LE DÉCONFINEMENT SOULÈVE LE DÉFI SANITAIRE, ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE
13 mai 2020*********************************************************
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Le mois de mai 2020 est crucial dans notre monde aujourd'hui. De nombreux pays, dont les peuples sont relativement fatigués du confinement, s’organisent ou se projettent dans le "déconfinement". Les raisons sont multiples, mais les enjeux dépassent également les décisions de tel ou tel pays. La globalisation des échanges entre les nations est devenue aussi celle de la pandémie du covid-19.
La situation du monde, avec sa population de 7,783 milliards d’humains et face à la violence brutale du covid-19, reste très complexe. Au soir du 12 mai 2020 (et au lendemain du déconfinement en France), le monde enregistrait 4,337 millions de personnes infectées par le coronavirus covid-19 (soit une augmentation de 6% en trois jours). Étant une somme des résultats des tests effectués par chaque pays de la planète, il ne peut qu’être une indication et non une réalité. La raison principale en est qu’à de très rares pays près, telle la Corée du Sud ou Taïwan, les pouvoirs politiques et sanitaires des pays n’ont pas testé TOUS les habitants pour avoir un résultat proche de la réalité mondiale. Les taux de tests sont donc très largement au-dessous de 1% de la population. On se contente alors de mesurer les progressions tous les trois jours dans le monde et dans chaque pays de notre Panel100. C’est une indication sur la propagation relative du covid-19 au sein de la population, et on s’aperçoit que le virus continue de se propager très fortement dans le monde, et donc de créer des malades et des morts.
Ensuite, les cas de guérisons interpellent les politiques sanitaires publiques et les capacités médicales des États. Sur les 4,097 millions de cas testés positifs au covid-19 à la date du 12 mai 2020, il apparaît que 1,597 million en ont été guéris, soit une moyenne mondiale de 37% de guérisons, et une augmentation de 12% de personnes guéries dans le monde. Un effort remarqué se développe dans ce sens, notamment en Asie et en Afrique où les dirigeants s’activent fortement. Chaque pays peut ainsi se comparer à ces deux références mondiales : un taux de guérison de 37% et un accroissement de 12% de personnes guéries. Par ailleurs, l’on a enregistré à la même date du 12 mai 2020, un nombre de 292.369 décès dus au covid-19, soit une progression de 4%. Le monde a donc déjà dépassé le quart de million de morts de cette pandémie. Le total des continents habités connaît alors une mortalité de 38 personnes pour un million de ses habitants. Ce n’est qu’une moyenne mondiale, puisque les pays assiégés par ce virus dépassent très largement ce chiffre. Ainsi, les pays Occidentaux enregistrent des résultats les plus élevés du monde : 756 pour la Belgique, 576 pour l’Espagne, 511 pour l’Italie, 482 pour le Royaume-Uni, 402 pour la France, 328 pour la Suède, 322 pour les Pays-Bas, 301 pour l’Irlande, 252 pour les États-Unis et 216 pour la Suisse, s’agissant des principaux pays relativement frappés par la violence du covid-19 dans notre Panel100 et dans le monde. Ce sont les principaux pays du monde qui ont passé la barre de 200 morts pour un million d’habitants. L’on peut leur associer les autres pays de notre panel100 qui se trouvent entre 100 et 200 décès pour un million d’habitants ; soit le Luxembourg (163), le Canada (137), l’Équateur (132) en Amérique latine et le Portugal (114). La situation reste donc tendue partout dans le monde.
