam Hussein a été capturé et exécuté par pendaison. La France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont décidé une guerre en Libye contre le président Mouammar Kadhafi, contre les volontés de l'Union africaine qui envisageait d'autres éventuelles sanctions contre Kadhafi. Mais, la guerre a bien eu lieu et le président Kadhafi a été capturé et tué. La Libye a été totalement décomposée, mais cela n'est pas l'affaire des États-Unis, ni de l'Union européenne. Il n'y a pas de service après guerre (SAG) dans le droit international. La fameuse "Communauté internationale" n'existant pas en droit, la volonté des États-Unis devient une priorité pour l'Union européenne, et devient ainsi l'opinion internationale. Quiconque s'y oppose devient ainsi l'ennemi de la liberté et de la démocratie. Les pays africains en ont fait largement l'expérience : ils refusent désormais de se déterminer dans cette guerre entre la Russie et l'Ukraine, aux intérêts cachés des États-Unis derrière l'Union européenne et l'OTAN, ses deux bras d'action. Ils s'abstiennent massivement, et de plus en plus nombreux, lors des votes de sanctions contre la Russie aux Assemblées générales des Nations Unies, à New York. Dans ces instances, les pays sont censés voter des résolutions prises par les membres permanents du Conseil de Sécurité. Il convient de bien constater que trois des cinq membres permanents (France, Royaume-Uni et États-Unis) sont également membres de l'OTAN.

     2- Un pôle "États-Unis - Union européenne - Pays membres de l'OTAN" se constitue clairement autour des États-Unis. Convenons, pour la sémantique, que l'Atlantique Nord (OTAN) a largement débordé sur de nombreux pays de la Méditerranée (Grèce, Turquie, Albanie, Croatie, Monténégro, Macédoine du Nord, et les pays de l'Europe de l'Est) bien éloignés de l'Atlantique. Les intérêts de chaque pays membre seront considérés comme des intérêts de l'ensemble de ces pays, et ils uniront leurs forces pour les défendre. Mais, ce sont principalement les États-Unis et l'Union européenne. Aussi, comprend-on les raisons qui poussent nombre de pays à pousser les portes de l'Union européenne comme marche-pied pour accéder à l'OTAN. Les intérêts, principalement économiques, à protéger sont en Europe, en Amérique du Sud et en Afrique. Ce pôle dispose d'une force de frappe militaire et des capacités de rétorsion économique incontestées. A chaque initiative de la Russie en Europe (pour protéger ses frontières, ses échanges économiques et sa sécurité des bases militaires de l'OTAN) et dans le reste du monde (approvisionnements, accès aux ressources des matières premières, contribution à la sécurité des pays et des investissements, élévation du niveau de l'éducation, diversification des partenariats économiques et industriels), ces pays de l'Alliance Transatlantique évoqueront le groupe paramilitaire russe Wagner pour intervenir au besoin. Les pays africains sont donc prévenus.

     3- La "Russie acculée à l'étroit n'aurait plus qu'une solution : créer une "alliance Russie - Chine - Inde" pour partager les marchés dans le monde, notamment l'accès aux matières premières stratégiques pour leurs économies. Elles représentent trois milliards d'habitants, soit 38% de la population mondiale. Et surtout, elles détiennent la plus grosse capacité financière du monde et des innovations technologiques (via la chine), ainsi qu'une puissance d'un armement aussi avancé que celui de l'OTAN. Ces pays peuvent coaguler autour d'eux tous les pays idéologiquement opposés à l'Occident. En Afrique, ils démontrent qu'ils contribuent réellement au développement (la Chine et l'Inde) et à la sécurité des pays (la Russie). Mais, l'entrée de la Russie dans le précarré militaire de la France en Afrique (Mali, Centrafrique) est devenue une autre source de tensions entre la France et la Russie, pays auparavant amis. Tous les moyens d'isolement dans le monde et d'affaiblissement militaire et diplomatique de la Russie seront de bons arguments pour perpétuer la présence militaire de la France en Afrique. Au besoin, la France pourrait faire appel à la puissance et la solidarité au sein de l'OTAN pour défendre également ses intérêts dans le monde. D'où l'importance pour la Russie de trouver, elle-aussi, des alliés stratégiques puissants, notamment en Chine et dans d'autres pays en Asie ayant des contentieux avec l'Occident. 

     Aussi, le monde revient à la situation de la guerre froide, et se divise en deux pôles principaux. Mais, les armes ne sont plus que militaires, elles prennent une forte charge économique et financière. L'Union européenne vient de débloquer 450 millions d'euros pour l'achat des armes destinées à l'Ukraine contre la Russie ? Mais de quelles armes s'agit-il ? Et si la Russie mettait à exécution sa menace de sortir ses bombes nucléaires contre l'Ukraine et l'Europe, que deviendraient ces armes conventionnelles destinées à l'Ukraine ? Ne va-t-on pas les retrouver bientôt au Sahel ou dans d'autres conflits au Moyen-Orient ? Et si la chine soutenait ouvertement la Russie contre les États-Unis, que deviendrait l'Europe face à la Russie ? La réponse viable et durable à tous les contentieux, ce n'est jamais la guerre. C'est la pire des solutions, car elle détruit tout sur son passage. Il y a toujours une place à la négociation pour la paix. Les Russes et les Ukrainiens sont le même peuple. Ils ont tout partagé : Nikita Khrouchtchev qui a déstalinisé l'URSS et Leonid Brejnev qui a stabilisé l'URSS ont un sang ukrainien. L'Europe peut bien entretenir des rapports d'amitié et de fraternité avec la Russie et avec l'Ukraine, et devenir un arbitre impartial entre l'expansion des États-Unis et l'OTAN, d'une part, et la folie de grandeur et de puissance de la Russie, d'autre part.

     Il convient de se souvenir que la Première Guerre mondiale est née en Europe (officiellement à Sarajevo) et que la Seconde Guerre mondiale est également née en Europe (officiellement, l'Allemagne a envahi la Pologne). Si la Troisième Guerre mondiale devait avoir lieu, elle prendrait également sa source en Europe (La Russie a envahi l'Ukraine). Mais, les pauvres pays d'Asie et d'Afrique n'y prendraient plus part, car les empires qui les y entraînaient se sont effondrés. Le monde s'est réveillé. En attendant, que chacun se détermine face à ces deux nouveaux blocs qui se forment. Les lignes de partage ne sont plus idéologiques : Capitalisme et Démocratie contre Communisme et Dictature. Elles sont économiques, hégémoniques et sécuritaires. Il n'existe pas d'amitié entre les nations, chaque dirigeant défend ses propres intérêts ou ceux de son pays dans le monde.

(Dernière mise à jour, le 4 mars 2022)


Emmanuel Nkunzumwami

Écrivain-Essayiste
Analyste économique et politique
Directeur de Neres Conseil
E-mail :
emmankunz@gmail.com

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