Les dynamiques des progressions  dans les nouvelles contaminations et dans des guérisons, d'une part, l'évolution de l'aggravation des complications en réanimation dans les centres de soins et celle des décès victimes du coronavirus covid-19, d'autre part, seront les indicateurs à prendre en compte pour décider des modalités du déconfinement dans tous les pays.

     Sur ces indicateurs, il apparaît clairement que tous les pays ne traversent pas les mêmes situations. En Europe, les courbes comparatives des évolutions dans les principaux pays sont données ci-dessous. Ce sont des informations exclusives, spécialement constituées pour cette publication. Il convient de rappeler que le nombre de référence statistique reste celui des personnes testées positives au covid-19. De ce nombre découle celui des personnes encore hospitalisées, les personnes décédées du virus et les personnes guéries. En France, le nombre des personnes décédées du covid-19 comprend celui des décès à l'hôpital  et celui des personnes mortes dans les Établissements d'hébergement pour des personnes âgées dépendantes (EHPAD) et testées positives. A ce stade du recensement, il ne comprend pas celui des personnes décédées à leur domicile et testées positives post mortem. Nous retenons trois des quatre indicateurs dans les analyses qui suivent.
Observons les deux principaux pays européens qui ont précédé les autres membres de l'Union européenne dans la crise du covid-19 :

En Italie, la mortalité ralentit depuis les données du 15 avril 2020. Il reste une réduction importante à obtenir de nouvelles contaminations et un fort accroissement des guérisons pour réduire le nombre de personnes malades. Le pays en est encore loin. En Espagne, l'on constate également un ralentissement de la mortalité et une amorce de l'accroissement des guérisons. Néanmoins, le rythme des nouvelles contaminations est très irrégulier et le nombre des personnes contaminées reste très élevé. De même, le nombre de morts, comme en Italie reste très élevé. Au regard de ces indicateurs, les pays ne sont donc pas prêts pour le déconfinement immédiat.

La France présente un nombre de morts encore très élevé (23.293 décès au 27/04/2020 contre 23.521 en Espagne). Entrée en crise après l'Espagne, la France rattrape cette dernière aujourd'hui dans la mortalité. Le rythme des contaminations n'est pas maîtrisé, et elles repartent à la hausse depuis le 24 avril 2020, alors que celui des guérisons baisse. Le déconfinement sera alors compliqué pour le 11 mai 2020. Quant à l'Allemagne, elle a connu peu de décès par rapport à ses voisins français et belges, et tous les indicateurs sont à la baisse, même si le pays ne maîtrise pas encore la variation de la mortalité. Le rythme des contaminations est encore très élevé, alors que celui des guérisons diminue. Le déconfinement devrait être retardé pour observer ces trois évolutions, notamment celui des guérisons au regard du nombre important de personnes contaminées encore malades (31.572 au 29 avril 2020), dont certaines pourraient développer gravement la maladie.

     Tous les observateurs de la crise du covid-19 tournent les yeux vers les États-Unis d'Amérique et la gestion très tendue de la pandémie. La situation semble avoir surpris les autorités politiques et sanitaires jusqu'au 12 avril 2020. Peu de guérisons et un nombre fortement croissant de décès. Après cette date, les États-Unis ont mis les moyens dans le traitement des malades, mais l'élan pris par la mortalité s'est poursuivi, alors que le pays éprouve des difficultés à contenir la propagation du virus. Avec une population de plus de 330 millions d'habitants, les progressions des contaminations se comptent en plusieurs dizaines de milliers, voire plus de cent mille nouveaux cas testés positifs, tous les trois jours. La situation actuelle observée au 28 avril 2020 ne laisse pas un doute sur l'importance d'un confinement encore prolongé. Il faudrait une rapide inversion forte des progressions entre les nouvelles contaminations et les nouvelles guérisons, sachant que le nombre de malades infectés (855.492 au 29 avril 2020) et de cas testés positifs (1.064.572 au 29 avril) est le plus important du monde.