Les données du Panel100 du suivi pour le covid-19
Dans notre Panel100, constitué de 100 pays répartis dans tous les continents depuis mars 2020, nous enregistrons 4.203.990 cas de contaminations déclarés positifs, soit 97% du total mondial et une augmentation homothétique de 6% comme dans les données globales du monde. Néanmoins, nous observons des cas de 1.538.675 guérisons, représentant également 96% des guérisons du covid-19 dans le monde. La progression plus faible des guérisons (11% contre 12% dans le monde) est liée à la surreprésentation des pays occidentaux (dans le haut de notre tableau) dont le taux moyen de guérisons est plus faible. En dehors de quelques pays, tels que le Luxembourg (93%), l’Australie (89%), l’Autriche (89%), la Corée du Sud (88%), la Suisse (88%), l’Allemagne (85%) ou le Danemark (81%), de nombreux autres pays très lourdement frappés par le covid-19 au-delà de 1000 décès déjà enregistrés, présentent des taux de guérisons plus faibles, sous la moyenne mondiale, comme les États-Unis (20%), la France (32%), la Belgique (26%), la Suède (18%), l’Inde (33%), l’Équateur (11%), la Russie (19%), le Pérou (32%), le Portugal (11%), l’Indonésie (21%) ou encore le Royaume-Uni dont le taux est encore plus faible. La surreprésentation des pays occidentaux, plus sévèrement attaqués par ce virus, nous apporte ainsi une surreprésentation de la mortalité. Il en résulte que le nombre de 290.782 décès enregistrés dans les pays du Panel100 représente 99% de la mortalité mondiale, et connaît une forte hausse de 5% en trois jours. Au sein des nations occidentales, les 27 pays de l’Union européenne et le Royaume-Uni totalisent 150.175 décès du covid-19, soit 52% de la mortalité au sein du Panel100 et 51% du monde. De même, au sein de ces 27 pays, on constate que quatorze d’entre eux ont déjà dépassé chacun le nombre total de 500 morts du virus (Royaume-Uni, Italie, Espagne, France, Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Suède, Irlande, Portugal, Roumanie, Pologne, Autriche, Danemark). Ils rassemblent 148.857 décès du covid-19, soit 99% de l’ensemble des 27 pays de l’Union européenne et le Royaume-Uni et un poids d’environ 51% des morts de ce virus dans le monde. Il apparaît ainsi une très importante disproportion telle que moins de 8% de la population mondiale concentrent 51% de la mortalité du covid-19 dans le monde. C’est un résultat qui interroge sur les modes de vie des populations, les concentrations humaines dans des agglomérations, les politiques publiques sanitaires et la résistance face aux pandémies. Les indicateurs que nous avons retenus renseignent sur la propagation du virus (progression des contaminations), sur les capacités à traiter et soigner les malades (progression des guérisons) et la dynamique de la mortalité au sein des personnes contaminées (évolution de la mortalité). A ces indicateurs, nous avons associé le suivi de l’impact de la mortalité sur la population globale d’un pays (morts pour un million d’habitants) et les capacités de guérisons compte tenu du "stock" des malades actuels et d’autres qui pourraient s’y adjoindre après le déconfinement (taux de guérisons par rapport aux contaminations). Ce dernier taux suggère que le pays doit être capable de soigner les malades actuels et faire face à d’autres flux de nouveaux malades infectés puisque le virus poursuit sa progression. Les données du panel100 sont livrées dans les tableaux représentant 51 pays de plus de 150 décès, ensuite 49 de moins de 150, d’une part, et les pays africains, d’autre part. Ils sont classés par ordre décroissant du nombre de morts du covid-19 et du nombre de personnes testées positives, susceptibles de contribuer activement à la propagation des contaminations, de développer la maladie, d’alimenter la surcharge des structures de réanimations et les décès. Les graphiques réalisés permettent de visualiser les évolutions comparées des contaminations, des guérisons et des décès dans les principaux pays parmi les plus durement touchés par le covid-19. Nous observons que les pays qui s’organisent pour le déconfinement total s’exposent à trois grands défis sanitaire, économique et politique.
