Par Emmanuel Nkunzumwami
Auteur de « La Nouvelle Dynamique Politique en France »,
Editions L’Harmattan, Paris, Décembre 2007.

En France, nous avions pris le rythme d’une élection tous les deux ans environ. Mais depuis l’instauration du quinquennat pour le mandat présidentiel ouvert en 2002, deux élections majeures donnent le coup de départ de la dynamique politique nouvelle. Aussi, nous avons vibré pour les deux dernières échéances de l’élection présidentielle et des élections législatives. Celles-ci constituent, avec les élections municipales et cantonales, les grandes échéances de l’expression démocratique universelle la plus connue des français. Le suffrage universel direct dans ces élections en est le fondement. Sûrement, car les français connaissent bien leur maire, leur conseiller général, leur député et leur président de la République car ils les représentent au niveau local (maire), au niveau de leur département (Conseiller général), au niveau national (le député) et au niveau international (le président de la République). Donc ils se mobilisent pour ces échéances, car ils en attendent beaucoup et qu'ils participent directement et personnellement au choix de leurs élus. Le bouleversement des calendriers électoraux introduit par le quinquennat apporte une nouvelle configuration : le mandat normal du maire de 6 ans aura duré 7 ans en 2008, couvrant ainsi les mandats présidentiel et législatifs car il a été ouvert en mars 2001 et court jusqu’en mars 2008 ! Exceptionnel mandat. 
Ce début du 21ème siècle arrive avec de nouvelles compétences, notamment au niveau du département, pour que le citoyen voie clairement à qui il doit s’adresser pour les besoins de sa vie quotidienne. Il devient aussi exigeant vis-à-vis de ses élus : la qualité des services et la sécurité dans la commune, la gestion sociale et l’embellissement du patrimoine, l’excellence de l’école et le mieux-être des habitants reviennent aux Maires et il doit de plus en plus s’en expliquer devant ses administrés. Les élections municipales que nous préparons pour mars 2008 sont donc une échéance majeure dans la démocratie locale de nos communes. Pour s’y préparer, le passage par des formations politiques est une garantie de visibilité et un accroissement de chance d’être élu pour le conseil municipal, car soutenu par des militants actifs. Alors, où en sommes-nous dans le paysage politique français depuis l’élection présidentielle du 6 mai 2007 ! L’été est maintenant derrière nous, les universités d’été closent leurs portes pour céder aux « congrès » d’automne. C’est donc la saison des « négociations et des recompositions politiques » de l’automne 2007 et de l’hiver 2008 en vue des municipales du printemps 2008. Où en sommes-nous dans les préparatifs et quels sont les projets ? De l’extrême-droite à l’extrême-gauche, des recompositions dans la plupart des partis seront indispensables pour survivre à ces élections. 

1- Le Front National tente de refaire surface après une cuisante défaite aux dernières présidentielles et législatives. Il est du devoir citoyen des partis du « débat démocratique » de clarifier les enjeux, les objectifs, les programmes, les projets, et des actions concrètes pour les citoyens, dans la suite du Projet Présidentiel de Nicolas Sarkozy, pour « barrer encore la route » aux divisions et aux haines que voudrait semer le Front National. Les premiers résultats du Gouvernement, les projets et les chantiers en cours dans notre pays, l’ouverture démocratique pour la participation des experts de la droite comme de la gauche républicaines aux commissions en vue de rechercher et expérimenter ensemble les solutions pour le redressement du pays devraient convaincre les électeurs. Mais il faut encore et encore expliquer pour convaincre et faire adhérer. Aujourd’hui, l’élection politique ne se focalise plus sur un bilan seul, mais sur une combinaison crédible entre « un Homme, un Bilan, un Projet ». La dernière élection présidentielle reste dans nos mémoires pour éviter les erreurs de campagne dans les prochaines municipales. Informer, expliquer et communiquer pour convaincre dans la clarté et la transparence. Il est donc important que les candidats aux prochaines élections municipales n’oublient pas la « nouvelle dynamique politique » qui commence à porter ses fruits en France. 

