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Commemoration-du-18-juin-2010-2.jpgLa France est un véritable pays des paradoxes. Le pays a entamé la stagnation économique et sociale depuis longtemps, elle est largement doublée par des nations émergentes et par les principaux pays industrialisés historiques comparables, mais les Français –notamment les militants de gauche et les syndicalistes contestataires- refusent de regarder les réalités pour mieux agir. On attendait des syndicats et des partis d’opposition qu’ils prennent une posture de concertation, de négociation et de proposition sur les grands enjeux de la Nation, mais on entend les cris de contestation, de revendication et de blocage systématique à toute idée de réforme. Quel paradoxe !  Au moment où l’Europe a besoin de ses trois piliers pour se consolider et rassurer les citoyens Européens –Allemagne, France, Royaume-Uni – c’est la France qui décroche la première face à l'Allemagne.

 

Plus concrètement, la France se construit en comparaison de son alter ego : l’Allemagne. Mais l’Allemagne, malgré sa faible superficie par rapport à la France, compte 82 millions d’habitants quand la France en compte 63 millions. Elle pèse donc 77% de forces de ressources humaines par rapport à l’Allemagne. Cependant, en pleine crise économique mondiale qui a durement frappé toutes les principales économies mondiales, l’Allemagne est parvenue à réaliser un excédent du commerce extérieur de 178,3 milliards d’euros en 2008 lorsque la France enregistrait un déficit de son commerce extérieur de 55,4 milliards la même année. La crise s’est renforcée en 2009, détruisant les emplois avec leur fort impact sur la consommation et l’investissement. Néanmoins, l’Allemagne est parvenue à réaliser un excédent de 136,1 milliards d’euros pour sa balance commerciale alors que la France récidivait dans le déficit avec 43 milliards d’Euros. Et déjà les comptes du premier semestre en 2010 ne plaident pas en faveur de la France qui a déjà atteint un déficit de 24,5 milliards d’euros et pourrait bien creuser le trou à plus de 45 milliards d’Euros sur l’exercice de 2010 alors que l’Allemagne approchera allègrement un excédent de 200 milliards d’euros à la fin de cette même année. Déjà, alors que la France espère une croissance du PIB de 1,4% en 2010, l'Allemagne est partie pour 3%, soit la meilleure croissance depuis la réunification du pays en 1990. Aux côtés de la France, dans les difficultés économiques et financières, le Royaume-Uni connaît sur les cinq premiers mois de 2010 un déficit du commerce extérieur de 42,8 milliards d'Euros, l'Espagne perd 21,3 milliards d'Euros, l'Italie pointe à 11,2 milliards, la Grèce enregistre un déficit de son commerce extérieur à 10,7 milliards d'Euros. A contrario et pendant la même période, les Pays-Bas réalisent un excédent de 17 milliards d'Euros et l'Allemagne bat le record de l'Union Européenne avec 60,2 milliards d'Euros. Arithmétiquement, comparée à l'Allemagne, la France devrait réaliser un excédent d’au-moins 77% des 200 milliards allemands en 2010, soit un excédent de 154 milliards ! Son retard serait alors de 200 milliards en comparaison avec l’Allemagne. Néanmoins, il ne manque pas grand-chose à la France pour devenir aussi performante ; il manque le réalisme et la volonté de tous les acteurs politiques, économiques et sociaux. Culturellement, la France est frappée du « complexe du petit » qui devient sa marque de fabrique : petites maisons, petits revenus, petites retraites, petites rues, petites routes où l'on se croise difficilement -surtout avec les camions- mais permettant de faire de petites économies sur de petits investissements, petit commerce, petites entreprises représentant 99% du tissu économique, petites communes et agglomérations nécessitant des réformes de fond pour optimiser l’exploitation des ressources partagées et mieux aménager les territoires…

