LE GROUPE RENAULT SUPPRIME DES DIZAINES DE MILLIONS DE PRIMES ET DES INDEMNITÉS DE DÉPART À SON EX-PDG CARLOS GHOSN.

     La crise des Gilets Jaunes aura eu un effet bénéfique sur l'éthique et la décence sur certaines hautes rémunérations injustifiables. Surtout pour des dirigeants des entreprises dont ils ne sont ni fondateurs, ni propriétaires, et où les risques personnels encourus sont mineurs.

     Aussi le dossier Carlos Ghosn, ancien PDG de Renault, puis du groupe Renault-Nissan, et qui a failli prendre la présidence de Renault-Nissan-Mitsubishi, est fermé. Il sera privé des indemnités de non concurrence valant 2 ans de salaires avec des primes, et des actions gratuites pour les années de 2015 à 2018. Elles seraient évaluées à 26 millions d'euros que le groupe Renault-Nissan ne paiera pas.

     Par ailleurs, le groupe Renault-Nissan devrait poursuivre Carlos Ghosn pour abus de biens sociaux dans l'utilisation du contrat de mécénat du Groupe avec le Château de Versailles lors de son mariage et sa fête d'anniversaire, événements privés et personnels qui n'engagent nullement le mécénat du Groupe.

     Il convient de rappeler que Carlos Ghosn est incarcéré dans une prison de Tokyo, au Japon, pour malversations financières, dissimulation des revenus perçus au fisc et donc fraude fiscale, et abus de biens sociaux par le financement de son train de vie personnel par la société japonaise d'automobile Nissan. Le cumul des rémunérations de Carlos Ghosn était de 15 millions par ans, cumulés entre 8 millions payés par Renault et 7 millions payés par Nissan, pour un seul et même dirigeant, auxquels pouvaient s'ajouter les revenus boursiers de ses stock options.

     Le Conseil d'Administration du groupe Renault-Nissan se réunira en mars pour arrêter la rémunération et le solde de tous comptes pour l'année 2018, étant donné que Carlos Ghosn n'a travaillé que jusqu'en novembre avant d'être arrêté, puis incarcéré au Japon, et qu'il a démissionné après le constat de l'absence effective à son poste dans l'entreprise. Il ne prétendra donc pas aux actions gratuites, ni aux primes liées aux résultats, puisqu'il n'était pas en activité dans l'entreprise, une des conditions pour recevoir les primes.

     Le ministre de l’Économie et des Finances a tout à fait raison de rappeler que le représentant de l’État au Conseil d'Administration avait la mission de demander la plus forte baisse possible pour les indemnités de départ de Carlos Ghosn. C'est une question de morale, d'éthique, d'équité et de décence. Nous sommes pour le libéralisme et pour une juste redistribution des gains des entreprises, mais contre la fraude, l'abus de position dominante dans les entreprise, l'abus des biens sociaux et les détournements de fonds des dirigeants. Il est même vivement souhaitable que ce cas Carlos Ghosn serve de jurisprudence dans la gestion des affaires en entreprises. Enfin, la justice française devrait également se saisir des cas semblables pour assainir la gestion publique et la gestion des entreprises pour contribuer à la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales. Rappelons que l'évasion fiscale en France représente environ 12% de la richesse produite en France.
De la morale dans les affaires, de l'éthique, de la probité pour inspirer la confiance, de l'équité fiscale, de la décence face aux exigences de la redistribution des revenus du travail et de la bonne gestion : voilà le cap.

Emmanuel Nkunzumwami
Essayiste

Analyste économique et politique
Auteur de "La France face à son avenir" (2016)

 

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