2- La majorité présidentielle née dans le Mouvement de l’élection présidentielle 2007 devrait poursuivre dans le même élan et la même action politique en vue des municipales. Les deux composantes qui se sont exprimées d’une même voix pour le deuxième tour de l’élection présidentielle et pour les législatives impriment le rythme de la nouvelle vie politique en France. L’UMP poursuit sa modernisation et l’adaptation de ses statuts. Elle a commencé à ouvrir ses portes à la Diversité et c’est un nouveau souffle qui renaît autour de l’action du Président de la République. Que l’énergie et le dynamisme apportés par Nicolas Sarkozy à cette Union pour le Mouvement Populaire ne s’essouffle guère pour les cinq années à venir. Le Nouveau Centre, deuxième pilier de la majorité présidentielle, prépare son « congrès fondateur » de l’automne. C’est une situation rare qu’un Parti Politique naisse avec une présence politique aussi forte tant dans les instances nationales, à l’Assemblée Nationale et au Sénat, que dans les instances locales. Ce nouveau parti, tout en exprimant son identité « sociale et libérale », s’inscrivant sur le même registre de la modernisation du pays dans la droite ligne du Projet Présidentiel de Nicolas Sarkozy, devrait conserver et amplifier sa présence active dans le paysage politique français. Il dépend de ses dirigeants et de ses militants de rester clairs dans les choix politiques qu’ils affirment pour le pays et de s’engager aux résultats qu’attendent les citoyens dans « leurs lieux de vie ».
 
3- Le Centre Gauche est en pleine recherche de positionnement. En effet, l’UDF-MoDem garde quelques adhérents qui ont suivi François Bayrou et ses disciples mais risque de perdre l’essentiel des ses positions locales. En effet, au cours des élections municipales de 2001 et dans des élections cantonales et régionales qui ont suivi, l’UDF (encore unifiée !) et l’UMP (actuelle) faisaient campagne commune ou sur des thèmes très voisins. Les majorités locales/cantonales/régionales se sont construites en incluant les candidats UDF/UMP. Aujourd’hui, seul le « Nouveau Centre » et l’UMP représentent cette coopération et cette dynamique. L’existence viable à long terme de l’UDF-MoDem ne peut donc se concevoir sans l’implosion du PS et la recomposition du Mouvement Démocrate avec les socio-démocrates « modernes » du PS. L’on note aujourd’hui la posture inconfortable des dirigeants du PS, y compris leur chef de file, qui abandonnent les idéologies « communistes de l'Union de la Gauche » et dépassées sur l’économie de marché pour adopter l’accord sur la réforme des régimes des retraites, les politiques économiques actuelles pour relancer la croissance, le débat sur la modernisation de l’école sur des contrats d’objectifs et de résultats, la réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche, etc. Mais dans le même temps, tactique électorale aidant, François Hollande et Marie-Georges Buffet mènent des négociations pour « le programme commun » sur les élections municipales pour aider les communistes à conserver et améliorer leurs positions. Et pendant ces négociations, Olivier Besancenot et une grande partie des communistes réfléchissent à un « nouveau parti de la gauche » rassemblant de l’extrême-gauche au centre du Parti Socialiste, incluant le PC. Dès lors, le PS ne peut que risquer une implosion en au-moins trois parties : celle qui rejoindra le MoDem pour élargir et pérenniser le Mouvement Démocrate ; celle qui restera sous un autre nom mais proche du centre du parti socialiste actuel ; et celle qui rejoindra les divers fragments de la gauche, de l’extrême-gauche et des altermondialistes pour former ce nouveau parti dont rêve Olivier Besancenot. Dans cette recomposition du Centre-Gauche, le MoDem pourrait rassembler l’UDF-MoDem actuel, quelques adhérents des partis radicaux (valoisien et de gauche), les socio-démocrates du PS. Cependant, une grande partie des français de ce Centre qui s’inscrivent dans le Mouvement de l’action présidentielle, venant des courants précités, rejoindra sans nul doute le Nouveau Centre dès son prochain congrès de l’Automne. La recomposition politique continue. 

4- La Gauche et l’extrême-gauche sont en pleines mutations. Cet échiquier politique, idéologiquement et politiquement éclaté, tente de refaire surface par l’union. Cependant, les écarts et les rancœurs sont tels que le « grand parti de gauche » dont rêvent les communistes, l’aile gauche du parti socialiste, les militants de la LCR ne pourrait voir le jour en pleine campagne pour les municipales. Il ne pourrait se créer que vers la fin de 2008. En attendant, chacun fera campagne chez-lui, avec un fort risque d’éclatement et de dispersion des voix au profit des partis clairs, dynamiques et bien installés dans le paysage politique comme l’UMP et le Nouveau Centre. 

Les élections municipales dont les campagnes commencent à frémir seront une excellente occasion de mesurer les forces politiques en présence en France, les relations de confiance entre la politique actuelle menée et les mouvements des réformes plébiscités par les français et l’assise politique des divers partis. Le nouveau paysage politique va se dessiner sur le territoire, au plus près du citoyen et en réponse à ses préoccupations quotidiennes. Le « Vote Utile » va encore se manifester. Aux politiques d’éclairer sur les enjeux politiques, économiques et sociaux en relation avec la géopolitique du Monde d’aujourd’hui et Aux citoyens d’effectuer le Meilleur Choix pour eux et pour la France

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