Les situations variées selon les pays face au covid-19
Sur le plan sanitaire, les situations différentes appellent des analyses spécifiques à chaque cas. Néanmoins, les points communs se rejoignent. Pendant plus de cinquante jours de confinement, les malades souffrant des pathologies lourdes ont été priés d’attendre la libération des lits d’hôpitaux réquisitionnés pour recevoir les malades du covid-19. Les fortes tensions dans la réanimation, le suivi attentif des malades de ce virus, les soins particuliers que requièrent l’attention contre la contamination au covid-19 et le cas particulier de chaque patient dans les hôpitaux, les urgences à traiter rapidement les malades de plus en plus nombreux ; tous ces bouleversements n’étaient pas compatibles avec la médecine régulière et le temps habituellement consacré aux malades de longue durée. Suivis par leurs médecins traitants qui se partagent entre les hôpitaux pour participer à la lutte contre le covid-19 et la pratique en cabinet, certains patients ont pu connaître la détérioration de leurs conditions de santé. Ce sont des personnes fragiles qui sont en première ligne pour contracter le virus du covid-19 s’ils sortent du confinement. Ensuite, confinés pendant une très longue période, nos corps ont été mis à l’abri des agressions virales et bactériennes habituelles. Ils n’ont donc pas lutté avec nos anticorps. Serons-nous tous capables de vaincre le covid-19 en sortant de notre « cachette » du confinement ? Enfin, la propagation qui produit de nouveaux cas testés positifs au coronavirus se poursuit. En cette première semaine de mai 2020, de nombreux pays ont connu le regain de progression des contaminations sans que les capacités de traitement ne s’améliorent. Il se pose une question cruciale aux dirigeants : faut-il « déconfiner » toute la population et en même temps, dans l’incertitude de la propagation des contaminations du virus et ses conséquences sur la maladie, en plus du regain de la mortalité ? Doit-on se réserver la possibilité de « reconfiner » tout ou partie du pays si la mortalité brutale reprend ? Comment s’assurer que tous les habitants ont facilement et rapidement accès aux masques efficaces, au gel ou la solution hydroalcoolique, aux soins en cas de besoins ? Comment organiser partout la circulation des personnes en respectant les espaces réglementaires de distanciation physique ?
Sur le plan économique, l’outil de production non stratégique pour les nations et les activités régulières d’accroissement de la richesse nationale ont été mis à l’arrêt. Certaines entreprises ne pourront pas se relever des faillites par défaut de clients ; d’autres devront vivre à la limite de flottaison pendant plusieurs mois, voire quelques années ; et enfin d’autres devront se délester d’une partie de leurs personnels. Le chômage total ou partiel ne pourra pas longtemps rester à la charge des budgets publics, car ceux-ci ont aussi besoin d’être régulièrement alimentés par les actifs, par la consommation, les cotisations, la part des impôts et taxes, et les investissements privés. Mais, comme l’activité a été longtemps à l’arrêt et que de nombreux acteurs économiques ne retrouveront ni le travail, ni le revenu pour leur part de contribution au budget de la nation, celui-ci sera en souffrance. Ou plus exactement, les États devront emprunter pour faire face à la demande sociale. Mais, qui dit emprunter, dit également alourdir la dette publique et la charge des intérêts, et donc la demande adressée à des citoyens pour participer au remboursement de cette dette. Mais que faire si les revenus des citoyens diminuent ? Faire payer les plus riches pour régler la facture de la péréquation de l’intervention sociale publique et le fonctionnement régulier de l’État, tout en maintenant l’investissement public et les interventions régulières pour soutenir l’activité économique en difficulté ? Créer de nouveaux impôts et taxes pour renflouer les caisses publiques ? Revoir, refonder et assouplir les règles des mécanismes de l’ordre économique et monétaire international ? En effet, la France et l’Europe, comme de nombreux pays industrialisés, devront affronter une panne sévère de plusieurs moteurs de l'économie. Cela est vrai pour tous les pays qui auront fait le choix du confinement total de plusieurs semaines.
