carte Geo Afrique Du Nord [1]Nous évoquons les perspectives de l’Afrique et sa place dans l’économie mondiale. Telle qu’elle est structurée aujourd’hui, l’Afrique des 55 pays ne peut pas affronter la bataille économique et la compétition de survie dans la mondialisation pays par pays isolément. Elle a besoin de se constituer en espaces économiques viables et solidaires.

Aussi nous avons proposé les espaces géographiques pour constituer des régions africaines. L’Afrique arabo-musulmane est ainsi constituée de sept pays. D’ouest en est, cette région comprend la Mauritanie, la Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte et le Soudan. Ces pays ont en partage l'appartenance à la Ligue arabe, l’usage de la langue arabe comme langue nationale (aux côtés d'autres langues locales), un peuplement majoritairement arabe (en plus d’autres minorités présentes dans chaque pays), des peuples majoritairement musulmans, et utilisent l'anglais et le français pour communiquer à l'extérieur du monde arabe. Une amorce d'une organisation régionale a déjà eu lieu par la création du Grand Maghreb Arabe ; cette organisation trouve sa consolidation et son extension aux autres pays de l'espace arabo-musulman africain. La construction de cet espace emprunte, en la corrigeant dans la méthode d’intégration, une démarche de l’Union européenne : les stratégies économiques et industrielles, des convergences culturelles et sociales portées par la pratique de l’Islam (un fort dosage entre laïcité turque et théocratie).

Puisque la mondialisation a choisi le couloir de l’économie, l’intégration des pays de cet espace arabo-musulman d’Afrique organise sa priorité sur les convergences des stratégies industrielles partagées. Cette région peut alors développer son économie industrielle sur ses six productions majeures : le pétrole, le gaz, l’argent, l’or, le fer et les phosphates. Il s’agit de créer des compétences plus affirmées sur ces six productions industrielles et les spécialiser par pays, dans le cadre du partage des compétences et de l'accroissement des performances.

EMMANUEL TABLEAU 1 COULEUR (2)

Aussi, nous relevons que les pays sont, en réalité, spécialisés dans leurs productions énergétiques et minières. En suivant la règle de la contribution de 10% minimum à l’économie régionale, le pétrole et le gaz sont des spécialités de l’Algérie et de la Libye. L’Egypte apporte un complément de 5% à la production régionale de pétrole mais devient un contributeur significativement important pour le gaz avec 18%. L’argent est la spécialité exclusive du Maroc. La Mauritanie se distingue par la production de l’or, avec deux autres contributeurs que sont l’Egypte et l’Algérie. Et enfin les phosphates sont la spécialité du Maroc, complété par l’Egypte et la Tunisie. Chaque pays développe ses constributions des compétences spécifiques dans le cadre des convergences économiques globales.

Aussi, l’Afrique arabo-musulmane devrait développer des spécialisations de son économie par pays pour mieux équilibrer ses investissements. Les pays à plus forte contribution par domaine pilotent les politiques industrielles liées à leurs spécialités.

Le développement de la recherche industrielle et des progrès technologiques qui minimisent l’impact sur la détérioration de l’environnement et la pollution devraient être concentrés dans les pays pilotes : L’Egypte, l’Algérie et la Libye prennent la responsabilité des domaines du pétrole et du gaz. L’Egypte, le Maroc et la Tunisie partagent les développements industriels sur les phosphates. Le Maroc s’implique également, avec l’aide des autres pays de la région, dans la spécialité de la production et du traitement de la filière de l’argent. Enfin, la Mauritanie développe ses compétences sur l’exploitation, la transformation et le traitement de l’or et du fer, accompagnée par le Soudan sur le traitement de l’or, selon le tableau ci-dessous :

ARABE MODIFIEE

Il n’y a pas d’autre alternative dans le développement industriel de cette région en dehors des coopérations intra régionales pour optimiser les investissements, développer des compétences industrielles sur la base des filières et mieux gérer les partenariats avec les anciens pays industrialisés occidentaux et les pays émergents qui rythment les évolutions de l’économie mondiale. Pour réussir, l'apport des savoir-faire et de l'expérience des partenaires extérieurs est indispensable. Mais, il appartient aux Africains eux-mêmes de définir leurs projets d'avenir.

 

Emmanuel Nkunzumwami

Analyste politique et économique.

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