QUELLE TRANSITION AU SOUDAN, APRES LA DESTITUTION DE L'ANCIEN DICTATEUR OMAR EL-BECHIR ?
30 avr. 2019Quelle transition vers la démocratie au Soudan, après la destitution de l’ancien dictateur et sanguinaire dans le Darfour, Omar Hassan El-Béchir ?
Nous allons commencer par montrer la position géostratégique du Soudan en Afrique. Au nord se trouve l’Égypte, qui partage avec le Soudan l'appartenance au monde arabe et l’Islam comme religion officielle d’État, et dont la Charia islamique inspire la législation nationale. Au nord-ouest se situe la Libye, un pays en forte décomposition politique et en pleine guerre permanente depuis 2012. A l’ouest, se trouve le Tchad, sujet à des assauts réguliers de prise de pouvoir par la rébellion armée. Au sud et sud-ouest, la République Centrafricaine et le Sud-Soudan sont plongés dans les guerres civiles sans fin depuis 2012. La République Centrafricaine reste arrimée à la Communauté Économique de l’Afrique Centrale, alors que le Sud-Soudan a rejoint l’East African Community de l’Afrique Orientale. A l'est, l’Éthiopie, deuxième pays le plus peuple de l’Afrique, et l’Érythrée qui vient de signer un accord de paix permanente avec l’Éthiopie, deviennent les seuls pays stables autour du Soudan, et elles l’encadrent jusqu’à la mer Rouge.
Carte du Soudan dans son environnement géographique
Le soudan, un territoire de 1.886.068 km² avec une population estimée à plus de 40,235 millions d’habitants, a été marqué par une longue dictature militaire depuis le coup d’État du 30 juin 1989. Après avoir servi dans l’armée de l’air égyptienne, notamment dans la guerre de Kippour en 1973, Omar Hassan El-Béchir rentre au Soudan. Devenu colonel dans l’armée soudanaise, il s’empare du pouvoir. Il renverse, avec l’aide d’un groupe d’officiers, l’instable coalition gouvernementale du Premier ministre Sadeq al-Mahdi. Tous les partis politiques, ainsi que le Parlement, sont dissous. Omar Hassan El-Béchir prend la tête du Conseil du commandement révolutionnaire pour le salut national nouvellement établi, et s’attribue les fonctions de chef de l’État, Premier ministre, chef des forces armées et ministre de la Défense, avant de devenir officiellement président de la République le , poste qu’il a occupé sans discontinuer jusqu’à sa destitution par l’armée le 11 avril 2019, suite à une révolution de la jeunesse et du peuple. Il est ensuite mis en prison à Khartoum en attendant son jugement, avec de nombreux dignitaires de son régime. Il sera alors resté au pouvoir durant près de trente ans. Il est également attendu par la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye (aux Pays-Bas) pour Génocide, Crime contre l’Humanité et Crimes de guerre, dans le cadre de la guerre du Darfour, qui a fait des centaines de milliers de victimes.
Aujourd’hui, un «Conseil de souveraineté conjoint», formé de militaires (généraux) et de civils tente de s’imposer dans le pays. Ce serait une première dans les révolutions arabes où les civils et les militaires s’entendent pour gérer ensemble la transition. Néanmoins, dans la négociation, l’armée voudrait s’attribuer un nombre plus important de sièges dans ce Conseil. Depuis près de trente ans, c’est l’armée qui était aux commandes du Soudan. Il apparaît démocratiquement légitime que le pouvoir soit contrôlé par les civils en coopération avec l’armée pendant la transition, entre deux à quatre années maximum, le temps de retravailler la nouvelle constitution, de réintroduire la démocratie dans la gouvernance, et de préparer l’accès des civils à des postes de commande et de responsabilité dans des institutions du pays, et un président démocratiquement élu par le peuple soudanais. L’armée ayant dirigé le pays pendant près de trente années, devrait accepter que la révolution amène les civils aux postes de décision pour l’avenir du Soudan. Mais, elle ne peut pas en être écartée pour éviter le risque de retour de la même armée par un nouveau coup d’État. Aussi, une gestion du «Conseil de souveraineté conjoint», avec 60% de civils et 40% de militaires, ainsi qu’un gouvernement dans les proportions de 30% militaires et 70% de civils seraient de nature à ouvrir la route de la «démocratisation conjointe», garantir la sécurité et les libertés publiques dans le pays, et assurer une gouvernance en vue du développement économique et social pour tous les Soudanais. A l’issue de la transition, le pouvoir est ouvert intégralement aux civils ; l’armée et les forces de sécurité retournent à leurs missions de paix nationale et sécurité publique. L’exercice des missions politiques, de gouvernement et des mandats électifs ne sont pas dévolues ni à l’armée, ni à la police, dans un État de droit. Ensuite, il conviendra de déférer l’ancien dictateur et les membres de l’équipe ayant commis des exactions dans le pays devant la justice.
Il ne peut y avoir de réconciliation et de développement sans Justice (pour condamner les criminels, les auteurs des détournements de fonds publics, les personnes impliquées dans des corruptions, les prédateurs des ressources du pays, l’enrichissement illicite, etc.) et sans Vérité (l’ampleur des massacres dans le pays, les personnes connues pour organiser et exécuter la terreur, les commanditaires et les exécutants du génocide au Darfour et dans le reste du Soudan, les meneurs de la guerre au Soudan du Sud, etc.).
Pour reconstruire un «Nouveau Soudan» avec la participation de tout le peuple soudanais, et notamment au profit des jeunes générations, à l’intérieur du pays et au sein de l’importante diaspora soudanaise qui a fui les exactions au Soudan, le passage par la Justice et la Vérité sera indispensable.
Emmanuel Nkunzumwami
Écrivain-Essayiste
Président de Future Afrique Notre Avenir (FANA-F2A)
Auteur de "La Relance de l'Afrique" (2017) et de "Le Partenariat Europe-Afrique dans la mondialisation" (2013).
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