Sur le plan politique enfin, comment les finances publiques devenues exsangues pourront-elles cohabiter avec l’ambition d’assainir la gestion publique ? Qui va se serrer la ceinture ? Ne devrait-on pas revoir les institutions et élaguer les fonctions non indispensables au bon fonctionnement de la nation ? La France a-t-elle besoin de plus de 30 ministres, avec plusieurs dizaines de membres dans chaque cabinet ministériel ? Le Parlement de 925 membres pour 67 millions d’habitants n’est-il pas pléthorique quand on sait que les collectivités locales ont également leurs parlements : les conseillers communaux et communautaires pour les communes, les conseillers départementaux et les conseillers régionaux ? L’on peut même remettre en cause le coût de fonctionnement du Parlement européen, dès lors que tous les pays membres de l’Union européenne paient un lourd tribut dans la mortalité au covid-19 et la chute des économies liée au confinement. L’Union européenne peut-elle survivre en l’état aux très regrettables égoïsmes nationaux observés pendant la gestion de la crise sanitaire ? Les nationalismes et le populisme ne vont-ils pas se réveiller partout ? Les règlements de comptes politiques ne vont-ils pas polluer le légitime débat démocratique et la recherche sereine des responsabilités dans les dysfonctionnements constatés au cours de cette inédite crise sanitaire ? Le coût politique du covid-19 en Europe et dans les grandes démocraties éprouvées se mesurera aux résultats des prochaines élections et imposera des choix concrets aux dirigeants. Il y aura des remaniements ministériels dans les pays où la gestion de la crise sanitaire n’a pas été exemplaire. Mais, ce sera souvent tout le fonctionnement de la chaîne de décision et la levée des zones d’ombre qu’il faudra revisiter. Les risques politiques peuvent très rapidement bouleverser les paysages nationaux actuels et même provoquer d’autres violentes crises multiformes dans les pays. En France, l’instabilité croissante de la sociologie électorale devient de plus en plus favorable aux souverainistes, et accompagne les revendications de plus en plus radicales de l’écologie politique. Le dernier état des lieux aux élections européennes 2019 été dressé dans l’ouvrage ci-dessous.
Le déconfinement progressif et territorialisé en France, en Espagne, en Australie et en Italie, l’accélération en Allemagne et en Autriche, des interrogations fortes en Belgique, et l’accroissement des manifestations anti-confinement aux États-Unis, peuvent se comprendre à travers les indicateurs que nous suivons depuis le milieu du mois de mars, recalculés et mis à jour tous les trois jours. Il s’agit de la progression des contaminations, la dynamique des guérisons et l’évolution de mortalité. Ce sont les différentiels. Nous présentons aux lecteurs des graphiques et des tableaux de résultats. Les tableaux ont été enrichis de deux autres indicateurs de relativisation de l’impact de la pandémie par rapport à la population. Il s’agit du taux des guérisons par rapport au total des contaminations (guérisons x100/contaminations) et de la mortalité ramenée à un million d’habitants de chaque pays sur la population estimée en 2020.
Le tableaux suivants indiquent des situations toujours très variées et en pleine évolution selon les pays, mais une forte concentration de la mortalité se retrouve principalement dans les pays occidentaux. La dernière colonne indique le nombre de morts du covid-19 pour un million d’habitants, alors que l’avant-dernière colonne suggère le taux de guérisons sur les personnes contaminées. La moyenne mondiale est de 37%. Certains pays occidentaux se retrouvent encore sous cette moyenne : la France (32%), la Belgique (26%), la Suède (18%), les États-Unis (20%). Ailleurs dans le monde, les scores sont également faibles dans d’autres grands pays peuplés, tels que l’Inde (33%), la Russie (19%), l’Indonésie (21%), le Brésil (41%), le Pakistan (26%), l’Égypte (23%), le Nigeria (19%), l’Éthiopie (41%), l’Afrique du Sud (38%). Mais et paradoxalement en Europe, on rencontre aussi les pays bien positionnés dans le taux de guérison : l’Allemagne (84%), la Suisse (86%) et l’Autriche (88%). La Corée du Sud (88%), la Thaïlande (93%) ou encore la Turquie (70%) présentent également de très bons taux de guérisons, comme on peut l’observer dans le Panel100.
Tableau des 51 pays du Panel100 dont le nombre de morts du covid-19 est supérieur à 150 au 12 mai 2020. Dans ces pays, on trouve vingt-deux pays dont le nombre de décès est supérieur à 1000, parmi lesquels treize pays affichent plus de 100 décès pour un million d’habitants. Dans ces derniers pays, la Belgique plafonne à 756 décès pour un million d’habitants, l’Espagne connaît 576 décès, l’Italie affiche 511, le Royaume-Uni compte 482 et la France est à 402, alors que l’Allemagne enregistre 92 et l’Autriche en signale 69, au sein de la même Union européenne. Les États-Unis affichent le plus grand nombre de 83.284 morts du covid-19, mais cela représente 252 décès pour un million d’habitants. Quant au taux de guérisons, la Suisse, l’Autriche, l’Allemagne, l’Australie et la Corée du Sud atteignent plus 84% de ce taux, alors que la France (32%), l’Italie (49%) et la Belgique (26%) n’atteignent même pas 50% de taux de guérisons. Cinq pays africains figurent dans cette partie du Panel100. Le tableau pourrait, à quelques égards, servir de comparatif des politiques publiques vis-à-vis de la lutte et l’efficacité contre la propagation du coronavirus covid-19, et la mortalité qui en résulte. Il interroge les dirigeants.