L'expérience  entre la Suisse et la Belgique dans la gestion de la crise sanitaire du covid-19 est très instructive. Dès le début d'avril 2020, la Suisse mise fortement sur la guérison des malades et tente de contenir au mieux la propagation. Le résultat donne la réussite dans le maintien de la progression des contaminations sous celui des guérisons. Le pays est parvenu à ralentir la mortalité depuis le début d'avril 2020. En Belgique, la situation est complètement inversée : c'est la progression des contamination qui domine très largement celle des guérisons. Il en découle une forte mortalité du covid-19. Elle recense 7.594 décès parmi ses 11,476 millions d'habitants (soit 66 morts pour 100.000 habitants) contre 1.716 décès parmi les 8,604 millions des habitants en Suisse (soit 20 morts pour 100.000 habitants) au 29 avril 2020. Dans tous les deux cas, le déconfinement total serait prématuré aujourd'hui.

Un dernier tableau comparatif est également important. L'Europe et les États-Unis sont devenus le centre mondial de la crise pandémique du covid-19. Les pays pauvres d'Afrique et d'Amérique latine devraient observer scrupuleusement les expériences vécues dans ces pays pour s'organiser plus efficacement contre cette crise sanitaire. Il apparaît aussi que, dans les pays pauvres, le nombre de morts tend à dépasser et même à croître plus vite que celui des personnes guéries. C'est le sujet central d'inquiétude pour ces pays d'Afrique et d'Amérique latine.

Tableau des 49 pays dont la mortalité est supérieure à 100 décès du covid-19 dans le Panel100 des pays du monde. Cela évolue entre 136 décès en Grèce (13 décès pour 1 million d'habitants) et 56.527 aux États-Unis (soit 171 décès pour 1 million d'habitants de ce pays). Néanmoins, cette proportion devient encore beaucoup plus élevée en Espagne (514 décès pour 1 million d'habitants), 447 en Italie et 347 en France. Évidemment, ces données évoluent tous les jours.

La situation des pays de l'Afrique subsaharienne face à la crise sanitaire du covid-19 reste relativement sous contrôle. Le département français de la Réunion est proche de l'Île Maurice et s'intègre dans l'environnement africain. Néanmoins, les données de ce département rejoignent celles de la France. Une extrême vigilance est recommandée pour la maîtrise de la situation dans chaque pays. Dans ces données du 27 avril 2020, l'Afrique arabo-musulmane, qui n'apparaît pas sur ce tableau, totalise 13.729 cas testés positifs, 995 décès recensés et 3.808 guérisons enregistrées. C'est la région africaine la plus éprouvée par le covid-19. La solidarité dans l'action est une valeur indispensable à la victoire collective sur ce continent.

 
Conclusion

L'on constate une similitude de gestion du covid-19 en Suisse et en Allemagne sur tout le mois d'avril 2020. Un bilan complet sera présenté après les données du 30 avril. Alors que la France, la Belgique et les États-Unis d'Amérique sont submergés par un nombre très important de nouvelles contaminations, sans accroître très significativement les guérisons. Les pouvoirs publics devraient être extrêmement prudents, analyser tous les jours l'évolution spatiale des indicateurs suggérés et maintenir un programme des déconfinements dans une progression spatio-temporelle, avec la possibilité d'appeler les populations à de nouveaux confinements si la situation se dégrade à nouveau. Dans ces pays, toutes les situations pouvant favoriser la relance violente des contaminations (rassemblements, confinements dans les transports collectifs et tous les espaces clos, défaut de masques de protection, relâchement dans le strict respect des mesures barrières...) devraient être sérieusement évitées. Les délimitations des territoires de mobilité en fonction des zones à fortes contaminations ne sont pas une entrave aux libertés individuelles, car la liberté des uns s'arrête là où commence la sécurité sanitaire des autres.

La vie et la santé sont nos capitaux les plus précieux et non négociables, pour nous, pour tous nos proches et pour tous ceux que nous portons dans nos cœurs. Protégeons-les !

Emmanuel Nkunzumwami
Écrivain - Essayiste
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