18 JUIN 2011 HUPPY

Les élections municipales de mars 2014 ont « normalisé » l’extrême droite dans la conquête des collectivités locales. Aussi, une dizaine de villes et plusieurs villages de France sont aujourd’hui gérés par des centaines d'élus de l’extrême droite ou des proches des thèses des l’extrême droite. Dans de nombreuses communes, le conseil municipal comprend des élus de droite, du centre, de la gauche et de l'extrême droite. C'est l'expression démocratique des électeurs français, mais c'est également une source d'inquiétude pour l'exercice même de la démocratie locale. Cela est vrai à Hénin-Beaumont dans le département du Nord (région Nord-Pas de Calais) et de nombreuses villes du Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pour la première fois dans l'histoire de la Cinquième République, une ville de plus de 100.000 habitants, Béziers, est dirigée par une équipe élue sur les thèses de l'extrême droite. Un arrondissement de Marseille a élu un maire Front national. Dans de nombreuses communes, les listes Bleu Marine ont atteint plus de 30%, voire 40% au premier tour de cette élection municipale du 23 mars 2014.


Dans le département de la Somme, la situation est simple. Sur 782 communes de ce département de la Somme, 92 communes comptent plus de 1000 habitants en 2014 où le vote s’est exprimé par scrutin de liste fermée. Ces communes comportent de 15 élus jusqu'à 55 élus dans la plus grande commune de la somme, à Amiens. Au sein des ces principales communes de la Somme comptant plus de 1000 habitants, 83% sont aujourd’hui gérées par les nouveaux élus de droite ou du centre-droit, soit 76 communes. C’est donc une confirmation que la droite a enregistré une véritable et très significative reconquête des collectivités territoriales, en commençant par les communes.


Enfin, sur les 22 principales communes de plus de 2500 habitants, 16 communes sont aujourd’hui gérées par de nouvelles équipes municipales de droite ou de centre droit, soit 73% de ces communes. De nombreuses grandes communes de la Somme sont alors aujourd’hui gérées par les élus de droite et du centre droit : Amiens, Albert, Péronne, Nesle, Corbie, Doullens, Montdidier, Moreuil, Ham, Mers-les-Bains, Rue, Saint-Valery-sur-Somme, Saleux, Salouël, Villers-Bretonneux. Seule la commune d'Abbeville (deuxième commune de la Somme) a pu résister à la reconquête de la vague bleue. A Amiens, la principale ville de Picardie avec ses 135.000 habitants, Brigitte Fouré (UDI) est élue Maire d’Amiens et Alain Gest (UMP) est élu Président d’Amiens-Métropole. Cette métropole compte 33 communes (dont la commune d'Amiens) ; elle constitue le principal espace économique de la Somme et de la Picardie. Nul doute que cette première marche permettra, sur le plan national comme sur le plan régional et départemental, de reconquérir la majorité sénatoriale en septembre 2014 et d’amplifier la reconquête des départements et des régions en 2015. La balle est donc dans le camp de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) et de l’Union des Démocrates et des Indépendants (UDI) pour réussir la reconquête territoriale et nationale, et barrer la route à l’extrême droite depuis les élections européennes du 25 mai 2014, les élections territoriales de mars 2015 et les élections présidentielle et législatives de 2017.


Ci-dessous la répartition des victoires aux élections municipales de mars 2014 :

 

Commune

1er tour des élections municipales - du 23/03/2014

2ème tour du 30/03/2014

 

communes de plus de 1000 habitants

Liste Union Droite (%)

Liste Union Gauche (%)

Front national / Bleu Marine / Liste DvD (%)

Elu

Droite / Centre droit

Nesle

53,8

46,2

 

 

OUI

Nouvion

24,6

55,3

9,7+8,5

 

 

Oisemont

61

39

 

 

OUI

Pendé

100

 

 

 

OUI

Péronne

40,7

44,8

14,5

LDVD (46,7%)

OUI

Picquigny

 

 

100

 

OUI

Poix-de-Picardie

39

 

61

 

OUI

Pont de Metz

 

44,9+23,1

32

LDVG (47,7%)

 

Pont-Rémy

 

100

 

 

 

Poulainville

52,3

 

33,4

 

OUI

Quend

68

 

32

 

OUI

Quevauvillers

60,6

 

39,4

 

OUI

Rivery

 

56,5+15,5

27,9

 

 

Roisel

44,1

25+17,8+13,1

 

LDVD (46,3%)

OUI

Rosières-en-Santerre

100

 

 

 

OUI

Roye

39,6

60,4

 

 

 

Rue

51,1

30,8+18,1

 

 

OUI

Sailly-Ribeaucourt

100

 

 

 

OUI

Sains-en-Amienois

60,7

 

39,3

 

OUI

Saint-Léger-lès-Domart

100

 

 

 

OUI

Saint-Ouen

72,4

 

27,6

 

OUI

Saint-Quentin-la-Motte-Croix-au-Bailly

42,2

57,8

 

 

 

Saint-Riquier

100

 

 

 

OUI

Saint-Sauveur

60,1

 

39,9

 

OUI

Saint-Valéry-sur-Somme

69,9

30,1

 

 

OUI

Saleux

100

 

 

 

OUI

Salouel

81,2

18,8

 

 

OUI

Talmas

100

 

 

 

OUI

Vignacourt

100

 

 

 

OUI

Villers-Bocage

42,3

 

46,4

LDVD (47,8%)

OUI

Villers-Bretonneux

57,5

21,3

 

 

OUI

Woincourt

 

100

 

 

 

 

 

Conclusion :

Les résultats des élections municipales dans le département de la Somme confortent la reconquête des territoires par l'UMP et de l'UDI au détriment de la gauche. Cependant, comme dans le reste de la France, les élus de l'extrême droite marquent également leur présence dans les conseils municipaux, notamment dans les grandes villes du département. Les crises traversées, -financières, économiques, sociales et identitaires -, sous la violente pression de la mondialisation, accentuent les mouvements de refuge vers les populistes des extrêmes.  Il convient alors de remarquer que le premier parti de France devient "la désespérance" dont les militants actifs sont des abstentionnistes. Il appartient aux principales formations politiques républicaines, UMP, UDI et PS, de relever les défis sur les attentes des Français pour agir simultanément sur l'abstention, alliée objective de la montée de l'extrême droite qui bénéficie du "vote protestataire", et sur le simplisme des populistes contre les partis de gouvernement et contre l'intégration de la France en Europe. L'avenir de la France est en Europe, et l'avenir de l'Europe est dans l'intégration dans l'économie mondialisée à laquelle participe l'Afrique.

 

emmanuel-1Emmanuel Nkunzumwami

Analyste politique et économique

Auteur de "La montée de l'extrême droite en France", Editions L'Harmattan, 2012.

Chroniqueur sur la radio Africa n°1

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