Tableau des 49 pays du Panel100 dont le nombre de morts reste bien inférieur à 150 au 12 mai 2020. Un seul pays de ce panel100 atteint 163 morts pour un million d’habitants dans cette partie du panel ; c’est le petit pays du Duché du Luxembourg (625.980 habitants). Le Rwanda connaît une progression des contaminations (286 au 12 mai 2020), mais enregistre d’importants efforts malgré sa forte densité de peuplement et ses ressources très limitées pour soigner les malades. Il atteint 53% de taux de guérisons, au-dessus de la moyenne mondiale. Il n’a pas encore enregistré de décès du covid-19 sur son territoire.
Les autres pays africains connaissent également une forte progression du coronavirus covid-19 avec des situations variées de succès dans la bataille contre cette pandémie. L’Afrique du Nord connaît la dureté de la pandémie comme les pays européens : l’Algérie (6.067 cas positifs testés, 515 décès et 49% de guérisons), le Maroc (6.428 cas positifs, 188 décès et 47% de guérisons). L’Égypte, avec 10.093 cas positifs, 544 décès est passée devant l’Algérie ; de plus, elle enregistre un faible taux de guérisons de 23%. L’Afrique du Sud, avec 206 décès pour 11.350 cas testés positifs, soit le nombre le plus élevé du continent, n’en est encore qu’à 38% de taux de guérisons. Les autres pays se portent relativement bien en comparaison avec les grands pays occidentaux, et compte tenu de la prédiction de l’hécatombe sur le continent. L’Afrique subsaharienne pourrait présenter un profil bien particulier et détenir ses propres solutions de lutte efficace contre le covid-19, sans attendre les secours improbables extérieurs. Mais, certains pays présentent des situations étonnamment bonnes pour être crédibles : la Mauritanie, bordée par le Maroc (6.428 cas), l’Algérie (6.067 cas), le Mali (730 cas) et le Sénégal (1.995 cas positifs), ne comptabilise que 8 cas positifs. L’on sait que le virus ne respecte pas les frontières géographiques. Le Lesotho n’a pas encore enregistré de cas de covid-19, comme un îlot de tranquillité au milieu du pays le plus infecté d’Afrique, l’Afrique du Sud (11.350 cas). Enfin, les Îles Comores déclarent 11 cas, à côté de Mayotte qui déplore 11 décès sur 1.095 cas de personnes testées positives. Pour les autres, nous ne pouvons que nous réjouir de la régularité des remontées des données sur l’état du covid-19. Ce n’est pas seulement une demande de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) ou de la Banque Mondiale auxquelles il convient de répondre pour entretenir de bons rapports, mais également un moyen de communiquer avec les autres nations, de la transparence dans la gouvernance et la gestion de la crise sanitaire pour le peuple et les diasporas, ainsi que la preuve de la crédibilité des politiques publiques en rapport avec celles des autres peuples du monde à travers les données harmonisées.
L’Afrique subsaharienne connaît une mortalité relative encore faible de moins de 10 décès pour un million d'habitants, à l’exception des îles Sao Tome et Principe, un pays très pauvre de 219.150 habitants (l’équivalent d’une petite ville) qui a déjà enregistré trois décès, l’Algérie densément touché par le virus et le département français de Mayotte où la pandémie est en forte progression avec une mortalité élevée relativement à sa modeste population de 272.815 habitants. La Réunion et Mayotte sont des départements français dans l’Océan Indien, mais proches de Madagascar et des Comores en Afrique, avec lesquels ils échangent. Enfin, ces îles pourraient bénéficier du traitement développé par Madagascar sur la base de l’artemisia (si la France valide le médicament pour les habitants de ces départements).