Il est donc un sujet sur lequel, face à l’avenir des générations et de leur lien social, le Français devraient se mettre d’accord : la Réforme des collectivités territoriales pour optimiser les ressources et renforcer les solidarités entre les espaces humains face au monde qui évolue et s’organise plus vite que la France ne se transforme, et la Réforme des Retraites pour garantir du revenu décent pour tous les Français à long terme. Or qui dit « pensions de retraite », entend le financement, donc l’activité économique et le revenu comme siège des cotisations futures. Mais si la consommation est faible, que les investissements sont faibles, que les exportations sont faibles, alors la production ne croit pas et les revenus baissent. Donc les recettes de l’Etat régressent et les cotisations diminuent, et donc les pensions de retraites posent un problème de financement. Mais les acteurs politiques de l’opposition et les syndicats contestataires refusent de prendre la mesure du problème et de considérer la France dans l’ensemble mondial. Pendant ce temps, les autres pays industrialisés comparables où les acteurs ont compris que l’avenir de leurs peuples dépendra de la rigueur de gestion et la profondeur des réformes structurantes, ont déjà engagé ces réformes. Pour la retraite, il suffit de comparer :

 

Aujourd’hui en France :

        Les âges du départ à la retraite

       L’âge légal: 60 ans

       L’âge moyen effectif :

        61,6 ans dans le privé

        56,7 ans le public

        59,4 en moyenne

       L’âge du taux plein automatique: 65 ans

       L’âge de la mise à la retraite « d’office »: 70 ans

 

Mais ailleurs dans les autres grands pays :

        Les pays européens ont engagé les réformes de leurs régimes des retraites dès le début des années 1990 : la stabilité financière, une meilleure équité entre les générations, une grande contributivité des régimes, un système solidaire et régulable à long terme en ont été le moteur principal.

 

        Aujourd’hui, l’âge légal de départ à la retraite  

       65 ans : Allemagne, Espagne, Italie (55 ans pour les femmes), Pays-Bas et Royaume-Uni (60 ans pour les femmes)

       62 ans aux Etats-Unis, 60 ans au Japon (mais les hommes partent à la retraite à 69,5 ans et les femmes à 66,5 ans en moyenne) et 61 ans en Suède (mais l’âge effectif moyen de départ à la retraite est de 64,2 ans pour les hommes et 63,6 ans pour les femmes).

       Sortie possible avant l’âge minimum mais pensions de retraite plus faibles.

       Réforme en Allemagne : l’âge légal de départ à la retraite est porté à 67 ans en 2029 ;

       Réforme au Royaume-Uni : l’âge légal de départ à la retraite est porté à 68 ans en 2048  (contre la baisse des annuités de 44 actuels à 30 ans en 2048).

En résumé :

   Il apparaît qu'en Europe en 2010, seule la France reste le pays où la réforme des retraites n’a pas encore été engagée en profondeur et où l’âge moyen effectif de départ à la retraite est inférieur à 60 ans. Comparée à l’Allemagne, son alter ego, la France est peu performante économiquement dans tous les domaines, les revenus des Français sont inférieurs à ceux des Allemands, les taux de chômage des jeunes (moins de 27 ans) et des séniors (plus de 50 ans) sont les plus élevés de tous les pays industrialisés historiques comparables. Mais c’est l’emploi qui crée l’emploi : les séniors bien traités dans des entreprises apportent de la richesse par l’expérience et le savoir-faire et encadrent les jeunes apprentis pour apporter de l’emploi et du revenu pour les Jeunes. Les performances économiques allemandes conjuguées avec la rigueur dans la gestion et la pratique de l'apprentissage pour les jeunes permettront la baisse significative du chômage, la croissace de l'emploi pour les Jeunes et pour les Séniors, donc améliorer les recettes publiques et les cotisations sociales pour faire face aux investissements et au financement des pensions de retraite. Cinq enjeux majeurs urgents s'imposent donc à la France : Améliorer la dynamique économique par la production, l'investissement et le commerce extérieur ; Réduire durablement et significativement les déficits publics ; Améliorer l’emploi pour les jeunes ; Maintenir les séniors au travail et Réformer les retraites. Pour y répondre, le Gouvernement de François Fillon et de Nicolas Sarkozy porte de véritables ambitions pour la France pour l’ensemble des réformes économiques et sociales indispensables à la construction de l'avenir pour tous et au lien de solidarité intergénérationnelle. Les Français devraient les écouter, les évaluer et s'impliquer "positivement" pour mieux contribuer collectivement à leur réussite. Demain, il sera trop tard et la France risque de se réveiller quand elle aura atteint le peloton de queue par son poids économique dans le monde. Les candidats –notamment parmi les pays émergents aujourd’hui et grandes puissances économiques de demain- sont nombreux pour occuper la place.

 

Emmanuel Nkunzumwami

auteur de "La Nouvelle Dynamique Politique en France", Editions l'Harmattan.

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