Le défi souvent lancé à l’Afrique, c’est de prouver des capacités à tester un plus grand nombre d’habitants. En effet, un échantillon de tests très faible ne donne pas des indications fiables sur le niveau des risques potentiels des populations. Néanmoins, le covid-19 est principalement une infection mortelle pour les personnes fragiles (supportant d’autres pathologies lourdes, invalidantes, ou atteintes de maladies respiratoires graves) et des urbains évoluant dans le confort et qui ont perdu le sens de l’effort physique. Les habitants des territoires ruraux africains présentent un avantage de connaître divers virus et bactéries contre lesquels ils se battent très régulièrement dans leur vie quotidienne. Les corps produisent constamment des anticorps pour se défendre. Si le covid-19 est un virus naturel, les corps l’élimineront. S’il est renforcé par les génomes étrangers, tel que celui du VIH comme le suggère le Pr Luc Montagnier (Prix Nobel de médecine), il faudra des traitements. La formule de l’artémisia, issu de l’Institut malgache de recherche appliquée (IMRA), de Madagascar, et l’apivirine, une combinaison d’un anti-rétroviral et d’un antibiotique, développée par le Dr Valentin Agon au Bénin, pourraient répondre aux besoins des Africains, en attendant d’autres traitements en cours d’élaboration. Le tableau précédent indique, pays par pays et selon les Communauté économiques régionales (CER) sur le continent africain, la situation face au covid-19. Il appartient à tous les Africains, du continent et des diasporas, d’insister auprès de leurs dirigeants pour relever les défis sanitaires et économiques. Le temps est venu, pour que les Africains apprennent à se prendre en charge, sans tendre la main mendiante vers les puissances extérieures. Celles-ci font face à leurs propres difficultés dans cette crise, et elles sont immenses. Aussi, les pays africains pourraient comparer leur taux de guérisons des malades par rapport à la moyenne mondiale. En Afrique du nord arabo-musulmane, les taux de guérisons inférieurs à la moyenne de 37% se trouvent en Égypte (23%) et au Soudan (10%). En Afrique Occidentale, sept sur les quinze pays n’ont pas encore atteint 37% de guérisons ; ils sont quatre sur onze en Afrique Orientale. L’Afrique Australe compte encore quatre sur ses treize pays au-dessous de la moyenne mondiale des guérisons, alors que l’Afrique Centrale est toujours désespérément en retard, à l’exception du Cameroun. Elle joue en contreperformance avec sept pays sur huit encore sous la moyenne mondiale de 37% des guérisons. Les enjeux de l’Afrique peuvent se résumer en six piliers ou six socles indispensables pour son redressement durable : la paix et la sécurité sur les territoires ; l’éducation de la jeunesse actuelle ; la sécurité alimentaire, sanitaire et environnementale ; le développement et l’entretien des infrastructures et des moyens de communication ; l’accès à l’énergie pour tous les habitants ; et la transformation industrielle de ses ressources pour créer de la valeur ajoutée aux productions agricoles, minières et énergétiques, tout en développant l’emploi local, le savoir-faire pour une prise en charge économique des Africains par eux-mêmes en générant le revenu autonome. L’autonomie économique et politique commence par la décolonisation mentale des peuples et la rage de défendre leur dignité au milieu des autres nations du monde. Pour comprendre les enjeux en Afrique, nous proposons cette lecture :
Les évolutions comparées des pays fortement éprouvés
Pour le reste du monde et parmi les grandes nations industrialisées, les graphiques suivants éclairent sur les résultats atteints selon les politiques choisies par les dirigeants dans la lutte contre la propagation du coronavirus. D’un côté : la France, l’Italie, l’Espagne et la Belgique. De l’autre : l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse. Au préalable, la base du nombre de tests est déséquilibrée : Il n’y a pas de proportionnalité à la population des tests réalisés. Les indicateurs relatifs sont donc plus pertinents (taux de guérisons, impact de la mortalité dans le pays).
Sur ces graphiques, on constate que le 3 mai 2020, l’évolution des décès était supérieure à celle des contaminations et celle des guérisons en France. C’est un élément singulier français. Aujourd’hui, les contaminations dominent les guérisons, même si la mortalité baisse tendanciellement. Après le déconfinement du 11 mai 2020, la situation demeure encore instable. En Italie et en Espagne, les débuts jusqu’au 25 avril 2020 ont été très laborieux, avec les progressions des contaminations plus fortes que celles des guérisons. Depuis cette date, les évolutions prennent la bonne direction des fortes guérisons par rapport aux contaminations, et donc le résultat se répercute sur la diminution globale de la mortalité. Néanmoins, la progression des contaminations reprend, et la chute des contaminations s'accompagne de celle des guérisons alors qu'il y a encore un "stock" important de malades. En Belgique, les contaminations diminuent, mais les guérisons ont très largement faibli. En conséquence, la chute des guérisons se répercute sur la hausse de la mortalité, telle que l’on peut l’observer au soir du 6 mai 2020. Et au 12 mai, la progression des contaminations reste fortement élevée. La situation n’est donc pas encore maîtrisée. Dans ces quatre pays, les autorités devront rester extrêmement prudentes pendant le déconfinement progressif qui pourrait relancer de fortes progressions des contaminations, sans moyens conséquents de traitement de masse pour accroître les guérisons. Ils pourraient alors retrouver la montée brutale de la maladie, les tensions dans les lits de réanimations à l’hôpital et la reprise de la forte mortalité. Partout, ce risque reste très élevé.
Dans ces trois pays, dès les début d’avril 2020, la stratégie aura été de combattre la progression du virus en réduisant sa propagation, et d’accroître les efforts de traitement des malades. Aussi, la mortalité a été relativement maitrisée, comme l’on peut le voir également sur le tableau des résultats au 12 mai 2020. La Suisse accroît même ses capacités de guérisons à cette date. Il reste néanmoins encore un important ’stock’ de malades dont il conviendra de suivre l’éventuelle progression de la maladie en Allemagne, notamment après le confinement total qu’il serait souhaitable de repousser dans le temps.
Trois pays vivent des situations singulières, et qui requièrent une attention des lecteurs. Ce sont les puissances rivales de l’Europe et de la Chine dans le monde : les États-Unis, la Turquie et la Russie. Le virus s’y est durement installé après les pays d’Europe Occidentale. Les progressions des contaminations et des guérisons résultent des choix politiques des dirigeants qui pouvaient bénéficier des expériences vécues dans les pays qui les ont précédés dans la lutte et la gestion de cette violente pandémie.
Après une lutte contre la progression des contaminations jusqu’au 24 avril, la Turquie a réussi l’inversion durable entre les contaminations et les guérisons. Les efforts semblent porter de bons résultats, car le pays maintient la maîtrise de la mortalité par des efforts dans les guérisons des personnes contaminées. Néanmoins, il convient de rester vigilant, car la chute des guérisons pourrait devenir plus forte que celle des contaminations. Les États-Unis ont commencé à s’attaquer tardivement à la propagation du virus ; la mortalité reste alors très fluctuante. Elle est très importante, et elle fluctue fortement depuis le 21 avril 2020. Le pays semble résolu à accroître les guérisons et à lutter constamment contre la propagation. La Russie connaît véritablement le virus au début du mois d’avril, alors que la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et l’Espagne étaient déjà en période de confinement total. Les fortes progressions des contaminations vont continuer de nourrir celle de la mortalité, à moins de capitaliser très rapidement sur le traitement efficace des malades et le confinement pour ralentir la propagation du virus. Au 12 mai 2020, la Russie enregistre encore une forte hausse des cas de contaminations trois fois plus que celle des guérisons. Dans tous les pays frappés par la pandémie du covid-19, c’est le choix politique qui détermine la suite pour affronter et réussir le défi sanitaire, économique et politique. Le premier semestre de 2020 constitue une véritable et dure épreuve pour les politiques dans toutes les nations.
La vie et la santé sont nos capitaux les plus précieux et non négociables, pour nous, pour tous nos proches et pour tous ceux que nous portons dans nos cœurs. Protégeons-les !
Article mis à jour le 12 mai 2020
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Emmanuel Nkunzumwami
Écrivain - Essayiste
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